mardi 28 décembre 2010

Le traité New START : un nouveau départ pour les relations russo-américaines

 
Signé le 8 avril 2010 par Barack Obama et Dmitri Medvedev, le traité New START a été ratifié par le Sénat américain le 22 décembre. Le 24 la Douma russe donne à son tour son accord et signera officiellement le document en janvier 2011.

Le traité, voulu par le président Obama, a été signé pour une durée de dix prévoit une réduction de 30% du nombre d’armes nucléaires stratégiques soit 1.550 têtes nucléaires.
Il limite, également, à 700 le nombre de vecteurs, missiles terrestres, missiles balistiques lancés depuis les sous-marins ou par des bombardiers stratégiques.
Il prévoit la reprise des inspections croisées qui s’était arrêtées à l’expiration du traité START 1 en 2009.

Par contre, New START assoupli les règles de comptage et ne prend pas en compte les armements en cours de maintenance ou en réserve. De plus, son hors cadre de l’accord, les armes nucléaires tactiques dont les Russes possèdent probablement plus de 2.000 exemplaires et contre 240 pour les USA. Ces armes de faibles portées, bien que n'étant pas des éléments de dissuasion étant prévues pour être employé sur les champs de bataille, sont la base de la stratégie d’emploi des armes nucléaires par les forces Russes.

Il s’agit néanmoins d’une immense victoire pour le président américain puisque quelques semaines après avoir perdu les élections de mi-mandat, il réussi à faire passé ce traité décrié par les Républicains. Pour cela Obama a consenti à augmenter le budget allouer au maintient et à la modernisation des arsenaux nucléaires militaires.

Au point de vue international, ce traité permet de relancer les relations américano-russes tendue entre Bush et Poutine et dont Obama espère le reset.
De plus cela est un premier pas vers le "monde sans armes nucléaires" pour lequel le président américain s’est engagé à Prague un an avant la signature du traité, le 5 avril 2009 et qui lui valu le prix Nobel de la paix.
La prochaine étape est la Conférence internationale sur la mise en œuvre d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’armes de destructions massives au Moyen-Orient en 2012.


Sources :
Le Monde.fr avec AFP - « La Russie approuve le traité Start en première lecture » – Lemonde.fr – 24 décembre 2010
Editorial – « Traité START double succès pour Barack Obama » - Le Monde – 24 décembre 2010 http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/12/23/traite-start-double-succes-pour-barack-obama_1456986_3232.html
Le Monde.fr avec AFP - « Les Etats-Unis ratifient le traité de désarmement Start » – Lemonde.fr – 22 décembre 2010 http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/12/22/les-etats-unis-ratifient-le-traite-de-desarmement-start_1456889_3222.html
Jean-Marie Collin – « Le traité START a été ratifié » - Blog Alternatives Economiques – 23 décembre 2010 http://alternatives-economiques.fr/blogs/collin/2010/12/23/le-traite-start-a-ete-ratifie/
“Key Facts about the New START Treaty” – The White House – March 26 2010 http://www.whitehouse.gov/the-press-office/key-facts-about-new-start-treaty

Par AD

lundi 20 décembre 2010

Operation Payback, la première cyber-émeute

L’Opération Revanche (Operation Payback) est un ensemble d’attaque de site internet et de blog mis en place par un collectif d’internautes qui se fait appeler Anonymous qui se positionne en tant que défenseur d'un « internet libre et ouvert à tous ».

Dernière cible en date (début décembre 2010), les sites internet d’Amazon, PayPal, Visa ou bien MasterCard pour venger l’affront fait, selon eux, par ces sociétés à WikiLeaks et à son porte-parole et co-fondateur Julian Assange.
Elle utilise une technique bien connue et surtout très difficile à contrer : l’attaque par déni de service.

L’attaque par déni de service (ou Denial of Service, DoS), expérimentée pour la première fois dans les années 1980, est une procédure qui consiste à inonder l’ordinateur qui héberge le site de demandes (requêtes) jusqu’à ce que celui-ci dépasse sa capacité de réponse et se mettent en sommeil. Les attaques par déni de service peuvent être contrées en identifiant l'adresse IP de la machine émettant les attaques et en la bannissant au niveau du pare-feu ou du serveur. Les demandes provenant de la machine hostile sont dès lors rejetés sans être traités empêchant que le service du serveur ne soit saturé et ne se retrouve donc hors-ligne.

Cette technique a donc évoluée pour utiliser plusieurs ordinateurs c’est ce qu’on appelle le déni de service distribué (Distributed Denial of Service, DDoS). Le pirate se sert d’un réseau d’ordinateurs infectés comme sources de l’attaque DoS classique (cf. illustration si dessous). Cette distribution des attaques fait qu’il est impossible d’arrêter une attaque par DDoS. Les réseaux d’ordinateurs infectés (BotNets) sont entretenus par des hackers qui louent « ses ressources » à ceux qui en font la demande.


Mais le concept d’Anonymous va plus loin, il prône la révolte citoyenne et propose à chacun d’installer un logiciel simple à utiliser. Il s’agit de LOIC (Low Orbit Ion Cannon), un outil créé à l’origine pour tester la robustesse d’un réseau qui a été détourné pour devenir une plate-forme de DDoS. Ce logiciel qu’il suffit de télécharger demande uniquement l’adresse du site à viser et provoque l’attaque automatiquement. Une nouvelle fonctionnalité a été ajoutée en septembre 2010 et permet à la personne qui utilise LOIC de mettre à disposition son ordinateur aux autres membres de la communauté d’utilisateurs. Il se créé ainsi un réseau de personnes qui utilise l’ordinateur des autres et mettent à disposition leur ressource quand il ne les utilise pas.
Une version moins efficace de LOIC est disponible au travers d’un navigateur web. Cette fois, l’utilisateur n’a plus à télécharger le logiciel. Il lui suffit de se connecter sur un site internet pour utiliser le logiciel.

Le groupe Anonymous qui s’était créé pour combattre la présence de l’église de Scientologie sur internet s’est peu à peu politiser pour étendre sa base de militant.
L’opération Payback a d’ailleurs commencé à représailles à des attaques DDoS qui avaient visée les sites de réseau Peer-to-Peer, ensuite lors des attaques qui ont visé le site WikiLeaks et que des acteurs commerciaux d’internet ont cessé leur soutient à Julian Assange, ceux-ci ont fait l’objet d’une contre-attaque.


Il ne s’agit donc pas d’une cyberguerre puisqu’aucun des deux opposants n’est un état mais il s’agit d’une attaque asymétrique (des simples citoyens contre des grandes entreprises) ou le plus faible utilise son avance technologique. Il ne s’agit pas pour autant de cyberterrorisme puisque le but n’est pas le chaos politique ou la destruction et les attaques ne cherchent pas à faire de victimes physiques. Il s’agit d’une sorte de révolte populaire une sorte de cyber-émeute qui ne connaitrait pas de frontière et qui permet à tout un chacun d’agir anonymement contre ce qui le révolte.

Il est difficile de prévoir l’avenir d’un tel groupe puisque le monde d’internet est trop jeune pour pouvoir se fonder sur l’expérience. Néanmoins plusieurs points peuvent être soulevés :
• Premièrement, les effets de ses attaques sont peu visibles dans la vie quotidienne des profanes. A l’heure actuelle ses actions trouvent à large écho dans la presse même généraliste mais quand l’engouement médiatique sera retombé les actions ne seront que plus discrètes.
• Deuxièmement, un groupe disparate et anonyme de personnes ayant des objectifs similaires mais pas identique peut-il perdurer ou va-t-il au contraire se renouveler rapidement ?
• Enfin, l’anonymat fait qu’il n’y a pas de porte-parole officiel et que les seules déclarations d’intention sont un manifeste sur le site internet d’Anonymous (http://www.whyweprotest.net/) la cohésion politique ou la mutation des objectif du groupe paraissent difficile.

Seul l’avenir nous dira si Anonymous aura seulement réussi à créer une cyber-émeute ou si le groupe à le pouvoir de, comme il l’ambitionne, changer la société.


Sources/Pour aller plus loin :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- AD – « Briefing sur le cyber-terrorisme » – GlobalAnalysis France – 1 juillet 2008 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2008/07/briefing-sur-le-cyber-terrorisme.html
- « "Opération riposte" : début d'une cyberguerre, ou simple escarmouche ? » – LeMonde.fr – 9 décembre 2010 http://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/12/09/operation-riposte-debut-d-une-cyberguerre-ou-simple-escarmouche_1451026_651865.html
- « WikiLeaks : LOIC, l'outil clé en main de l'"Opération riposte" » – LeMonde.fr – 9 décembre 2010 http://www.lemonde.fr/documents-wikileaks/article/2010/12/09/loic-l-outil-cle-en-main-de-l-operation-riposte_1451405_1446239.html
- « Operation Payback, DDOS & Wikileaks : la première cyber-émeute ? » – NBS System – 9 décembre 2010 http://www.nbs-system.com/blog/operation-payback-ddos-wikileaks-la-premiere-cyber-emeute/
- Christina Warren – “How Operation Payback Executes Its Attacks” – Mashable – 9 décembre 2010 http://mashable.com/2010/12/09/how-operation-payback-executes-its-attacks/?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+Mashable+%28Mashable%29
- « Analyse de LOIC : Low Orbit Ion Cannon » – NBS System – 10 décembre 2010 http://www.nbs-system.com/blog/analyse-de-loutil-de-ddos-loic/


Par AD

lundi 13 décembre 2010

Le VEVAK : les services secrets iraniens

Le ministère du renseignement et de la sécurité (VEVAK, Vezarat-e Ettela’at va Amniyat Keshvar) est, par sa taille et son budget, l’un des plus gros ministères de la république islamique d’Iran. C’est lui qui a en charge le renseignement extérieur et intérieur.
Sa principale mission est de combattre toute menace qui pèse sur le régime, qu’elles soient intérieures ou extérieures.
Sa deuxième mission est de s’opposer aux deux ennemies principaux le Grand Satan (les États-Unis) et le Petit Satan (Israël).
Sa troisième et dernière mission est de maintenir à niveau les forces armées face à l’embargo international en particulier le programme nucléaire militaire.

Organisation :
Le VEVAK est officiellement placé sous l’autorité du Conseil Suprême de la Sécurité Nationale, mais dans les faits, il répond de ses actes directement auprès du Guide Suprême de la révolution l’Ayatollah Ali Khamenei. Il compte environ 15 000 personnes tous des civils à son service, dont un nombre estimé entre 2 000 et 8 000 à l’étranger.
Ses agents sous couverture sont des diplomates, des représentants du ministère des affaires culturelles. Les agents clandestins travaillent comme employé de Iran Air (la compagnie aérienne nationale), comme étudiants, membres de l’agence de presse IRNA, de la radiotélévision IRIB, d’associations culturelles ou caritatives (la Fondation des martyrs, la Fondation des opprimés et des dépossédés, l’Organisation pour la culture et les relations islamiques, etc.), employés des banques à capitaux iraniens (ce qui permet de faire circuler l’argents aux autres agents) ou parfois même se font passer pour des opposants politiques. Dans ce cas leur mission consiste, bien entendu à surveiller de l’intérieur ces mouvements, mais aussi à se livrer à des opérations d’intoxication et de désinformation.
Le VEVAK a noué des partenariats avec les services secrets de pays voisins politiquement comme les Syriens, Soudanais, Libyens, Russes ou encore les Tadjiks avec lequel un échange d’information régulier à lieu.

Membres :
Les membres du VEVAK sont plus souvent nationaliste qu’islamiste, c’est pour ça qu’ils sont sous l’étroit contrôle politique du Corps des Gardiens de la Révolution (pasdaran).
Et pourtant beaucoup de ses membres sont d’anciens pasdaran, ce qui laisserai supposer que comme le KGB en sont temps surveillait particulièrement les membres du premier directorat principal. Ceux-ci étant à l’étranger et particulièrement à l’Ouest se trouvent confronté un Occident bien différend de la description faite par la propagande d’état.
Le VEVAK ne possède pas de service action, il se contente de recueillir des informations et les missions armées sont confiées aux pasdaran et en particulier au groupe Al Qods.
Ajoutons également que membres du Savak (la police secrète du Shah) sont aujourd’hui au service de la république islamique.

Missions :
Dans les objectifs nationaux, la récente vague de contestation n’a pas été un échec de VEVAK. Le mouvement n’a jamais réellement menacé le pouvoir des Mollah et laissé les manifestations avoir lieu à permis au service de repérer les leaders et les mettre sous surveillance.

A l’internationale, le premier souci du VEVAK est l’environnement régional et possède des bases dans les ambassades en Arabie Saoudite, aux Émirats Arabes Unis et en particulier Dubaï et Bahreïn. Ces derniers ayant une législation souple sur les capitaux permettent de transférer discrètement des fonds entre l’Iran et le Hezbollah libanais.
Depuis la conquête de la bande de Gaza par le Hamas, qui avait reçu l’aide du VEVAK, le service à l’objectif de constituer une base arrière au sud d’Israël qui permettra au moment venu de lancer des opérations de harcèlement. L’objectif du VEVAK est donc de renforcer le pouvoir du Hamas en fournissant le groupe en munitions et en améliorant l’entrainement grâce notamment à des contacts avec le Hezbollah.

Le VEVAK mène une guerre secrète contre le Mossad qui tente à tout prix à détruire le programme nucléaire que le service iranien tente de faire prospérer.

Enfin de nombreuses pistes suggèrent que Téhéran utilise une partie des membres d’Al Qaida dans sa guerre contre l’Occident et en particulier les USA en Irak et en Afghanistan. Rappelons que l’un des objectifs poursuivis par le groupe fondé par Oussama Ben Laden est de faire tomber les régimes impies au Moyen-Orient et en particulier l’Arabie Saoudite qui est accusée d’avoir laissé les infidèles entrer dans la terre sacrée.
Cette convergence d’intérêt est contrebalancée par le fait que beaucoup d’analystes déclarent que les chiites et les sunnites ne peuvent pas s’allier mais l’ayatollah Khomeiny avait déclaré que les différences entre les deux groupes « sont plus historiques que théologiques »

Le VEVAK est donc un service qui n’hésite pas à utiliser la manière forte au service de la protection interne comme externe d’un régime fort. Il ne fait aucun doute que les campagnes d’assassinats ciblés vont se poursuivre. En particulier depuis que le programme nucléaire iranien est sous la surveillance de la communauté internationale et d’Israël en particulier.

Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Alain Rodier – « Les services de renseignement iraniens » – 05/01/2010 http://www.cf2r.org/fr/notes-actualite/les-services-de-renseignement-iraniens.php
- GlobalSecurity.org – “Ministry of Intelligence and Security [MOIS] Vezarat-e Ettela'at va Amniat-e Keshvar VEVAK” http://www.globalsecurity.org/intell/world/iran/vevak.htm

Par AD

lundi 6 décembre 2010

Intelligence économique et journalisme

Le journalisme d’investigation rendu célèbre par l’affaire du Watergate est de nouveau sur le devant de la scène avec les diverses affaires qui secouent le monde politique français.
Nous avons voulu profiter de cette occasion pour faire une comparaison entre la démarche d’investigation journalistique et la méthode d’intelligence économique.

Le journaliste d’investigation est un journalisme d’actualité mais qui ne se satisfait pas de la seule description des faits. Le journaliste enquête pour révéler des informations exclusives (des « scoops »).

Comme pour l’IE, il s’agit d’aller chercher de collecter des informations « blanches » (au travers de recherches dans les journaux, sur internet, dans les bases de données) ou « grises » (par le réseau personnel du journaliste).
Le plus souvent, les journalistes investigateurs sont des professionnels expérimentés ayant un parcours hétérogène, mais surtout un réseau de relations important, forgé au cours de leurs carrières.

Les deux professions se différencient par le mode de diffusion. Une fois les informations collectées et analysée, le journaliste les diffusent dans la presse (elles sont accessibles à tous).
L’IE est une démarche inscrite dans une problématique économique particulière, celle du commanditaire. Les informations sont donc analysées à la lumière de cette problématique là où le journaliste va tenter de les rendre accessibles à tous.

De ce fait, les professionnels de l’IE utilisent le travail du journaliste d’investigation mais n’ayant accès qu’à ce qui a été publié, ceux-ci doivent refaire une partie de l’enquête du journaliste.
Bien entendu les veilleurs les mieux renseigner connaissent des journalistes d’investigation et les informations circulent entre les deux métiers pour le bien mutuel.

D’autant que parfois les objectifs des journalistes et des professionnels de l’IE se rejoignent. C’est souvent le cas dans le volet influence de la discipline.
L’influence est la délivrance de l’information au décideur pour qu’il prenne une décision favorable à l’entreprise. Cette décision peut être influencée par l’opinion publique (ou une partie de celle-ci) et donc par les journaux.
L’IE va donc « utiliser » les journalistes et les journalistes d’investigation en particulier pour que sa position publique soit favorable à l’objectif de l’entreprise.
Bien entendu la réciproque est vraie et un journaliste peut, par sa place dans la vie économique, influencer les résultats de la cellule d’IE.

Dans la société de l’information où la connaissance est l’enjeu, le monde de l’analyse de l’information n’est pas étanche. Les journalistes et les analystes IE travaillent sur les mêmes sources et s’influence réciproquement.


Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Cours du mastère spécialisé en intelligence économique de l’EISTI
- Julien Souesme – « Intelligence Economique et investigateurs » – VigIE – 17 décembre 2009 http://vigie.icomtec-pro.fr/index.php?post/2009/12/17/Intelligence-Economique-et-investigateurs
- AD – « Introduction à l’intelligence économique » – GlobalAnalysis France – 2 janvier 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/01/introduction-lintelligence-economique.html
- AD – « Intelligence économique et nouvelles technologies de l’information et de la communication » – GlobalAnalysis France – 15 avril 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/04/intelligence-economique-et-nouvelles.html
- AD – «Veille, renseignement et intelligence économique » – GlobalAnalysis France – 1 juin 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/06/comme-nous-lavons-vu-la-premiere-etape.html
- AD – « Intelligence économique et gestion des connaissances » – GlobalAnalysis France – 8 septembre 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/09/intelligence-economique-et-gestion-des.html
- AD – « Intelligence économique et Influence » – GlobalAnalysis France – 16 septembre 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/09/intelligence-economique-et-influence.html

Par AD

jeudi 2 décembre 2010

Dubaïgate : le Mossad mis à jour


Créer en 1949 pour prendre la suite SHAY, le service de renseignement de la Haganah (première milice juive en Palestine), le Mossad est le principal organe de renseignement et d’action de l’état d’Israël.

Le Mossad est connu pour son efficacité lors des guerres israélo-arabes mais également pour ses exécutions de terroristes, en particulier lors de l’opération Colère de Dieu qui de 1972 à 1992 permit d’éliminer les personnes jugées responsables de l’assassinat de onze athlètes israéliens lors des Jeux olympiques d'été de 1972 par le groupe palestinien Septembre noir.

Au début de l’année 2010, l’assassinat de Mahmoud Al-Mabhouh dans sa chambre d’hôtel à Dubaï a été attribué par la presse israélienne à la branche armée du Mossad le Kidon.
La cible était le responsable du Hamas chargé de l’approvisionnement en armes. Il est retrouvé mort dans sa chambre, allongé sur son lit, la forte verrouillée de l’intérieur et sans traces d’effractions.
La police émet pourtant des doutes sur la mort qui semble naturelle et demande une autopsie. Ce qui ressemblait à une crise cardiaque se révèle être un asphyxie. Des traces de brulures dues à un choc électrique sont retrouvées sur la peau de la victime ainsi que de la succinylcholine dans son sang et une trace d’injection dans une cuisse.

La police de Dubaï aidée par les caméras de surveillance de l’hôtel et d’un centre commercial voisin identifie des hommes et des femmes qu’elle considère comme des agents du Mossad. Imprudence ou désinvolture, nul ne le sait. Ce qui est sur c’est que le matériel de surveillance a été vendu à l’Emirat par Israël, les agents du Mossad savait donc que les caméras étaient là et quels étaient leurs caractéristiques techniques.
Les membres du commando ont utilisé des passeports britanniques, irlandais, français et allemands, empruntant la véritable identité des détenteurs originaux, six d'entre eux provenant de ressortissants possédant la double nationalité israélienne. Ils sont arrivés la veille du meurtre et tous avaient quitté le pays avec que la mort ne soit découverte. Ils ne leur a fallut que quelques jours pour rejoindre Israël selon les informations de la police de Dubaï. Les pays dont les passeports avaient été usurpés ont réagi violement souvent en convoquant les ambassadeurs israéliens mais peu d’effets ont suivis.

Alors succès ou échec ?
Pour le gouvernement israélien, Mahmoud Al-Mabhouh a été assassiné et aucune preuve impliquant l’état Hébreu n’est apparu au grand jour, il se dit donc gagnant et tant pis pour la polémique qui entoure l’usage de faux passeports européens.
Mais les analystes tempèrent. Les hommes et les femmes de l’opération de Dubaï ont vu leur visage sur toutes les télévisions du monde arabe si ce n’est de la planète. Même si ils étaient déguisés, il y a fort à parier qu’ils ne pourront plus sortir du pays un mandat d’arrêt international ayant été émis par Interpol. Les agents sont donc grillés et ne pourront plus prétendre jouer un rôle de premier plan.
Il reste une supposition. Le Mossad ne voulait peut être t’il pas que ses agents soient voyants pour envoyer un message au Hamas et à ceux qui serait tenter d’attaquer Israël : « Nous pouvons frapper partout même à découvert. Vous n’êtes en sécurité nulle part, la technologie de surveillance ne nous empêche pas de frapper. »
Si tel était le cas, le succès est total et la méthode audacieuse. Mais rien n’est moins sûr, l’opération aurait très bien put être menée une autre organisation et le Mossad n’aurait fait qu’en tirer le crédit.

Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Alain Rodier – « Dubaï/Israël : Retour sur l’opération "HOMO" contre un responsable du Hamas » – 20/08/2010 http://www.cf2r.org/fr/notes-actualite/dubai-israel-retour-sur-operation-homo-contre-un-responsable-du-hamas.php
- Eric Denécé – « Dubaï : Un échec du Mossad ? » - Centre Français de Recherche sur le Renseignement – 03/04/2010 http://www.cf2r.org/fr/notes-actualite/dubai-un-echec-du-mossad.php
- Bérénice Dubuc – « Dubaïgate: tous les suspects en Israël, selon la police émiratie » – 20Minutes - 1 mars 2010 http://www.20minutes.fr/article/387842/Monde-Dubaigate-tous-les-suspects-en-Israel-selon-la-police-emiratie.php
- Bérénice Dubuc – « Qu'est-ce que le «Dubaïgate»? » – 20Minutes - 26 février 2010 http://www.20minutes.fr/article/387520/Monde-Qu-est-ce-que-le-Dubaigate.php
- Jean Guisnel – « DUBAÏGATE : pour le Mossad, est-ce vraiment un fiasco ? » - Le Point.fr - 19/02/2010 http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2010-02-19/dubaigate-pour-le-mossad-est-ce-vraiment-un-fiasco/1648/0/426063
- Jacques Benillouche – « Israël empêtré dans l'assassinat de Dubaï » - Slate - 18 février 2010 http://www.slate.fr/story/17509/Mossad-dubai-assassinat-israel-hamas
Gordon Thomas - Histoire secrète du Mossad, de 1951 à nos jours - Nouveau Monde - 26 janvier 2006

Par AD

vendredi 26 novembre 2010

Al Qaida aujourd’hui


Aujourd’hui Al-Qaïda revient sur le devant de la scène avec les prises d’otages et les enlèvements dans le Sahel ainsi qu’avec un ensemble de colis piéger voyageant par avion depuis le Yémen jusqu’au États-Unis ou l’Europe.
Le temps est donc venu de faire un point sur ce que l’on sait sur Al-Qaïda presque dix ans après son apparition spectaculaire sur la scène mondiale.

Selon toute vraisemblance Al-Qaïda en tant que structure centrale organisant le recrutement, la formation, la planification et l’exécution des actes terroristes est mort lorsqu’il a été chassé de son sanctuaire afghan par les troupes de l’OTAN entre fin 2001 et début 2002.
Les combattants qui se sont réfugiés dans les montagnes à la frontière afghano-pakistanaise sont affiliés à Al-Qaïda mais ne forme plus un groupe salafiste cherchant à instaurer un Califat mondial. Il s’agit de militants qui se battent pour leur survie aussi bien politique que physique.

Les références à Al-Qaïda dans l’actualité se font via deux ‘franchises’. Al-Qaïda au Maghreb Islamique qui est actif dans la zone d’influence historique européenne et en particulier française et Al-Qaïda dans la Péninsule Arabique qui menace particulièrement les USA.

Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI)
AQMI est né officiellement le 25 janvier 2007 lorsque le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) annonce son alliance au groupe d’Oussama Ben Laden. Il s’agit pour les membres du GSPC de donner une nouvelle dynamique au groupe qui était miné par son incapacité à trouver des soutiens idéologiques auprès d’oulémas.
L’allégeance au groupe de Ben Laden permet de donner au combat du GSPC une résonance internationale et devenir ainsi une franchise ou un sous-traitant de la terreur en appliquant les méthodes apprises dans les camps afghan avant la chute des Talibans.

Le groupe serait composé d’environ 200 personnes, sa zone d’opération s’est étendue et correspond aujourd’hui à la région désertique du Sahel qui s’étend des régions semi-arides du Sénégal jusqu’à certaines parties de la Mauritanie, du Mali et du Niger.

Le message de l’émir Abdelmalek Droukdal, commandant AQMI, sommant la France de négocier la libération des otages directement avec Ben Laden est surprenant et laisse penser qu’AQMI s’intègre de plus en plus à la structure mère.
Celui-ci peut avoir plusieurs raisons :
- Soit le message est à prendre au pied de la lettre et AQMI montre son allégeance profonde au fondateur du mouvement et cherche à attirer l’attention internationale après les actes retentissants d’AQPA.
- Soit le message n’est qu’un leurre qui rassure les plus fervents militants et sauve la face pendant qu’il négocie avec les autorités françaises.
- Ou alors, et c’est notre hypothèse préférée, Droukdal se défausse sur Ben Laden pour gagner du temps dans les négociations voire pour se décharger de la responsabilité de la mort des otages.
Dans tous les cas cela permet de renforcer l'image de Ben Laden qui est donné pour mort par la plupart des services de renseignement.

Al-Qaïda pour la Péninsule Arabique (AQPA)
AQPA a été formé officiellement en janvier 2009 après la fusion d’Al-Qaïda au Yémen et Al-Qaïda en Arabie Saoudite, ce dernier ayant été chassé du royaume saoudien et ayant trouvé refuge au Yémen.
Ce groupe poursuit les objectifs originels de Ben Laden qui sont l’abdication du régime saoudien et la lutte contre les États-Unis.
AQPA a revendiqué l’attentat raté d’Omar Farouk Abdulmutallab dans un avion reliant Amsterdam à Detroit où il avait tenté de faire détoner une poudre explosive contenue dans ses sous-vêtements ainsi que l’envoie de colis piégé le 29 octobre 2010.

Le groupe aurait plusieurs centaines de membres et est actif principalement au Yémen où il se nourrit des guerres tribales préexistantes. Ce terreau d'extrémisme permet au mouvement de disposé d'une base arrière relativement stable pour planifier des attentats à l'échelle mondiale.

Les autres Jihad locaux
D’autres groupes jihadistes régionaux s’inspirent de la mouvance Al-Qaïda. C’est le cas notamment en Afrique de l'Ouest, en Asie Centrale, dans le Caucase ou encore en Asie du Sud-Ouest.
Après la chute de sanctuaire afghan et la fermeture des camps d’entrainement les recrues sont retournées dans leur pays d’origine et ont appliquées la méthode qui leur avait été enseignées aux problématiques régionales auxquels ils se trouvent confrontés tout en déclarant le Jihad mondial pour bénéficier des soutiens financier des diasporas et des États soutenant la lutte contre l'Ennemi Lointain.


D’une manière générale, il semble qu’aujourd’hui Al-Qaïda soit plus une marque de fabrique, une franchise utilisée par des groupes poursuivant des objectifs tous régionaux mais qui se réclament d’un Jihad mondial pour attirer plus de fonds et de recrues. Cette marque de fabrique se compose de plusieurs éléments opérationnels. Le premier d'entre eux est l'utilisation des attaques suicides mais également de d'engins explosifs improvisés. Puis des éléments de communication, perpétrer des attentats à fort impact politique et non plus opérationnel (attaque de symboles politiques plus que d'objectifs militaires), communiquer fortement autour de ces attaques (diffuser des vidéos dans la langue du pays visé mais également en arabe et en anglais pour recruter en dehors du cercle national et valoriser les autres mouvements du réseau) et enfin ne pas attaque uniquement le régime visé mais également ses alliés dans le monde (le plus souvent les USA ou des États européens). Puis l'évolution finale : créer une résistance sans leader qui permettra au groupe de survivre à la disparition du fondateur du mouvement.

Et c'est ce qui caractérise Al-Qaïda aujourd'hui. La présence d'Oussama Ben Laden n'est plus requise puisque des leaders locaux sont apparus pour reprendre son message et l'adapter à chaque situation opérationnelle.
Al-Qaïda aujourd'hui est une marque de fabrique, un réseau de groupes qui partagent, en partie, un même but. Cette adaptation est due à la perte du sanctuaire afghan ainsi qu'à la disparition médiatique (et probablement physique) du leader charismatique Oussama Ben Laden.


Pour aller plus loin :
- AD – «Les enjeux du Yémen » – GlobalAnalysis France – 13 janvier 2010
http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/01/les-enjeux-du-yemen.html
- AD – «Al-Qaida au Maghreb islamique et les otages français : questions réponses » – GlobalAnalysis France –24 septembre 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/09/al-qaida-au-maghreb-islamique-et-les.html
- AD – « Les opérations paramilitaires de la CIA aujourd’hui » – GlobalAnalysis France – 17 novembre 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/11/les-operations-paramilitaires-de-la-cia.html

Par AD

lundi 22 novembre 2010

FSB - SVR : vingt ans après que reste-t-il du KGB

Les blasons du KGB, FSB et du SVR

En 1991, Boris Eltsine voulait démocratiser les institutions de la Fédération de Russie et à la suite du Putsch de Moscou décide de remplacer le KGB par deux structures différentes. Le SVR qui reprend le rôle du premier directorat principal, le FAPSI qui reprend les activités du huitième directorat principal et du seizième directorat et le FSB qui reprend les autres missions du KGB.

Le SVR  (Služba vnešnej razvedki Rossijskoj Federacii) est le service de renseignement extérieur, il est chargé d’acquérir tout renseignement politique, économique, militaire, scientifique et technologique utile à la fédération de Russie (rôle similaire à celui de la CIA, du SIS ou MI6 ou de la DGSE).
Le FAPSI (Federalnoje Agentstwo Prawitelstwennoi Swjasi i Informazii) s’occupe de l’interception et de la sécurisation des communications électronique (semblable aux missions de la NSA ou du GCHQ)
Le FSB (Federalnaïa sloujba bezopasnosti Rossiyskoï Federatsii) lui s’occupe de sécurité intérieure de la Russie, du contre-espionnage, et de la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et le trafic de drogue (rôle proche de ceux des autres agences fédérales américaines, de MI5 ou de la DCRI).

En 2003, le président Vladimir Poutine, ancien du KGB et ancien directeur du FSB, signe un décret plaçant les gardes frontières (qui était un directorat du KGB) sous la direction du FSB. Ce même décret dissous la FAPSI et place ses moyens et sa mission sous la responsabilité du FSB. Par ailleurs le FSB est devenu en vingt ans une machine à élite un peu comme en France il faut avoir fait l’ENA pour être haut fonctionnaire, les anciens du FSB sont à des postes stratégique de la fédération de Russie.

A l’heure actuelle, les deux seuls héritiers du KGB sont donc le FSB qui reprend quasiment toutes les missions du KGB et le SVR qui a reprit les activités du premier directorat principal. Ces deux organismes rassemblent plus d’employés que le KGB au plus fort de la guerre froide. Dans les faits, il semblerait que la répartition des compétences ne soit pas faite sur des critères géographiques mais sur des critères d’activités. En effet, le FSB devant protéger les intérêts russes possède des antennes à l’étranger pour assurer ses missions de contre-espionnage et de contre-terrorisme, de la même manière, le SVR dispose d’agents dans les ambassades présentes sur le territoire russe.
Ainsi le rôle du FSB serait la protection de la Russie et de ses secrets contre les actions subversives d’espions étrangers et terroristes et celui du SVR un service subversif d’espionnage qui infiltre activement les pays étrangers.

Le 30 juin 2010 dix agents russes du SVR sont arrêtés aux USA par le FBI, ils sont extradés vers la Russie lors d’un échange de prisonniers le 9 juillet. Il a été révélé le 12 novembre que les agents avaient été donnés par leur contrôleur du SVR aux USA qui était un agent double. Cette révélation parue dans la presse russe aurait été faite par des agents du FSB.
Cela s’inscrit dans un mouvement de recentralisation des activités de renseignement dans une seule entité. Le président Medvedev a annoncé lors du G20 de Séoul qu’il fusionnerait probablement les activités du SVR dans le FSB d’ici à 2011.


Boris Eltsine avait séparé le KGB en plusieurs entités pour permettre un contrôle politique sur les services de renseignement et ne plus avoir d’Etat dans l’Etat, si ce projet de fusion était mené à bien, l’appareil russe se trouverait avec une organisation toute puissante comme l’était le KGB. Ce qui serait un danger pour la vie démocratique du pays.

Sources :
- Alexandra GENESTE – « Le FBI déloge la Maison Russie » - Libération.fr - 30/06/2010 http://www.liberation.fr/monde/0101644251-le-fbi-deloge-la-maison-russie
- AFP – « Russie: la fuite sur l'affaire des espions, fruit d'une guerre des services (presse) » - La Tribune de Genève 15/11/2010 http://www.tdg.ch/depeches/monde/russie-fuite-affaire-espions-fruit-guerre-services-presse
- Paul GOBLE – “Russia's FSB To Re-Absorb SVR By 2010 End” – Eurasia Review - 27 July 2010 http://www.eurasiareview.com/201007276008/russias-fsb-to-re-absorb-svr-by-2010-end.html
- Le Monde du Renseignement – « Le FSB fait-il de l’espionnage à l'étranger? » - http://lemondedurenseignement.hautetfort.com/archive/2009/03/16/le-fsb-fait-il-de-l-espionnage-a-l-etranger.html
- Larousse – « Le Service des renseignements extérieurs de Russie (SVR) » http://www.larousse.fr/encyclopedie/article/Le_Service_des_renseignements_ext%C3%A9rieurs_de_Russie_SVR/11008425
- REUTERS – « Dmitri Medvedev veut faire le ménage dans les services secrets » - France24 – 12 novembre 2010 http://www.france24.com/fr/20101112-dmitri-medvedev-veut-faire-le-menage-services-secrets-russie-etats-unis

Par AD

vendredi 19 novembre 2010

Quelle démocratie en Birmanie après la libération d’Aung San Suu Kyi ?

Manifestation pour la mise en liberté d'Aung San Suu Kyi

En 1990, la Ligue nationale pour la démocratie (LND) avait gagné 82% des sièges aux élections législative. L’élection est annulée par la junte militaire. Aung San Suu Kyi, "la fille du général Aung San", héros national de l'indépendance, fondatrice et secrétaire générale de la LND, en liberté surveillé depuis 1989 ne sera pas premier ministre.

La LND est dissoute le 6 Mai 2010 par la junte parce qu’elle appelait au boycotte des élections législative du 7 novembre. Les partisans qui ont pu échapper aux arrestations fondent la Force démocratique nationale qui ne gagne que quelques sièges face au Parti de la solidarité et du développement de l'Union (USDP), parti représentant la junte fondé pour l’occasion par des militaires et des retraités de la junte.

Ces élections dont le seul but était de légitimer la junte au pouvoir sont dénoncer par l’ONU pour son manque de transparence et les seuls félicitations viennent de Pékin, soutient inconditionnel aux militaires birmans.

Le 13 novembre, aux alentours de 12 heures (heure française), la police birmane enlève les barrières posées devant la résidence d'Aung San Suu Kyi permettant sa libération, après de longues années dans sa résidence sous surveillance permanente. A sa libération, elle est célébrée comme l’icône d’un peuple et elle appelle à la collaboration de toutes les démocraties pour le bien de son pays. Mais la vérité est que le LND est un parti démembré avec des vieux militants qui n’est plus très actifs et dont près de 2000 de ces membres sont toujours en prison.

Alors pourquoi la junte a t-elle libéré sa principale opposante ?
Et bien pour se légitimer aux yeux de la communauté internationale. Les élections n’ont pas été accueilli très favorablement ni par les pays occidentaux ni par le Japon. Libérer la plus célèbre opposante politique titulaire d’un prix Nobel de la Paix est un moyen de montrer de la bonne volonté. Le fait qu’elle soit à la tête d’un parti moribond et qu’on ne soit toujours pas certain qu’elle puisse quitter le pays n’est que secondaire dans cette opération de communication. Bernard Kouchner rappel néanmoins « qu’il ne s’agit en rien d’une mesure de clémence de la part de la junte birmane, sa peine devant arriver à son terme le 13 novembre ».

Le rôle de la Chine dans cette décision est souvent évoqué. Le président chinois est supposé avoir poussé à cette décision. Il faut se souvenir que Liu Xiaobo prix Nobel de la paix 2010 est lui toujours dans les prisons chinoises.

- Marie NORMAND- « Aung San Suu Kyi répond aux questions de «Libération»: «Je ne veux pas décevoir les gens» » - Libération - 18/11/2010 http://www.liberation.fr/monde/01012303115-aung-san-suu-kyi-a-liberation-je-sais-que-les-gens-placent-beaucoup-d-espoir-en-moi
- « L'admirable leçon d'espoir d'Aung San Suu Kyi » – Le Monde – 17/11/2010 http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/11/16/l-admirable-lecon-d-espoir-d-aung-san-suu-kyi_1440677_3232.html#ens_id=1266164
- Arnaud DUBUS – « Aung San Suu Kyi: la liberté et après ? » - Libération - 15/11/2010 http://www.liberation.fr/monde/01012302211-aung-san-suu-kyi-la-liberte-et-apres
- Remise en liberté d’Aung San Suu Kyi : déclaration de Bernard Kouchner (13 novembre 2010) http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo_833/birmanie_551/france-birmanie_1104/presentation_14386/remise-liberte-aung-san-suu-kyi-declaration-bernard-kouchner-13.11.10_87347.html
- AD – « Les enjeux de la Birmanie » - GlobalAnalysis France - 26 septembre 2008 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2008/09/les-enjeux-de-la-birmanie.html

Par AD

mercredi 17 novembre 2010

Les opérations paramilitaires de la CIA aujourd'hui

La première équipe des forces spéciales américaines à Tora Bora en 2001

Depuis la fin de la guerre froide et la disparition du KGB en 1991, la Central Intelligence Agency (CIA) a tout d’abord vu ses missions orienté vers le monde économique dans les années 1990 et particulièrement sous Bill Clinton. Accusée de ne pas avoir pu prévenir les attentats du 11 septembre 2001, l’agence est redevenue dès le mois d’octobre de cette même année ceux pourquoi elle avait été créée en 1947, la principale agence de renseignement d’un pays en guerre.
En 2005, le président Bush a créé le National Clandestine Service (NCS) au sein de la CIA qui regroupe toute les activités ‘humaines’ de l’agence, renseignement humain (HUMINT) et actions paramilitaires. Ce changement s’accompagne du fait que l’analyse est de plus en plus externalisée à des compagnies privées et que d’une manière générale le renseignement technique (satellites, avions, sous-marins) est privilégié par rapport aux activités de terrain.
Aujourd’hui presque dix ans après le début de la guerre que les américains ont surnommé The Long One, le rôle de la CIA n’est plus simplement celui d’un service de renseignement mais plutôt, comme lors de la guerre du Vietnam, celui d’un groupe paramilitaire aux ordres directs de l’administration américaine.


Afghanistan et Irak : conflits ouverts
A l’automne 2001, les premières troupes américaines à poser le pied en territoire afghan furent les hommes de la Special Activities Division (SAD), l’unité opérationnelle rattachée à la CIA, en charge de ses actions paramilitaires. Ces hommes ont permis aux forces spéciales officielles de s’installer dans le pays et ont accompagné les troupes de l’Alliance du Nord dans la reprise de l’Afghanistan qui avait été planifié par la CIA.
Après que les talibans aient été renversés, la CIA et la SAD en particulier sont restés pour coordonner les recherches des membres d’al Qaida ainsi que leur élimination par le programme de drones armés. Le même schéma a été ensuite répliquer pour l’invasion de l’Irak et la capture de Saddam Hussein.
Aujourd’hui le rôle de la CIA est tellement important en Afghanistan que le chef de station à Kaboul, nom de code Spider, est en contact personnel avec le président Hamid Karzai au détriment de l’ambassadeur sur place. Il est par ailleurs à la tête de la plus grosse entité de la CIA en dehors des USA. Les effectifs sont supérieurs à ceux qui ont été déployé au Vietnam au plus fort de la guerre et en Irak en 2003.

Pakistan et Yémen : opérations ‘noires’
Début 2002, les dirigeants d’al Qaida ont fui l’Afghanistan pour le Pakistan voisin. Dès lors les opérations de recherche et d’élimination des membres du groupe terroriste se sont portées sur ce pays. Or le Pakistan est un pays allié de Washington depuis son indépendance. Le président Musharraf, conscient de l’impopularité des USA dans son pays a refusé l’accès au territoire pakistanais aux forces spéciales américaines. A partir de 2004, le président Bush, avec l’accord du président pakistanais et le concours des services de renseignement de se pays (ISI) a autorisé l’utilisation de drones de combat pour des attaques ciblées sur les dirigeants talibans ou affiliés à al Qaida.
Officiellement, le gouvernement pakistanais nie avoir connaissances de ses attaques et ne pas pouvoir les empêcher puisque les drones sont opérés depuis l’Afghanistan. Dans les faits, la CIA et l’ISI partagent leurs informations sur les groupes talibans et les forces spéciales pakistanaise opèrent avec la SAD pour la reconnaissance des cibles.
Même si l’efficacité des telles opérations est discutables (voir notre article « La stratégie des drones : quand les avions tuent sans pilote »), le président Obama et le nouveau directeur de la CIA, Leon Panetta ont intensifié les activités des drones dans le nord du Pakistan et les officiels américains assurent que cela permet de tuer les éléments clés de l’organisation terroriste ainsi que de perturbé la planification d’attentats en Europe et aux Etats-Unis.
Ce type d’action va certainement être exporté au Yémen étant donnée la similarité des situations. Le pouvoir yéménite soutient bon grès mal grès les opérations anti-terroristes américaines alors que la rue fait preuve d’un anti-américanisme. Les actions de la SAD ne sont pas reconnues officiellement par le gouvernement qui peut se défendre politiquement d’avoir soutenu les américains, mais dans le cas du Yémen comme celui du Pakistan, l’intérêt majeur des interventions sous couverture est qu’une partie du pays n’est pas sous le contrôle du gouvernement central mais de tribus locales. Cela permet donc aux américains d’opérer quelque soit les conditions politiques.

L’utilisation des forces spéciales de la CIA permet de diminuer le temps de traitement de l’information. La même organisation collecte le renseignement opérationnel et agit selon ses mêmes informations. Les opérations sont ne sont pas reconnues officiellement ni par le gouvernement américains ni par le gouvernement du pays sur le territoire duquel les actions ont eues lieux. Ce type de contre-guérilla est le moyen privilégié par l’administration Obama pour avoir le maximum de résultat tout en minimisant les pertes humaines.
Il reste à voir les résultats à long terme.

Sources:
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Julian E. BARNES And Adam ENTOUS - “Yemen Covert Role Pushed” - The Wall Street Journal – November 1, 2010 http://online.wsj.com/article/SB10001424052748704477904575586634028056268.html
- Julian E. BARNES And Adam ENTOUS - “Wider Role for CIA Sought” - The Wall Street Journal - October 23, 2010 http://online.wsj.com/article/SB10001424052702304354104575568621818109684.html
- Adam ENTOUS, Julian E. BARNES And Siobhan GORMAN – “CIA Escalates in Pakistan” - The Wall Street Journal – October 2, 2010 http://online.wsj.com/article/SB10001424052748704029304575526270751096984.html
- Siobhan GORMAN – “CIA Man Is Key to U.S. Relations With Karzai” - The Wall Street Journal – August 24, 2010 http://online.wsj.com/article/SB10001424052748704741904575409874267832044.html
- AD – « La stratégie des drones : quand les avions tuent sans pilote » – GlobalAnalysis France – 16 mars 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/03/la-strategie-des-drones-quand-les.html
- AD – « Un an de présidence Obama : le point sur la guerre contre la Terreur » – GlobalAnalysis France – 15 février 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/02/un-de-presidence-obama-le-point-sur-la.html
- AD – « Les enjeux du Yémen » – GlobalAnalysis France – 13 janvier 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/01/les-enjeux-du-yemen.html
- Le blog drzz - Exclusive interview : CIA agent Jones - November 9, 2008 http://www.drzz.info/article-25631195.html
- National Geographic – CIA Confidential
http://channel.nationalgeographic.com/series/cia-confidential/all/Overview

Par AD

mardi 12 octobre 2010

Le golfe de Guinée et les guerres du pétrole


Avec une production de 4,5 millions de barils par jour, le Golfe de Guinée est devenu une région prometteuse. Le Nigeria produit 1,76 millions de barils par jour (ce qui en fait le premier producteur africain) et l’Angola 1,15 millions de barils par jour.

Avec la reconstruction de l’Irak toujours en cours depuis 2003, la crise nucléaire iranienne et les sanctions de l’ONU qui poussent les entreprises occidentales à quitter le pays, les nationalisations des moyens de production dans les pays socialistes d’Amérique du Sud comme le Venezuela, l’Arabie Saoudite est l’acteur incontournable du marché du pétrole. Mais selon les estimations les plus récentes, il semble que l’allier historique voit la fin de ses réserves arriver.

Dans le Golfe de Guinée, peut être exploité un brut de qualité, facile à raffiner, qui suscite l’intérêt des consommateurs européens, américains pour leur proximité géographique mais également celui des chinois, indiens et Malaisiens qui se trouve à devoir faire face à l’explosion de la demande depuis le début des années 2000.

La plupart des gisements du Golfe de Guinée sont offshore, ce qui procure plusieurs avantages :
- Les gisements sont protégés des conflits armés de la région. Ainsi, la production est relativement constante et sûre de plus les personnels étranger n’ont pas besoin de se mêler aux populations locales,
- les exportations vers l’Europe et les Etats-Unis sont facilitées,
- les gisements géants en grande profondeur sont l’apanage des grandes compagnies,
- mais les gisements anciens ou plus difficile séduisent les petites et moyennes compagnies qui se démarquent par leur technologies.

La forte attractivité de cette région suscite des convoitises de plus en plus grandes de la part des pays consommateurs : des Européens, qui ont une influence traditionnelle dans la région, mais aussi, de plus en plus, des Américains et même des Chinois.

Chaque partie met en place une stratégie propre :
- Les pays du Golfe de Guinée jouent essentiellement sur la concurrence européo-américaine pour l’accès aux ressources. Ils renforcent ainsi leur pouvoir de négociation,
- Les Etats-Unis misent sur la sécurisation militaire et leur positionnement dans le désert du Sahara pour lutter contre le terrorisme,
- L’Europe et la France comptent sur leurs liens traditionnels et sur l’aide au développement,
- La Chine troque des infrastructures contre une priorité à l’exportation.

Mais le fait que les compagnies pétrolières aient traité directement avec des gouvernements forts qui n’assurent pas la redistribution des richesses à l’ensemble de la population (par exemple au Nigéria, près de 50% des revenues du pétrole restent à l’échelon fédéral et seulement 20% arrivent au niveau local) en ajoutant à cela les disparités ethniques entre le classes dirigeantes et les populations sur lesquels les pieds à terre des entreprises pétrolières sont installés (Ijaws et Ogonis), on arrive à une situation où les mouvements indépendantistes fleurissent.
Il s’agit principalement de milices et de groupes de piraterie locaux mais certains s’organise en mouvement politique de résistance.

C’est le cas du MEND (Le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger de l'anglais Movement for the Emancipation of the Niger Delta) contre lequel le gouvernement nigérian à mener une guerre ouverte en mai 2009 et qui revient sur le devant de la scène comme interlocuteur pour la libération des otages français capturer sur leur navire sur un champ pétrolier au large des côtes du Nigeria dans la nuit du 21 au 22 septembre.

Actif depuis 2006, le MEND est un groupe de militants qui n’hésitent pas à faire usage de la violence. Le but annoncer est de détruire la capacité du gouvernement Nigérian d’exporter du pétrole et ceux en s’attaquant aux travailleurs et aux installations des entreprises pétrolières (« It must be clear that the Nigerian government cannot protect your workers or assets. Leave our land while you can or die in it.... Our aim is to totally destroy the capacity of the Nigerian government to export oil »). Selon l’entrepreneur et ancien des forces de contre-terrorisme de l’United States Air Force John Robb, le MEND recrute les combattants pour ses opérations de guérillas dans les groupes criminels locaux et dans les armées tribales.

Les tactiques utilisées par le MEND sont plus sophistiqués que celles des autres groupes militants locaux. Parmi les techniques avancées on peut citer :
- l’essaimage (swarming) dans lequel des petits groupes utilisent des embarcations rapides dans les marais du delta pour frapper leur objectif de manière répétés et inattendue,
- amélioration des équipements et des techniques de combats avec un meilleur entrainement des guérilleros, peut-être en utilisant les connaissances des agents de sécurités capturés,
- sélection très précise des cibles pour maximiser les effets sur la production et les réparations, cela passa par le chantage comme avec des otages de Shell,
- répétition des attaques contre les pipelines, ce qui a amener à une hausse du prix du pétrole.

Aujourd’hui, le MEND se pose comme médiateur entre les puissances occidentales, Etats et sociétés et les groupes de pirates et de milices locaux. Cette recherche de légitimités internationales et le signe que le groupe tente de se renforcer localement et à l’internationale pour se poser comme la référence de toutes les revendications de la région et devenir une alternative au gouvernement en attendant de déclencher, peut-être une révolution.

Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Cours du mastère spécialisé en intelligence économique de l’EISTI
- « Nigeria: les rebelles du Mend ont perdu la trace des otages » - Marie Simon – lexpress.fr - 23/09/2010 à 15:56, mis à jour le 24/09/2010 à 12:00
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/nigeria-les-rebelles-du-mend-ont-perdu-la-trace-des-otages_921911.html
- « Chronologie du Nigeria (1960-2010) » - Catherine Gouëset - lexpress.fr - 06/05/2010 à 10:00
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/chronologie-du-nigeria-1960-2010_763016.html
- « Nigeria : fiche repères » - Catherine Gouëset - lexpress.fr - 06/05/2010 à 09:30 http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/nigeria-fiche-reperes_497468.html
- Le Golfe De Guinée Pétrole Ou Cotourisme - Le Dessous Des Cartes
- « Offensive sur l’or noir africain » - Jean-Christophe Servant - Le Monde Diplomatique - Janvier 2003 http://www.monde-diplomatique.fr/2003/01/SERVANT/9856
- « Guerre économique dans le Golfe de Guinée ? » - 6 juillet, 2009 – Knowkers.org
http://www.knowckers.org/2009/07/guerre-economique-dans-le-golfe-de-guinee/

Par AD

vendredi 24 septembre 2010

Al-Qaida au Maghreb islamique et les otages français : questions réponses


Qu’est-ce que Al-Qaida au Maghreb islamique ?
Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) est une organisation islamique armée d'origine algérienne. Le 25 janvier 2007, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) change de nom avec l'approbation d'Oussama Ben Laden et devient la branche d’Al Qaida en Afrique du nord.
Cette affiliation tend à montrer qu’Al Qaida serait devenu une « marque » plus qu’un réseau puisque le financement d’AQMI se fait au niveau local. Et aucune prevue de transfert d’argent entre l’organisation

L'organisation est placée sur la liste officielle des organisations terroristes des États-Unis, de l'Australie et de la Russie. Elle est considérée par l'ONU comme proche d'Al Qaida et à ce titre sanctionnée par le Conseil de sécurité des Nations unies.

Si les racines du groupe se trouvent en Algérie, la zone d'opération s'est étendue et correspond aujourd'hui à la région désertique du Sahel qui s'étend des régions semi-arides du Sénégal jusqu'à certaines parties de la Mauritanie, du Mali et du Niger.
Profitant de la défaillance de l’état malien à couvrir la totalité de son désert, AQMI se serait installé dans le pays et se servira de cette partie du désert comme base arrière.

Le groupe serait composé d’environ 200 personnes organisées en katibas (section) dans les principales sont la katiba de l’ouest qui est active en Mauritanie et la katiba de l’est qui est présente du sud de la Tunisie au nord du Niger, et de l'est de la Mauritanie au Tchad.
AQMI est en relation avec les groupes criminels locaux, ainsi que les groupes armés Touaregs qui se battent pour la reconnaissance de leur peuple.

Pourquoi la France est-elle une cible ?
La France est visée car il s’agit de l’ancienne puissance coloniale dont l’influence certes déclinante se prolonge par la présence d’entreprise stratégique française (Areva et l’uranium, Total, etc). L’exploitation des ressources minières arrangée avec les gouvernements locaux qui ne redistribue par l’argent aux autochtones est perçue comme un néocolonialisme à combattre.

La politique intérieure français et notamment sur les lois sur la burqua, les signes religieux à l’école et les discours du gouvernement ainsi que la politique étrangère, le soutient de la France au président Bouteflika, alignement avec les USA au sien de l’OTAN, soutient à Israël, guerre en Afghanistan sont autant de raisons supplémentaires.

Les experts français assurent qu’AQMI n’a pas l’implantation suffisante pour frapper sur le territoire métropolitain, l’organisation frappe donc les intérêts nationaux à l’étranger sur son territoire à elle.

Quel est le but poursuivit par AQMI ?
Le but de l’organisation est de provoquer des révolutions islamiques dans les pays du Maghreb et du Sahel. Cet objectif découle de l’affiliation à Al Qaida, le GSPC était une organisation Algérienne avec des objectifs pour le pays seul.

Pour parvenir à renverser les régimes en place, AQMI utilise les mêmes armes que tous les groupes de guérilla. Attentats, enlèvements, embuscades des forces militaires nationales et cela à l’encontre de l’Algérie principalement mais également de la Mauritanie et du Mali.


Quelles sont les sources de financement ?
On sait très peu de choses sur le financement du groupe AQMI. Il est sûr qu’il utilise les trafics en tout genre, drogues, cigarettes, aide à l’immigration clandestine, contrebande, ainsi que les enlèvements contre rançons.
Certain analystes suggère que le mouvement soit lié à certains éléments des services secrets algériens (Département du Renseignement et de la Sécurité, DRS) de la même manière que les talibans et Al Qaida sont liés à certains membres des services pakistanais (Inter-Services Intelligence, ISI).

Comment fonctionnent les enlèvements ?
N’importe qui peut être « sous-traitant » pour AQMI. N’importe quel groupe criminel peut enlever un « toubab » (un blanc) de préférence français ou travaillant pour eux et le revendre. AQMI traite ensuite avec les représentants de l’état d’origine de l’otage et dans l’espoir de récupérer ainsi une plus-value. L’organisation est bien rodée, elle a l’expérience de la détention d’otage, sait où, quand et comment les déplacer et s’appuie sur des soutiens dans la population locale. Al Qaida annonce ensuite détenir les otages et traiter avec les gouvernements. Si le gouvernement paye, comme pour les espagnols libérés en septembre les otages sont rendus, dans le cas contraire où la négociation échoue ils sont tués.

Comment les retrouver ?
Les services de renseignements peuvent compter sur plusieurs choses :
- AQMI fonctionne par petits groupes qui se déplacent dans le désert et doivent communiquer entre eux. On peut donc supposer qu’ils utilisent des téléphones satellitaires ou des téléphones fixes, quand ceux-ci existent. Il est possible d’intercepter ces communications.
- AQMI se déplace et les déserts sont néanmoins peuplés. Des marchants, des trafiquants, des tours operateurs, les touaregs se déplacent dans le désert. Les membres des services de renseignement peuvent obtenir des informations par ces personnes.
- Les groupes se déplaçant pour échapper ne pas être repérer trop rapidement, ils se déplacent, généralement en convois de plusieurs 4x4 rapides. Les groupes utilisent des 4x4 Toyota à essence qui sont plus rapides que les jeeps militaires. C’est pour ça que la France à envoyer des avions de reconnaissance (Mirage F1 CRCT, Breguet Atlantique 2) pour repérer les convois en déplacement.


Sources / Pour aller plus loin
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- « Les otages français et africains dans la sale guerre du Sahel » – Par Pierre Haski | Rue89 | 19/09/2010 | 19H21 http://www.rue89.com/node/167348
- « Paris s'active pour repérer les otages » – Isabelle Lasserre – Le Figaro.fr – 20/09/2010 | Mise à jour : 20:28 http://www.lefigaro.fr/international/2010/09/20/01003-20100920ARTFIG00655-paris-s-active-pour-reperer-les-otages.php
- « Qui se cache derrière Al-Qaida au Maghreb islamique ? » – LEMONDE.FR | 21.09.10 | 15h32 • Mis à jour le 22.09.10 | 14h17 http://www.lemonde.fr/afrique/article/2010/09/21/aqmi-les-islamistes-du-desert_1413693_3212.html#ens_id=1411819&xtor=RSS-3208
« Mauritanie: "guerre sainte" pour décimer Aqmi et venger 5 ans de violences » – Laurence BOUTREUX (AFP) – 22/09/2010 http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5iHGXVWmljsMW6rRF6npD2kxoe9SQ
- « Au Sahel, al-Qaida a déjà gagné » – Pierre Malet – Slate.fr – samedi 18 septembre 2010 à 15h19 http://www.slate.fr/story/27481/sahel-al-qaida-deja-gagne-otages
- « Le Mali, maillon faible de la lutte contre Aqmi? » – Marie Simon, publié le 22/09/2010 à 16:00, mis à jour à 16:43 – lexpress.fr http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/le-mali-maillon-faible-de-la-lutte-contre-aqmi_921588.html
- « Comment l'Aqmi a pris place dans le désert malien » – Tanguy Berthemet – Le Figaro.fr – 22/09/2010 | Mise à jour : 21:04 http://www.lefigaro.fr/international/2010/09/22/01003-20100922ARTFIG00669-comment-l-aqmi-a-pris-place-dans-le-desert-malien.php


Par AD

jeudi 16 septembre 2010

Intelligence économique et Influence.

Le troisième volet de l’intelligence économique est l’influence.
Une fois l’information collectée et diffusée dans l’entreprise, elle peut être utilisée à l’extérieur pour faire en sorte qu’une personne en charge d’une décision prenne la décision qui est favorable à l’entreprise ou à son environnement.

Prenons tout de suite un exemple. Une entreprise qui installe des antennes relais pour les téléphones portables s’aperçoit via la composante juridique de la cellule de veille qu’une loi interdisant l’installation d’antennes sur les lieux publics va être mise à l’ordre du jour d’une commission de l’assemblée nationale. D’un autre côté la veille scientifique, indique qu’une étude en faveur de l’innocuité de ces antennes vient d’être publiée dans une revue prestigieuse.
Il reste à faire délivrer cette information à la bonne personne par le bon messager.
Le dirigeant va alors charger la cellule d’intelligence économique d’identifier la ou les personnes au sein de la commission qui sera le plus sensible aux arguments de cette publication. Cela peut passer par les sites institutionnels (qui compose la commission), les réseaux sociaux (pour savoir qui connait cette personne, cartographie des acteurs), les blogs ou les sites de micro-blogging (quels sont ces points de vue sur des sujets connexes, etc.).
Une fois le ou les destinataires repérer, il s’agit de trouver le messager le plus efficace.
Bien souvent, l’entreprise n’a pas intérêt à faire savoir que l’information vient d’elle. Elle fait alors appelle à un expert extérieur. Un universitaire avec qui elle a de bonnes relations, un ancien chef d’une entreprise concurrente ou bien fait appel à un cabinet de lobbying.
Si au contraire l’entreprise veut faire savoir qu’elle est derrière cette information alors, elle fait appel à son expert maison sur le sujet. Encore une fois l’intelligence économique intervient. En effet, repérer les experts reconnus par leurs pairs qui sont présents au sein de l’entreprise et les encouragés à étendre leur réseau d’influence demande des connaissances sur le marché, les marchés connexes, que fournit l’intelligence économique.
L’expert va préparer sa visite, il va rédiger un document d’une page qui servira de base à son discours (position paper, rédigé le plus souvent à partir des rapports de le cellule de veille) et se renseigner à son tour sur les sensibilités de son interlocuteur.
Une fois l’entretien (ou les entretiens) terminé, il va faire un retour à son commanditaire qui va utiliser les informations pour alimenter sa base de connaissance.

Cet exemple illustre le rôle de l’intelligence économique dans la stratégie de communication institutionnelle. Néanmoins, les même outils et démarche sont utilisé pour les autres types de communication.
L’influence d’une entreprise est le résultat de toutes ces actions de communication sur le monde extérieur.
L’intelligence économique est donc un poste stratégique.


Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Cours du mastère spécialisé en intelligence économique de l’EISTI
- Définition de Position paper sur ie-lobbying.info : http://www.ie-lobbying.info/wiki/index.php/Position_paper
- Mehdi BEN TABET - « Lobbying économique et influence » - Intelligence économique et E-business – 1 avril 2010 http://ieword.wordpress.com/2010/04/01/lobbying-economique-et-influence/
- François-Bernard Huyghe – « IE et techniques d'influence » – huyghe.fr – 6 avril 2009 http://www.huyghe.fr/actu_256.htm
- AD – « Introduction à l’intelligence économique » - GlobalAnalysis France – 2 janvier 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/01/introduction-lintelligence-economique.html
- AD – « Intelligence économique et nouvelles technologies de l’information et de la communication » - GlobalAnalysis France – 15 avril 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/04/intelligence-economique-et-nouvelles.html
- AD – «Veille, renseignement et intelligence économique » - GlobalAnalysis France – 1 juin 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/06/comme-nous-lavons-vu-la-premiere-etape.html
- AD – « Intelligence économique et gestion des connaissances
» - GlobalAnalysis France – 8 septembre 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/09/intelligence-economique-et-gestion-des.html

Par AD

mercredi 8 septembre 2010

Intelligence économique et gestion des connaissances

Deuxième étape dans l’intelligence économique : la diffusion de l’information.


L’information collectée lors de la phase de veille est analysée, à pour objectif d’être diffusée, c’est là que l’intelligence économique rencontre la gestion des connaissances (knowledge management) que l’on peut synthétiser en une idée : la bonne information à la bonne personne au bon moment.

Le knowledge management (ou gestion des connaissances en français) est une discipline du management qui a pour objectif de percevoir, d'identifier, d'analyser, d'organiser, de mémoriser, et de partager des connaissances entre les membres des organisations, en particulier les savoirs créés par l'entreprise elle-même ou acquis de l'extérieur en vue d'atteindre l'objectif fixé.

L’intelligence décisionnelle (Business Intelligence) est l’activité de collecte, stockage, consolidation, analyse et diffusion de l’information interne à une entreprise (savoir faire transmis entre collaborateurs, informations sur les fournisseurs ou les clients, etc.). Elle utilise le même type d’outils que l’intelligence économique est peut être considéré comme une discipline sœur. Là où l’intelligence décisionnelle s’occupe de l’information interne à l’entreprise, l’intelligence économique s’occupe de l’information extérieure à celle-ci.

Le knowledge management est donc la gestion des informations venant des deux postes transverses d’une entreprise que sont l’intelligence décisionnelle et l’intelligence économique. L’intelligence économique est donc un outil du knowledge management.

Mais on peut également considérer le knowledge management comme un outil de l’intelligence économique. En effet, l’IE fonctionne par le partage des connaissances au sein de l’entreprise. L’information captée et analysée dans le cycle de veille doit être diffusée au décideur au moment où celui-ci en a besoin. Ces informations peuvent être complétées par des informations internes issues d’autres sources que celle de la cellule de veille. Le knowledge management apparait donc à ce moment pour éventuellement ajouter des informations qui seraient jugés importantes.

Deuxièmement, la protection des connaissances de l’entreprise contre les concurrents fait partie des prérogatives de l’intelligence économique. Cette protection est faite au travers de la gestion des connaissances puisqu’elle est une gestion de l’information.


Une entreprise qui veut mettre en place une démarche d’intelligence économique a tout intérêt à mettre en place également des structures d’intelligence décisionnelle (pour savoir ce que l’entreprise possède déjà comme information) et de gestion des connaissances (pour être sur que ces informations sont correctement traités, diffusées et protégées).
L’intelligence économique est une source d’informations. En lui associant, le knowledge management et l’intelligence décisionnelle, elle devient une aide à la décision stratégique.


Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Cours du mastère spécialisé en intelligence économique de l’EISTI
- AD – « Introduction à l’intelligence économique » - GlobalAnalysis France – 2 janvier 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/01/introduction-lintelligence-economique.html
- AD – « Intelligence économique et nouvelles technologies de l’information et de la communication » - GlobalAnalysis France – 15 avril 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/04/intelligence-economique-et-nouvelles.html
- AD – «Veille, renseignement et intelligence économique » - GlobalAnalysis France – 1 juin 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/06/comme-nous-lavons-vu-la-premiere-etape.html


Par AD

mardi 1 juin 2010

Veille, renseignement et intelligence économique

Comme nous l’avons vu la première étape de l’intelligence économique est la veille que l’on peut définir comme l’acquisition de l'information stratégique pertinente.

Ceci se fait selon la méthodologie dite du cycle du renseignement :
- Expression du besoin en information
- Collecte de l’information
- Analyse de l’information collectée
- Diffusion de l’information analysée

L’information diffusée amène de nouvelles questions et donc l’expression d’un nouveau besoin.



Cette méthodologie est utilisée pour tout recueil d’information que ce soit par une cellule d’intelligence économique ou par un service de renseignement étatique. La différence étant dans l’origine de ces informations.
Pour rester dans la légalité, l’intelligence économique ne peut exploiter que des renseignements trouvé dans des sources dites ouvertes ou blanches. Ces sources sont la presse, les sites internet d’informations ou des sociétés, des employés (blog, sites personnels), les informations misent à disposition par les sociétés ou les agences spécialisées (COFACE, agences de notations), les bases de données gratuites ou payantes.
Est considéré comme à la limite de la légalité (source grise) les informations obtenues par ouï-dire ou par entretien non rémunéré avec des experts ou des employés d’une société.
Les services de renseignements étatiques ou illégaux utilisent d’autres moyens comme le vol d’information en pénétrant dans les locaux ou les bases de données de la cible, l’interception de communications (e-mail, courrier, entretien téléphonique) ou encore en convaincant une personne ayant accès aux informations recherchée de leur fournir. Les motifs peuvent être variés mais son souvent regrouper dans l’acronyme anglais MISE (pour Money (argent) Ideology (Ideologie) Sex (sexe) Ego (estime de soi)).


Une fois cette information collectée, il faut l’analyser. Pour cette analyse, il faut faire appel à des spécialistes du sujet qui vont savoir extraire de l’information collectée l’information pertinente et intéressante. A cette étape, le spécialiste peut décider de diffuser ses conclusions ou faire des demandes d’informations complémentaires.
La diffusion de l’information se fait à toutes les personnes concernées par cette information, celles qui en ont fait la demande où celles qui peuvent en avoir besoin. C’est là qu’intervient la notion de Knowledge management (la bonne information à la bonne personne au bon moment).

Une fois cette information utilisée par le décideur, il émet de nouvelles demandes d’information et le cycle reprend.

Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Cours du mastère spécialisé en intelligence économique de l’EISTI
- AD – « Introduction à l’intelligence économique » - GlobalAnalysis France – 2 janvier 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/01/introduction-lintelligence-economique.html
- AD – « Intelligence économique et nouvelles technologies de l’information et de la communication » - GlobalAnalysis France – 15 avril 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/04/intelligence-economique-et-nouvelles.html

Par AD

lundi 31 mai 2010

Gaza : un territoire sous perfusion

Le 29 mai six navires battant pavillon turc et transportant 700 militants pro-palestinien dont des eurodéputés ainsi que 10.000 tonnes d’aide partait de Chypre pour tenter de rallier la bande de Gaza. Le lendemain matin alors que les navires étaient encore dans les eaux internationales des commandos israéliens ont tenté de prendre le contrôle des bâtiments. Ils auraient rencontré une forte résistance et aurait tué une dizaine de personnes et blessé trente autres.

Histoire et géographie

À la fin du conflit israélo-arabe de 1948, la bande de Gaza est occupée par l'Égypte. Le territoire voit l'arrivée d'environ 170.000 réfugiés installés dans huit camps. En 1950, la population est de 254 000 habitants.
En 1956, quand Israël intervient dans la crise du canal de Suez en soutien de l'opération anglo-française contre l'Égypte, l'armée israélienne prend le contrôle de la Bande de Gaza et de la péninsule du Sinaï. Les pressions des superpuissances (États-Unis et Union soviétique) conduisent au retour d'Israël derrière ses frontières de 1949, et au retour de l'administration égyptienne sur Gaza.
Les forces israéliennes envahissent de nouveau Gaza dès le début de la guerre des Six jours (juin 1967), et prennent le contrôle du territoire. Ils installent à leur tour une administration militaire qui durera de 1967 jusqu’à l'avènement de l'Autorité palestinienne en 1994, puis au démantèlement de l'intégralité des blocs de colonies israéliennes en 2005.

Géographiquement, il s’agit d’une bande de terre de 41 km de long sur la côte orientale de la Mer Méditerranée, au Proche-Orient, et porte le nom de sa principale ville, Gaza. D'une largeur de 6 à 12 km, son territoire est entouré au nord, à l'est et au sud-est par l’État d'Israël, et au sud-ouest par l'Égypte. La bande de Gaza a la particularité d'être l'une des zones les plus densément peuplées au monde tout en n'étant juridiquement rattachée à aucun État

Événements récents
Lors de la seconde Intifada, Ariel Sharon, alors premier ministre, ce résout à préparer un plan de désengagement des colonies israélienne à Gaza. Ce plan est validé par la Knesset en octobre 2004 et commence officiellement le 15 aout 2005. Le 17 août 2005, le gouvernement israélien ordonne à l'armée et à la police l'évacuation des quelques 7.000 personnes habitants les colonies juives de la bande de Gaza. Le 22 août 2005, Israël met fin à la colonisation de la bande de Gaza. Le 12 septembre 2005, les troupes israéliennes quittent la bande de Gaza, après 38 ans.
Ce désengagement est revendiqué comme une victoire par le mouvement Hamas de plus en plus populaire dans la bande de Gaza. Les 27 janvier 2005 et 5 mai 2005, le Hamas remportait déjà la majorité des sièges municipaux suite à ses résultats aux premier et second tours des élections locales à Gaza (avec un taux de participation de 85 %). La position prédominante du parti Hamas dans ce territoire fait craindre à certains observateurs, une perte d'influence de l'Autorité palestinienne à l'issue de l'évacuation israélienne. Ces craintes sont avérées par les affrontements fratricides entre le Hamas et le Fatah dans la bande de Gaza en particulier.

En janvier 2006, le Hamas remporte les élections législatives et un de ces membres est nommé premier ministre. La collaboration avec l’appareil politique du Fatah et les relations avec la Cisjordanie sont difficiles. Après des affrontements inter-palestinien, le Hamas sort victorieux et prend le contrôle de la bande de Gaza en juin 2007.

Ces événements sont considérés comme un coup d’état par la communauté international. L’Union Européenne bloque pendant quelques jours les fonds destinés à payer les livraisons de fioul. Ce qui empêche la seule centrale électrique du territoire de fonctionner. Le manque de carburant a également paralysé le traitement des eaux usées et l'approvisionnement en eau. 30.000 m² d'eaux usées non traitées se sont écoulées dans la Méditerranée menaçant alors l'aquifère côtier et endommageant aussi les côtes égyptiennes et israéliennes. En outre, les hôpitaux sont en rupture de médicaments, entraînant la mort de nombreux patients non soignés et empêchant les habitants de bénéficier des traitements de base.
Néanmoins, le bras de fer continue, le Hamas a capturé en juin 2006, Gilat Shalit et les roquettes Qassam tombent sur le sud d’Israël. L’Etat Hébreux renforce le blocus, terrestre, maritime et aérien, jusqu’à déclencher le 27 décembre 2008, l’opération Plomb Durci où Tsahal envahira une partie de la bande de Gaza avec des blindés après avoir bombardé les positions du Hamas.
Lors du cessez-le-feu en le 18 janvier 2009, le bilan s'élève à 1.315 Palestiniens et 13 Israéliens tués ainsi que plus de 5.300 blessés côté palestinien.

Suite au blocus imposé par Israël à la bande de Gaza, la situation humanitaire s'était déjà fortement dégradée. L’« opération Plomb durci » a encore aggravé la situation malgré l'interruption de trois heures accordée par Israël pour permettre à l'aide humanitaire d'accéder sur le terrain. Mais le 8 janvier 2009, l'ONU suspend toutes ses activités à Gaza, mettant en cause l'armée israélienne après qu'elle a bombardé un de ses convois humanitaires et tué un chauffeur. L'organisation demande aussi une extension de l'interruption des trois heures qu'elle juge en l'état insuffisante. Le CICR de son côté accuse Tsahal d'empêcher l'accès des secours aux victimes.

Enjeux géopolitique
La bande de Gaza est un minuscule territoire niché entre le sud d’Israël et le nord de l’Egypte. Selon la vision sioniste, ce territoire au même titre que la Cisjordanie fait partie de l’Eretz Israel (la Terre d'Israël). Mais plus d’un million de réfugié palestinien en 2007 (selon l’UNRWA) Gaza est l’un des territoires les plus densément peuplé de la planète.

L'économie gazaoui est traditionnellement agricole et n'a connu quasiment aucun développement industriel sous l'occupation égyptienne de 1949 à 1967.
À partir de 1967, elle s'est totalement intégrée au marché israélien dont elle est devenue totalement dépendante. Gaza exportait essentiellement des produits agricoles vers Israël mais aussi des produits finis, fabriqués sous licence israélienne. La principale source de revenus restait cependant sa main d’œuvre non qualifiée qui était utilisée dans l'industrie du bâtiment et l'agriculture israélienne.
Suite à la prise du pouvoir par le Hamas en 2007, les bailleurs de fonds internationaux, comme l’Union Européenne, ont cessé les transferts financiers directs aux autorités publiques de la bande de Gaza qui ne sont plus en mesure de payer leurs employés. Le taux de chômage atteindrait en 2007 la barre des 40 %. La fermeture de tous les points de passage depuis 2007 a entraîné une restriction des approvisionnements en provenance d'Israël, qui est l'unique fournisseur. Ainsi, le nombre de camions de livraison s'est réduit de 250 à 45 par jour. Sur les 3.900 fabriques de toute nature recensées en juin 2005, il n'en reste plus que 195 employant seulement 1 750 personnes au lieu de 35.000. D'après un rapport de la Banque mondiale, 95 % de l'activité industrielle a été stoppée.
La bande de Gaza reste totalement dépendante d'Israël pour la fourniture de son électricité et de son carburant, et même si elle dispose de réserves de gaz offshore, elles ne peuvent être exploitées sans accès au marché international

Le trafic via les tunnels creusés sous la frontière avec l'Egypte a joué jusqu'à présent un rôle d'amortisseur mais la construction d'un mur d'acier enfoui en profondeur côté égyptien, officiellement pour empêcher un approvisionnement en armes, menace cette économie informelle que contrôle le Hamas. Il s’agit d’une mesure forte que les Egyptiens ont mis en place pour renforcer l’effet du blocus israélien mais cela

Les restrictions que subit la population palestinienne devraient progressivement diminuer depuis le retrait d'Israël en août 2005. Un accord signé le 15 novembre 2005 doit permettre rapidement l'ouverture plus large du point de passage de Rafah vers l'Égypte. L'Autorité palestinienne s'est engagée en contrepartie à lutter contre les trafics d'armes et l'Union européenne contrôlera la surveillance vidéo de ce poste frontière. Avant la fin de l'année 2005, Israël s'est engagé à permettre une plus grande circulation des biens depuis la bande de Gaza, l'exportation de tous les produits de l'agriculture, et la mise en place de lignes de bus palestiniennes qui traverseraient Israël. Un port à Gaza est également envisagé favorablement par les deux parties.

L'État hébreu affirme vouloir ainsi empêcher le Hamas de renforcer son arsenal, alors qu'il a déjà tiré des milliers de roquettes de l'autre côté de la frontière, mais des responsables onusiens et d'organisations humanitaires estiment que c'est l'économie gazaouite qui en pâtit. L'interdiction d'importer des matériaux de construction empêche ainsi les habitants de réparer les milliers de logement endommagés ou détruits par l'offensive militaire israélienne dans ce territoire à l'hiver 2008-2009.

Analyse et perspective
Depuis la fin de l’opération Plomb Durci, il semble que les mesures du blocus s’allègent de jour en jour. Cela allant de pair avec la baisse du nombre de roquettes tirées vers Israël. Il semble que le Hamas perdent de sa crédibilité auprès des Gazaouis et donc de son pouvoir. Néanmoins, le Fatah n’est toujours pas en position de reprendre le contrôle et il semble que la bande de Gaza glisse vers une sortie de chaos à demi contrôlé.
L’hypothèse d’un retour de Tsahal dans la bande de Gaza n’est donc pas à exclure. Néanmoins, l’erreur originelle a été d’abandonner la bande de Gaza au Hamas en pensant pouvoir l’asphyxier à force de blocus et de fonds non distribués. La communauté internationale a voulu punir le Hamas d’avoir volé le pouvoir au Fatah. Mais durant ces trois ans la population s’est radicalisée ayant eu le sentiment d’avoir été abandonné par ses soutiens internationaux, elle a eu confiance dans le Hamas puis cette confiance s’est étiolé au fur et à mesure que la situation s’aggravait.
Israël attend peut être une sorte de révolution où les gazaouis excédés par la situation chasserait le Hamas du pouvoir.
La communication de l’Etat Hébreux durant la guerre de l’hiver 2008 – 2009 allait dans ce sens. Elle visait à montrer que le Hamas était le responsable de tous leurs malheurs.
La communauté internationale a pleinement joué le jeu mais à néanmoins dénoncer les abus lors de l’invasion de Gaza.

Les évènements de ce matin remettent en question le support de la communauté internationale à Israël. L’attaque a eu lieu dans les eaux internationales et sur des navires battant pavillon turc. Au sens du droit de la mer, il s’agit d’une attaque de l’armée israélienne sur le territoire turc.
Cette attaque intervient au lendemain de la déclaration à l’ONU de mener une conférence sur le Proche-Orient dénucléarisé et la demande faite à l’état Hébreux de signer et respecter le traité de non-prolifération.

Les négociations entre Israël d’un côté, la Turquie, l’Union Européenne, l’ONU de l’autre dans les jours qui suivent vont être décisif pour l’avenir de la bande de Gaza.

Sources

• Wikipédia, l’encyclopédie libre
• The World Factbook, CIA
• « Assaut israélien meurtrier contre la flottille en route vers Gaza », LeMonde.fr LEMONDE.FR avec AFP, Reuters et AP | 31.05.10 | 06h25 • Mis à jour le 31.05.10 | 08h58 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/05/31/assaut-israelien-contre-la-flottille-en-route-vers-gaza_1365247_3218.html#xtor=RSS-3208
• « La flottille internationale fait du surplace avant de rejoindre Gaza », LeMonde.fr LEMONDE.FR avec AFP | 30.05.10 | 09h24 • Mis à jour le 30.05.10 | 13h53 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/05/30/une-flotille-internationale-fait-route-vers-gaza_1365160_3218.html
• « Flottille interceptée pour Gaza - L'abordage meurtrier d'Israël », lePoint.fr Publié le 31/05/2010 à 07:20 - Modifié le 31/05/2010 à 09:57 Le Point.fr http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2010-05-31/proche-orient-flottille-interceptee-pour-gaza-l-abordage-meurtrier-d-israel/924/0/461054
• « Appel à l'intifada après l'assaut meurtrier de la flottille à Gaza », lexpress.fr Par LEXPRESS.fr, publié le 31/05/2010 à 06:39 http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-orient/appel-a-l-intifada-apres-l-assaut-meurtrier-de-la-flottille-a-gaza_895949.html
http://www.unrwa.org/

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