lundi 30 juin 2008

Briefing sur le terrorisme chimique




Avec les menaces biologique et nucléaire ou radiologique, la menace chimique est une des trois formes d’armes de destructions massive susceptibles d’être utilisée par des groupes terroristes.


I) Définition :

Le terrorisme chimique est l’utilisation d’arme chimique par des groupes terroristes dans le but de tuer, blesser, perturber la population d’un pays à dessein de revendication politique.

Une arme chimique est une arme utilisant un (ou plusieurs) produit(s) chimique(s), toxiques pour l'humain (et souvent pour tout ou partie des animaux, voire pour les plantes). La recherche et l'emploi d'armes chimiques s'inspirent de ceux d'armes biologiques, dont l'usage est très ancien.

Une arme chimique peut être bon marché, facile à produire et à transporter. Il suffit d’avoir un chimiste et de se fournir en matières premières qui sont parfois disponibles dans le commerce.


II) Usages récents :

Le premier usage d’agents chimiques par des terroristes qui ait réussi est celui de la secte Aum. Le 20 mars 1995, la secte apocalyptique Aum Shinrikyo, basée au Japon, qui pensait qu’il était nécessaire de détruire la planète libère, du gaz sarin dans le système de ventilation du métro de Tokyo. Cet attentat tua douze personnes et blessa plus de 5.000 autres.

Le groupe avait tenté une dizaine de fois auparavant et n’avait réussi qu’une fois en relâchant du gaz à l’extérieure d’un immeuble en juin 1994 sans faire de victime autres que les membres de la secte.

En 2001, après les attentats du 11 septembre à New York, Al Qaïda a annoncé chercher à se fournir des armes chimiques, biologiques ou radiologiques.

La menace était rendue crédible par le nombre important de vidéos obtenues par CNN en août 2002 montrant la mort de trois chiens tués, semble-t-il par un agent neurologique.

Lors de la prise d’otage entre, le 25 et le 26 octobre 2002, par des terroristes tchétchènes du théâtre de Moscou, au cours de laquelle près de 700 personnes ont été retenues par 50 terroristes, les forces spéciales russes ont utilisé un agent chimique (probablement le KOLOKOL-1) en prévision de l’assaut qu’elles allaient donner le 26. Le bilan de la prise d’otage et de l’assaut de libération est de 123 otages morts des suites de l'inhalation du gaz ainsi que la mort de tous les terroristes. Près d'un mois plus tard, 27 ex-otages étaient toujours hospitalisés dont 4 dans « un état grave ».

Depuis le début de l’année 2007, de nombreuses attaques à la bombe ayant eu lieu en Irak l’ont été avec la présence suspectée de chlore. Ces attaques ont tué ou rendu malades plus de 350 personnes. Les attaques ont été réalisées par des membres supposés liés à Al Qaïda en Irak et on prises diverse forme, la plus impressionnante ayant été réalisée avec un camion remplie de chlore à l’état gazeux.


III) Usages envisageables, menaces :

Les armes chimiques comme les biologiques sont plus efficaces en milieux clos et fortement peuplés. On peut donc imaginer, l’utilisation de produit sous la forme d’aérosol dans le métro, dans les aéroports, les gares, les centres commerciaux. On peut également envisager la contamination d’aliments, de réserves d’eau, etc.

On peut envisager également des menaces environnementales. Un groupe terroriste répand un produit chimique dans des champs, ou à proximité de sources d’eau pour priver un pays de ses récoltes, de son bétail ou de son eau potable.

On peut également mentionner des projets d’armes chimiques altérants le comportement humain. Le plus étrange étant le projet présumé, de l’armée Américaine, de bombe chimique qui pousserait les gens à avoir des comportements homosexuels.

De nombreux agents chimiques existent avec des effets secondaires différents selon les dosages et qui plus est les possibilités qu’offre la chimie moderne étant presque infinie, on ne peut pas lister toutes les menaces possibles.

Mais on peut ajouter, qu’il s’agit de la menace la plus sérieuse en terme de terrorisme par rapport aux autres types d’armes de destruction massives.


IV) Moyen de protection :

Pour se protéger des agents chimiques, il n'existe que trois types de parades :

· La combinaison étanche de protection comprenant un masque à gaz adapté aux risques NBC (Nucléaire, Biologique, Chimique), c’est-à-dire conçue pour empêcher l'inhalation ou le contact avec les agents de l'un ou de l'autre type (hormis le rayonnement radioactif). Il faut porter l'équipement de protection préventivement. Or plusieurs types de gaz de combats n'ont ni goût ni odeur, ou n'induisent des symptômes évidents qu'après un certain temps.

· Ingérer ou injecter un antidote (s'il en existe un) dans les minutes qui suivent l'exposition.

· Décontaminer le corps, les objets et lieux avec des produits adaptés (ce qui demande de connaitre l'agent en question).

Dans le cadre du plan piratox, le gouvernement français s’informe sur les agents susceptibles d’être utilisés, stocke les antidotes, surveille les apparitions de symptômes et coordonne la gestion de la crise avec les hôpitaux.

Dans le cadre de la prévention de l’utilisation des armes par les terroristes, il faut bloquer leur accès aux savoir-faire, aux précurseurs et aux installations dont ils auraient besoin. Ceci, n’est pas possible puisque les connaissances nécessaires sont enseignées dans les Universités, que les produits sont souvent accessibles et qu’il suffit de peu de matériel pour construire à laboratoire rudimentaire.

Au point de vu de la législation internationales ce type d'armes fait l'objet d'une Convention sur l'interdiction des armes chimiques entré en vigueur en 1997, par laquelle les pays signataires s'interdisent leur utilisation et promeuvent leur destruction.

En 2006, seuls les pays suivants n'ont pas adhéré à cette convention : l’Angola, la Barbade, l’Égypte, l’Irak, le Liban, le Monténégro, la Syrie, la Corée du Nord et la Somalie.

Glossaire :

Agent neurologique : C’est un produit chimique qui s’attaque au système nerveux central, il provoque des convulsions des paralysies puis l’arrêt du système cardio-vasculaire.

Armes de destruction massive : Ce sont des armes conçues pour tuer une grande quantité de personnes, en visant aussi bien les civils que les militaires.

Chlore : le chlore est un élément chimique que l’on trouve en grande quantité dans la nature. Son dérivé le plus connu est le sel de table (ou chlorure de sodium).Dans son état gazeux, sous forme de dichlore, il irrite les membranes des muqueuses et dans son état liquide, il brûle la peau

Plan piratox : C’est un volet spécialisé du plan gouvernemental Vigipirate comprenant une partie prévention et vigilance face à une menace terroriste de nature chimique

Sources :

-Plan piratox, AFSSAPS.

-Wikipédia, l’encyclopédie libre.


Par AD pour GlobalAnalysis France

mardi 17 juin 2008

Briefing sur le bioterrorisme




Nous débutons avec cette article une série sur les menaces technologiques du terrorisme moderne. Nous passerons ainsi en revue les menaces biologiques, chimiques, nucléaires et informatiques.
Le bioterrorisme est le terrorisme par dissémination ou libération volontaire d’agents biologiques (bactéries, virus ou toxines). Ceux-ci étant naturels ou modifiés par l’homme.

I) Définition
Le centre Américain de prévention et de contrôle des maladies (Center for Diseases Control, CDC) définit le bioterrorisme comme la libération délibérée de virus, bactéries ou autres germes dans le but de causer des maladies ou la mort de personnes, animaux ou plantes. Ces agents peuvent être d’origine naturelle ou modifiés pour augmenter leur virulence, leur résistance aux médicaments ou pour améliorer leur pouvoir de dispersion dans la nature.
Les agents biologiques peuvent être dispersés via l’air, l’eau, la nourriture ou le contact humain. Les terroristes pourraient utiliser des agents biologiques parce qu’ils sont extrêmement difficiles à détecter avant que la maladie ne soit déclarée ce qui peut pendre plusieurs heures ou plusieurs jours.
Le CDC a défini et catégorisé les agents biologiques :
-Agents de catégorie A :
Ce sont des agents biologiques qui ont un fort impact sur la santé publique et qui peuvent être facilement disséminés. Les agents de catégories A sont l’anthrax, la variole, la peste, la toxine botulique et les fièvres hémorragiques.
-Agents de catégorie B :
Les agents de catégories B sont faciles à disséminer et ont des faibles taux de mortalité. Par exemple la toxine Epsilon, le ricin, le typhus, les encéphalites virales, les menaces sur la nourriture et les réserves d’eau.
-Agents de catégorie C :
Les agents de catégories C sont des pathogènes qui peuvent être modifiés pour une dissémination de masse. Ils sont faciles à produire et ont un fort potentiel de dangerosité. Ce sont les hantavirus, les tuberculoses résistantes aux médicaments.

II) Usages récents
Le bioterrorisme n’a pas été beaucoup utilisé que ce soit au XXème ou XXIème siècle. Nous allons détailler les principaux actes dans ce qui suit.
-1971, Cuba :
Une épidémie de peste porcine africaine fut importée à Cuba par des organisations anti-castristes soutenues par la CIA, ce qui fut révélé par la presse américaine en 1977. Les Cubains durent euthanasier la moitié de leurs porcs pour enrayer la maladie.
-1984, Dalles, Oregon, USA :
Bhagwan Shree Rajneesh et ses disciples ont essayé de peser sur les élections locales en incapacitant la population locale. Des salmonelles ont été disséminées dans les salades dans des restaurants, épiceries, etc. 751 personnes ont été atteintes mais personne n’est mort.
-2001, Washington DC, USA :
Des enveloppes contaminées au bacille du charbon ont été distribuées entre septembre et octobre. Ces actes ont été suivis par une prise de conscience des autorités américaines sur le sujet des menaces biologiques.
-2003 : Londres, Grande Bretagne ; Greenville, Caroline du Sud, Washington DC, USA :
Le 5 janvier 2003, la police de Londres a arrêté six algériens qui disaient avoir fabriqué de la ricine pour la répandre dans le métro de Londres. Aucune trace du poison ne fut découverte dans leur appartement.
En 2003, un colis et une lettre imprégnés de ricine ont été interceptés à Greenville en Caroline du Sud.
De la ricine a également été découverte dans le courrier de la Maison Blanche
Plusieurs pays possèdent aujourd'hui un programme de guerre biologique. Le Département de la Défense américain soupçonne une dizaine de pays de poursuivre des programmes de guerre biologique : Russie, Israël, Chine, Iran, Libye, Syrie et <.
Les armes biologiques offensives sont interdites par le traité multilatéral de 1972, dont le but était l'élimination des systèmes d'armes biologiques. En 1996, ce traité avait été signé par 137 pays.

III) Usages envisageables, menaces
Le bioterrorisme est très limité par la complexité même et la nature même des agents biologiques. Une arme biologique peut être très utile à un groupe qui chercherait à créer un mouvement de panique.
Quoi qu’il en soit l’avenir est certainement les agents modifiés par l’homme. Des virus ou des bactéries ciblant une population génétique ou une région particulière. Mais le développement de telles armes nécessite des ressources phénoménales qui ne sont pas à la portée de beaucoup de groupe. Seul un terrorisme d’Etat pourrait rassembler les équipements, les chercheurs et la matière première nécessaire. Mais si cela arrivait, les maladies pourraient être incurables ou indétectables.
La secte Aum, au Japon, avait tenté par deux fois d’utiliser une arme biologique. Tout d’abord en 1992, ils tentèrent en vain de se procurer le virus Ebola au Zaïre. Puis en 1993, ils échouèrent dans leur tentative de disséminer de l’anthrax du haut d’un immeuble. En 1995, la secte se tourne alors vers une arme chimique beaucoup plus sûre et plus facile d’utilisation : le gaz sarin, qu’elle utilise lors de l’attentat du métro de Tokyo. Ceci illustre parfaitement la difficulté de manipulation et d’utilisation des armes biologiques.
Mais ce risque ne doit pas être négligé pour autant. Même si le risque est peu probable les gouvernements doivent se tenir prêts et prévenir, voire éduquer les populations.

IV) Moyens de protection
En 1999, le centre d’informatique biomédicale de l’Université de Pittsburgh a déployé le premier réseau de surveillance du bioterrorisme automatisé. Il centralise et analyse les données de plusieurs sources pour détecter précocement l’apparition d’un acte de bioterrorisme.
Les données viennent des ordinateurs des hôpitaux, des laboratoires d’analyses, des instituts médico-légaux, des centres d’appels d’urgences et des vétérinaires. Les chercheurs cherchent à intégrer les donnés venant des élevages, des magasins de distribution, des analyses de la qualité de l’eau, des déclarations d’absences dans les écoles, etc.
En Europe, la surveillance épidémiologique commence à s'organiser à l'échelle continentale, en vue de constituer la structure nécessaire à la détection précoce des urgences biologiques. Outre la surveillance des sujets atteints, l'approche européenne prévoit l'analyse du caractère naturel ou délictueux des infections.
De plus de nombreux États ont mis au point des stocks de vaccins et antidotes qui pourront être distribués à toute ou une partie de la population.

Sources :
-Bioterrorism briefing Q&A with Arthur Reingold, Université de Berkeley, Californie, 31 octobre 2002.
-Terrorist Threats to Food Guidance for Establishing and Strengthening Prevention and Response Systems, Département de la sécurité des aliments, Organisation Mondiale de la Santé, 2002.
-Food and Drug Administration.
-Ontario Genomics Institute.

Par AD pour GlobalAnalysis France

mardi 3 juin 2008

Les attaques suicides




L'attentat-suicide est un attentat dont la réalisation implique la mort de son auteur. Il est le plus souvent organisé par des groupes militaires ou paramilitaires dans le but de déstabiliser les institutions établies par une partie considérée comme ennemie.

I) Historique :

L'attentat-suicide est parfois assimilé, à tort, à des méthodes japonaises pratiquées lors de la Seconde Guerre mondiale dans l'océan Pacifique contre les troupes américaines. Les pilotes kamikazes japonais utilisaient leurs avions pour percuter des cibles stratégiques de l'armée américaine. L'attaque kamikaze est une tactique militaire sur des cibles militaires dans une guerre qui est un état de droit avec un début, une fin, des belligérants déclarés et des règles (comme celles de la Convention de Genève) dans un espace défini.

L'attentat, lui, est un acte délictueux, voire criminel selon les sensibilités. En tout cas, il ne s’agit nullement d’un acte prenant part à une guerre mais plutôt d’un acte de revendication.

Le terme est apparu dans les années 1940 pour designer certaines techniques utilisées par les nazis et les japonais mais le sens actuel n’est apparu qu’en 1981.

L’attentat-suicide était originellement conçu comme méthode de guerre contre l’occupant israélien puis « onusien » au Liban en 1982, au Sri Lanka en 1987, en Palestine en 1994 après la tuerie de la mosquée d’Hébron, en Turquie en 1995, au Cachemire en juillet 1999, en Tchétchénie en 2000, pour s’étendre en Russie en 2002 et en Irak en 2003.

Il devient méthode terroriste « indirecte » contre les Etats-Unis au Kenya et en Tanzanie en 2001, contre la France au Pakistan, contre l’Australie en Indonésie en 2002, et au Maghreb en avril et en mai 2002. Il constitue une méthode de guerre civile ou interreligieuse en Arabie saoudite ou au Pakistan depuis des années et en Irak depuis 2003.

Il peut même être utilisé pour exécuter des « contrats » comme l’assassinat du commandant Massoud par Al Qaïda à la veille de la plus médiatique des opérations suicide.

L’attentat du World Trade Center et de Washington a associé des kamikazes de six nationalités (plus d’une quinzaine avec la logistique) et les 3052 victimes sont d’une centaine de nationalités différentes.

Ainsi le groupe « créateur » des attentats suicide moderne est le groupe libanais chiiteHezbollah. Mais cette tactique aujourd’hui s’est répandue dans le monde entier et s’est décliné sous différentes formes (voir paragraphe suivant).

Dans Dying to Win: The Strategic Logic of Suicide Terrorism, Robert A. Pape considère que les attentats suicides ne sont pas liés au fondamentalisme islamiste où à n'importe quel aspect religieux mais plutôt à contraindre les démocraties modernes à retirer leurs forces militaires du territoire que les kamikazes considèrent comme leur patrie et d'arrêter l'occupation de ces territoires. Il pense que ce type d'attentat n'est pas lié à un aspect religieux mais nationaliste sur «colère profonde» devant la présence de forces d’occupation. Il fait une analyse des attentats suicides et trouvent que la majorité des attentats suicides ont été commis par des non-musulmans. Ce sont les tigres tamuls qui ont commis le plus grand nombre d'attentats. Il analyse également les attentats suicides commis par le Hezbollah commis entre 1982 et 1986 : 71% ont été commis par des chrétiens, 21% par des communistes ou des socialistes et seulement 8% par des islamistes.

II) Les différentes tactiques :

Comme nous l’avons vu précédemment, l’attaque suicide se décline sous plusieurs forme et il est malheureusement fort probable que les groupes terroristes inventent de nouvelles tactiques dans les années à venir.

Pour commencer nous allons citer des tactiques connues.

L’attaque suicide à pied avec une ceinture d’explosifs.

L’attaque avec une ceinture d’explosifs mais à bord d’un avion, comme Richard Reid sur le vol Paris-Miami (American Airlines 63).

L’attaque avec une voiture piégée, comme l’attaque à Beyrouth en 1983.

L’attaque suicide avec un bateau, comme l’attaque contre le destroyer USS Cole dans le golf d’Aden en 2000.

Le détournement d’avion dans un but de mission suicide, comme le détournement des avions le 11 septembre 2001.

La conduite d’un bus dans un ravin, comme le bus 405 entre Tel Aviv et Jérusalem.

L’attaque suicide par des hommes armés, comme en décembre 2001, lorsque des insurgés kashmiris ont pénétrés dans le parlement Indien.

Le coût d’organisation est faible, environ 150 dollars, selon les calculs israéliens. Le rapport coût d’organisation/dommages des attaques du 11 septembre 2001 se révèle impressionnant puisque, pour une dépense de moins de 1 million de dollars, les pertes économiques totales pour les Etats-Unis sont estimées à 40 milliards de dollars.

C’est pour cela que l’attentat suicide est très utilisé dans les conflits asymétriques, lorsqu’un groupe plutôt pauvre s’attaque à un groupe plus puissant financièrement et militairement. On donne parfois le nom de « bombe guidée du pauvre » à ces attentats en référence aux armes guidées qui constituent les arsenaux des armées modernes.

Les organisations en lutte contre des oppresseurs perçus comme tous puissants, ont donc ajouté très rapidement cette tactique à leur stratégie.

Nous allons voir dans le paragraphe suivant le cas de l’islam radical.

III) L’utilisation moderne par l’islamisme radical :

Ainsi le Hezbollah est le créateur des attaques suicides modernes mais comme nous l’avons vu, cette tactique s’est répandue dans le monde entier dans le contexte géopolitique actuel, nous allons voir en particulier l’usage fait par l’islamisme radical et la déformation de la pensée religieuse qui est mise en place.

Selon le Coran, celui qui donne sa vie pour l’Islam se verra pardonner tous ses péchés et une place lui sera réservée au paradis. Il est appelé chahid (martyr) et comme le dit également le Coran, il pense que le paradis se trouve dans l’ombre des sabres.

Bien que le suicide soit interdit dans l’Islam comme dans le catholicisme, il est recommandé de combattre l’oppresseur. Le Prophète Mahomet a également interdit de blesser les passants innocents même en temps de guerre.

Abdul Aziz ben Abdullah al Cheik, le leader spirituel suprême en Arabie Saoudite, a édicté une fatwa (édit religieux) qui déclare que l’attaque suicide n’est qu’une forme particulière de suicide et ainsi, le rend illégal au nom de l’Islam.

La figure du chahid remplace progressivement celle du combattant. Cette étape nécessaire au recrutement et à l’acceptation par la population est le résultat conjoint des troupes occupantes qui entretiennent une ambiance de mort et de la sacralisation des résistants par le milieu associatif et religieux local. Ainsi les volontaires en puissance voient dans leur suicide un exutoire à leur vie de souffrance.

Le chahid fait également ce suicide pour la communauté à laquelle il appartient. Un ensemble plus ou moins politisé mais structuré qui revendique un territoire sous le joug d’un occupant.

Les jeunes élites diplômées qui pensent se sortir du territoire où sévit la violence mais où est leur famille, ont un sentiment de désertion qui permet de facilité le recrutement de jeunes gens qui avec leurs connaissances apporterons beaucoup à l’organisation même s’ils reviennent au final pour faire le sacrifice de leur vie.

En ce qui concerne les mouvements transnationaux qui utilisent les tactiques d’attaques suicides, ils remplacement simplement l’identité nationale par l’identité de tous les croyants, l’Oumma.

La mosquée, le cybercafé deviennent des lieux de rencontres, d’échanges avec d’autres musulmans pour des jeunes issus de familles d’immigrés qui ont perdu leur attachement culturel mais qui cherchent à le retrouver.

Ces personnes sont alors manipulées par une sorte d’appel au retour aux racines qui se finit par le sacrifice pour la cause.

L’utilisation de l’attentat-suicide témoigne aussi d’une vie sans issue. La légitimité religieuse ou sacrificielle est alors vécue comme supérieure à la légitimité patriarcale.

Pour conclure, l’attentat suicide trouve sa double justification dans le commandement religieux détourné mais surtout dans la réalité politique dans laquelle les candidats aux martyrs sont éduqués. C’est pour cela qu’il est très difficile de se protéger de ce type d’attaque, comme nous allons le voir au paragraphe suivant.

IV) Moyens de défenses :

Il existe en vérité très peu de moyens de défense contre les attentats suicides. Aucun n’est réellement efficace. Si l’on considère que la personne est prête à mourir pour la cause qu’elle défend, les autorités ne peuvent pas faire grand-chose.

La solution la plus simple est de tuer ou de désarmer le martyr avant qu’il ne puisse arriver à portée de sa cible, mais se pose alors le problème de la détection des armes ou explosifs qu’il porte.

Les fouilles et les détecteurs de métaux dans les aéroports sont les plus répandus des techniques mais de nouvelles technologies sont apparues.

On peut notamment signaler qu’en 2004, une firme israélienne International Technologies Lasers a mis au point un spectromètre basé sur un laser et qui permet de détecter les particules émises par des substances comme les explosifs, la drogue ou les minerais.

On peut ainsi imaginer un système se basant sur un de ces spectromètres qui détecterait les résidus sur les mains des terroristes et qui permettrait de les identifier à distance respectable contrairement aux portiques d’aéroport ou autres qui demandent à ce que la personne soit déjà dans l’enceinte du lieu à protéger.

Le plus sûr moyen de protection contre les attentats suicides reste de décourager les adversaires de faire usage de cette technique mais cela demande des mesures plus politiques que réellement stratégiques.

Glossaire :

Chiisme : constitue l'une des trois principales branches de l’Islam avec le sunnisme et le kharijisme; il regroupe environ 15 % des musulmans. Les figures importantes du chiisme Imamite (majoritaire) sont le Prophète Mohamad ainsi que sa fille Fatima et les 12 Imams issus de la famille du prophète. C’est le courant majoritaire en Iran, Irak Azerbaïdjan et Bahreïn.

Conflit asymétrique : C’est une guerre qui oppose la force armée d'un Etat à des combattants matériellement insignifiants, qui se servent des points faibles de l'adversaire pour parvenir à leur but souvent politique ou religieux. Les guerres asymétriques englobent notamment le terrorisme et se distinguent des guerres entre États. Il a été théorisé à la fin des années 1989 par le concept de guerre de quatrième génération (voir l’article La guerre de quatrième génération).

Spectromètre : C’est un appareil de mesure qui permet de décomposer une quantité observée — un faisceau lumineux en spectroscopie, ou bien un mélange de molécules par exemple en spectrométrie de masse — en ses éléments simples qui constituent son spectre.

Sources :

-Aux origines des attentats-suicides, Pierre Conesa, Le Monde Diplomatique, Juin 2004

-What makes suicide bombers tick?, Ellis Shuman, June 4, 2001, (http://www.israelinsider.com/channels/security/articles/sec_0049.htm)

Par AD pour GlobalAnalysis