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Logo du Sentier Lumineux |
Dénomination :
Le Sentier
Lumineux dont le nom complet est Partido Comunista del Peru - Sendero
Luminoso (parti communiste du Pérou – Sentier Lumineux) a été fondé en 1960.
Il a participé au conflit armé des années 1980 et 1990 au Pérou, qui a fait
70 000 victimes. L'organisation est placée sur la liste officielle
des organisations terroristes du Canada, des États-Unis d'Amérique et de l'Union
européenne.
Cette organisation, comme d’autres partis communistes
péruviens, s'attribue le titre de Parti Communiste du Pérou. On différencie
généralement ces différentes organisations par le nom de leurs publications. Le
journal publié par le mouvement reprenait à sa Une une citation de José Carlos
Mariátegui, le fondateur du premier Parti communiste péruvien :
« Le marxisme-léninisme ouvrira le sentier lumineux
jusqu'à la révolution (en espagnol : El
Marxismo-Leninismo abrirá el sendero luminoso hacia la revolución) »
Origines :
Le Sentier Lumineux apparait au Pérou dans les années
1960 suite à la rupture entre l’URSS et la Chine communiste. Le parti
communiste du Pérou se divise et le mouvement choisit alors la voie maoïste. A
la fin des années 1960, la révolte
amérindienne, les oubliés de la réforme agraire de 1969 et les étudiants
paysans qui sortent de l’université avec un diplôme inutilisable en raison de
la ségrégation raciale et linguistique forment la base du mouvement.
Le Sentier Lumineux s'est développé en premier lieu dans
l'Université Nationale de San Cristóbal de Huamanga dans la ville d'Ayacucho
autour d’Abimael Guzmán alors professeur de philosophie dans cette même
université.
Il développe un type de guérilla basé sur la doctrine de
Mao Zedong. Cette stratégie consiste à ouvrir des zones de guérilla dans
lesquelles ces guérillas peuvent opérer, en expulsant de ces zones les forces
étatiques pour créer des zones libérées, qui sont alors utilisées comme soutien
aux nouvelles zones de guérilla jusqu'à ce que le pays se convertisse en une
grande zone libérée.
Les années 1980-1990 :
Le 17 mai 1980, la veille des élections, le Sentier
Lumineux brûle des urnes dans le village de Chuschi, dans la province
d'Ayacucho. Cette action est le premier acte de guerre du groupe. Cependant,
les auteurs sont rapidement arrêtés et d'autres urnes remplacent celles
brûlées. Les élections se déroulent sans incidents majeurs et l'action reçoit
peu d'attention de la part de la presse péruvienne.
Progressivement, le Sentier lumineux commet des attaques
beaucoup plus violentes ciblées sur la police nationale. En 1981, le président péruvien
Fernando Belaúnde Terry déclare l’état d'urgence et ordonne que l'armée lutte
contre le Sentier lumineux. Les droits constitutionnels sont suspendus pendant
60 jours dans certaines provinces.
L’État péruvien met sur place des organisations communales
d'auto-défense, les Rondas Campesinas, afin d'enrayer la guérilla communiste.
En décembre 1981, L'armée établit la zone d'urgence
d'Ayacucho, laquelle est constamment renforcée par les autorités afin de lutter
contre les sendéristes. En réponse à un massacre de paysans par l’armée, le
Sentier Lumineux se met à massacrer des paysans fidèles au régime à son tour.
Mais les attaques du Sentier Lumineux ne se limitent pas
aux territoires ruraux, des attentats à la bombe sont organisés dans Lima.
La population civile fait les frais de cette guerre,
prise entre la violence terroriste de la guérilla et la violence
contre-terroriste de l’État.
En 1991, le Sentier Lumineux contrôle une grande partie
des campagnes du centre et du sud du Pérou et est bien implantée dans les faubourgs
de Lima.
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Carte de l'activité du Sentier Lumineux |
Le 12 septembre 1992, un coup dur est porté à
la guérilla - fondée sur le culte de la personnalité - par l’arrestation de son
chef fondateur Abimaël Guzman et de plusieurs autres dirigeants.
Privée de cellule dirigeant l'organisation s'est
rapidement divisée en divers fronts régionaux sous les ordres de plusieurs
commandants, dont beaucoup s'affrontaient entre eux.
En 2001, le gouvernement péruvien met en place la Commission
de la Vérité et de la Réconciliation (CVR) pour investiguer la violence des
terroristes mais également à analyser les racines profondes de cette violence
et a enquêté sur la répression militaire contre ces mouvements terroristes. Le rapport
a été rendu public en 2008. La guérilla opposant les militaires péruviens au
Sentier Lumineux a fait plus de 69 000 victimes entre 1980 et 2000. Le
gouvernement péruvien a évalué le coût économique des activités terroristes du
Sentier Lumineux à plus de 16 milliards de dollars, l'équivalent de la dette
extérieure du pays, dont le service absorbait un tiers des devises provenant
des exportations (pêche, cuivre, zinc, argent, notamment).
Depuis 2003, vers
une résurgence ?
La tendance Proseguir (Poursuivre) du Sentier
Lumineux a refusé l'accord de paix proposé par Guzmán en 1993 depuis sa prison.
Le mouvement s’est donc poursuivi de manière plus clandestine en s’alliant
notamment avec les narcotrafiquants.
Depuis le début des années 2000, le mouvement tente de
redorer son blason idéologique en promouvant une guerre populaire qui a en fait
pour but le contrôle des routes de la drogue.
En août 2008, le gouvernement lance contre le
Sentier Lumineux une vaste opération, la plus grande des dix dernières années. Le
chef de l’armée admet que le Sentier lumineux pourrait compter jusqu’à
600 membres, le double de ce que les autorités reconnaissaient jusqu’à
présent. Selon plusieurs enquêtes, le mouvement s’est transformé en un groupe
de narcotrafiquants à partir de juillet 1999. Dans un premier temps, il
assurait la sécurité des mochileiros,
ces jeunes chargés du transport de la cocaïne, et des planteurs de coca. Après
avoir reçu des renforts, en 2003, les membres du Sentier lumineux ont enlevé
71 travailleurs de la société argentine Techint (relâchés trente-six
heures plus tard). Par la suite, leurs actions ont eu des objectifs plus
économiques que politiques. Le Sentier Lumineux a aussi commencé à participer à
toute la chaîne de production de la coca, en incitant les paysans à délaisser
les plantations légales pour devenir ses fournisseurs. L’argent de la drogue a
servi à financer ses achats d’armes, la solde de près de 200 dollars
versée aux hommes ainsi que leurs uniformes.
Le 11 avril 2012, le Sentier Lumineux a enlevé 36
ouvriers de la société suédoise Skanska et d'une entreprise péruvienne. Le
gouvernement a décrété l’état d’urgence ce qui lui permet de faire appel à
l’armée pour aider la police. Le 14 avril, les otages étaient libérés et le 27
avril, la guérilla tuait trois soldats et en blessait deux autres.
Le mouvement est donc toujours actif. Sa possible
alliance avec les FARC de Colombie pourrait, si elle se renforce, créé un
mouvement de déstabilisation de la région.
Sources :
- AFP – « Pérou/Sentier Lumineux : 3 soldats
tués » – LeFigaro.fr – 28 avril
2012 http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/04/28/97001-20120428FILWWW00268-perousentier-lumineux-3-soldats-tues.php
- Le Monde.fr avec AFP – « Pérou : état d'urgence après
la prise d'otages d'ouvriers par le Sentier lumineux » – LeMonde.fr – 11 avril 2012 http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/04/11/perou-etat-d-urgence-apres-la-prise-d-otages-d-ouvriers-par-le-sentier-lumineux_1684036_3222.html
- Le Monde.fr avec AFP – « Pérou : état d'urgence
après la prise d'otages d'ouvriers par le Sentier lumineux » – LeMonde.fr – 11 avril 2012 http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/04/11/perou-etat-d-urgence-apres-la-prise-d-otages-d-ouvriers-par-le-sentier-lumineux_1684036_3222.html
- Le Monde.fr avec Reuters – « Le chef du Sentier
lumineux grièvement blessé dans la jungle péruvienne » – LeMonde.fr – 12 février 2012 http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/02/12/le-chef-du-sentier-lumineux-retrouve-mort-dans-la-jungle-peruvienne_1642344_3222.html
- Ruth Costas – « Le Sentier lumineux renaît de ses
cendres » – O Estado de São Paulo
(traduit par Courrier International) –
28 mars 2009 http://www.courrierinternational.com/article/2009/05/28/le-sentier-lumineux-renait-de-ses-cendres
Par AD
1 commentaire:
Merci pour ces précisions sur un mouvement qui ne fait la une des journaux actuellement en France.
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