Les terres rares sont un ensemble de métaux aux
propriétés physico-chimiques voisines. Comprenant le scandium, l'yttrium et les
quinze lanthanides, ces métaux sont assez répandus dans l’écorce terrestre, leur
rareté n’est pas géologique mais économique.
La demande pour ces métaux est largement supérieure à l’offre.
Ces métaux sont difficiles à produire, ce sont souvent des sous-produits de
mines dédiés à un autre minerai. Leur exploitation n’est rentable que s’ils se
trouvent en grande quantité.
Ces métaux sont utilisés dans les technologies de
pointe civiles mais également militaires ce qui en fait un enjeu stratégique.
Ces métaux ont acquis une importance stratégique avec l’augmentation
de l’électronisation de la société. En particulier :
·
l’antimoine est utilisé pour la production
de semi-conducteurs,
·
le monazite pourrait
être utilisé comme une base pour le stockage de matériaux radioactifs du fait
de sa capacité d’absorption de l’uranium,
·
le samarium est très utilisé pour
les aimants permanents en particulier dans le domaine militaire pour les missiles
mais aussi pour la fabrication de moteurs électriques, pour les voitures
électriques, les éoliennes entre autres,
·
le lithium pour les batteries
d’appareils électroniques,
·
le néodyme que l’on retrouve
dans des composants pour radars, sonars, lasers et autres capteurs,
·
le thulium est couramment
utilisé comme pigment pour les tubes cathodiques ou composant de micro-ondes.
·
d’autres terres rares sont utilisées pour les
tubes triphosphores, et des ampoules électriques basse-consommation
Ces métaux sont donc nécessaires aux industries de
défense, aux nouvelles technologies ainsi que dans les technologies vertes
(éoliennes, voitures électriques, ampoules basse-consommation) or leur
production est assurée à plus de 95% par un seul pays : la Chine.
Les gisements de terres rares sont concentrés dans
quelques régions du globe États-Unis, Chine, Inde et l’ancienne URSS. Jusqu’à
la fin des années 1950, le plus gros de la production était assuré par le
Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud, seulement le prix à payer écologique a
détourné ces pays de la production qui s’est alors concentrée en Chine et plus particulièrement
dans les régions frontalières de la Mongolie. Aujourd’hui la Chine assure 95%
de la production mondiale de terres rares. La production minière chinoise
atteignait, en 2008, 120.000 tonnes sur un total mondial de 124.000 tonnes.
Ce quasi-monopole est du aux conditions de production
particulière en Chine le faible coût du travail ainsi que la tolérance du
gouvernement aux activités très polluantes et d’une vision à long terme. En 1992,
alors que les technologies informatiques en étaient encore à leurs débuts, le premier
secrétaire Deng Xiaoping déclarait : « Le Moyen Orient a du pétrole,
la Chine a les terres rares ».
Seulement, alors que la demande en terres rares explose,
augmentation de 6% de la demande tous les ans, le coût écologique est de plus
en plus lourd pour l’Empire du milieu. Pékin a donc décidé, en 2005, la mise en
place de quotas d’exportation des terres rares. Cela répond à des objectifs
intérieurs, problèmes écologiques, forte demande des industriels chinois mais
également à des objectifs de politiques étrangères : attirer les
investisseurs étrangers et les convaincre de délocaliser leurs industries de
hautes technologies en Chine.
Néanmoins, les réserves mondiales sont assez dispersées. La
Chine représente 37% des réserves identifiées, l’ex-URSS 20%, les États-Unis 14%
et l’Australie 6%. Mais le coût d’exploitation des mines est pour l’instant prohibitif.
Aux USA remettre la filière en route prendrait 15 ans ainsi que des ajustements
législatifs importants. A ce coût financier s’ajoute le coût environnemental :
le développement de nouvelles technologies non-polluantes est encore impossible
à chiffrer.
En juillet 2011, une équipe de l’université de Tokyo a
découvert un gisement sous-marin de terres rares qui pourrait changer la donne.
Celui-ci contiendrait 80 à 100 milliards de tonnes de ces métaux, soit 1.000
fois ce que l'on trouve sur les terres émergées. Seulement, il s’étale sur 11
millions de mètres carrés à des profondeurs variant de 3.500 à 6.000 mètres en
plein océan Pacifique. Autre région prometteuse le Groenland où la fonte des
glaces arctiques libère des ressources jusqu’alors inexploitables.
Mais la solution à court terme semble être le recyclage.
Celui-ci sera probablement coûteux puisqu’il nécessite la mise en place d’une
filière de récupération des déchets électroniques, informatiques ainsi que des
ampoules fluorescentes. L’avantage de cette démarche est qu’elle permet de
relocaliser la production d’une partie de l’électronique auprès des pays
consommateurs. En réduisant parallèlement les besoins en terres rares des équipements
de nouvelles technologies, la dépendance à la Chine pourrait s’estomper d’ici
une quinzaine d’année selon le témoignage de François Heisbourg devant la commission de l’office
parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques le 9 mars
2011.
L’enjeu stratégique des terres rares est celui de l’avenir
du progrès technologique des pays occidentaux. Le recyclage et la constitution
de stock stratégique, comme pour le pétrole dans les années 1970, devraient
permettre aux pays dépendants de la Chine d’assurer leur avenir technologique.
Sources :
- Wikipédia,
l’encyclopédie libre
- Monsieur Moustache – « Géopolitique : le problème
des terres rares » – Blog espion
– 30 août 2011 http://blog-espion.fr/geopolitique-probleme-terres-rares/
- François Cornut-Gentille – « Géopolitique des
minerais stratégiques : le cas pratique des terres rares » – 10 mars 2011 http://www.francois.cornut-gentille.fr/2011/03/10/geopolitique-des-minerais-strategiques-le-cas-pratique-des-terres-rares-video/
- Augustin Roch –
« Minerais rares : vers un alignement des pays émergents sur les
pratiques chinoises ? » – Affaires-strategiques.info
– 28 février 2011 http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article4708
- Margaux Duquesne – « Métaux rares : un monopole
chinois inquiétant » – France24
– 8 novembre 2010 http://www.france24.com/fr/20101106-2010-11-06-0410-metaux-rares-chine
- Augustin Roch –
« Terres rares, rareté relative et implications géoéconomiques » – Affaires-strategiques.info – 2 août 2010
http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article3750
Par AD
2 commentaires:
Bon article qui ouvre ledébat d'un sujet crucial. Un ouvrage de référence sur la sujet est "Terres rares - Avenir industriel et future richesse de l'europe?" ou terresrares.fr. Très instructif !
Attention vous confondez terres rares et métaux rares.
D'un côté les terres rares, qui sont un groupe de 17 éléments (dont l'yttrium, le cérium, le lanthane, le néodyme, le samarium etc.), ce sont en effet des métaux, ils sont produits presque uniquement par la Chine en ce moment.
De l'autre côté l'expression "métaux rares" (dont la définition est assez vague) dont les terres rares font partie, ainsi que l'antimoine, le lithium et d'autres éléments métalliques (la liste dépend des pays, des critères etc). La situation n'est pas la même pour tous les métaux rares, pour certains la Chine n'est pas le plus grand producteur (exemple du Lithium).
La terminologie prête à confusion mais sous des termes similaires se cachent des situations très différentes.
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