Samedi 30
juillet 2011 a eu lieu la plus grande manifestation de l’histoire d’Israël.
Entre 80 et 120.000 manifestants étaient descendus dans la rue et près de 150.000
employés municipaux sont entrés en grève le lundi 1er août. Ces
manifestations regroupent toutes les tranches de la société israélienne : juifs
et non-juifs, étudiants, chômeurs, cadres, médecins, sans distinctions et son pour l'instant apolitiques (Complément : mise à jour).
Les
raisons de ce mécontentement sont économiques. Tout à commencer en juin lorsqu’un
groupe de consommateur de cottage (un fromage très prisé en Israël) a donc
décidé de réagir et d'organiser un boycott par l'entremise de Facebook. Le
résultat a été rapide, au bout de quelques jours, le prix a été revu à la
baisse.
Par la
suite une étudiante, incapable de trouver un logement en raison des prix
exorbitants de l'immobilier, a décidé d'aller planter une tente au beau milieu
de l'avenue Rothschild, l'une des plus chics de Tel-Aviv. Sur sa page Facebook,
elle a invité tous ceux qui se trouvaient dans une situation semblable à se
joindre à elle. Depuis, le mouvement a pris de l’ampleur et s’étend à tout le
pays.
Le 26
juillet, le journal Haaretz a publié un sondage révélant que 87% des Israéliens
soutiennent le mouvement de protestations et 54% se disent «mécontents» de la
gestion de cette crise par le Premier ministre Benjamin Nétanyahou.
Cette
contestation est, comme pour les révoltes arabes, le résultat de la situation
socio-économique. L’économie Israélienne est florissante, un taux de croissance
de 5% en 2011, une balance commerciale en excédent et le taux de chômage le
plus bas des vingt dernières années à 6%.
Mais cette
bonne santé économique est due majoritairement à l’industrie high-tech
(biotechnologies, informatique, armement) qui engendre des bénéfices considérables
et tirent les chiffres de l'économie vers le haut.
Mais cette
richesse est mal redistribuée. L'industrie du pays est regroupée autour d'une
dizaine de familles qui tiennent dans leurs mains l'immobilier,
l'agro-alimentaire, et les industries (voir cet article sur Slate.fr). Cette concentration fausse la
concurrence et du fait de la cartellisation, les entreprises sont politiquement
puissantes et négocient directement avec le gouvernement des passe-droits (commerce
avec l’Iran, expropriation, etc.)
Dans les
dernières années, les prix ont augmenté : le pain de 10%, l’essence de
13%, l’eau de 134%, les logements, les transports et les impôts indirects
tandis que les salaires stagnent. En un an, les prix des logements ont bondi de
32% à Tel-Aviv et de 17% à Jérusalem.
Néanmoins,
ces problèmes ne sont pas récents. L’actuel gouvernement a hérité d’une
situation déplorable et peu a été fait pour y remédier. Depuis la création du
pays en 1948, tous les gouvernements qu’ils soient de droite ou de gauche, n’avaient
qu’une préoccupation : la sécurité aux frontières.
Alors qu’aujourd’hui
une partie de l’opinion publique évolue sur les questions des droits à accorder
aux palestiniens (une soixantaine d'ONG israéliennes ont reconnu l'État palestinien
le 26 janvier 2011) le gouvernement semble figé et ne s’intéresse pas aux
questions économiques. Alors les jeunes d’abord, se servent des réseaux sociaux
pour mener la contestation.
Il faut
dire qu’après avoir fait trois ans (deux ans pour les femmes) de service militaire
obligatoire (le refus entraîne un emprisonnement de 6 mois), les jeunes ont l’impression
de ne rien recevoir en retour de la part de l’État.
La jeunesse a été suivie dans la contestation par la classe moyenne israélienne qui a des difficultés à se loger. Les
prix explosent dans les grandes villes du fait de la gentrification. Les
entrepreneurs, avec la bénédiction du gouvernement, détruisent les logements
sociaux pour construire des immeubles plus luxueux qui attirent les riches
investisseurs nationaux ou étrangers. Les habitants sont expropriés avec une
faible compensation et ne trouvent plus à se loger. Ceci pousse le gouvernement
à favoriser la colonisation dans Jérusalem-est ou en Cisjordanie (Complément sur les problèmes de logement)
Bien sûr
les moteurs des manifestations arabes et israéliennes sont similaires. La
presse arabe parle déjà de l’été israélien. Mais Nétanyahou n’est pas Ben Ali
et Israël n'est ni un régime autoritaire, ni une dictature. En Tunisie ou en Égypte, le peuple réclamait plus de démocratie, ce n'est pas le cas des
Israéliens. Il s'agit d'un appel à l'aide et non d'un rejet de l’État.
Sauf que
des voix commencent à se faire entendre pour demander une redéfinition des
institutions israéliennes. En effet, le pays ne possède pas de constitution mais
son fonctionnement se base sur Déclaration d'indépendance de l'État d'Israël
du 14 mai 1948 et les 14 Lois fondamentales (Complément sur la Constitution).
Ces lois ont un caractère constitutionnel mais ne sont pas reconnues par tous comme une Constitution. Certains politiciens demandent donc, à l’occasion de ces manifestations d’une ampleur sans précédent, qu’un effort supplémentaire soit fait. Les lois fondamentales validées par la Knesset pourraient être rassemblées en un texte unique qui sera soumis à un référendum
Ces lois ont un caractère constitutionnel mais ne sont pas reconnues par tous comme une Constitution. Certains politiciens demandent donc, à l’occasion de ces manifestations d’une ampleur sans précédent, qu’un effort supplémentaire soit fait. Les lois fondamentales validées par la Knesset pourraient être rassemblées en un texte unique qui sera soumis à un référendum
Sources :
Kristell
Bernaud – « Crise sociale: “l’été israélien“ » – Slate – 3 août 2011 http://www.slate.fr/story/41973/israel-crise-sociale-jeunes-ete
Hugo
Domenach – « La révolte des tentes : "Un bol d'air pour la société
israélienne" » – LEMONDE.FR
– 2 août 2011 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/08/02/la-revolte-des-tentes-un-bol-d-air-pour-la-societe-israelienne_1555466_3218.html#ens_id=1553372
Hugo
Domenach – « Israël : un mouvement sans précédent pour plus d'Etat
providence » – LEMONDE.FR – 1
août 2011 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/08/01/israel-un-mouvement-sans-precedent-pour-plus-d-etat-providence_1555107_3218.html#ens_id=1553372
Natalie
Gay-Blum – « Un printemps arabe pour Israël ? » – LE NOUVELOBS – 31 juillet 2011 à 13:19 http://leplus.nouvelobs.com/contribution/177875;un-printemps-arabe-pour-israel.html
Par AD
1 commentaire:
"L'industrie du pays est regroupée autour d'une dizaine de familles qui tiennent dans leurs mains l'immobilier, l'agro-alimentaire, et les industries."
Intéressant.
Forum L'Etendard
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