Dix ans
après les attentats du 11-septembre le monde a bien changé, que reste-t-il d’Al-Qaïda
et de la politique antiterroriste des USA.
Al-Qaïda
Al-Qaïda,
en tant que structure centrale, est mort lorsque les troupes de l’OTAN ont détruit
les installations du groupe terroriste en Afghanistan entre fin 2001 et début
2002.
L’organisation
est devenue une marque de fabrique, une franchise exploitée particulièrement
par deux succursales que sont Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) et Al-Qaïda pour
la Péninsule Arabique (AQPA).
AQMI (qui
n’est que la résurgence du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat
(GSPC) algérien) ressemble plus à une organisation criminelle qu’à un groupe de
terroristes internationaux. Les opérations du groupe sont, en effet, centrées
sur des enjeux régionaux. Ce sont principalement des enlèvements d’étrangers (principalement
des Européens) dans un but de profits financiers.
AQMI ne
semble pas avoir de stratégie à long terme et l’alliance avec Al-Qaïda semble être
purement un coup marketing. Néanmoins la guerre en Libye et la chute de Mouamar
Kadhafi ont laissées de grandes quantités d’armes tomber entre les mains d’AQMI.
Il reste à savoir quelles armes et dans quelles quantités.
AQPA,
basé au Yémen, semble au contraire plus actif. Ces objectifs annoncés sont la
défaite des américains et la chute du régime saoudien qui soutient les USA. Le groupe
a revendiqué l’attentat raté de décembre 2010 dans un avion reliant Amsterdam ainsi
que l’envoi de colis piégés en octobre 2010. Ces deux attentats ont échoués mais
à Fort Hood, le 5 novembre 2009, un jeune
soldat américain inspiré par les prédicateurs d’AQPA tue 13 autres soldats. Aujourd’hui,
le groupe cherche à produire des poisons, comme le ricin, qui pourraient être
dissimulés dans des bombes. L’objectif est que des attaques de faibles
envergures puissent susciter la panique au sein de la société américaine et
affaiblir l’économie en contraignant les autorités à multiplier les contrôles
dans les ports, aéroports et gares. AQPA lie également des contacts avec les
Chebabs somaliens dont ils ne sont séparés que par le golfe d’Aden. Dans le
golfe affluent les pirates dont les opérations sont toujours plus audacieuses. Une
convergence d’intérêts existe et une alliance entre ces deux groupes rendraient
la zone économiquement inexploitable.
Le
Yémen est secoué depuis six mois par une révolte contre le président Saleh dont
l’issue n’est pas encore connue. Hors, les Américains qui avaient investit des
avions et des forces spéciales, se désengagent pour se redéployer au sud de l'Arabie
Saoudite où ils construisent un aéroport dédié aux drones dans le sud du
territoire saoudien, non loin de la frontière yéménite.
(Pour plus
de détails lire «
Al Qaida aujourd’hui »)
Les USA
Aux USA,
la victoire de Barack Obama en 2008, après deux mandats du président
républicain George W. Bush qui a lancé deux guerres, sonnait comme un espoir.
Il a, en effet, mis fin aux techniques d’interrogatoires spéciales, aux prisons
secrètes de la CIA, mais Guantanamo n’a pas pu être fermé et reste un symbole des
dérives de la guerre contre le terrorisme.
Pour
terminer les guerres de son prédécesseur, le président Obama a commandé le
retrait des troupes américaines d’Irak (retrait commencé en juillet 2010) et d’Afghanistan
annoncé pour l’été 2012. Ces combats conventionnels ont été remplacés par une
traque méthodique des leaders par les forces spéciales mêlées aux agents de
renseignement ainsi qu’à l’intensification de la campagne d’élimination par
drones.
Sur le
front intérieur, la loi antiterroriste USA PATRIOT Act a été une nouvelle fois prolongée
par un vote du Congrès le 26 mai 2011, ce qui la rend valable jusqu'en juin 2015.
Obama a
voulu sortir de la vision militaire de la lutte contre le terrorisme et arriver
à une approche plus pénale. Il a donc réformé
les commissions militaires chargées des prisonniers talibans ou affiliés à Al-Qaïda
et interdit la torture.
Mais d’un
autre coté, on a assisté à la montée en puissance du Department of Homeland Security (DHS) initié par Bush et qui compte
aujourd’hui 170.000 employés, à l’implication croissante des services de
renseignement dans les opérations militaires et surtout à la privatisation des
opérations militaires.
Confronté
à la réalité du terrorisme lors de l’attentat raté du vol Amsterdam-Detroit,
Obama a poussé à l’adoption des scanners corporels ainsi qu’à l’intensification
de la lutte contre le terrorisme au Yémen et en Afghanistan ce qui a mené à l’opération
commando lors de laquelle Ben Laden a été tué.
Sources :
- Laure
Mandeville – « La guerre d'Obama contre le terrorisme » – Le Figaro – 5 septembre 2011 http://www.lefigaro.fr/international/2011/09/05/01003-20110905ARTFIG00649-la-guerre-d-obama-contre-le-terrorisme.php
- Georges
Malbrunot – « Les nouveaux champs de bataille d'al-Qaida » – Le Figaro – 4 septembre 2011 http://www.lefigaro.fr/international/2011/09/04/01003-20110904ARTFIG00252-les-nouveaux-champs-de-bataille-d-al-qaida.php
- « Bertrand
Badie : "On sortira du 11-Septembre quand on portera un nouveau regard sur
le monde" » – LeMonde.fr
– 30 aout 2011 http://www.lemonde.fr/international/article/2011/08/30/bertrand-badie-on-sortira-du-11-septembre-quand-on-portera-un-nouveau-regard-sur-le-monde_1565570_3210.html
- Marc
HECKER – « Al-Qaida et le brouillard de la guerre contre le terrorisme »
– Le Monde – 25 aout 2011 http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/08/24/al-qaida-et-le-brouillard-de-la-guerre-contre-le-terrorisme_1562889_3232.html
- AD – « Révoltes
dans les pays arabes : quelle place pour al-Qaida ? » – GlobalAnalysis
France – 4/5 avril 2011 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2011/04/revoltes-dans-les-pays-arabes-quelles.html
http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2011/04/revoltes-dans-les-pays-arabes-quelle.html
- AD – « Al Qaida
aujourd’hui » – GlobalAnalysis France – 26 novembre 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/11/al-qaida-aujourdhui.html
Par AD
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