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Israël en vert et l'Azerbaïdjan en orange |
Au Moyen-Orient la crise iranienne évolue :
- Le 6 mai 2012, a eu lieu le second tour des élections législatives en Iran, la majorité des élus soutient le guide Ali Khamenei. Mais ces résultats ne permettent pas de discerner le rapport de force entre partisans et opposants au président Ahmadinejad.
- Courant avril 2012, les États-Unis ont déployés des chasseurs furtifs F-22 sur la base d’al-Dhafra, aux Émirats arabes unis.
- En Israël, le parti de centre droit Kadima est entré, début mai, dans le gouvernement de Benjamin Netanyahou.
Ce gouvernement d'union nationale met fin, avant même
qu'elle est commencée, à la campagne pour les élections législatives qui auront
donc lieu à l'automne 2013. Cela laisse donc à Benjamin Netanyahou tout loisir de s'occuper de la crise
iranienne. Dans ce cadre, l’État
hébreu renforce ces partenariats stratégiques en préparation d’une éventuelle intervention militaire en Iran. C’est le cas en particulier avec l’Azerbaïdjan.
Rappel
historique
La République d'Azerbaïdjan est un pays du Caucase situé sur la ligne de division entre l'Europe et l'Asie. Sa capitale est Bakou, le pays est sorti de l'Union des républiques socialistes soviétiques en 1991. La majorité de sa population est à majorité musulmane (85 % de chiites). Le pays est richement doté en hydrocarbures, mais sans réelle aura géopolitique.
Les relations entre Israël et l’Azerbaïdjan commencent à l’indépendance du pays de l’URSS. Le 25 décembre 1991, Israël est l’un des premiers pays à reconnaître l’indépendance de la République d'Azerbaïdjan. Le 7 avril 1992, les deux pays établissent des relations diplomatiques.
En août 1997, la visite à Bakou du Premier ministre israélien de l’époque Benjamin Netanyahou relance les relations entre les deux pays. Depuis lors, Israël et a resserré ces liens avec l'Azerbaïdjan. L’armée israélienne aurait aidé l’armée azérie à se moderniser.
En
2009, le président azéri Ilham Aliyev rencontre son homologue israélien Shimon Peres. Cette même année un mémo diplomatique américain rendu public par Wikileaks, révèle que le président azéri aurait comparé les relations de son pays avec l’État hébreu étaient « comme un iceberg, neuf dixièmes se situent sous la surface ».
En
2010, Ilham Aliyev a publié un décret rendant obligatoire pour tous les étrangers voulant visiter le pays de se faire délivrer un visa dans les consulats et non plus dans les aéroports comme précédemment. Les citoyens turcs et israéliens sont les seuls ne pas être concernés par cette mesure.
Contexte
géopolitique
Depuis
2.500 ans vivent en Azerbaïdjan les Juifs des montagnes. Il s’agit d’une population juive se réclamant descendant des Juifs exilés à Babylone après la chute du Temple de Jérusalem
586 avant l’ère courante.
De 1970 à 1990, la majorité des Juifs des montagnes émigra principalement en
Israël. Aujourd’hui, il y a environ 12.000 Juifs des montagnes qui vivent en Azerbaïdjan principalement à Bakou.
Mais le pays est avant tout un pays chiite (93,4 % de
la population est musulmane, dont
environ 85 % de chiites et 15 % de sunnites) et face à l'Iran qui
cherche à rassembler le monde chiite autour de lui, l'ancienne république
soviétique est frondeuse. En effet, l'Azerbaïdjan est un État laïc à régime
politique fort (les dernières élections présidentielles de 2003 n'ont pas été
jugées démocratique par l'OSCE) et ces gouvernants voient d'un mauvais œil la
volonté de l'Iran d'exporter la révolution islamique dans le pays.
En février 2012, Bakou a conclu avec Israël un contrat d’armement
d’une valeur de 1,6 milliard de dollars pour la fourniture de drones et de
systèmes antimissiles. Dans le même temps les relations avec Téhéran se sont
dégradées. L’Iran a accusé l’Azerbaïdjan d’avoir soutenu des équipes d’assassinats
ciblés formées par Israël et visant les scientifiques du programme nucléaire
iranien.
Bakou de son coté a annoncé, en mars, avoir arrêté 22
individus pour espionnage pour le compte de l’Iran. Ils auraient été chargé
par les Gardiens de la Révolution Iranienne de « commettre des actes
terroristes contre les ambassades des États-Unis, d’Israël et d’autres États
occidentaux ».
Mais ce rapprochement avec Bakou est
stratégique pour Jérusalem, l’Azerbaïdjan a en effet 611 kilomètres de
frontière avec l’Iran et possède une base aérienne à seulement 550 kilomètres
de la frontière iranienne.
Enjeux
géostratégiques
Le principal
problème d’une attaque aérienne israélienne sur l’Iran est la distance
entre les deux pays. En effet, plus la distance est grande plus les appareils
doivent emporter de carburant et ce au détriment des munitions. L’accès de l’aviation
israélienne à une base aérienne en Azerbaïdjan permettrait aux chasseurs-bombardiers
israéliens F-15I et F-16I de ne pas avoir à faire le trajet retour vers Israël mais simplement
de se poser en Azerbaïdjan après des frappes contre les infrastructures
nucléaires iraniennes. Emporter moins de carburant signifie pouvoir emporter
plus de bombes et donc de frapper plus efficacement.
Or, l’Azerbaïdjan
dispose d’un aérodrome à Sitalcay à 550 kilomètres de la frontière iranienne et
70 km de Bakou.
Il reste peu
probable que la base serve de « porte-avions » à Israël puisque le
ministre de la défense azerbaïdjanais, Safar Abiyev, a déclaré le 13 mars 2012
lors d’une visite à Téhéran : « Nous n'autoriserons personne à utiliser
notre sol et notre espace aérien contre la République islamique d'Iran, dans la
mesure où nous considérons l'Iran comme un ami et un frère. »
Néanmoins, un
officier du renseignement américain envisage que Tsahal y installe des
hélicoptères qui pourraient mener des missions de recherche et d’assistance de
pilote éventuellement perdu en territoire iranien.
Il est également
possible que l’Azerbaïdjan serve de base pour les drones israéliens pour la reconnaissance
avant une attaque ou pour l’observation de résultat de celle-ci.
Les relations entre
Israël et l’Azerbaïdjan sont anciennes. Elles ont connu une nouvelle période
faste lorsque Tel-Aviv s’est brouillé de son allié turc en 2010. La montée en
puissance dans les relations internationales de Téhéran contrarie Bakou. Israël
profite donc de la situation pour mettre la pression sur l’Iran. Et ce d’autant
plus que débarrassé des contraintes électorales et fort d’un gouvernement d’union
nationale Benjamin
Netanyahou peut négocier en position de force avec les États-Unis où la
campagne présidentielle va commencer.
Sources
:
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- The World Factbook, CIA
- Jacques Benillouche – « Israël se dote d'un gouvernement d'union
nationale » – Slate.fr – 8 mai 2012 http://www.slate.fr/story/54703/israel-gouvernement-union-nationale-netanyahou
- Aymeric Janier – « Israël-Azerbaïdjan : le nouveau front anti-iranien ? » – LeMonde.fr – 5 avril 2012 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/04/05/israel-azerbaidjan-le-nouveau-front-anti-iranien_1679972_3218.html
- Mark Perry – « L'Azerbaïdjan, le terrain d’atterrissage secret d’Israël » – Slate.fr – 30 mars 2012 http://www.slate.fr/story/52415/israel-iran-azerbaidjan-guerre
Par AD