jeudi 28 juillet 2011

Le terrorisme est-il forcément islamiste ? Le rappel d’Oslo

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Vue d'Oslo après l'attentat du 22 juillet 2011

Vendredi 22 juillet 2011 à 15 h 26 (heure de Paris et d’Oslo), une bombe explose à Regjeringskvartalet, le quartier gouvernemental de la ville d'Oslo la capitale de la Norvège. Aussitôt, les soupçons se portent sur des terroristes islamistes. En effet, des journaux norvégiens ont publiés en 2005 les caricatures de Mahomet parus initialement dans le journal danois Jyllands-Posten, le pays est engagé militairement en Afghanistan et a été la cible de discours du nouveau chef d’Al-Qaida, alors numéro 2, Ayman al-Zawahiri.

Pourtant, quelques heures plus tard, on apprend que le terroriste ne s’est pas contenté de posé une bombe qui a tué 8 personnes selon le dernier décompte, il a également massacré à l’arme automatique une soixantaine de jeunes rassemblés pour l’université d’été de la Ligue des jeunes travaillistes. Il s’est rendu et le monde à découvert que tout cela était l’œuvre d’un extrémiste chrétien islamophobe.
Les préjugés qui ont poussé certains journalistes et services de renseignement à considérer que l’attentat était forcément l’œuvre d’islamistes est un des facteurs qui à fait que le massacre a été rendu possible.

Le terrorisme a été automatiquement associé à l’islamismes dans les années 1990. Le préjugé s’est encore renforcé à partir de 2001, lorsque les services de renseignements américains et occidentaux par la suite ce sont réorientés sur les pays musulmans. Accusés de ne pas avoir prévu les attentats du 11 septembre 2001, la CIA et ses consœurs se sont donc spécialisés dans le terrorisme islamiste. La sous-traitance à des compagnies privées de l’analyse et la collecte du renseignement à fins antiterroristes a renforcé cette spécialisation. On peut citer l’exemple du SITE Intelligence Group (SITE étant l’acronyme de Search for International Terrorist Entities, recherche des entités terroristes internationales) qui traite l’attentat d’Oslo et ses conséquences dans la rubrique Jihadist News qui est d’ailleurs la seule rubrique d’actualité de son site internet.
Cette hyperspécialisation a probablement aidé Anders Behring Breivik à échapper à la surveillance des services de renseignement intérieur le Politiets Sikkerhetstjeneste (PST, l'Agence de sécurité de la police).
 
La vérité, comme le rappel la dernière édition du rapport annuel d’Europol EU Terrorism Situation and Trend Report (dit TE-SAT), est que le terrorisme est avant tout d'origine anarchiste, d’extrême gauche ou nationaliste.
Ainsi en 2010, période couverte par le rapport :
  • 249 attaques terroristes ont été perpétrées en Union Européenne tuant 7 personnes et en blessant des dizaines. Trois de ces attaques ont été attribuées à des mouvances islamistes, 160 à des séparatistes, 45 attentats étaient liés à l’extrême gauche.
  • 611 personnes ont été arrêtées dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. 179 personnes l’ont été  pour des infractions liées au terrorisme islamiste, 349 individus l’ont été pour lien avec les attentats séparatistes, 34 pour des liens avec les attentats de l’extrême gauche.
Ainsi dans l’Union Européenne, ce sont les séparatistes et principalement ETA qui commentent le plus d'attentats. Mais ils sont peut relayer dans la presse internationales alors que les attentats commis par des islamistes font le tour du monde.
L’opinion publique, les médias et les services de renseignement semblent obnubilé par l’islamisme. Le drame d’Oslo nous ramène à la triste réalité : le terrorisme est une menace aux origines et aux motivations très diverses.

Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Anne-Laëtitia Béraud – “Les vrais chiffres du terrorisme en Europe, bien loin des perceptions” – 20 Minutes – 26 juillet 2011 http://www.20minutes.fr/article/762668/vrais-chiffres-terrorisme-europe-bien-loin-perceptions
- Antonin Grégoire – “Anders Behring Breivik, stade suprême de l'extrémisme” – Rue89 – 26 juillet 2011 http://www.rue89.com/2011/07/26/anders-behring-breivik-stade-supreme-de-l-extremisme-215681
- William Saletan – “Anders Behring Breivik et le terrorisme chrétien” – Slate – 26 juillet 2011 http://www.slate.fr/story/41695/breivik-terrorisme-chretien-islam
- EU Terrorism Situation and Trend Report 2011 – Europol – 19 avril 2011 https://www.europol.europa.eu/sites/default/files/publications/te-sat2011_0.pdf

Par AD

lundi 18 juillet 2011

Négociations de paix : privatisation en cours

Alors que les conflits armées se privatisent (voir notre article “La Privatisation de la guerre”) depuis le début des années 1990, il semblerait que la tendance des années 2010 soit à la privatisation des négociations de paix.

Des années 1950 aux années 1980, la diplomatie se faisait dans l’optique de l’affrontement est-ouest. Les Etats-Unis s’opposaient à l’URSS et les conflits du monde entier semblaient se régler dans les couloirs des Nations Unies alors que dans la salle du Conseil de Sécurité les deux entités s’opposaient à coup de droit de véto.
Avec la chute de l’URSS, la fin de la guerre froide et la fin de l’hégémonie des deux entités dans leur sphère d’influence, l’ONU est devenue plus démocratique, les États réglaient leurs différents entre eux sauf quand l’une des grandes puissances avait son mot à dire et bloquait le processus. Les indépendances se faisaient sous l’égide de l’ONU (Timor-Oriental, Yougoslavie) bien que celle-ci peinait sous la difficulté de la tâche à accomplir.
Au début des années 2000 et particulièrement après le 11 septembre 2001, la diplomatie américaine est devenue plus agressive. George W. Bush est bien passé par les Nations Unies pour déclarer la guerre aux Talibans mais il s’en passera deux ans plus tard pour attaquer Saddam Hussein. Vladimir Poutine de son côté pratiquait alors la diplomatie du gaz et se servait des pipelines comme armes économiques.
L’ONU est alors perçue comme trop lente dans un monde où tout va toujours plus vite. La multiplication des acteurs de la scène politique (groupes indépendantistes, groupes terroristes, entreprises multinationales, États, ONG, etc.), couplée à l’apparition de nouvelles règles éthiques dans les négociations et à l’omniprésence des médias, a poussé les États à sous-traités une partie des négociations de pays à des groupes privés (ONG ou fondations).

Les leaders sur ce marché sont : la Crisis Management Initiative une ONG basée à Helsinki en Finlande, le Carter Centre’s Conflict Resolution Programme fondé par l’ancien président américain Jimmy Carter en 1982, le United States Institute of Peace institution américaine non-partisane fondée par le Congrès en 1984 et la fondation suisse Centre for Humanitarian Dialogue créée en 1999.

La privatisation présente évidement de nombreux avantages.
Un sous-traitant privé est engagé dans un but bien précis, faire avancer les négociations entre deux acteurs sur un terrain délimité. Les objectifs sont clairs et les négociateurs n’ont pas d’autres buts que ceux définis par la mission. Pas d’agenda politique caché, de désir de se faire bien voir par tel ou tel partie prenante.

Les négociateurs ont une certaines liberté d’actions puisqu’ils ne sont pas contraint par les règles de la diplomatie nationale ni la bureaucratie qui caractérisent bien souvent les ministères de affaires étrangères de par le monde. Les Américains ne négocient pas avec les terroristes de peur de leur donner une légitimité en s’asseyant à la même table qu’eux. Ils sous-traitent donc les négociations avec les Talibans ou le Hamas en particulier avec la fondation Centre for Humanitarian Dialogue. Les pourparlers sont organisés dans des pays européens connus pour leur neutralité (Norvège, Suisse, etc.) et l’honneur est sauf.

Cette faculté d’adaptation dans le choix des interlocuteurs est,ce qui fait le succès de ces groupes privés de négociations. Plutôt que de négocier d’État à État, une ONG va négocier avec une autre ONG puis avec un chef politique local, etc., pour contourner les canaux habituels quand ceux-ci sont bloqués. C’est le cas aujourd’hui en Libye où des tribus rivales, mais aussi le comité national de transition ou encore les forces pro-kadhafi cherchent tous à tirer leur épingle du jeu.

Mais ces sociétés ne sont pas aussi puissantes qu’un État. Elles ne peuvent pas demander de sanctions, déclarer d’embargo, ni user de la menace des armes. Le seul atout dans leur manche est de pouvoir abandonner les négociations, au risque de perdre leurs subventions. Elles n’ont rien à offrir non plus pour «encourager» les parties à accepter l’accord, si ce n’est la seule récompense de la paix.

La diplomatie et en particulier la négociation de paix est un processus long et complexe. Seul un État à toutes les cartes en main pour négocier un traité de paix entre deux partes. Mais le changement de vitesse de la politique et la volonté de résultats concret pour nourrir la communication des chefs d’États lancés dans une compétition mondiale acharnée, expliquent peut être pourquoi la privatisation est en cours. En cas d’échec, le contrat de l’entreprise n’est pas renouvelé et en cas de succès, le mérite revient aux diplomates officiels. Cette diplomatie privée reste dans l’ombre qui en fait sa force et sa faiblesse.

Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- "Privatising peace" – The Economist30 juin 2011 http://www.economist.com/node/18895458
- “La négociation de paix se privatise”– Slate – 4 juillet 2011 http://www.slate.fr/lien/40607/negociation-paix-privee

Par AD

lundi 11 juillet 2011

Les enjeux du Sud-Soudan

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À la suite du référendum d'autodétermination organisé du 9 au 15 janvier 2011, le ‘oui’ recueillant 98% des suffrages, le Sud-Soudan a accédé à l'indépendance de la République du Soudan le 9 juillet 2011. Ce nouvel Etat est le 193ème à rejoindre les Nations Unies, sa capitale est Juba. Il a une superficie de 619 745 km2 et une population estimée à 8,26 millions d'habitants.

XXème et XXIème siècle
De 1899 à 1956, le Soudan était administré conjointement par l’Egypte et le Royaume Uni. A l’indépendance, le conflit entre le nord musulman et le sud à majorité chrétienne et animiste se révèle. Le gouvernement de Khartoum revint sur les promesses d'autonomie au sein d'un État fédéral qu'il avait faite aux populations de la région. Une mutinerie d'officiers sudistes déclenche la Première Guerre civile soudanaise qui durera de 1955 à 1972. Ce premier conflit prend fin à la suite des accords d’Addis-Abeba  qui accorde au Sud-Soudan un certain degré d'autonomie.

En 1983, le colonel Gaafar Nimeiry au pouvoir à Khartoum depuis son coup d'État de 1969, décide unilatéralement d'étendre au droit pénal, le domaine du droit musulman qui était cantonné depuis la colonisation au droit personnel. Cette décision déclenche la Seconde Guerre civile qui embrase alors le pays jusqu’au cessez-le-feu signé en 2002, consolidé trois ans plus tard, le 9 janvier 2005, par un accord de paix signé à Naivasha, au Kenya.
La rébellion menée par l'Armée Populaire de Libération du Soudan (APLS) dirigé par John Garang, un vétéran de la première guerre civile, est largement soutenue par les États-Unis. Malgré la scission de son mouvement en 1991, Garang maintient la lutte contre le régime de Khartoum qui, après le coup d'État du général Omar Al-Béchir en 1989, s'oriente de plus en plus vers l'idéologie islamiste.
Ce conflit aurait fait 2 millions de morts, provoqué le déplacement de 4 millions de civils et déclenché une famine en 1998.
 
Évènements récents
L'accord de paix signé au Kenya en 2005, accorde au Sud-Soudan une large autonomie pendant six ans, période au bout de laquelle les habitants de la région doivent être conviés à un référendum d'autodétermination. John Garang devient vice-président du Soudan, mais meurt six mois plus tard dans un accident d'hélicoptère. Il est remplacé dans l'ensemble de ses fonctions par Salva Kiir.
Entre la publication des résultats du référendum et l'indépendance, les autorités du Soudan et du Sud-Soudan se mettent d'accord sur des dossiers sensibles tels la délimitation des frontières, le statut de la région pétrolifère d'Abyei, le statut des populations de chaque futur État, vivant sur le territoire de l'autre.
Le 9 juillet 2011, le Sud-Soudan devient un Etat. Salva Kiir, le président ratifie la constitution approuvée le 7 juillet par le parlement.

Enjeux géopolitique
L’indépendance du Sud-Soudan fait perdre au Soudan environ un tiers de sa superficie et l'essentiel de ses ressources pétrolières. La région d’Abyei prévoit de tenir son propre référendum pour décider si elle se joint au Sud-Soudan ou si elle souhaite rester dans le giron de Soudan. Mais ce référendum prévu en même temps que le reste du pays à été reporté sine die suite à la prise militaire par le Nord-Soudan de la région en mai.
Le problème est que les trois quarts des 470.000 barils produits chaque jour par le Soudan, proviennent du Sud. Mais Khartoum possède sur son territoire les raffineries qui exploitent le pétrole extrait dans le sud. Le seul pipeline existant dans le Sud-Soudan part en direction du nord. À ce titre, Khartoum exige de conserver 50 % de la manne et essuie un refus de Juba. Le gouvernement du Sud lui, pense se tourner vers le Kenya au sud ou l’Éthiopie à l’est mais rien n'est décidé tant le coût et les délais apparaissent importants.
Ce sont les Chinois qui pourraient tirer leur épingle du jeu. En effet, ceux-ci sont déjà présents au Soudan et proposent habituellement aux États africains d’échanger leur accès au pétrole contre la construction d’infrastructures ce dont manquent terriblement le pays.

Et la deuxième ressource du pays ce sont ses terres arables. Sous- exploité pour cause de guerre civile, elles ne sont utilisés que pour des cultures vivrières. Mais depuis 2007, 9% de la superficie totale du nouvel État aurait déjà été attribués à des firmes étrangères, soit 5,74 millions d'hectares, selon l’ONG Norwegian People's Aid. Dans un pays où tout est à construire, le gouvernement se décharge ainsi d’une partie de l’exploitation de ses territoires sur des entreprises étrangères. Mais ces terres sont également riches en minerais. Le sous-sol renferme du fer, du cuivre, du chrome, du zinc, du tungstène, du mica, de l'argent et de l'or. Et rien ne permet alors d'affirmer que ces entreprises exploiteront les terres arables pour produire de la nourriture et qu'elles ne profiteront pas du sous-sol au dépens des populations locales.

Analyses et perspectives
Après une indépendance durement acquise, tout reste à faire. On estime que la majorité des 8,26 millions d'habitants vit avec moins de un dollar par jour. Par ailleurs le taux d’alphabétisation est proche de 15%, le plus faible du monde.
La population est composée majoritairement de tribus animistes nomades qui s'affrontent régulièrement pour le contrôle du bétail ou des points d'eau. La secession d'avec le nord ne résout qu'une partie des problèmes inter-ethniques.
98% des revenus de l’État viennent du pétrole. Hors, comme nous l’avons vu ces revenus sont disputés avec le nord.
Néanmoins, la manne pétrolière intéresse les puissances occidentales, qui espèrent la naissance d'un nouvel allié à la frontière du problématique État du Nord, en guerre au Darfour et suspecté de redevenir un sanctuaire terroriste. Le Sud-Soudan intéresse aussi les Israéliens, ravis de pouvoir compter sur un nouvel allié alors que le Soudan d’Omar Al-Béchir se rapproche de Téhéran.
Mais il faudra également compter avec la Chine déjà présente dans la région et dont l’appétit pour l’or noir va grandissant.

Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- The World Factbook, CIA
- Pierre Prier – “Sud-Soudan naissance d’une nation” – Le Figaro – 24 juin 2011 http://www.lefigaro.fr/international/2011/06/25/01003-20110625ARTFIG00002-sud-soudan-naissance-d-une-nation.php
- Tanguy Berthemet – “Le Sud-Soudan, sitôt né, pense déjà à la guerre” – Le Figaro – 8 juillet 2011 http://www.lefigaro.fr/international/2011/07/08/01003-20110708ARTFIG00652-le-sud-soudan-sitot-ne-pense-deja-a-la-guerre.php
- Gabriel Kenedi – “Terres fertiles, pétrole : le Sud-Soudan, pays neuf à vendre” – Rue89 – 8 juillet 2011 http://www.rue89.com/2011/07/08/terre-petrole-sud-soudan-pays-neuf-a-vendre-212982
- Le nouvel Observateur avec AFP – “SUD-SOUDAN. Qui est le 54e état africain?” – Le nouvel Observateur – 8 juillet 2011 http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110708.OBS6751/sud-soudan-qui-est-le-54e-etat-africain.html
- Christophe Châtelot – “Quelles relations entre le Soudan et le nouvel État du Sud Soudan?” – Le Monde – 9 juillet 2011 http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/07/09/quelles-relations-entre-le-soudan-et-le-nouvel-etat-du-sud-soudan_1546677_3212.html#ens_id=1067666&xtor=RSS-3208

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vendredi 8 juillet 2011

Le premier porte-avions chinois : un nouveau signe de puissance

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Le 7 juin 2011, Chen Bingde, le chef d’état-major général de l’Armée populaire de libération, annonce que la Chine est sur le point de terminer la construction de son premier porte-avions sur la base du porte-avions ukrainien Varyag.
Ce navire terminé à 70% lors de la chute de l’URSS n’a jamais été achevé. Il a été racheté en 2000 par une société de Hong Kong qui disait vouloir en faire un casino flottant basé au large de Macao. Mais à l’hiver 2002, il rejoint les chantiers navals de la région de Dalian en Chine continentale. Après avoir été remis à niveau par la marine chinoise, le porte-avions renommé Shi Lang devrait commencer les essais en mer début juillet 2011

Les USA ne voient pas ce porte-avions comme une menace immédiate.  En effet, le Shi Lang n’est pas équipé de catapultes comme ses équivalents français, américains et anglais mais d’un tremplin. Hors la technologie des catapultes (que seuls les Américains maitrisent) permet de déployer des avions plus lourds que ceux qui utilisent un tremplin. Les appareils d’attaques au sol (F-18 ou Rafale) ne peuvent pas décoller sans catapulte et les Chinois ne pourront utiliser leurs avions que comme un outil de supériorité aérienne et non pas comme les Américains ou les Français comme d’un outil de projection.  De plus, le fait de n’avoir qu’un seul porte-avions est problématique comme on le voit en France avec le Charles de Gaulle, puisque celui-ci ne peut être opérationnel que quelques mois par an. Il semble bien que ce porte-avions soit un outil de puissance régionale et non pas de puissance globale.
Et ce sont donc les États voisins de la Chine qui s’inquiètent. Le premier concerné est Taïwan qui y voit le fer de lance de la reconquête de la province dissidente. Le Japon dont les contentieux maritimes avec la Chine sont nombreux craint que le Shi Lang ne soit positionné à proximité des eaux japonaises revendiquées par la Chine dans un but de provocation. L’Inde reconnait que le navire chinois sera plus perfectionné que les leurs et craint que son voisin géant ne le pousse à une course à l’armement.
Dans la région Asie-Pacifique, particulièrement dans la mer de Chine méridionale, les implications stratégiques du porte-avions chinois pourraient être significatives. La couverture aérienne assurée par le Shi Lang pourrait empêcher le Vietnam ou les Philippines de se défendre efficacement face à une éventuelle attaque chinoise.
En Asie du Sud-Est et sur la route vers le golfe Persique, le porte-avions permettra de renforcer la stratégie dite du “collier de perles” en faisant escale dans les ports alliés démontrant ainsi la puissance navale chinoise.

Bien entendu, le Shi Lang n’est qu’un bâtiment test. Il va servir à former une nouvelle génération d’officier de marine et de pilote de l’aéronavale à une nouvelle forme de combat.

Ses implications stratégiques seront limitées mais il marque le début d’une nouvelle ère. Celle où la Chine peut projeter sa puissance militaire dans le monde entier et tient à le faire savoir. L’empire du Milieu se positionne comme la nouvelle superpuissance dont les États-Unis doivent se méfier.

Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Abraham M. Denmark,  Andrew S. Erickson,  Gabriel Collins – "Faut-il avoir peur du nouveau porte-avions chinois?" – Slate – 5 juillet 2011 http://www.slate.fr/story/40609/nouveau-porte-avions-chinois
- Zone Militaire – "Le premier porte-avions chinois se prépare à prendre la mer" – OPEX36028 avril 2011 http://www.opex360.com/2011/04/28/le-premier-porte-avions-chinois-se-prepare-a-prendre-la-mer/

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