Ce blog traite de géopolitique, des problèmes de relations internationales, de stratégie et des technologies qui s'y rapportent.
mardi 24 juillet 2012
Indignés israéliens : l'an II
Il y a tout juste un an nous traitions ici des indignés de Tel-Aviv. Ce mouvement commencé le 14 juillet 2011, aussi appelé la "Révolte des tentes", a culminé le 3 septembre dernier lorsque 450 000 personnes se sont rassemblées à Tel-Aviv pour dénoncer la hausse du cout de la vie, les problèmes de logement et l'accroissement des inégalités sociales. Mais, en octobre 2011, après environ huit semaines de mobilisation, le mouvement s'est essoufflé.
Un an après le début du mouvement, le 14 juillet 2012, Moshé Silman un Israélien de 57 ans s'est immolé par le feu tout en lisant une lettre ouverte au Premier ministre Benyamin Netanyahu qu'il a accusé de "prendre aux pauvres pour donner aux riches". Mort le 20 juillet des suites de ses blessures, il est devenu le symbole des Indignés israéliens.
La manifestation en hommage à sa mort le 21 juillet à rassemblée plus de 2.000 personnes dans les rues de Tel-Aviv et des manifestations plus petites ont eu lieu à Jérusalem et Haïfa.
Depuis le 14 juillet, cinq personnes qui ont tenté de s'immoler pour attirer l’attention sur les problèmes sociaux et une quinzaine d’autres ont menacé de le faire.
Ce geste désespéré n'est pas sans rappeler la mort de Mohammed Bouazizi qui s'était immolé le 17 décembre 2010, lançant le mouvement de protestation en Tunisie contre le régime de Ben Ali, et par extension, ce que l'on appellera plus tard, le "Printemps arabe".
Le Premier ministre Benyamin Netanyahu, cible des manifestant n'est pas dans une situation politique très enviable. Alors qu'il était à la tête de la plus large coalition au pouvoir de l'histoire de l'Etat d'Israël, il a du faire face au départ du parti de centre droit Kadima le 17 juillet 2012. Le parti de Shaul Mofaz entré début mai dans le gouvernement avait permis au Premier ministre de repousser les élections législatives à l'automne 2013, fin de la mandature de la Knesset, et pouvait donc se concentrer sur la politique nationale ainsi que sur le dossier iranien.
Mais le débat sur la loi Tal obligeait la coalition au grand écart.
La loi Tal adoptée en 2002 est la loi, régissant la conscription en Israël. Elle permet aux ultra-orthodoxes israéliens d'échapper au service militaire pour se consacrer à l'étude de la Torah et du Talmud dans les écoles religieuses, les yeshivot (pluriel de yeshivah). Déclarée inconstitutionnelle en février 2012 par la Cour suprême israélienne, cette loi doit être remplacée avant fin juillet, faute de quoi quelque 62 000 jeunes juifs ultra-orthodoxes seront considérés comme déserteurs à partir du 1er aout.
Hors cette loi est considérée comme injuste par une majorité de jeunes Israéliens, choqués par les inégalités devant la conscription. Le 7 juillet 2012, plus de 15 000 personnes ont manifesté dans les rues de Tel-Aviv pour réclamer un service militaire pour tous. Ces manifestations sont la démonstration du fossé qui se creuse entre les ultra-orthodoxes et le reste de la société israélienne.
Malgré le départ de Kadima de la coalition, Benyamin Netanyahu dispose toujours de la majorité à la Knesset. Mais sa marge de manœuvre se réduit de jour en jour. Des élections législatives devraient avoir lieu début 2013 mais les frondes se multiplient à Tel-Aviv symbole d'un malaise qui se fait jour dans la société israélienne.
Sources
- Laure Beaulieu – « Les indignés israéliens face au geste désespéré de Moshé Silman » – Le Monde – 23 juillet 2012 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/07/23/les-indignes-israeliens-face-au-geste-desespere-de-moshe-silman_1737086_3218.html
- Laure Beaulieu – « Les enjeux du débat sur la conscription en Israël » – Le Monde – 18 juillet 2012 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/07/18/les-enjeux-du-debat-sur-la-la-conscription-en-israel_1735103_3218.html
- AD – « Les enjeux de 2012 : les groupes qui vont compter » – GlobalAnalysis France – 28 décembre 2011 http://globalanalysisfrance.blogspot.fr/2011/12/les-enjeux-de-2012-les-groupes-qui-vont.html
- AD – « L’été israélien après le printemps arabe » – GlobalAnalysis France – 3 aout 2011 http://globalanalysisfrance.blogspot.fr/2011/08/lete-israelien-apres-le-printemps-arabe.html
- AD – « L’été israélien après le printemps arabe : compléments » – GlobalAnalysis France – 18 aout 2011 http://globalanalysisfrance.blogspot.fr/2011/08/lete-israelien-apres-le-printemps-arabe_08.html
http://globalanalysisfrance.blogspot.fr/2011/08/ete-israelien-apres-le-printemps-arabe.html
http://globalanalysisfrance.blogspot.fr/2011/08/lete-israelien-apres-le-printemps-arabe_9325.html
Par AD
lundi 2 juillet 2012
L'Organisation de coopération de Shanghai
L'Organisation
L'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) est une organisation intergouvernementale régionale asiatique qui regroupe la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan. Elle a été créée à Shanghai les 14 et 15 juin 2001 par les présidents de ces six pays.
A ces six pays membres, il faut ajouter 5 Etats observateurs (l'Afghanistan (2012), l'Inde (2005), l'Iran (2005), la Mongolie (2004) et le Pakistan (2005)) ainsi que 3 Etats partenaires de discussion (la Biélorussie, le Sri Lanka et la Turquie).
Ses langues officielles sont le russe et le chinois. L'OCS a le statut d'observateur à l'Assemblée générale des Nations unies
Ses buts revendiqués sont de :
- Renforcer la confiance mutuelle et des relations de bon voisinage entre les États membres ;
- Faciliter la coopération entre ces États dans les domaines politiques, économiques et commerciaux, scientifiques et techniques, culturels et éducatifs, ainsi que dans les domaines de l’énergie, des transports, du tourisme et de l’environnement ;
- Sauvegarder la paix, la sécurité et la stabilité régionales ;
- Œuvrer à la création d’un nouvel ordre politique et économique international, plus juste et démocratique.
Histoire
L'OCS a pour origine un groupe informel sans structure administrative permanente connue sous le nom des « 5 de Shanghai » (« Shanghai Five ») (dit aussi « Groupe de Shanghai »), qui avait été créé en 1996 lors de la signature d'un traité à Shanghai.
Il avait pour but d’améliorer les relations entre membres : régler les problèmes de frontière sur l’ancienne frontière sino-soviétique, faciliter la coopération économique.
Né dans la foulée du bouleversement géopolitique entraîné par la disparition de l'URSS et la création de républiques autonomes en Asie centrale, le Groupe de Shanghaï répondait notamment à l'inquiétude de la Chine de l'influence non contrôlée de pays comme le Kazakhstan et le Kirghizstan dans la province du Xinjiang.
L’organisation est formalisée par le traité de 2001, concomitant à l'extension à un sixième pays, l'Ouzbékistan. Ses institutions sont créées en 2002 : Charte, fondation du RATS.
En 2004, la Mongolie est devenue membre observateur de l'OCS. En 2005, l'Inde, l'Iran et le Pakistan le sont également devenus. Ce statut a été refusé aux États-Unis et au Japon. En 2009, la Biélorussie et le Sri Lanka deviennent des partenaires de discussion.
Enjeux géostratégiques
L'OCS rassemble le pays le plus vaste du monde (la Fédération de Russie) et le plus peuplé (la Chine).
Les membres de l'OCS regroupent 20 % des ressources mondiales de pétrole, 38 % du gaz naturel, 40 % du charbon, et 50 % de l'uranium.
Parmi les différentes forces militaires mobilisables, on trouve notamment :
- Russie : 1,1 million d'hommes, 10 000 ogives nucléaires, 70 sous-marins ;
- République populaire de Chine : 2,25 millions d'hommes, 402 ogives nucléaires, 70 sous-marins.
Objectifs géopolitiques
L'OCS a été créée en juin 2001, mais ces institutions n'ont été mise en place qu'en 2002, hors c'est à cette époque que l'OTAN et en particulier les USA ce sont installés en Asie centrale pour combattre Al-Qaïda et les Talibans en Afghanistan. Ainsi la création des RATS peut être perçue comme un moyen de contrebalancer l'influence de l'Occident dans l'ère d'influence de l'URSS.
L'OCS s'est ensuite consacré à des tâches de coordination sécuritaire entre ses membres : exercices militaires communs, entrainement de forces spéciales. La Chine et la Russie sont préoccupées par les "menaces internes" que sont "l'islamisme, le terrorisme et le séparatisme".
Le sommet de Pékin, les 6 et 7 juin 2012, était placé sous le signe économique. La Chine a, en effet, annoncé accorder aux pays membres 10 milliards de dollars de nouveaux prêts ainsi que des aides pour l'Afghanistan à la hauteur de 150 millions de yuans (18 millions d'euros) cette année.
L'Afghanistan est d'ailleurs au cœur des préoccupations de l'organisation puisqu'il est prévu que l'OTAN se retire en 2014 d'un pays toujours pas stabilisé. Le rôle que pourrait alors jouer l'OCS est encore à définir.
Selon Hu Jintao l'OCS doit être "forteresse de sécurité et de stabilité et une force motrice du développement économique et régional". Le président chinois en même temps qu'il cherche a rassurer ses partenaires régionaux veut dédramatiser la perception que les occidentaux ont de l'OCS.
Mais l'OCS n'a pas encore atteint un niveau de maturité suffisant pour satisfaire pleinement ses pays membres.
La Russie est engagée par ailleurs dans deux autres initiatives : la Communauté Economique Eurasiatique, qui met en place une union douanière et un espace économique commun entre Russie, Kazakhstan et Biélorussie, Kirghizistan et Tadjikistan, et l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) qui regroupe en outre l'Ouzbékistan et l'Arménie.
Un diplomate européen en mission au sommet de Pékin déclarait au Monde : "Il ne faut pas oublier que les Russes et les Chinois se sont mis ensemble dans l'OCS pour se surveiller l'un l'autre. En outre, il y a le jeu avec l'Inde, à laquelle Moscou fournit également des armes : entre les trois existe une dynamique dans laquelle chacun se méfie d'une alliance possible entre les deux autres".
Ainsi le manque de confiance réciproque entre les deux partenaires principaux de l'OCS la condamne à ne jouer qu'un rôle mineur en terme de politique internationale. La Chine est préoccupée par sa croissance économique et les troubles intérieurs qui découlent des disparités économiques là où la Russie semble plus concernée par la restauration de sa puissance régionale.
L'OCS reste une organisation régionale importante et pourrait devenir le centre de décision politique des pays d'Asie centrale sur les questions du Moyen-orient (crises en Syrie et en Iran) et sur les questions énergétiques (l'Asie centrale est en effet fondamentale pour l'acheminement des hydrocarbures vers l'Asie).
Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- The World Factbook, CIA
- Brice Pedroletti – « Le sommet de Pékin dévoile les ambitions et les limites de l'OCS » – LeMonde.fr – 11 juin 2012 http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2012/06/09/le-sommet-de-pekin-devoile-les-ambitions-et-les-limites-de-l-ocs_1715710_3216.html
Par AD
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