Ce blog traite de géopolitique, des problèmes de relations internationales, de stratégie et des technologies qui s'y rapportent.
jeudi 29 mars 2012
Un cyber-conflit israélo-arabe ?
Après s'être combattu six fois (la guerre de 1948, la guerre de Suez en 1956, la guerre des Six Jours en 1967, la guerre du Kippour en 1973, la première guerre du Liban en 1982, et la seconde guerre du Liban en 2006) les pays arabes et Israël se combattent maintenant dans le cyberespace.
En juin 2006, un groupe de hackers arabes aurait piraté les sites internet de deux banques et d’un centre médical israélien, en représailles à l’opération militaire "Pluie d’été" lancée dans la bande Gaza pour retrouver le soldat israélien Gilad Shalit capturé trois jours plus tôt.
En juin 2010, le virus Stuxnet s'attaque au systèmes de contrôles de différent sites liés au programme nucléaire iranien. La complexité du ver étant très inhabituelle pour un malware, il a été décrit par différents experts comme une cyber arme, conçue pour attaquer une cible industrielle déterminée. L'Iran a donc montré du doigt les services de renseignement américains et israéliens. Sans faire parti a strictement parler du conflit israélo-arabe, cette action s'inscrit plutôt dans une guerre froide entre Israël et Iran, cette attaque est néanmoins la première attaque informatique attribuée à l’État hébreu.
Lors du mois de janvier 2012, des hackers arabes ont lancé une suite d'attaques contre les sites internet des cinémas, des journaux israéliens, de la bourse de Tel-Aviv, de la compagnie nationale aérienne El Al ainsi que de banques. Oxomar, qui se présente comme un hacker saoudien de 19 ans, aurait divulgué les données de plus de 20.000 cartes bancaires israéliennes. Il a indiqué à des journalistes de Ynet, le site internet du principal quotidien israélien Yedioth Ahronoth que son but était "d'infliger des dégâts financiers et sociaux en Israël pour venger les attaques et les meurtres d'innocents palestiniens". Ce aurait pu rester une cyber-Intifada s'est transformé en conflit israélo-arabe quand des hackers pro-israéliens nommés "Hannibal Lecter" et "IDF-TEAM" ont répliqués avec les mêmes armes. Ainsi "Hannibal Lecter" aurait piraté les comptes e-mails et Facebook de 30 millions d'arabes dans le monde. Les hackers israéliens "IDF-TEAM" auraient mis hors service les sites des Emirats arabes unis et celui de la Banque centrale palestinienne.
En 2011, le gouvernement israélien a mis en place un commandement cybernétique chargé de centraliser toutes les données liées à la lutte contre les cyber-attaques. En effet, selon une estimation de Isaac Ben Israël, chef du conseil national pour la recherche et le développement, et ancien conseiller de la cyber-sécurité auprès du Premier ministre Benjamin Netanyahou, Israël serait sujet à au moins 1.000 cyber-attaques par minute.
Début 2012, l'armée israélienne à recruté près de 300 experts pour former une unité spécialisée dans la cyber-défense. Baptisée C41, elle vient en complément de l'Unité 8200 des renseignements militaires, l'Aman, spécialisée dans le renseignement d'origine électromagnétique et du déchiffrement de code.
Ces deux structures sont chargées de la protection des équipements et réseaux électroniques de Tsahal ainsi que ceux des services de renseignement et des autres infrastructures jugées sensibles. L’une des principales inquiétudes de l’armée israélienne est la possibilité pour un ennemi de pirater le réseau militaire pendant une guerre.
L'éditeur d'anti-virus McAfee a montré qu'Israël est le pays le plus prêt à parer à une cyber-attaque sur les 23 pays couvert par l'étude. D'un point de vue légal, une loi assimilant les cyber-attaques à du terrorisme devrait être votée prochainement au Parlement israélien.
Mais Israël, n'est pas le seul État a se préoccuper des menaces informatiques, l’Iran aurait investi 1 milliard de dollars pour développer sa technologie dans le domaine de la cyber-guerre.
En effet, autant la supériorité militaire de l’État hébreu sur ses voisins arabes a été démontrée au cours des 60 ans d'existence du pays autant dans le cyberespace tout reste à faire. Les cyber-attaques qui visent Israël sont effectuées par des hackers qui agissent à titre individuel ou en petits groupes. Leurs motivations sont politiques mais ils ne semblent pas pour l'instant vouloir attaquer d'infrastructures critiques. Les représailles des hackers israéliens sont donc du même ordre.
Les évènements récents ont montrés qu'Arabes et Israéliens semblent faire jeu égal pour l'instant. Mais il ne s'agit pour l'instant que d'une cyber-Intifada et non pas d'une cyber-guerre.
Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Kristell Bernaud – « Les pirates de la nouvelle guerre israélo-arabe » – Slate.fr – 26 mars 2012 http://www.slate.fr/story/52101/israel-palestine-cyberguerre-hackers-stuxnet-duqu
- Adrien Jaulmes – « Cyber-guerre : Israël passe à la contre-attaque » – Le Figaro – 18 janvier 2012 http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/01/18/04016-20120118ARTFIG00366-cyber-guerre-israel-passe-a-la-contre-attaque.php
- Adrien Jaulmes – « Le "hacker saoudien" frappe encore en Israël » – Le Figaro – 17 janvier 2012 http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/01/17/04016-20120117ARTFIG00410-le-hacker-saoudien-frappe-encore-en-israel.php
Par AD
lundi 5 mars 2012
Terres rares : enjeu géostratégique
Les terres rares sont un ensemble de métaux aux
propriétés physico-chimiques voisines. Comprenant le scandium, l'yttrium et les
quinze lanthanides, ces métaux sont assez répandus dans l’écorce terrestre, leur
rareté n’est pas géologique mais économique.
La demande pour ces métaux est largement supérieure à l’offre.
Ces métaux sont difficiles à produire, ce sont souvent des sous-produits de
mines dédiés à un autre minerai. Leur exploitation n’est rentable que s’ils se
trouvent en grande quantité.
Ces métaux sont utilisés dans les technologies de
pointe civiles mais également militaires ce qui en fait un enjeu stratégique.
Ces métaux ont acquis une importance stratégique avec l’augmentation
de l’électronisation de la société. En particulier :
·
l’antimoine est utilisé pour la production
de semi-conducteurs,
·
le monazite pourrait
être utilisé comme une base pour le stockage de matériaux radioactifs du fait
de sa capacité d’absorption de l’uranium,
·
le samarium est très utilisé pour
les aimants permanents en particulier dans le domaine militaire pour les missiles
mais aussi pour la fabrication de moteurs électriques, pour les voitures
électriques, les éoliennes entre autres,
·
le lithium pour les batteries
d’appareils électroniques,
·
le néodyme que l’on retrouve
dans des composants pour radars, sonars, lasers et autres capteurs,
·
le thulium est couramment
utilisé comme pigment pour les tubes cathodiques ou composant de micro-ondes.
·
d’autres terres rares sont utilisées pour les
tubes triphosphores, et des ampoules électriques basse-consommation
Ces métaux sont donc nécessaires aux industries de
défense, aux nouvelles technologies ainsi que dans les technologies vertes
(éoliennes, voitures électriques, ampoules basse-consommation) or leur
production est assurée à plus de 95% par un seul pays : la Chine.
Les gisements de terres rares sont concentrés dans
quelques régions du globe États-Unis, Chine, Inde et l’ancienne URSS. Jusqu’à
la fin des années 1950, le plus gros de la production était assuré par le
Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud, seulement le prix à payer écologique a
détourné ces pays de la production qui s’est alors concentrée en Chine et plus particulièrement
dans les régions frontalières de la Mongolie. Aujourd’hui la Chine assure 95%
de la production mondiale de terres rares. La production minière chinoise
atteignait, en 2008, 120.000 tonnes sur un total mondial de 124.000 tonnes.
Ce quasi-monopole est du aux conditions de production
particulière en Chine le faible coût du travail ainsi que la tolérance du
gouvernement aux activités très polluantes et d’une vision à long terme. En 1992,
alors que les technologies informatiques en étaient encore à leurs débuts, le premier
secrétaire Deng Xiaoping déclarait : « Le Moyen Orient a du pétrole,
la Chine a les terres rares ».
Seulement, alors que la demande en terres rares explose,
augmentation de 6% de la demande tous les ans, le coût écologique est de plus
en plus lourd pour l’Empire du milieu. Pékin a donc décidé, en 2005, la mise en
place de quotas d’exportation des terres rares. Cela répond à des objectifs
intérieurs, problèmes écologiques, forte demande des industriels chinois mais
également à des objectifs de politiques étrangères : attirer les
investisseurs étrangers et les convaincre de délocaliser leurs industries de
hautes technologies en Chine.
Néanmoins, les réserves mondiales sont assez dispersées. La
Chine représente 37% des réserves identifiées, l’ex-URSS 20%, les États-Unis 14%
et l’Australie 6%. Mais le coût d’exploitation des mines est pour l’instant prohibitif.
Aux USA remettre la filière en route prendrait 15 ans ainsi que des ajustements
législatifs importants. A ce coût financier s’ajoute le coût environnemental :
le développement de nouvelles technologies non-polluantes est encore impossible
à chiffrer.
En juillet 2011, une équipe de l’université de Tokyo a
découvert un gisement sous-marin de terres rares qui pourrait changer la donne.
Celui-ci contiendrait 80 à 100 milliards de tonnes de ces métaux, soit 1.000
fois ce que l'on trouve sur les terres émergées. Seulement, il s’étale sur 11
millions de mètres carrés à des profondeurs variant de 3.500 à 6.000 mètres en
plein océan Pacifique. Autre région prometteuse le Groenland où la fonte des
glaces arctiques libère des ressources jusqu’alors inexploitables.
Mais la solution à court terme semble être le recyclage.
Celui-ci sera probablement coûteux puisqu’il nécessite la mise en place d’une
filière de récupération des déchets électroniques, informatiques ainsi que des
ampoules fluorescentes. L’avantage de cette démarche est qu’elle permet de
relocaliser la production d’une partie de l’électronique auprès des pays
consommateurs. En réduisant parallèlement les besoins en terres rares des équipements
de nouvelles technologies, la dépendance à la Chine pourrait s’estomper d’ici
une quinzaine d’année selon le témoignage de François Heisbourg devant la commission de l’office
parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques le 9 mars
2011.
L’enjeu stratégique des terres rares est celui de l’avenir
du progrès technologique des pays occidentaux. Le recyclage et la constitution
de stock stratégique, comme pour le pétrole dans les années 1970, devraient
permettre aux pays dépendants de la Chine d’assurer leur avenir technologique.
Sources :
- Wikipédia,
l’encyclopédie libre
- Monsieur Moustache – « Géopolitique : le problème
des terres rares » – Blog espion
– 30 août 2011 http://blog-espion.fr/geopolitique-probleme-terres-rares/
- François Cornut-Gentille – « Géopolitique des
minerais stratégiques : le cas pratique des terres rares » – 10 mars 2011 http://www.francois.cornut-gentille.fr/2011/03/10/geopolitique-des-minerais-strategiques-le-cas-pratique-des-terres-rares-video/
- Augustin Roch –
« Minerais rares : vers un alignement des pays émergents sur les
pratiques chinoises ? » – Affaires-strategiques.info
– 28 février 2011 http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article4708
- Margaux Duquesne – « Métaux rares : un monopole
chinois inquiétant » – France24
– 8 novembre 2010 http://www.france24.com/fr/20101106-2010-11-06-0410-metaux-rares-chine
- Augustin Roch –
« Terres rares, rareté relative et implications géoéconomiques » – Affaires-strategiques.info – 2 août 2010
http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article3750
Par AD
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