En rouge, la Région de Bruxelles-Capitale. En bleu et marron, l’arrondissement de Hal-Vilvorde. Particulièrement, en marron, les communes à facilités linguistiques pour les habitants francophones. |
Bruxelles est cinq fois capitale, capitale de la région
Bruxelles-Capitale, capitale de la communauté francophone nommée Fédération
Wallonie-Bruxelles, capitale de la communauté flamande, capitale de la Belgique
et enfin capitale de facto de l’Union
Européenne.
Ce statut particulier et unique en fait une ville à la
croisée de multiples enjeux tous liés à des constructions politiques
multiculturelles.
Hors depuis avril 2010, Bruxelles et d’une manière
générale la Belgique sont plongés dans la plus longue crise politique de leur
histoire. En effet, suite aux élections législatives du 13 juin 2010 l’écart politique
s’est creusé entre les différents partis, le PS ayant remporté la majorité en
Wallonie s’opposant au niveau idéologique à la N-VA, parti nationaliste de
droite vainqueur en Flandre. L’échec des négociations relatives au statut de
conflit sur l’arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde (dit BHV, voir
ci-après). Les libéraux flamands décident de quitter le gouvernement et Yves
Leterme présente la démission de son gouvernement le 22 avril 2010. Après un
week-end de tentatives de rétablissement de la confiance entre les communautés,
le roi accepte la démission le 26 avril.
Depuis, de nombreux négociateurs ont été nommés par le
Roi dans le but de constituer un gouvernement mais c’est toujours Yves Leterme
qui règle les affaires courantes.
L’arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde (dit
BHV) s’étend sur deux régions, celle de Bruxelles-Capitale (bilingue mais à
majorité francophone) et celle de la Région flamande (où le flamand est la
langue officielle mais qui accueille sept communes à facilité linguistiques). BHV est la seule
circonscription électorale bilingue du pays. La conséquence directe est qu'une
partie de l'électorat située sur le territoire flamand peut élire des
représentants francophones qui siègeront à Bruxelles ou dans l'une des communes
de l'arrondissement électoral.
Le parti nationaliste flamand N-VA, entre autres, propose
de scinder l’arrondissement en deux. D’un coté Bruxelles-Capitale et de l’autre
Brabant flamand. L’homogénéité linguistique serait ainsi rétablie. Mais cette
scission d’une région électorale existante provoque un malaise au sein de la
classe politique belge. Renoncé à BHV serait remettre en question le
fonctionnement de la Belgique dans son ensemble et l’unité du pays.
Elio Di Rupo, actuel formateur nommé par le Roi le 16 mai
2011, a présenté un accord le 14 septembre 2011, accord accepté par les partis
wallons et flamands prévoyant la scission de BHV en une partie flamande l’arrondissement
de Hal-Vilvorde et la région autonome de Bruxelles-Capitale
Mais Bruxelles est également la capitale de l’Union européenne.
Le regroupement de 27 Etats disposant de vingt-trois langues officielles,
trois alphabets et une multitude de cultures régionales. La sauvegarde l’unité
du pays est donc nécessaire pour envoyer le signal d’une Europe forte et comme
le déclare sa devise : In varietate concordia (Unie dans la diversité).
De ce fait, Bruxelles a
vocation à devenir une ville internationale. Certain envisage même de faire
bénéficier à la ville d’un statut de ville européenne hors Etat, un statut
similaire à celui du District of Columbia
aux Etats-Unis. Cela ferait de Bruxelles une ville hors de la Belgique qui ne
pourrait donc plus être la capitale.
En attendant, le quartier européen est déjà une ville
dans la ville avec 40 000 fonctionnaires européens dont 25 000
personnes à la Commission et 6 000 au Parlement. 10 000 lobbyistes
sont inscrits. 1 200 journalistes accrédités à Bruxelles dont 1 000 qui
viennent d'hors de Belgique.
Bruxelles est donc comme l’Europe un rassemblement de peuples dont l'envie de vivre ensemble dépasse la difficulté de sa construction politique. Concilier les cultures et les langues différentes est toujours un défi mais c'est pour relever ce défi qu'existe l'Union européenne.
Glossaire :
Commune à facilité
linguistique : Il s’agit de commune dont la majorité des administrés
est d’une autre langue que celle de la région dans laquelle elle est située. Les
communes « à facilités » sont caractérisées par l'unilinguisme des
services internes (l'administration travaille dans une seule langue) et un
bilinguisme externe (l'administration utilise deux langues dans ses relations
avec le public). Les communes à facilité linguistiques sont : les 6
communes de la périphérie bruxelloise, les 24 communes (devenues 8 après la
fusion des communes en 1976) de la frontière linguistique
française-néerlandaise, les 6 communes (devenues 2) de langue française avec
facilités pour les germanophones dites « communes malmédiennes » et
les 25 communes (devenues 9) de langue allemande avec facilités pour les
francophones.
Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- TF1 News – « Accord en Belgique en vue d'une
sortie de crise » – 8 octobre 2011 http://lci.tf1.fr/monde/europe/accord-en-belgique-en-vue-d-une-sortie-de-crise-6755726.html
- Jean-Pierre Stroobants – « Crise politique belge :
les huit partis en négociation annoncent un accord » – Le Monde – 15 septembre 2011 http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/09/15/crise-politique-belge-les-huit-partis-en-negociation-annoncent-un-accord_1572495_3214.html
- Véronique Lamquin – « BHV scindé : les
détails de l'accord historique » – Le Soir – 15 septembre 2011 http://www.lesoir.be/actualite/belgique/elections_2010/2011-09-14/bhv-scinde-les-details-de-l-accord-historique-863165.php
- Béatrice Giblin – « Bruxelles : le nœud gordien de
la Belgique » – 50 fiches pour comprendre la géopolitique –
Editions Bréal – août 2010
- Bérénice Dubuc – « Les dates-clés de la crise
politique en Belgique » – 20 Minutes – 23 avril 2010 http://www.20minutes.fr/monde/399925-Monde-Les-dates-cles-de-la-crise-politique-en-Belgique.php
Par AD
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