Un logiciel open
source est un programme informatique dont l'utilisation, l'étude, la
modification et la duplication en vue de sa diffusion sont gratuites pour tous.
L’intelligence économique est une démarche qui vise la
collecte et l’analyse de l’information ouverte ainsi que la protection de
l’information de l’entité mettant en œuvre cette démarche (pour une définition,
voir notre article Introduction
à l’intelligence économique).
C’est dans le cadre de la protection du patrimoine
informationnel d’une entreprise ou d’une administration que l’utilisation de
logiciels libres est particulièrement avantageuse.
Le fait que le code informatique soit accessible à tous
permet paradoxalement une plus grande sécurité que celle des logiciels dits
« propriétaires ». En effet, le logiciel est plus facilement
auditable. Il est possible d’étudier le logiciel, de s’assurer de l’absence de
failles de sécurité, de prévenir l’installation de virus etc. Contrairement aux
logiciels propriétaires qui ne sont modifiés que par les ingénieurs de
l’éditeur, les logiciels open source le sont par une communauté de bénévoles.
Cette déconcentration permet une plus grande réactivité et une plus grande fiabilité.
En effet, les vérifications de sécurité, ne sont pas faites par une équipe
dédiée mais par l’ensemble des utilisateurs.
De plus, du fait de l’ouverture du code, chacun peut adapter
le logiciel à son besoin spécifique. Une entreprise peut par exemple, modifier
le système d’exploitation Linux, le navigateur Firefox, la suite bureautique
OpenOffice pour qu’ils correspondent très précisément à son besoin. La sécurité
est dans ce cas totale puisqu’il sera impossible d’effectuer des opérations non
autorisées.
A un niveau plus stratégique remarquons que les logiciels
propriétaires sont majoritairement américains. Microsoft en particulier domine
le secteur des systèmes d’exploitation, des logiciels de bureautique avec
Office. Google est le moteur de recherche le plus utilisé dans le monde, son
navigateur Chrome est déjà le troisième en nombre d’utilisateurs.
Cette domination est retranscrite dans le rapport au premier ministre du député Bernard Carayon sur
l’intelligence économique : A armes égales. Il écrit en effet : « l’Europe
est, en 2006, à l’égard des Etats-Unis d’Amérique comme l’était la France, en
1945, à l’égard de l’arme nucléaire : dans une situation de dépendance
totale ». Hors les liens entre ces entreprises et la National Security Agency (NSA) sont bien connus.
Pour une administration ou pour une entreprise stratégique,
Windows, Office, Google Docs peuvent être des logiciels espions mis en place
volontairement et qui pourront transmettre les informations sensibles aux
agences américaines.
Symbole de cette domination dans la guerre économique, les
formats de la suite bureautique Microsoft Office (.doc pour le texte, xls pour
les tableaux de données etc.). Ces formats sont utilisés pour la création et
l’échange de documents dans 90% des cas. Ceci, alors qu’il existe un
substitue ouvert, depuis 1985, le format ODF (Open Document Format) qui est décliné pour les textes (odt), les
tableaux (ods), les présentations (odp) etc. et supporté par de nombreuses
suites bureautiques (OpenOffice.org, LibreOffice qui dérive d'OpenOffice.org, NeoOffice,
StarOffice, KOffice). D’ailleurs suite au rapport Carayon, l’Etat français a
imposé l’utilisation d’OpenOffice dans
la Gendarmerie mais également à l’Assemblée Nationale et dans certains
ministères. D’autres pays vont encore plus loin ainsi la Russie, la Corée du
Nord, Cuba et l’Inde ont créé des systèmes d’exploitation nationaux basés sur
Linux. Les ordinateurs des administrations de ces pays ne dépendent donc plus
de Microsoft et des États-Unis pour fonctionner.
Cette démarche de souveraineté nationale peut être appliquée
également dans une entreprise et s’étendre aux systèmes d’exploitation des Smartphones. En effet, les iPhones et
les BlackBerry fonctionnent dans un écosystème fermé. Passage obligatoire par
iTunes et l’AppStore d’Apple pour les téléphones de la marque à la pomme et
pour les BlackBerry, les messages cryptés sont transmis par les serveurs du fabriquant
RIM qui se situent pour l’Europe au Royaume-Uni. Dans le cas d’Apple, la
dépendance est la même que celle vis-à-vis de Microsoft et pour les BlackBerry, le
fabriquant canadien a fourni à l’Etat indien les codes de déchiffrage de toutes
les transmissions transitant sur les serveurs installés dans son pays. On peut
donc imaginer une demande similaire effectuée par les services de
renseignements anglais qui leur permettrait de décrypter tous les échanges soi-disant
sécurisé par RIM de toute l’Europe. La solution vient pour une fois de Google
et du système Android qui est open source et peut donc être modifier par une
entreprise pour ses besoins particuliers.
Comme nous venons de le voir, l’open source peut apporter énormément à l’intelligence économique
dans le cadre de la protection du patrimoine informationnel d’une entreprise
ou d’un État. Mais le vrai coût de l’open
source n’est pas dans les licences mais dans l’humain. Le prix se situe
dans le développement de la solution spécifique mais également à la formation
des utilisateurs. Comme dans toutes les problématiques de fuite de l’information,
le chaînon le plus faible reste l’humain.
Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Cours du mastère spécialisé en intelligence économique de
l’EISTI
- Pierre-Antoine Rousseau – « Bernard Carayon et
"l’arme du libre" » – Agoravox
– 12 octobre 2006 http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/bernard-carayon-et-l-arme-du-libre-14334
Bernard Carayon – À
armes égales, rapport à Dominique de Villepin – septembre 2006
- Frédéric Couchet et Benoît Sibaud – « Enjeux des
logiciels libres face à la privatisation de la connaissance » – couchet.org http://www.couchet.org/enjeux-des-logiciels-libres-face-a-la-privatisation-de-la-connaissance.html
Par AD
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