Prévoir le futur est un vieux rêve de l’humanité. On ne
compte plus les fictions dans lesquels le héros ou une organisation est capable
de prévoir le futur. On peut citer par exemple certaines œuvres de Philip K.
Dick (The Minority Report adapté par Steven Spielberg, The Golden Man
qui a donné le film Next de Lee Tamahori, Paycheck adapté par
John Woo). Mais également le Cycle de Fondation d’Isaac Asimov basé sur
une science fictive, la Psychohistoire, dont le but est de prévoir l'Histoire à
partir des connaissances sur la psychologie humaine et les phénomènes sociaux
en appliquant une analyse statistique.
Ces deux auteurs, qui sont de la même génération, se
différencient par le type de futur qu’ils font prédire à leur héros.
Les precogs de The Minority Report peuvent prédire
l’avenir jusqu’à deux semaines en avance, Cris le héros de Next prévoit
les conséquences de ses actes avec deux minutes d’avance. A contrario,
la Psychohistoire, une sorte de thermodynamique de l’Humanité, étudie statistiquement
des comportements de grands groupes d’êtres humains (de plusieurs milliards
d’individus), dans le but de prévoir son évolution future.
Il y a donc deux types de futur : le futur proche et le
futur lointain. Ces deux futurs sont intéressant politiquement et nous allons
les traiter successivement.
Le futur proche : demain le prolongement d’aujourd’hui
Prédire le futur proche peut être intéressant pour un
homme ou une femme politique. C’est pour ça qu’ils sont friands de sondages qui
donnent une estimation de leur popularité actuelle et donc de leur popularité à
venir.
Le 5 septembre 2011, un chercheur de l’université de l’Illinois
a publié les résultats de son utilisation d’un ordinateur pour prédire les
tendances politiques. Il a demandé au supercalculateur d’analyser des centaines
de millions d'articles de presse en langue anglaise et des rapports publics de
provenance gouvernementales – comme ceux issus de l'Open source center du gouvernement américain. En extrayant l’ambiance
de l’article (optimiste ou pessimiste) ainsi que les diverses localisations
présentes dans l’article, le chercheur veut prédire les grands évènements
sociaux dans une région donnée.
En filtrant les résultats avec les mots clés Egypte et
Moubarak, il observe que dans les articles de janvier 2011 l’ambiance baisse
considérablement en dessous de la moyenne des 30 dernières années. Le chercheur
conclue donc qu’au regard de cette baisse, la chute de Moubarak était
prévisible.
Écart par rapport à la moyenne pour les articles analysés contenant la localisation Égypte |
Écart par rapport à la moyenne pour les articles analysés faisant référence à Hosni Moubarak |
Sauf que lorsque l’on regarde la courbe établie avec le
mot clé Moubarak, on voit certes, une diminution de l’humeur dans les articles
très forte en janvier 2011 mais cette chute n’atteint pas celle de janvier 1981
ou le même Moubarak était Premier Ministre d’Anouar El-Sadate qu’il a remplacé
en octobre 1981.
Le problème n’est pas la démarche ni même le calcul qui
reste intéressant. Le problème est l’interprétation qui est faite a posteriori de ces données. En effet,
le futur proche est semblable au présent. C’est comme ça que les économistes,
les météorologues prédisent l’avenir immédiat mais ce que ces modèles ne
prennent pas en compte se sont les ruptures profondes qui font l’histoire.
C’est pour cela qu’il est plus aisé de tenter de prédire
l’avenir à long terme.
Le futur lointain : la futurologie
La futurologie (qui n'est pas considérée comme une science),
étudie les différents scénarios possibles du futur, à partir des données
technologiques, économiques ou sociales du passé et du présent, en se basant
sur des techniques et des modèles scientifiques. Ceci est d’autant plus
applicable à des horizons lointains (15, 20 ou 50 ans) que les évènements
imprévus sont lissés.
On voit ici que les effets de la crise de 1930 et de la Seconde Guerre Mondiale ont eu peu d'effets sur la courbe de tendance calculée sur 120 ans |
Mais ces questions n’intéressent pas nécessairement le
politique qui doit être réélu tous les quatre ou cinq ans. Mais ces données sont
utiles pour les administrations notamment pour définir des politiques d’investissement
dans les écoles.
Etant une étude statistique la futurologie met en avant
des scenarios possibles avec des probabilités d’occurrences. En terme politique
le scenario le plus intéressant est certainement le scénario le plus
défavorable (Worst Case Scenario)
puisqu’en préparant le pire on sera plus à même de réagir à ce qui se
présentera réellement.
Conclusion
Prédire le futur de manière scientifique pour l’instant
impossible. De nombreuses études sont en cours et se révèlent intéressantes du
moins sur le plan théorique. Mais rien de ce qui n’existe aujourd’hui n’est
utilisable politiquement. Les prévisions à court terme sont trop incertaines et
les prévisions à long terme sont souvent trop vague.
Pourtant certains hommes politiques sont considérés comme
des visionnaires. Ce n’est pas tant qu’ils arrivent à prévoir le futur mais qu’ils
ont une force qui leur permet d’influencer le présent pour que leur vision du
futur se réalise.
Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- LEMONDE.FR – « Un super-ordinateur pour prédire les
grands évènements du monde » – LEMONDE.FR
| 12.09.11 | 17h25 • Mis à jour le 12.09.11 | 18h21 http://www.lemonde.fr/technologies/article/2011/09/12/un-super-ordinateur-pour-predire-les-grands-evenements-du-monde_1571167_651865.html
- Kalev
H. Leetaru – “Culturomics 2.0: Forecasting large–scale human behavior using
global news media tone in time and space” – First Monday, Volume 16,
Number 9 – 5 September 2011 http://www.uic.edu/htbin/cgiwrap/bin/ojs/index.php/fm/article/viewArticle/3663/3040
- François- Bernard Huyghe – « De l'anticipation à la
futurocratie » – 26 septembre 2008 http://www.huyghe.fr/actu_591.htm
Par AD
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