mardi 24 juillet 2012

Indignés israéliens : l'an II

Manifestation en hommage à Moshé Silman, qui s'est immolé par le feu le 14 juillet, à Tel-Aviv le 21 juillet

Il y a tout juste un an nous traitions ici des indignés de Tel-Aviv. Ce mouvement commencé le 14 juillet 2011, aussi appelé la "Révolte des tentes", a culminé le 3 septembre dernier lorsque 450 000 personnes se sont rassemblées à Tel-Aviv pour dénoncer la hausse du cout de la vie, les problèmes de logement et l'accroissement des inégalités sociales. Mais, en octobre 2011, après environ huit semaines de mobilisation, le mouvement s'est essoufflé.

Un an après le début du mouvement, le 14 juillet 2012, Moshé Silman un Israélien de 57 ans s'est immolé par le feu tout en lisant une lettre ouverte au Premier ministre Benyamin Netanyahu qu'il a accusé de "prendre aux pauvres pour donner aux riches". Mort le 20 juillet des suites de ses blessures, il est devenu le symbole des Indignés israéliens.

La manifestation en hommage à sa mort le 21 juillet à rassemblée plus de 2.000 personnes dans les rues de Tel-Aviv et des manifestations plus petites ont eu lieu à Jérusalem et Haïfa.
Depuis le 14 juillet, cinq personnes qui ont tenté de s'immoler pour attirer l’attention sur les problèmes sociaux et une quinzaine d’autres ont menacé de le faire.
Ce geste désespéré n'est pas sans rappeler la mort de Mohammed Bouazizi qui s'était immolé le 17 décembre 2010, lançant le mouvement de protestation en Tunisie contre le régime de Ben Ali, et par extension, ce que l'on appellera plus tard, le "Printemps arabe".


Le Premier ministre Benyamin Netanyahu, cible des manifestant n'est pas dans une situation politique très enviable. Alors qu'il était à la tête de la plus large coalition au pouvoir de l'histoire de l'Etat d'Israël, il a du faire face au départ du parti de centre droit Kadima le 17 juillet 2012. Le parti de Shaul Mofaz entré début mai dans le gouvernement avait permis au Premier ministre de repousser les élections législatives à l'automne 2013, fin de la mandature de la Knesset, et pouvait donc se concentrer sur la politique nationale ainsi que sur le dossier iranien.


Mais le débat sur la loi Tal obligeait la coalition au grand écart.
La loi Tal adoptée en 2002 est la loi, régissant la conscription en Israël. Elle permet aux ultra-orthodoxes israéliens d'échapper au service militaire pour se consacrer à l'étude de la Torah et du Talmud dans les écoles religieuses, les yeshivot (pluriel de yeshivah). Déclarée inconstitutionnelle en février 2012 par la Cour suprême israélienne, cette loi doit être remplacée avant fin juillet, faute de quoi quelque 62 000 jeunes juifs ultra-orthodoxes seront considérés comme déserteurs à partir du 1er aout.
Hors cette loi est considérée comme injuste par une majorité de jeunes Israéliens, choqués par les inégalités devant la conscription. Le 7 juillet 2012, plus de 15 000 personnes ont manifesté dans les rues de Tel-Aviv pour réclamer un service militaire pour tous. Ces manifestations sont la démonstration du fossé qui se creuse entre les ultra-orthodoxes et le reste de la société israélienne.


Malgré le départ de Kadima de la coalition, Benyamin Netanyahu dispose toujours de la majorité à la Knesset. Mais sa marge de manœuvre se réduit de jour en jour. Des élections législatives devraient avoir lieu début 2013 mais les frondes se multiplient à Tel-Aviv symbole d'un malaise qui se fait jour dans la société israélienne.


Sources
- Laure Beaulieu – « Les indignés israéliens face au geste désespéré de Moshé Silman » – Le Monde – 23 juillet 2012 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/07/23/les-indignes-israeliens-face-au-geste-desespere-de-moshe-silman_1737086_3218.html
- Laure Beaulieu – « Les enjeux du débat sur la conscription en Israël » – Le Monde – 18 juillet 2012 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/07/18/les-enjeux-du-debat-sur-la-la-conscription-en-israel_1735103_3218.html
- AD – « Les enjeux de 2012 : les groupes qui vont compter » – GlobalAnalysis France – 28 décembre 2011 http://globalanalysisfrance.blogspot.fr/2011/12/les-enjeux-de-2012-les-groupes-qui-vont.html
- AD – « L’été israélien après le printemps arabe  » – GlobalAnalysis France – 3 aout 2011 http://globalanalysisfrance.blogspot.fr/2011/08/lete-israelien-apres-le-printemps-arabe.html
- AD – « L’été israélien après le printemps arabe : compléments » – GlobalAnalysis France – 18 aout 2011 http://globalanalysisfrance.blogspot.fr/2011/08/lete-israelien-apres-le-printemps-arabe_08.html
http://globalanalysisfrance.blogspot.fr/2011/08/ete-israelien-apres-le-printemps-arabe.html
http://globalanalysisfrance.blogspot.fr/2011/08/lete-israelien-apres-le-printemps-arabe_9325.html

Par AD

lundi 2 juillet 2012

L'Organisation de coopération de Shanghai

Logo de l'OCS
L'Organisation
L'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) est une organisation intergouvernementale régionale asiatique qui regroupe la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan. Elle a été créée à Shanghai les 14 et 15 juin 2001 par les présidents de ces six pays.
A ces six pays membres, il faut ajouter 5 Etats observateurs (l'Afghanistan (2012), l'Inde (2005), l'Iran (2005), la Mongolie (2004) et le Pakistan (2005)) ainsi que 3 Etats partenaires de discussion (la Biélorussie, le Sri Lanka et la Turquie).
Carte des pays de membre de l'OCS
Ses langues officielles sont le russe et le chinois. L'OCS a le statut d'observateur à l'Assemblée générale des Nations unies
Ses buts revendiqués sont de :
  • Renforcer la confiance mutuelle et des relations de bon voisinage entre les États membres ;
  • Faciliter la coopération entre ces États dans les domaines politiques, économiques et commerciaux, scientifiques et techniques, culturels et éducatifs, ainsi que dans les domaines de l’énergie, des transports, du tourisme et de l’environnement ;
  • Sauvegarder la paix, la sécurité et la stabilité régionales ;
  • Œuvrer à la création d’un nouvel ordre politique et économique international, plus juste et démocratique.
Le secrétariat de l’OCS est situé à Pékin. L’autre structure permanente de l’organisation, RATS (Regional Anti-Terrorist Structure, Structure anti-terroriste régionale), est installée à Tachkent (Ouzbékistan).
 
Histoire
L'OCS a pour origine un groupe informel sans structure administrative permanente connue sous le nom des « 5 de Shanghai » (« Shanghai Five ») (dit aussi « Groupe de Shanghai »), qui avait été créé en 1996 lors de la signature d'un traité à Shanghai.
Il avait pour but d’améliorer les relations entre membres : régler les problèmes de frontière sur l’ancienne frontière sino-soviétique, faciliter la coopération économique.
Né dans la foulée du bouleversement géopolitique entraîné par la disparition de l'URSS et la création de républiques autonomes en Asie centrale, le Groupe de Shanghaï répondait notamment à l'inquiétude de la Chine de l'influence non contrôlée de pays comme le Kazakhstan et le Kirghizstan dans la province du Xinjiang.
L’organisation est formalisée par le traité de 2001, concomitant à l'extension à un sixième pays, l'Ouzbékistan. Ses institutions sont créées en 2002 : Charte, fondation du RATS.
En 2004, la Mongolie est devenue membre observateur de l'OCS. En 2005, l'Inde, l'Iran et le Pakistan le sont également devenus. Ce statut a été refusé aux États-Unis et au Japon. En 2009, la Biélorussie et le Sri Lanka deviennent des partenaires de discussion.
 
Enjeux géostratégiques
L'OCS rassemble le pays le plus vaste du monde (la Fédération de Russie) et le plus peuplé (la Chine).
Les membres de l'OCS regroupent 20 % des ressources mondiales de pétrole, 38 % du gaz naturel, 40 % du charbon, et 50 % de l'uranium.
Parmi les différentes forces militaires mobilisables, on trouve notamment :
  • Russie : 1,1 million d'hommes, 10 000 ogives nucléaires, 70 sous-marins ;
  • République populaire de Chine : 2,25 millions d'hommes, 402 ogives nucléaires, 70 sous-marins.
Pour l'année 2006, les dépenses militaires des pays membres de l'OTAN s'élèvent à 796,7 milliards de dollars contre officiellement 85 milliards pour l'OCS (dont 49,5 milliards pour la Chine et 34,7 milliards pour la Russie).

Objectifs géopolitiques
L'OCS a été créée en juin 2001, mais ces institutions n'ont été mise en place qu'en 2002, hors c'est à cette époque que l'OTAN et en particulier les USA ce sont installés en Asie centrale pour combattre Al-Qaïda et les Talibans en Afghanistan. Ainsi la création des RATS peut être perçue comme un moyen de contrebalancer l'influence de l'Occident dans l'ère d'influence de l'URSS.
L'OCS s'est ensuite consacré à des tâches de coordination sécuritaire entre ses membres : exercices militaires communs, entrainement de forces spéciales. La Chine et la Russie sont préoccupées par les "menaces internes" que sont "l'islamisme, le terrorisme et le séparatisme".
Le sommet de Pékin, les 6 et 7 juin 2012, était placé sous le signe économique. La Chine a, en effet, annoncé accorder aux pays membres 10 milliards de dollars de nouveaux prêts ainsi que des aides pour l'Afghanistan à la hauteur de 150 millions de yuans (18 millions d'euros) cette année.
L'Afghanistan est d'ailleurs au cœur des préoccupations de l'organisation puisqu'il est prévu que l'OTAN se retire en 2014 d'un pays toujours pas stabilisé. Le rôle que pourrait alors jouer l'OCS est encore à définir.
Selon Hu Jintao l'OCS doit être "forteresse de sécurité et de stabilité et une force motrice du développement économique et régional". Le président chinois en même temps qu'il cherche a rassurer ses partenaires régionaux veut dédramatiser la perception que les occidentaux ont de l'OCS.

Mais l'OCS n'a pas encore atteint un niveau de maturité suffisant pour satisfaire pleinement ses pays membres.
La Russie est engagée par ailleurs dans deux autres initiatives : la Communauté Economique Eurasiatique, qui met en place une union douanière et un espace économique commun entre Russie, Kazakhstan et Biélorussie, Kirghizistan et Tadjikistan, et l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) qui regroupe en outre l'Ouzbékistan et l'Arménie.
Un diplomate européen en mission au sommet de Pékin déclarait au Monde : "Il ne faut pas oublier que les Russes et les Chinois se sont mis ensemble dans l'OCS pour se surveiller l'un l'autre. En outre, il y a le jeu avec l'Inde, à laquelle Moscou fournit également des armes : entre les trois existe une dynamique dans laquelle chacun se méfie d'une alliance possible entre les deux autres".
Ainsi le manque de confiance réciproque entre les deux partenaires principaux de l'OCS la condamne à ne jouer qu'un rôle mineur en terme de politique internationale. La Chine est préoccupée par sa croissance économique et les troubles intérieurs qui découlent des disparités économiques là où la Russie semble plus concernée par la restauration de sa puissance régionale.

L'OCS reste une organisation régionale importante et pourrait devenir le centre de décision politique des pays d'Asie centrale sur les questions du Moyen-orient (crises en Syrie et en Iran) et sur les questions énergétiques (l'Asie centrale est en effet fondamentale pour l'acheminement des hydrocarbures vers l'Asie).

Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- The World Factbook, CIA
- Brice Pedroletti – « Le sommet de Pékin dévoile les ambitions et les limites de l'OCS » – LeMonde.fr – 11 juin 2012 http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2012/06/09/le-sommet-de-pekin-devoile-les-ambitions-et-les-limites-de-l-ocs_1715710_3216.html

Par AD

lundi 14 mai 2012

Israël et Azerbaïdjan : une nouvelle alliance contre l’Iran


Carte présentant Israël en vert et l'Azerbaïdjan en orange
Israël en vert et l'Azerbaïdjan en orange

Au Moyen-Orient la crise iranienne évolue :
- Le 6 mai 2012, a eu lieu le second tour des élections législatives en Iran, la majorité des élus soutient le guide Ali Khamenei. Mais ces résultats ne permettent pas de discerner le rapport de force entre partisans et opposants au président Ahmadinejad.
- Courant avril 2012, les États-Unis ont déployés des chasseurs furtifs F-22 sur la base d’al-Dhafra, aux Émirats arabes unis.
- En Israël, le parti de centre droit Kadima est entré, début mai, dans le gouvernement de Benjamin Netanyahou.
Ce gouvernement d'union nationale met fin, avant même qu'elle est commencée, à la campagne pour les élections législatives qui auront donc lieu à l'automne 2013. Cela laisse donc à Benjamin Netanyahou tout loisir de s'occuper de la crise iranienne. Dans ce cadre, l’État hébreu renforce ces partenariats stratégiques en préparation d’une éventuelle intervention militaire en Iran. C’est le cas en particulier avec l’Azerbaïdjan.


Rappel historique
La République d'Azerbaïdjan est un pays du Caucase situé sur la ligne de division entre l'Europe et l'Asie. Sa capitale est Bakou, le pays est sorti de l'Union des républiques socialistes soviétiques en 1991. La majorité de sa population est à majorité musulmane (85 % de chiites). Le pays est richement doté en hydrocarbures, mais sans réelle aura géopolitique.

Les relations entre Israël et l’Azerbaïdjan commencent à l’indépendance du pays de l’URSS. Le 25 décembre 1991, Israël est l’un des premiers pays à reconnaître l’indépendance de la République d'Azerbaïdjan. Le 7 avril 1992, les deux pays établissent des relations diplomatiques.
En août 1997, la visite à Bakou du Premier ministre israélien de l’époque Benjamin Netanyahou relance les relations entre les deux pays. Depuis lors, Israël et a resserré ces liens avec l'Azerbaïdjan. L’armée israélienne aurait aidé l’armée azérie à se moderniser.
En 2009, le président azéri Ilham Aliyev rencontre son homologue israélien Shimon Peres. Cette même année un mémo diplomatique américain rendu public par Wikileaks, révèle que le président azéri aurait comparé les relations de son pays avec l’État hébreu étaient « comme un iceberg, neuf dixièmes se situent sous la surface ».
En 2010, Ilham Aliyev a publié un décret rendant obligatoire pour tous les étrangers voulant visiter le pays de se faire délivrer un visa dans les consulats et non plus dans les aéroports comme précédemment. Les citoyens turcs et israéliens sont les seuls ne pas être concernés par cette mesure.

Contexte géopolitique
Depuis 2.500 ans vivent en Azerbaïdjan les Juifs des montagnes. Il s’agit d’une population juive se réclamant descendant des Juifs exilés à Babylone après la chute du Temple de Jérusalem 586 avant l’ère courante. De 1970 à 1990, la majorité des Juifs des montagnes émigra principalement en Israël. Aujourd’hui, il y a environ 12.000 Juifs des montagnes qui vivent en Azerbaïdjan principalement à Bakou.

Mais le pays est avant tout un pays chiite (93,4 % de la population est musulmane, dont environ 85 % de chiites et 15 % de sunnites) et face à l'Iran qui cherche à rassembler le monde chiite autour de lui, l'ancienne république soviétique est frondeuse. En effet, l'Azerbaïdjan est un État laïc à régime politique fort (les dernières élections présidentielles de 2003 n'ont pas été jugées démocratique par l'OSCE) et ces gouvernants voient d'un mauvais œil la volonté de l'Iran d'exporter la révolution islamique dans le pays.

En février 2012, Bakou a conclu avec Israël un contrat d’armement d’une valeur de 1,6 milliard de dollars pour la fourniture de drones et de systèmes antimissiles. Dans le même temps les relations avec Téhéran se sont dégradées. L’Iran a accusé l’Azerbaïdjan d’avoir soutenu des équipes d’assassinats ciblés formées par Israël et visant les scientifiques du programme nucléaire iranien.
Bakou de son coté a annoncé, en mars, avoir arrêté 22 individus pour espionnage pour le compte de l’Iran. Ils auraient été chargé par les Gardiens de la Révolution Iranienne de « commettre des actes terroristes contre les ambassades des États-Unis, d’Israël et d’autres États occidentaux ».
Mais ce rapprochement avec Bakou est stratégique pour Jérusalem, l’Azerbaïdjan a en effet 611 kilomètres de frontière avec l’Iran et possède une base aérienne à seulement 550 kilomètres de la frontière iranienne.

Enjeux géostratégiques
Le principal problème d’une attaque aérienne israélienne sur l’Iran est la distance entre les deux pays. En effet, plus la distance est grande plus les appareils doivent emporter de carburant et ce au détriment des munitions. L’accès de l’aviation israélienne à une base aérienne en Azerbaïdjan permettrait aux chasseurs-bombardiers israéliens F-15I et F-16I de ne pas avoir à faire le trajet retour vers Israël mais simplement de se poser en Azerbaïdjan après des frappes contre les infrastructures nucléaires iraniennes. Emporter moins de carburant signifie pouvoir emporter plus de bombes et donc de frapper plus efficacement.
Or, l’Azerbaïdjan dispose d’un aérodrome à Sitalcay à 550 kilomètres de la frontière iranienne et 70 km de Bakou.

Il reste peu probable que la base serve de « porte-avions » à Israël puisque le ministre de la défense azerbaïdjanais, Safar Abiyev, a déclaré le 13 mars 2012 lors d’une visite à Téhéran : « Nous n'autoriserons personne à utiliser notre sol et notre espace aérien contre la République islamique d'Iran, dans la mesure où nous considérons l'Iran comme un ami et un frère. »
Néanmoins, un officier du renseignement américain envisage que Tsahal y installe des hélicoptères qui pourraient mener des missions de recherche et d’assistance de pilote éventuellement perdu en territoire iranien.
Il est également possible que l’Azerbaïdjan serve de base pour les drones israéliens pour la reconnaissance avant une attaque ou pour l’observation de résultat de celle-ci.


Les relations entre Israël et l’Azerbaïdjan sont anciennes. Elles ont connu une nouvelle période faste lorsque Tel-Aviv s’est brouillé de son allié turc en 2010. La montée en puissance dans les relations internationales de Téhéran contrarie Bakou. Israël profite donc de la situation pour mettre la pression sur l’Iran. Et ce d’autant plus que débarrassé des contraintes électorales et fort d’un gouvernement d’union nationale Benjamin Netanyahou peut négocier en position de force avec les États-Unis où la campagne présidentielle va commencer.

Sources :
- Wikipédia, lencyclopédie libre
- The World Factbook, CIA
- Jacques Benillouche – « Israël se dote d'un gouvernement d'union nationale » – Slate.fr – 8 mai 2012 http://www.slate.fr/story/54703/israel-gouvernement-union-nationale-netanyahou
- Aymeric Janier – « Israël-Azerbaïdjan : le nouveau front anti-iranien ? » – LeMonde.fr – 5 avril 2012 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/04/05/israel-azerbaidjan-le-nouveau-front-anti-iranien_1679972_3218.html
- Mark Perry – « L'Azerbaïdjan, le terrain d’atterrissage secret d’Israël » – Slate.fr – 30 mars 2012 http://www.slate.fr/story/52415/israel-iran-azerbaidjan-guerre


Par AD

mercredi 9 mai 2012

Vers une résurgence du Sentier Lumineux ?


Logo du Sentier Lumineux
Logo du Sentier Lumineux


Dénomination :
Le Sentier Lumineux dont le nom complet est Partido Comunista del Peru - Sendero Luminoso (parti communiste du Pérou – Sentier Lumineux) a été fondé en 1960. Il a participé au conflit armé des années 1980 et 1990 au Pérou, qui a fait 70 000 victimes. L'organisation est placée sur la liste officielle des organisations terroristes du Canada, des États-Unis d'Amérique et de l'Union européenne.

Cette organisation, comme d’autres partis communistes péruviens, s'attribue le titre de Parti Communiste du Pérou. On différencie généralement ces différentes organisations par le nom de leurs publications. Le journal publié par le mouvement reprenait à sa Une une citation de José Carlos Mariátegui, le fondateur du premier Parti communiste péruvien :
« Le marxisme-léninisme ouvrira le sentier lumineux jusqu'à la révolution (en espagnol : El Marxismo-Leninismo abrirá el sendero luminoso hacia la revolución) »

Origines :
Le Sentier Lumineux apparait au Pérou dans les années 1960 suite à la rupture entre l’URSS et la Chine communiste. Le parti communiste du Pérou se divise et le mouvement choisit alors la voie maoïste. A la fin des années 1960, la révolte amérindienne, les oubliés de la réforme agraire de 1969 et les étudiants paysans qui sortent de l’université avec un diplôme inutilisable en raison de la ségrégation raciale et linguistique forment la base du mouvement.
Le Sentier Lumineux s'est développé en premier lieu dans l'Université Nationale de San Cristóbal de Huamanga dans la ville d'Ayacucho autour d’Abimael Guzmán alors professeur de philosophie dans cette même université.

Il développe un type de guérilla basé sur la doctrine de Mao Zedong. Cette stratégie consiste à ouvrir des zones de guérilla dans lesquelles ces guérillas peuvent opérer, en expulsant de ces zones les forces étatiques pour créer des zones libérées, qui sont alors utilisées comme soutien aux nouvelles zones de guérilla jusqu'à ce que le pays se convertisse en une grande zone libérée.

Les années 1980-1990 :
Le 17 mai 1980, la veille des élections, le Sentier Lumineux brûle des urnes dans le village de Chuschi, dans la province d'Ayacucho. Cette action est le premier acte de guerre du groupe. Cependant, les auteurs sont rapidement arrêtés et d'autres urnes remplacent celles brûlées. Les élections se déroulent sans incidents majeurs et l'action reçoit peu d'attention de la part de la presse péruvienne.

Progressivement, le Sentier lumineux commet des attaques beaucoup plus violentes ciblées sur la police nationale. En 1981, le président péruvien Fernando Belaúnde Terry déclare l’état d'urgence et ordonne que l'armée lutte contre le Sentier lumineux. Les droits constitutionnels sont suspendus pendant 60 jours dans certaines provinces.
L’État péruvien met sur place des organisations communales d'auto-défense, les Rondas Campesinas, afin d'enrayer la guérilla communiste.

En décembre 1981, L'armée établit la zone d'urgence d'Ayacucho, laquelle est constamment renforcée par les autorités afin de lutter contre les sendéristes. En réponse à un massacre de paysans par l’armée, le Sentier Lumineux se met à massacrer des paysans fidèles au régime à son tour.
Mais les attaques du Sentier Lumineux ne se limitent pas aux territoires ruraux, des attentats à la bombe sont organisés dans Lima.
La population civile fait les frais de cette guerre, prise entre la violence terroriste de la guérilla et la violence contre-terroriste de l’État.

En 1991, le Sentier Lumineux contrôle une grande partie des campagnes du centre et du sud du Pérou et est bien implantée dans les faubourgs de Lima.

Carte de l'activité du Sentier Lumineux de 1981 à 1990
Carte de l'activité du Sentier Lumineux


Le 12 septembre 1992, un coup dur est porté à la guérilla - fondée sur le culte de la personnalité - par l’arrestation de son chef fondateur Abimaël Guzman et de plusieurs autres dirigeants.
Privée de cellule dirigeant l'organisation s'est rapidement divisée en divers fronts régionaux sous les ordres de plusieurs commandants, dont beaucoup s'affrontaient entre eux.

En 2001, le gouvernement péruvien met en place la Commission de la Vérité et de la Réconciliation (CVR) pour investiguer la violence des terroristes mais également à analyser les racines profondes de cette violence et a enquêté sur la répression militaire contre ces mouvements terroristes. Le rapport a été rendu public en 2008. La guérilla opposant les militaires péruviens au Sentier Lumineux a fait plus de 69 000 victimes entre 1980 et 2000. Le gouvernement péruvien a évalué le coût économique des activités terroristes du Sentier Lumineux à plus de 16 milliards de dollars, l'équivalent de la dette extérieure du pays, dont le service absorbait un tiers des devises provenant des exportations (pêche, cuivre, zinc, argent, notamment).

Depuis 2003, vers une résurgence ?
La tendance Proseguir (Poursuivre) du Sentier Lumineux a refusé l'accord de paix proposé par Guzmán en 1993 depuis sa prison. Le mouvement s’est donc poursuivi de manière plus clandestine en s’alliant notamment avec les narcotrafiquants.
Depuis le début des années 2000, le mouvement tente de redorer son blason idéologique en promouvant une guerre populaire qui a en fait pour but le contrôle des routes de la drogue.

En août 2008, le gouvernement lance contre le Sentier Lumineux une vaste opération, la plus grande des dix dernières années. Le chef de l’armée admet que le Sentier lumineux pourrait compter jusqu’à 600 membres, le double de ce que les autorités reconnaissaient jusqu’à présent. Selon plusieurs enquêtes, le mouvement s’est transformé en un groupe de narcotrafiquants à partir de juillet 1999. Dans un premier temps, il assurait la sécurité des mochileiros, ces jeunes chargés du transport de la cocaïne, et des planteurs de coca. Après avoir reçu des renforts, en 2003, les membres du Sentier lumineux ont enlevé 71 travailleurs de la société argentine Techint (relâchés trente-six heures plus tard). Par la suite, leurs actions ont eu des objectifs plus économiques que politiques. Le Sentier Lumineux a aussi commencé à participer à toute la chaîne de production de la coca, en incitant les paysans à délaisser les plantations légales pour devenir ses fournisseurs. L’argent de la drogue a servi à financer ses achats d’armes, la solde de près de 200 dollars versée aux hommes ainsi que leurs uniformes.

Le 11 avril 2012, le Sentier Lumineux a enlevé 36 ouvriers de la société suédoise Skanska et d'une entreprise péruvienne. Le gouvernement a décrété l’état d’urgence ce qui lui permet de faire appel à l’armée pour aider la police. Le 14 avril, les otages étaient libérés et le 27 avril, la guérilla tuait trois soldats et en blessait deux autres.
Le mouvement est donc toujours actif. Sa possible alliance avec les FARC de Colombie pourrait, si elle se renforce, créé un mouvement de déstabilisation de la région.

Sources :
- AFP – « Pérou/Sentier Lumineux : 3 soldats tués » – LeFigaro.fr – 28 avril 2012 http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/04/28/97001-20120428FILWWW00268-perousentier-lumineux-3-soldats-tues.php
- Le Monde.fr avec AFP – « Pérou : état d'urgence après la prise d'otages d'ouvriers par le Sentier lumineux » – LeMonde.fr – 11 avril 2012 http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/04/11/perou-etat-d-urgence-apres-la-prise-d-otages-d-ouvriers-par-le-sentier-lumineux_1684036_3222.html
- Le Monde.fr avec AFP – « Pérou : état d'urgence après la prise d'otages d'ouvriers par le Sentier lumineux » – LeMonde.fr – 11 avril 2012 http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/04/11/perou-etat-d-urgence-apres-la-prise-d-otages-d-ouvriers-par-le-sentier-lumineux_1684036_3222.html
- Le Monde.fr avec Reuters – « Le chef du Sentier lumineux grièvement blessé dans la jungle péruvienne » – LeMonde.fr – 12 février 2012 http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/02/12/le-chef-du-sentier-lumineux-retrouve-mort-dans-la-jungle-peruvienne_1642344_3222.html
- Ruth Costas – « Le Sentier lumineux renaît de ses cendres » – O Estado de São Paulo (traduit par Courrier International) – 28 mars 2009 http://www.courrierinternational.com/article/2009/05/28/le-sentier-lumineux-renait-de-ses-cendres


Par AD

vendredi 27 avril 2012

Question de lecteur : la gouvernance de l'Union européenne


Nous publions aujourd'hui notre 100ème billet et nous fêtons les quatre ans d’existence de ce blog. Notre profitons de cette occasion pour inaugurer notre série d'articles Questions de lecteur. Vous avez la parole, poser vos questions sur les thèmes traités dans ce blog et nos rédacteurs vous répondrons. Pour proposer vos questions écrivez à l'adresse suivante : globalanalysisfrance@gmail.com.

Dans ce premier article nous répondons aux questions d’un lecteur sur la gouvernance de l’Europe.
AD est co-créateur et rédacteur en chef du blog GlobalAnalysis France. Il est spécialiste des institutions internationales.
JS est co-créateur et auteur du blog GlobalAnalysis France. Il est spécialiste de l’Union européenne.

Question 1 : Quelles sont les raisons de cette difficulté à gouverner à 27 ?
La difficulté de gouvernance a deux origines. D'une part, la multiplicité des instances supranationales en Europe.  Et d'autre part, le traité de Lisbonne qui paradoxalement en voulant rendre l'Union européenne plus démocratique a dilué les voix, déconcentré les pouvoirs et à donc rendu l'Union plus difficile à gérer.




Premièrement, il faut considérer le nombre d'organisations supra-étatiques, le nombre de traités différents qui existe dans l'Europe physique et dans l'Union européenne. Dans l’espace européen on peut décompter l’espace Schengen, la zone euro, l’Union européenne, l’Union douanière européenne, l’Espace économique européen, le Conseil de l’Europe et on pourrait ajouter l’OTAN. Tous les pays de cet espace ne participent pas forcément aux mêmes traités et seuls 14 pays sur les 27 de l’UE et 47 du Conseil de l’Europe sont adhérents à tous les traités. Une telle fragmentation entraine forcément des intérêts politiques divergents.

Deuxièmement, le traité de Lisbonne. Le traité de Lisbonne instaure l’indépendance de la présidence Conseil européen par rapport à la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne. Les chefs d’États et de gouvernements ne se rassemblent donc plus sous la même présidence que celle sous laquelle se rassemblent leurs ministres.
Le traité de Lisbonne renforce le pouvoir du Parlement européen et place la Commission européenne responsable devant celui-ci et non plus devant le Conseil européen ceci mène à un renforcement du rôle du parlement et donc à une dilution des pouvoirs.
Le traité de Lisbonne instaure pour 2014 le système de double majorité qui fait que les décisions législatives pour être adoptées doivent recevoir 55 % des suffrages des membres du Conseil représentant au moins 15 États et au moins 65% de la population de l'Union.


Question 2 : Est-il plus préférable de se concentrer sur le partenariat économique plutôt que politique ?
Depuis l'époque de la CECA, la construction européenne se fait par des partenariats économiques. Les élargissements successifs ont été tirés par la croissance. D'abord celle des 30 glorieuses, puis à partir des années 1990 par la fin de l'URSS. Cette ouverture à l'Est a été principalement le fait de l'Allemagne dans la continuité de l'Ostpolitik de Willy Brandt. Aujourd'hui, la plupart des pays de l'Union européenne sont à croissance nulle ou très faible. Le moteur de l'Union est à l'arrêt. Avant de le relancer, il faut peut-être se poser la question de la route que l'Union veut prendre et avec qui.

Question 3 : Un modèle de gouvernance harmonieux est il envisageable ? Est-il envisageable sans remettre en question la souveraineté des états membres ?
La crise des dettes de la zone euro a montré les limites de la gouvernance actuelle. Deux directions s'offrent aux pays de l'Union :
·         soit un fédéralisme complet sur le modèle des USA ou de l'Allemagne. Ce qui implique une volonté profonde d’harmonisation des systèmes politiques et économiques.
·         soit une alliance moins contraignante avec un retour d’une majeure partie des compétences économiques au niveau national ce qui implique de renoncer à la monnaie unique.

Quelque soit la direction choisie, la décision doit se prendre à 27 et c’est là que toute la difficulté réside. Aux vues des difficultés de prendre des décisions d’urgence concernant la zone euro, on peut se demander combien de temps il faudra pour prendre une décision de fond à 27. Mais continuer comme si de rien n'était ne semble guère possible.

mardi 17 avril 2012

Les think tanks : influencer la politique

L'organisation de la campagne présidentielle française de 2012 a fait apparaître au grand jour un nouveau type d’acteur : les think tanks.
Le candidat ou la candidate est avant tout une personnalité, un orateur, un contradicteur.
Le parti est une machine à gagner les élections fournissant des soutiens célèbres (les ténors) et anonymes (les militants), fournissant les supports de campagnes (tracts, affiches, sites internets, listes de sympathisants, etc.).
Les think tanks sont des générateurs d’idées. Dans ces temps où chaque jour doit voir fleurir une nouvelle proposition du candidat pour ne pas disparaître des écrans médiatiques, ces institutions génèrent un flot continu d'analyse, d'opinions et de recommandations dans lesquels les partis vont piocher pour alimenter le candidat ou la candidate. 
 
Définition :
Un think tank, ou laboratoire d’idée, est une institution privée le plus souvent indépendante des partis politiques réunissant des experts pour produire des études ou des propositions dans les domaines liés aux politiques publiques. Ils sont composés de chercheurs (universitaires ou privés), des anciens hommes (ou femmes) politiques, des dirigeants (hauts fonctionnaires, cadres supérieurs d'entreprises
En 2010, il y avait 6480 think tanks dans le monde. La création de think tanks a été très forte de la fin des années soixante au début des années 2000. Les États-Unis restent le pays qui compte le plus de think tanks, il y en aurait 1.100. La Grande-Bretagne compte 278 think tanks et il y en aurait environ 200 en France.
Les think tanks sont financés en majorité par des entreprises privées ainsi que par des particuliers. Les modes de financements de ces institutions ne sont pas toujours clairement identifiables et de cette opacité découle une certaine méfiance, en particulier en France.
 
Les think tanks proches des partis
En France, la tradition des clubs de réflexion a amené des think tanks marqués politiquement. A gauche, on peut citer Terra Nova, la Fondation Copernic et la Fondation Jean-Jaurès (FJJ). A droite, l'Institut Montaigne, la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol), l'Institut français pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques (IFRAP).
Ainsi la primaire socialiste a été inspirée par Terra Nova, la « règle d'or » budgétaire par Fondapol, la charte de la diversité à l'Institut Montaigne. Les deux principaux partis français, le Parti Socialiste (PS) et l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP) organisent des structures pour communiquer avec les think tanks de leur bord politique.
 
Les think tanks dinfluence
Un deuxième type de think tank est celui qui est spécialisé dans un domaine précis. Dans ce cas, son rôle ne se limite pas à conseiller les hommes politiques, il se veut également pédagogique. Il dépêche alors des experts dans les médias pour commenter les décisions ou les annonces politiques, il publie des rapports, organise des débats, chiffre les programmes économiques. C'est le cas en France de l'Institut Français des Relations Internationales (IFRI), de l'Institut des Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R), de la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS) par exemple dans les relations internationales et de l'Institut de l’entreprise dans le monde économique.
Mais les think tanks sont tributaires des intérêts privés. En effet, leurs donateurs cherchent à influencer les débats, à encourager une personnalité. Les financements viennent d'entreprises, de fondations politiques, de gouvernements étrangers, d'hommes d'affaires qui ont un message à faire passer et qui financent les instituts en fonction de ce message.
Ainsi les think tanks sont un outil d'influence par eux-mêmes (faire avancer les idées qui ont germées en interne) mais également un relais d'influence.
 
Conclusion
L'accélération de la communication politique, couplée à la complexification des sujets politiques a amené à l'apparition des think tanks. Ils sont le lien entre le monde de la recherche en sciences politiques ou sociales et le monde politique. Mais ces laboratoires d'idée sont également des outils d'influence.
Ils ne restent pas moins des sources d'information utiles aux journalistes et analystes politiques de part leur qualité et leur facilité d'accès notamment dans le domaine de la géopolitique et des relations internationales.
 
Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Célia Bass – « Peut-on considérer un discours politique comme un argumentaire de vente ? » – La boite à idée – 16 avril 2012 http://marketthinking.blogspot.fr/2012/04/peut-on-considerer-un-discours.html
- Corine Lesnes – « Aux Etats-Unis, 1 100 cercles de réflexion, dont 80 ont un budget supérieur à 10 millions de dollars » – Le Monde – 7 janvier 2012 http://www.lemonde.fr/journalelectronique/donnees/protege/20120107/html/830655.html
- Gérard Courtois – « Les think tanks, des idées en l'air » – Le Monde – 7 janvier 2012 http://www.lemonde.fr/journalelectronique/donnees/protege/20120107/html/830658.html
- Weronika Zarachowicz – « L’influence des think tanks, cerveaux des politiques » – Télérama – 16 décembre 2011 http://www.telerama.fr/idees/l-influence-des-think-tanks-cerveaux-des-politiques,76047.php
- Mounia Ben Aïssa – « Think Tanks: Influence ou Ingérence? » – France24 – 12 janvier 2010 http://www.france24.com/fr/20100111-think-tanks-influence-ing-rence-0

Par AD

jeudi 29 mars 2012

Un cyber-conflit israélo-arabe ?



serveur

Après s'être combattu six fois (la guerre de 1948, la guerre de Suez en 1956, la guerre des Six Jours en 1967, la guerre du Kippour en 1973, la première guerre du Liban en 1982, et la seconde guerre du Liban en 2006) les pays arabes et Israël se combattent maintenant dans le cyberespace.

En juin 2006, un groupe de hackers arabes aurait piraté les sites internet de deux banques et d’un centre médical israélien, en représailles à l’opération militaire "Pluie d’été" lancée dans la bande Gaza pour retrouver le soldat israélien Gilad Shalit capturé trois jours plus tôt.

En juin 2010, le virus Stuxnet s'attaque au systèmes de contrôles de différent sites liés au programme nucléaire iranien. La complexité du ver étant très inhabituelle pour un malware, il a été décrit par différents experts comme une cyber arme, conçue pour attaquer une cible industrielle déterminée. L'Iran a donc montré du doigt les services de renseignement américains et israéliens. Sans faire parti a strictement parler du conflit israélo-arabe, cette action s'inscrit plutôt dans une guerre froide entre Israël et Iran, cette attaque est néanmoins la première attaque informatique attribuée à l’État hébreu.

Lors du mois de janvier 2012, des hackers arabes ont lancé une suite d'attaques contre les sites internet des cinémas, des journaux israéliens, de la bourse de Tel-Aviv, de la compagnie nationale aérienne El Al ainsi que de banques. Oxomar, qui se présente comme un hacker saoudien de 19 ans, aurait divulgué les données de plus de 20.000 cartes bancaires israéliennes. Il a indiqué à des journalistes de Ynet, le site internet du principal quotidien israélien Yedioth Ahronoth que son but était "d'infliger des dégâts financiers et sociaux en Israël pour venger les attaques et les meurtres d'innocents palestiniens". Ce aurait pu rester une cyber-Intifada s'est transformé en conflit israélo-arabe quand des hackers pro-israéliens nommés "Hannibal Lecter" et "IDF-TEAM" ont répliqués avec les mêmes armes. Ainsi "Hannibal Lecter" aurait piraté les comptes e-mails et Facebook de 30 millions d'arabes dans le monde. Les hackers israéliens "IDF-TEAM" auraient mis hors service les sites des Emirats arabes unis et celui de la Banque centrale palestinienne.

En 2011, le gouvernement israélien a mis en place un commandement cybernétique chargé de centraliser toutes les données liées à la lutte contre les cyber-attaques. En effet, selon une estimation de Isaac Ben Israël, chef du conseil national pour la recherche et le développement, et ancien conseiller de la cyber-sécurité auprès du Premier ministre Benjamin Netanyahou, Israël serait sujet à au moins 1.000 cyber-attaques par minute.

Début 2012, l'armée israélienne à recruté près de 300 experts pour former une unité spécialisée dans la cyber-défense. Baptisée C41, elle vient en complément de l'Unité 8200 des renseignements militaires, l'Aman, spécialisée dans le  renseignement d'origine électromagnétique et du déchiffrement de code.
Ces deux structures sont chargées de la protection des équipements et réseaux électroniques de Tsahal ainsi que ceux des services de renseignement et des autres infrastructures jugées sensibles. L’une des principales inquiétudes de l’armée israélienne est la possibilité pour un ennemi de pirater le réseau militaire pendant une guerre.

L'éditeur d'anti-virus McAfee a montré qu'Israël est le pays le plus prêt à parer à une cyber-attaque sur les 23 pays couvert par l'étude. D'un point de vue légal, une loi assimilant les cyber-attaques à du terrorisme devrait être votée prochainement au Parlement israélien.
Mais Israël, n'est pas le seul État a se préoccuper des menaces informatiques, l’Iran aurait investi 1 milliard de dollars pour développer sa technologie dans le domaine de la cyber-guerre.
En effet, autant la supériorité militaire de l’État hébreu sur ses voisins arabes a été démontrée au cours des 60 ans d'existence du pays autant dans le cyberespace tout reste à faire. Les cyber-attaques qui visent Israël sont effectuées par des hackers qui agissent à titre individuel ou en petits groupes. Leurs motivations sont politiques mais ils ne semblent pas pour l'instant vouloir attaquer d'infrastructures critiques. Les représailles des hackers israéliens sont donc du même ordre.
Les évènements récents ont montrés qu'Arabes et Israéliens semblent faire jeu égal pour l'instant. Mais il ne s'agit pour l'instant que d'une cyber-Intifada et non pas d'une cyber-guerre.


Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Kristell Bernaud – « Les pirates de la nouvelle guerre israélo-arabe » – Slate.fr – 26 mars 2012 http://www.slate.fr/story/52101/israel-palestine-cyberguerre-hackers-stuxnet-duqu
- Adrien Jaulmes – « Cyber-guerre : Israël passe à la contre-attaque » – Le Figaro – 18 janvier 2012 http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/01/18/04016-20120118ARTFIG00366-cyber-guerre-israel-passe-a-la-contre-attaque.php
- Adrien Jaulmes – « Le "hacker saoudien" frappe encore en Israël » – Le Figaro – 17 janvier 2012 http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/01/17/04016-20120117ARTFIG00410-le-hacker-saoudien-frappe-encore-en-israel.php

Par AD