mardi 24 juillet 2012

Indignés israéliens : l'an II

Manifestation en hommage à Moshé Silman, qui s'est immolé par le feu le 14 juillet, à Tel-Aviv le 21 juillet

Il y a tout juste un an nous traitions ici des indignés de Tel-Aviv. Ce mouvement commencé le 14 juillet 2011, aussi appelé la "Révolte des tentes", a culminé le 3 septembre dernier lorsque 450 000 personnes se sont rassemblées à Tel-Aviv pour dénoncer la hausse du cout de la vie, les problèmes de logement et l'accroissement des inégalités sociales. Mais, en octobre 2011, après environ huit semaines de mobilisation, le mouvement s'est essoufflé.

Un an après le début du mouvement, le 14 juillet 2012, Moshé Silman un Israélien de 57 ans s'est immolé par le feu tout en lisant une lettre ouverte au Premier ministre Benyamin Netanyahu qu'il a accusé de "prendre aux pauvres pour donner aux riches". Mort le 20 juillet des suites de ses blessures, il est devenu le symbole des Indignés israéliens.

La manifestation en hommage à sa mort le 21 juillet à rassemblée plus de 2.000 personnes dans les rues de Tel-Aviv et des manifestations plus petites ont eu lieu à Jérusalem et Haïfa.
Depuis le 14 juillet, cinq personnes qui ont tenté de s'immoler pour attirer l’attention sur les problèmes sociaux et une quinzaine d’autres ont menacé de le faire.
Ce geste désespéré n'est pas sans rappeler la mort de Mohammed Bouazizi qui s'était immolé le 17 décembre 2010, lançant le mouvement de protestation en Tunisie contre le régime de Ben Ali, et par extension, ce que l'on appellera plus tard, le "Printemps arabe".


Le Premier ministre Benyamin Netanyahu, cible des manifestant n'est pas dans une situation politique très enviable. Alors qu'il était à la tête de la plus large coalition au pouvoir de l'histoire de l'Etat d'Israël, il a du faire face au départ du parti de centre droit Kadima le 17 juillet 2012. Le parti de Shaul Mofaz entré début mai dans le gouvernement avait permis au Premier ministre de repousser les élections législatives à l'automne 2013, fin de la mandature de la Knesset, et pouvait donc se concentrer sur la politique nationale ainsi que sur le dossier iranien.


Mais le débat sur la loi Tal obligeait la coalition au grand écart.
La loi Tal adoptée en 2002 est la loi, régissant la conscription en Israël. Elle permet aux ultra-orthodoxes israéliens d'échapper au service militaire pour se consacrer à l'étude de la Torah et du Talmud dans les écoles religieuses, les yeshivot (pluriel de yeshivah). Déclarée inconstitutionnelle en février 2012 par la Cour suprême israélienne, cette loi doit être remplacée avant fin juillet, faute de quoi quelque 62 000 jeunes juifs ultra-orthodoxes seront considérés comme déserteurs à partir du 1er aout.
Hors cette loi est considérée comme injuste par une majorité de jeunes Israéliens, choqués par les inégalités devant la conscription. Le 7 juillet 2012, plus de 15 000 personnes ont manifesté dans les rues de Tel-Aviv pour réclamer un service militaire pour tous. Ces manifestations sont la démonstration du fossé qui se creuse entre les ultra-orthodoxes et le reste de la société israélienne.


Malgré le départ de Kadima de la coalition, Benyamin Netanyahu dispose toujours de la majorité à la Knesset. Mais sa marge de manœuvre se réduit de jour en jour. Des élections législatives devraient avoir lieu début 2013 mais les frondes se multiplient à Tel-Aviv symbole d'un malaise qui se fait jour dans la société israélienne.


Sources
- Laure Beaulieu – « Les indignés israéliens face au geste désespéré de Moshé Silman » – Le Monde – 23 juillet 2012 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/07/23/les-indignes-israeliens-face-au-geste-desespere-de-moshe-silman_1737086_3218.html
- Laure Beaulieu – « Les enjeux du débat sur la conscription en Israël » – Le Monde – 18 juillet 2012 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/07/18/les-enjeux-du-debat-sur-la-la-conscription-en-israel_1735103_3218.html
- AD – « Les enjeux de 2012 : les groupes qui vont compter » – GlobalAnalysis France – 28 décembre 2011 http://globalanalysisfrance.blogspot.fr/2011/12/les-enjeux-de-2012-les-groupes-qui-vont.html
- AD – « L’été israélien après le printemps arabe  » – GlobalAnalysis France – 3 aout 2011 http://globalanalysisfrance.blogspot.fr/2011/08/lete-israelien-apres-le-printemps-arabe.html
- AD – « L’été israélien après le printemps arabe : compléments » – GlobalAnalysis France – 18 aout 2011 http://globalanalysisfrance.blogspot.fr/2011/08/lete-israelien-apres-le-printemps-arabe_08.html
http://globalanalysisfrance.blogspot.fr/2011/08/ete-israelien-apres-le-printemps-arabe.html
http://globalanalysisfrance.blogspot.fr/2011/08/lete-israelien-apres-le-printemps-arabe_9325.html

Par AD

lundi 2 juillet 2012

L'Organisation de coopération de Shanghai

Logo de l'OCS
L'Organisation
L'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) est une organisation intergouvernementale régionale asiatique qui regroupe la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan. Elle a été créée à Shanghai les 14 et 15 juin 2001 par les présidents de ces six pays.
A ces six pays membres, il faut ajouter 5 Etats observateurs (l'Afghanistan (2012), l'Inde (2005), l'Iran (2005), la Mongolie (2004) et le Pakistan (2005)) ainsi que 3 Etats partenaires de discussion (la Biélorussie, le Sri Lanka et la Turquie).
Carte des pays de membre de l'OCS
Ses langues officielles sont le russe et le chinois. L'OCS a le statut d'observateur à l'Assemblée générale des Nations unies
Ses buts revendiqués sont de :
  • Renforcer la confiance mutuelle et des relations de bon voisinage entre les États membres ;
  • Faciliter la coopération entre ces États dans les domaines politiques, économiques et commerciaux, scientifiques et techniques, culturels et éducatifs, ainsi que dans les domaines de l’énergie, des transports, du tourisme et de l’environnement ;
  • Sauvegarder la paix, la sécurité et la stabilité régionales ;
  • Œuvrer à la création d’un nouvel ordre politique et économique international, plus juste et démocratique.
Le secrétariat de l’OCS est situé à Pékin. L’autre structure permanente de l’organisation, RATS (Regional Anti-Terrorist Structure, Structure anti-terroriste régionale), est installée à Tachkent (Ouzbékistan).
 
Histoire
L'OCS a pour origine un groupe informel sans structure administrative permanente connue sous le nom des « 5 de Shanghai » (« Shanghai Five ») (dit aussi « Groupe de Shanghai »), qui avait été créé en 1996 lors de la signature d'un traité à Shanghai.
Il avait pour but d’améliorer les relations entre membres : régler les problèmes de frontière sur l’ancienne frontière sino-soviétique, faciliter la coopération économique.
Né dans la foulée du bouleversement géopolitique entraîné par la disparition de l'URSS et la création de républiques autonomes en Asie centrale, le Groupe de Shanghaï répondait notamment à l'inquiétude de la Chine de l'influence non contrôlée de pays comme le Kazakhstan et le Kirghizstan dans la province du Xinjiang.
L’organisation est formalisée par le traité de 2001, concomitant à l'extension à un sixième pays, l'Ouzbékistan. Ses institutions sont créées en 2002 : Charte, fondation du RATS.
En 2004, la Mongolie est devenue membre observateur de l'OCS. En 2005, l'Inde, l'Iran et le Pakistan le sont également devenus. Ce statut a été refusé aux États-Unis et au Japon. En 2009, la Biélorussie et le Sri Lanka deviennent des partenaires de discussion.
 
Enjeux géostratégiques
L'OCS rassemble le pays le plus vaste du monde (la Fédération de Russie) et le plus peuplé (la Chine).
Les membres de l'OCS regroupent 20 % des ressources mondiales de pétrole, 38 % du gaz naturel, 40 % du charbon, et 50 % de l'uranium.
Parmi les différentes forces militaires mobilisables, on trouve notamment :
  • Russie : 1,1 million d'hommes, 10 000 ogives nucléaires, 70 sous-marins ;
  • République populaire de Chine : 2,25 millions d'hommes, 402 ogives nucléaires, 70 sous-marins.
Pour l'année 2006, les dépenses militaires des pays membres de l'OTAN s'élèvent à 796,7 milliards de dollars contre officiellement 85 milliards pour l'OCS (dont 49,5 milliards pour la Chine et 34,7 milliards pour la Russie).

Objectifs géopolitiques
L'OCS a été créée en juin 2001, mais ces institutions n'ont été mise en place qu'en 2002, hors c'est à cette époque que l'OTAN et en particulier les USA ce sont installés en Asie centrale pour combattre Al-Qaïda et les Talibans en Afghanistan. Ainsi la création des RATS peut être perçue comme un moyen de contrebalancer l'influence de l'Occident dans l'ère d'influence de l'URSS.
L'OCS s'est ensuite consacré à des tâches de coordination sécuritaire entre ses membres : exercices militaires communs, entrainement de forces spéciales. La Chine et la Russie sont préoccupées par les "menaces internes" que sont "l'islamisme, le terrorisme et le séparatisme".
Le sommet de Pékin, les 6 et 7 juin 2012, était placé sous le signe économique. La Chine a, en effet, annoncé accorder aux pays membres 10 milliards de dollars de nouveaux prêts ainsi que des aides pour l'Afghanistan à la hauteur de 150 millions de yuans (18 millions d'euros) cette année.
L'Afghanistan est d'ailleurs au cœur des préoccupations de l'organisation puisqu'il est prévu que l'OTAN se retire en 2014 d'un pays toujours pas stabilisé. Le rôle que pourrait alors jouer l'OCS est encore à définir.
Selon Hu Jintao l'OCS doit être "forteresse de sécurité et de stabilité et une force motrice du développement économique et régional". Le président chinois en même temps qu'il cherche a rassurer ses partenaires régionaux veut dédramatiser la perception que les occidentaux ont de l'OCS.

Mais l'OCS n'a pas encore atteint un niveau de maturité suffisant pour satisfaire pleinement ses pays membres.
La Russie est engagée par ailleurs dans deux autres initiatives : la Communauté Economique Eurasiatique, qui met en place une union douanière et un espace économique commun entre Russie, Kazakhstan et Biélorussie, Kirghizistan et Tadjikistan, et l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) qui regroupe en outre l'Ouzbékistan et l'Arménie.
Un diplomate européen en mission au sommet de Pékin déclarait au Monde : "Il ne faut pas oublier que les Russes et les Chinois se sont mis ensemble dans l'OCS pour se surveiller l'un l'autre. En outre, il y a le jeu avec l'Inde, à laquelle Moscou fournit également des armes : entre les trois existe une dynamique dans laquelle chacun se méfie d'une alliance possible entre les deux autres".
Ainsi le manque de confiance réciproque entre les deux partenaires principaux de l'OCS la condamne à ne jouer qu'un rôle mineur en terme de politique internationale. La Chine est préoccupée par sa croissance économique et les troubles intérieurs qui découlent des disparités économiques là où la Russie semble plus concernée par la restauration de sa puissance régionale.

L'OCS reste une organisation régionale importante et pourrait devenir le centre de décision politique des pays d'Asie centrale sur les questions du Moyen-orient (crises en Syrie et en Iran) et sur les questions énergétiques (l'Asie centrale est en effet fondamentale pour l'acheminement des hydrocarbures vers l'Asie).

Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- The World Factbook, CIA
- Brice Pedroletti – « Le sommet de Pékin dévoile les ambitions et les limites de l'OCS » – LeMonde.fr – 11 juin 2012 http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2012/06/09/le-sommet-de-pekin-devoile-les-ambitions-et-les-limites-de-l-ocs_1715710_3216.html

Par AD

lundi 14 mai 2012

Israël et Azerbaïdjan : une nouvelle alliance contre l’Iran


Carte présentant Israël en vert et l'Azerbaïdjan en orange
Israël en vert et l'Azerbaïdjan en orange

Au Moyen-Orient la crise iranienne évolue :
- Le 6 mai 2012, a eu lieu le second tour des élections législatives en Iran, la majorité des élus soutient le guide Ali Khamenei. Mais ces résultats ne permettent pas de discerner le rapport de force entre partisans et opposants au président Ahmadinejad.
- Courant avril 2012, les États-Unis ont déployés des chasseurs furtifs F-22 sur la base d’al-Dhafra, aux Émirats arabes unis.
- En Israël, le parti de centre droit Kadima est entré, début mai, dans le gouvernement de Benjamin Netanyahou.
Ce gouvernement d'union nationale met fin, avant même qu'elle est commencée, à la campagne pour les élections législatives qui auront donc lieu à l'automne 2013. Cela laisse donc à Benjamin Netanyahou tout loisir de s'occuper de la crise iranienne. Dans ce cadre, l’État hébreu renforce ces partenariats stratégiques en préparation d’une éventuelle intervention militaire en Iran. C’est le cas en particulier avec l’Azerbaïdjan.


Rappel historique
La République d'Azerbaïdjan est un pays du Caucase situé sur la ligne de division entre l'Europe et l'Asie. Sa capitale est Bakou, le pays est sorti de l'Union des républiques socialistes soviétiques en 1991. La majorité de sa population est à majorité musulmane (85 % de chiites). Le pays est richement doté en hydrocarbures, mais sans réelle aura géopolitique.

Les relations entre Israël et l’Azerbaïdjan commencent à l’indépendance du pays de l’URSS. Le 25 décembre 1991, Israël est l’un des premiers pays à reconnaître l’indépendance de la République d'Azerbaïdjan. Le 7 avril 1992, les deux pays établissent des relations diplomatiques.
En août 1997, la visite à Bakou du Premier ministre israélien de l’époque Benjamin Netanyahou relance les relations entre les deux pays. Depuis lors, Israël et a resserré ces liens avec l'Azerbaïdjan. L’armée israélienne aurait aidé l’armée azérie à se moderniser.
En 2009, le président azéri Ilham Aliyev rencontre son homologue israélien Shimon Peres. Cette même année un mémo diplomatique américain rendu public par Wikileaks, révèle que le président azéri aurait comparé les relations de son pays avec l’État hébreu étaient « comme un iceberg, neuf dixièmes se situent sous la surface ».
En 2010, Ilham Aliyev a publié un décret rendant obligatoire pour tous les étrangers voulant visiter le pays de se faire délivrer un visa dans les consulats et non plus dans les aéroports comme précédemment. Les citoyens turcs et israéliens sont les seuls ne pas être concernés par cette mesure.

Contexte géopolitique
Depuis 2.500 ans vivent en Azerbaïdjan les Juifs des montagnes. Il s’agit d’une population juive se réclamant descendant des Juifs exilés à Babylone après la chute du Temple de Jérusalem 586 avant l’ère courante. De 1970 à 1990, la majorité des Juifs des montagnes émigra principalement en Israël. Aujourd’hui, il y a environ 12.000 Juifs des montagnes qui vivent en Azerbaïdjan principalement à Bakou.

Mais le pays est avant tout un pays chiite (93,4 % de la population est musulmane, dont environ 85 % de chiites et 15 % de sunnites) et face à l'Iran qui cherche à rassembler le monde chiite autour de lui, l'ancienne république soviétique est frondeuse. En effet, l'Azerbaïdjan est un État laïc à régime politique fort (les dernières élections présidentielles de 2003 n'ont pas été jugées démocratique par l'OSCE) et ces gouvernants voient d'un mauvais œil la volonté de l'Iran d'exporter la révolution islamique dans le pays.

En février 2012, Bakou a conclu avec Israël un contrat d’armement d’une valeur de 1,6 milliard de dollars pour la fourniture de drones et de systèmes antimissiles. Dans le même temps les relations avec Téhéran se sont dégradées. L’Iran a accusé l’Azerbaïdjan d’avoir soutenu des équipes d’assassinats ciblés formées par Israël et visant les scientifiques du programme nucléaire iranien.
Bakou de son coté a annoncé, en mars, avoir arrêté 22 individus pour espionnage pour le compte de l’Iran. Ils auraient été chargé par les Gardiens de la Révolution Iranienne de « commettre des actes terroristes contre les ambassades des États-Unis, d’Israël et d’autres États occidentaux ».
Mais ce rapprochement avec Bakou est stratégique pour Jérusalem, l’Azerbaïdjan a en effet 611 kilomètres de frontière avec l’Iran et possède une base aérienne à seulement 550 kilomètres de la frontière iranienne.

Enjeux géostratégiques
Le principal problème d’une attaque aérienne israélienne sur l’Iran est la distance entre les deux pays. En effet, plus la distance est grande plus les appareils doivent emporter de carburant et ce au détriment des munitions. L’accès de l’aviation israélienne à une base aérienne en Azerbaïdjan permettrait aux chasseurs-bombardiers israéliens F-15I et F-16I de ne pas avoir à faire le trajet retour vers Israël mais simplement de se poser en Azerbaïdjan après des frappes contre les infrastructures nucléaires iraniennes. Emporter moins de carburant signifie pouvoir emporter plus de bombes et donc de frapper plus efficacement.
Or, l’Azerbaïdjan dispose d’un aérodrome à Sitalcay à 550 kilomètres de la frontière iranienne et 70 km de Bakou.

Il reste peu probable que la base serve de « porte-avions » à Israël puisque le ministre de la défense azerbaïdjanais, Safar Abiyev, a déclaré le 13 mars 2012 lors d’une visite à Téhéran : « Nous n'autoriserons personne à utiliser notre sol et notre espace aérien contre la République islamique d'Iran, dans la mesure où nous considérons l'Iran comme un ami et un frère. »
Néanmoins, un officier du renseignement américain envisage que Tsahal y installe des hélicoptères qui pourraient mener des missions de recherche et d’assistance de pilote éventuellement perdu en territoire iranien.
Il est également possible que l’Azerbaïdjan serve de base pour les drones israéliens pour la reconnaissance avant une attaque ou pour l’observation de résultat de celle-ci.


Les relations entre Israël et l’Azerbaïdjan sont anciennes. Elles ont connu une nouvelle période faste lorsque Tel-Aviv s’est brouillé de son allié turc en 2010. La montée en puissance dans les relations internationales de Téhéran contrarie Bakou. Israël profite donc de la situation pour mettre la pression sur l’Iran. Et ce d’autant plus que débarrassé des contraintes électorales et fort d’un gouvernement d’union nationale Benjamin Netanyahou peut négocier en position de force avec les États-Unis où la campagne présidentielle va commencer.

Sources :
- Wikipédia, lencyclopédie libre
- The World Factbook, CIA
- Jacques Benillouche – « Israël se dote d'un gouvernement d'union nationale » – Slate.fr – 8 mai 2012 http://www.slate.fr/story/54703/israel-gouvernement-union-nationale-netanyahou
- Aymeric Janier – « Israël-Azerbaïdjan : le nouveau front anti-iranien ? » – LeMonde.fr – 5 avril 2012 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/04/05/israel-azerbaidjan-le-nouveau-front-anti-iranien_1679972_3218.html
- Mark Perry – « L'Azerbaïdjan, le terrain d’atterrissage secret d’Israël » – Slate.fr – 30 mars 2012 http://www.slate.fr/story/52415/israel-iran-azerbaidjan-guerre


Par AD

mercredi 9 mai 2012

Vers une résurgence du Sentier Lumineux ?


Logo du Sentier Lumineux
Logo du Sentier Lumineux


Dénomination :
Le Sentier Lumineux dont le nom complet est Partido Comunista del Peru - Sendero Luminoso (parti communiste du Pérou – Sentier Lumineux) a été fondé en 1960. Il a participé au conflit armé des années 1980 et 1990 au Pérou, qui a fait 70 000 victimes. L'organisation est placée sur la liste officielle des organisations terroristes du Canada, des États-Unis d'Amérique et de l'Union européenne.

Cette organisation, comme d’autres partis communistes péruviens, s'attribue le titre de Parti Communiste du Pérou. On différencie généralement ces différentes organisations par le nom de leurs publications. Le journal publié par le mouvement reprenait à sa Une une citation de José Carlos Mariátegui, le fondateur du premier Parti communiste péruvien :
« Le marxisme-léninisme ouvrira le sentier lumineux jusqu'à la révolution (en espagnol : El Marxismo-Leninismo abrirá el sendero luminoso hacia la revolución) »

Origines :
Le Sentier Lumineux apparait au Pérou dans les années 1960 suite à la rupture entre l’URSS et la Chine communiste. Le parti communiste du Pérou se divise et le mouvement choisit alors la voie maoïste. A la fin des années 1960, la révolte amérindienne, les oubliés de la réforme agraire de 1969 et les étudiants paysans qui sortent de l’université avec un diplôme inutilisable en raison de la ségrégation raciale et linguistique forment la base du mouvement.
Le Sentier Lumineux s'est développé en premier lieu dans l'Université Nationale de San Cristóbal de Huamanga dans la ville d'Ayacucho autour d’Abimael Guzmán alors professeur de philosophie dans cette même université.

Il développe un type de guérilla basé sur la doctrine de Mao Zedong. Cette stratégie consiste à ouvrir des zones de guérilla dans lesquelles ces guérillas peuvent opérer, en expulsant de ces zones les forces étatiques pour créer des zones libérées, qui sont alors utilisées comme soutien aux nouvelles zones de guérilla jusqu'à ce que le pays se convertisse en une grande zone libérée.

Les années 1980-1990 :
Le 17 mai 1980, la veille des élections, le Sentier Lumineux brûle des urnes dans le village de Chuschi, dans la province d'Ayacucho. Cette action est le premier acte de guerre du groupe. Cependant, les auteurs sont rapidement arrêtés et d'autres urnes remplacent celles brûlées. Les élections se déroulent sans incidents majeurs et l'action reçoit peu d'attention de la part de la presse péruvienne.

Progressivement, le Sentier lumineux commet des attaques beaucoup plus violentes ciblées sur la police nationale. En 1981, le président péruvien Fernando Belaúnde Terry déclare l’état d'urgence et ordonne que l'armée lutte contre le Sentier lumineux. Les droits constitutionnels sont suspendus pendant 60 jours dans certaines provinces.
L’État péruvien met sur place des organisations communales d'auto-défense, les Rondas Campesinas, afin d'enrayer la guérilla communiste.

En décembre 1981, L'armée établit la zone d'urgence d'Ayacucho, laquelle est constamment renforcée par les autorités afin de lutter contre les sendéristes. En réponse à un massacre de paysans par l’armée, le Sentier Lumineux se met à massacrer des paysans fidèles au régime à son tour.
Mais les attaques du Sentier Lumineux ne se limitent pas aux territoires ruraux, des attentats à la bombe sont organisés dans Lima.
La population civile fait les frais de cette guerre, prise entre la violence terroriste de la guérilla et la violence contre-terroriste de l’État.

En 1991, le Sentier Lumineux contrôle une grande partie des campagnes du centre et du sud du Pérou et est bien implantée dans les faubourgs de Lima.

Carte de l'activité du Sentier Lumineux de 1981 à 1990
Carte de l'activité du Sentier Lumineux


Le 12 septembre 1992, un coup dur est porté à la guérilla - fondée sur le culte de la personnalité - par l’arrestation de son chef fondateur Abimaël Guzman et de plusieurs autres dirigeants.
Privée de cellule dirigeant l'organisation s'est rapidement divisée en divers fronts régionaux sous les ordres de plusieurs commandants, dont beaucoup s'affrontaient entre eux.

En 2001, le gouvernement péruvien met en place la Commission de la Vérité et de la Réconciliation (CVR) pour investiguer la violence des terroristes mais également à analyser les racines profondes de cette violence et a enquêté sur la répression militaire contre ces mouvements terroristes. Le rapport a été rendu public en 2008. La guérilla opposant les militaires péruviens au Sentier Lumineux a fait plus de 69 000 victimes entre 1980 et 2000. Le gouvernement péruvien a évalué le coût économique des activités terroristes du Sentier Lumineux à plus de 16 milliards de dollars, l'équivalent de la dette extérieure du pays, dont le service absorbait un tiers des devises provenant des exportations (pêche, cuivre, zinc, argent, notamment).

Depuis 2003, vers une résurgence ?
La tendance Proseguir (Poursuivre) du Sentier Lumineux a refusé l'accord de paix proposé par Guzmán en 1993 depuis sa prison. Le mouvement s’est donc poursuivi de manière plus clandestine en s’alliant notamment avec les narcotrafiquants.
Depuis le début des années 2000, le mouvement tente de redorer son blason idéologique en promouvant une guerre populaire qui a en fait pour but le contrôle des routes de la drogue.

En août 2008, le gouvernement lance contre le Sentier Lumineux une vaste opération, la plus grande des dix dernières années. Le chef de l’armée admet que le Sentier lumineux pourrait compter jusqu’à 600 membres, le double de ce que les autorités reconnaissaient jusqu’à présent. Selon plusieurs enquêtes, le mouvement s’est transformé en un groupe de narcotrafiquants à partir de juillet 1999. Dans un premier temps, il assurait la sécurité des mochileiros, ces jeunes chargés du transport de la cocaïne, et des planteurs de coca. Après avoir reçu des renforts, en 2003, les membres du Sentier lumineux ont enlevé 71 travailleurs de la société argentine Techint (relâchés trente-six heures plus tard). Par la suite, leurs actions ont eu des objectifs plus économiques que politiques. Le Sentier Lumineux a aussi commencé à participer à toute la chaîne de production de la coca, en incitant les paysans à délaisser les plantations légales pour devenir ses fournisseurs. L’argent de la drogue a servi à financer ses achats d’armes, la solde de près de 200 dollars versée aux hommes ainsi que leurs uniformes.

Le 11 avril 2012, le Sentier Lumineux a enlevé 36 ouvriers de la société suédoise Skanska et d'une entreprise péruvienne. Le gouvernement a décrété l’état d’urgence ce qui lui permet de faire appel à l’armée pour aider la police. Le 14 avril, les otages étaient libérés et le 27 avril, la guérilla tuait trois soldats et en blessait deux autres.
Le mouvement est donc toujours actif. Sa possible alliance avec les FARC de Colombie pourrait, si elle se renforce, créé un mouvement de déstabilisation de la région.

Sources :
- AFP – « Pérou/Sentier Lumineux : 3 soldats tués » – LeFigaro.fr – 28 avril 2012 http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/04/28/97001-20120428FILWWW00268-perousentier-lumineux-3-soldats-tues.php
- Le Monde.fr avec AFP – « Pérou : état d'urgence après la prise d'otages d'ouvriers par le Sentier lumineux » – LeMonde.fr – 11 avril 2012 http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/04/11/perou-etat-d-urgence-apres-la-prise-d-otages-d-ouvriers-par-le-sentier-lumineux_1684036_3222.html
- Le Monde.fr avec AFP – « Pérou : état d'urgence après la prise d'otages d'ouvriers par le Sentier lumineux » – LeMonde.fr – 11 avril 2012 http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/04/11/perou-etat-d-urgence-apres-la-prise-d-otages-d-ouvriers-par-le-sentier-lumineux_1684036_3222.html
- Le Monde.fr avec Reuters – « Le chef du Sentier lumineux grièvement blessé dans la jungle péruvienne » – LeMonde.fr – 12 février 2012 http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/02/12/le-chef-du-sentier-lumineux-retrouve-mort-dans-la-jungle-peruvienne_1642344_3222.html
- Ruth Costas – « Le Sentier lumineux renaît de ses cendres » – O Estado de São Paulo (traduit par Courrier International) – 28 mars 2009 http://www.courrierinternational.com/article/2009/05/28/le-sentier-lumineux-renait-de-ses-cendres


Par AD

vendredi 27 avril 2012

Question de lecteur : la gouvernance de l'Union européenne


Nous publions aujourd'hui notre 100ème billet et nous fêtons les quatre ans d’existence de ce blog. Notre profitons de cette occasion pour inaugurer notre série d'articles Questions de lecteur. Vous avez la parole, poser vos questions sur les thèmes traités dans ce blog et nos rédacteurs vous répondrons. Pour proposer vos questions écrivez à l'adresse suivante : globalanalysisfrance@gmail.com.

Dans ce premier article nous répondons aux questions d’un lecteur sur la gouvernance de l’Europe.
AD est co-créateur et rédacteur en chef du blog GlobalAnalysis France. Il est spécialiste des institutions internationales.
JS est co-créateur et auteur du blog GlobalAnalysis France. Il est spécialiste de l’Union européenne.

Question 1 : Quelles sont les raisons de cette difficulté à gouverner à 27 ?
La difficulté de gouvernance a deux origines. D'une part, la multiplicité des instances supranationales en Europe.  Et d'autre part, le traité de Lisbonne qui paradoxalement en voulant rendre l'Union européenne plus démocratique a dilué les voix, déconcentré les pouvoirs et à donc rendu l'Union plus difficile à gérer.




Premièrement, il faut considérer le nombre d'organisations supra-étatiques, le nombre de traités différents qui existe dans l'Europe physique et dans l'Union européenne. Dans l’espace européen on peut décompter l’espace Schengen, la zone euro, l’Union européenne, l’Union douanière européenne, l’Espace économique européen, le Conseil de l’Europe et on pourrait ajouter l’OTAN. Tous les pays de cet espace ne participent pas forcément aux mêmes traités et seuls 14 pays sur les 27 de l’UE et 47 du Conseil de l’Europe sont adhérents à tous les traités. Une telle fragmentation entraine forcément des intérêts politiques divergents.

Deuxièmement, le traité de Lisbonne. Le traité de Lisbonne instaure l’indépendance de la présidence Conseil européen par rapport à la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne. Les chefs d’États et de gouvernements ne se rassemblent donc plus sous la même présidence que celle sous laquelle se rassemblent leurs ministres.
Le traité de Lisbonne renforce le pouvoir du Parlement européen et place la Commission européenne responsable devant celui-ci et non plus devant le Conseil européen ceci mène à un renforcement du rôle du parlement et donc à une dilution des pouvoirs.
Le traité de Lisbonne instaure pour 2014 le système de double majorité qui fait que les décisions législatives pour être adoptées doivent recevoir 55 % des suffrages des membres du Conseil représentant au moins 15 États et au moins 65% de la population de l'Union.


Question 2 : Est-il plus préférable de se concentrer sur le partenariat économique plutôt que politique ?
Depuis l'époque de la CECA, la construction européenne se fait par des partenariats économiques. Les élargissements successifs ont été tirés par la croissance. D'abord celle des 30 glorieuses, puis à partir des années 1990 par la fin de l'URSS. Cette ouverture à l'Est a été principalement le fait de l'Allemagne dans la continuité de l'Ostpolitik de Willy Brandt. Aujourd'hui, la plupart des pays de l'Union européenne sont à croissance nulle ou très faible. Le moteur de l'Union est à l'arrêt. Avant de le relancer, il faut peut-être se poser la question de la route que l'Union veut prendre et avec qui.

Question 3 : Un modèle de gouvernance harmonieux est il envisageable ? Est-il envisageable sans remettre en question la souveraineté des états membres ?
La crise des dettes de la zone euro a montré les limites de la gouvernance actuelle. Deux directions s'offrent aux pays de l'Union :
·         soit un fédéralisme complet sur le modèle des USA ou de l'Allemagne. Ce qui implique une volonté profonde d’harmonisation des systèmes politiques et économiques.
·         soit une alliance moins contraignante avec un retour d’une majeure partie des compétences économiques au niveau national ce qui implique de renoncer à la monnaie unique.

Quelque soit la direction choisie, la décision doit se prendre à 27 et c’est là que toute la difficulté réside. Aux vues des difficultés de prendre des décisions d’urgence concernant la zone euro, on peut se demander combien de temps il faudra pour prendre une décision de fond à 27. Mais continuer comme si de rien n'était ne semble guère possible.

mardi 17 avril 2012

Les think tanks : influencer la politique

L'organisation de la campagne présidentielle française de 2012 a fait apparaître au grand jour un nouveau type d’acteur : les think tanks.
Le candidat ou la candidate est avant tout une personnalité, un orateur, un contradicteur.
Le parti est une machine à gagner les élections fournissant des soutiens célèbres (les ténors) et anonymes (les militants), fournissant les supports de campagnes (tracts, affiches, sites internets, listes de sympathisants, etc.).
Les think tanks sont des générateurs d’idées. Dans ces temps où chaque jour doit voir fleurir une nouvelle proposition du candidat pour ne pas disparaître des écrans médiatiques, ces institutions génèrent un flot continu d'analyse, d'opinions et de recommandations dans lesquels les partis vont piocher pour alimenter le candidat ou la candidate. 
 
Définition :
Un think tank, ou laboratoire d’idée, est une institution privée le plus souvent indépendante des partis politiques réunissant des experts pour produire des études ou des propositions dans les domaines liés aux politiques publiques. Ils sont composés de chercheurs (universitaires ou privés), des anciens hommes (ou femmes) politiques, des dirigeants (hauts fonctionnaires, cadres supérieurs d'entreprises
En 2010, il y avait 6480 think tanks dans le monde. La création de think tanks a été très forte de la fin des années soixante au début des années 2000. Les États-Unis restent le pays qui compte le plus de think tanks, il y en aurait 1.100. La Grande-Bretagne compte 278 think tanks et il y en aurait environ 200 en France.
Les think tanks sont financés en majorité par des entreprises privées ainsi que par des particuliers. Les modes de financements de ces institutions ne sont pas toujours clairement identifiables et de cette opacité découle une certaine méfiance, en particulier en France.
 
Les think tanks proches des partis
En France, la tradition des clubs de réflexion a amené des think tanks marqués politiquement. A gauche, on peut citer Terra Nova, la Fondation Copernic et la Fondation Jean-Jaurès (FJJ). A droite, l'Institut Montaigne, la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol), l'Institut français pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques (IFRAP).
Ainsi la primaire socialiste a été inspirée par Terra Nova, la « règle d'or » budgétaire par Fondapol, la charte de la diversité à l'Institut Montaigne. Les deux principaux partis français, le Parti Socialiste (PS) et l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP) organisent des structures pour communiquer avec les think tanks de leur bord politique.
 
Les think tanks dinfluence
Un deuxième type de think tank est celui qui est spécialisé dans un domaine précis. Dans ce cas, son rôle ne se limite pas à conseiller les hommes politiques, il se veut également pédagogique. Il dépêche alors des experts dans les médias pour commenter les décisions ou les annonces politiques, il publie des rapports, organise des débats, chiffre les programmes économiques. C'est le cas en France de l'Institut Français des Relations Internationales (IFRI), de l'Institut des Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R), de la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS) par exemple dans les relations internationales et de l'Institut de l’entreprise dans le monde économique.
Mais les think tanks sont tributaires des intérêts privés. En effet, leurs donateurs cherchent à influencer les débats, à encourager une personnalité. Les financements viennent d'entreprises, de fondations politiques, de gouvernements étrangers, d'hommes d'affaires qui ont un message à faire passer et qui financent les instituts en fonction de ce message.
Ainsi les think tanks sont un outil d'influence par eux-mêmes (faire avancer les idées qui ont germées en interne) mais également un relais d'influence.
 
Conclusion
L'accélération de la communication politique, couplée à la complexification des sujets politiques a amené à l'apparition des think tanks. Ils sont le lien entre le monde de la recherche en sciences politiques ou sociales et le monde politique. Mais ces laboratoires d'idée sont également des outils d'influence.
Ils ne restent pas moins des sources d'information utiles aux journalistes et analystes politiques de part leur qualité et leur facilité d'accès notamment dans le domaine de la géopolitique et des relations internationales.
 
Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Célia Bass – « Peut-on considérer un discours politique comme un argumentaire de vente ? » – La boite à idée – 16 avril 2012 http://marketthinking.blogspot.fr/2012/04/peut-on-considerer-un-discours.html
- Corine Lesnes – « Aux Etats-Unis, 1 100 cercles de réflexion, dont 80 ont un budget supérieur à 10 millions de dollars » – Le Monde – 7 janvier 2012 http://www.lemonde.fr/journalelectronique/donnees/protege/20120107/html/830655.html
- Gérard Courtois – « Les think tanks, des idées en l'air » – Le Monde – 7 janvier 2012 http://www.lemonde.fr/journalelectronique/donnees/protege/20120107/html/830658.html
- Weronika Zarachowicz – « L’influence des think tanks, cerveaux des politiques » – Télérama – 16 décembre 2011 http://www.telerama.fr/idees/l-influence-des-think-tanks-cerveaux-des-politiques,76047.php
- Mounia Ben Aïssa – « Think Tanks: Influence ou Ingérence? » – France24 – 12 janvier 2010 http://www.france24.com/fr/20100111-think-tanks-influence-ing-rence-0

Par AD

jeudi 29 mars 2012

Un cyber-conflit israélo-arabe ?



serveur

Après s'être combattu six fois (la guerre de 1948, la guerre de Suez en 1956, la guerre des Six Jours en 1967, la guerre du Kippour en 1973, la première guerre du Liban en 1982, et la seconde guerre du Liban en 2006) les pays arabes et Israël se combattent maintenant dans le cyberespace.

En juin 2006, un groupe de hackers arabes aurait piraté les sites internet de deux banques et d’un centre médical israélien, en représailles à l’opération militaire "Pluie d’été" lancée dans la bande Gaza pour retrouver le soldat israélien Gilad Shalit capturé trois jours plus tôt.

En juin 2010, le virus Stuxnet s'attaque au systèmes de contrôles de différent sites liés au programme nucléaire iranien. La complexité du ver étant très inhabituelle pour un malware, il a été décrit par différents experts comme une cyber arme, conçue pour attaquer une cible industrielle déterminée. L'Iran a donc montré du doigt les services de renseignement américains et israéliens. Sans faire parti a strictement parler du conflit israélo-arabe, cette action s'inscrit plutôt dans une guerre froide entre Israël et Iran, cette attaque est néanmoins la première attaque informatique attribuée à l’État hébreu.

Lors du mois de janvier 2012, des hackers arabes ont lancé une suite d'attaques contre les sites internet des cinémas, des journaux israéliens, de la bourse de Tel-Aviv, de la compagnie nationale aérienne El Al ainsi que de banques. Oxomar, qui se présente comme un hacker saoudien de 19 ans, aurait divulgué les données de plus de 20.000 cartes bancaires israéliennes. Il a indiqué à des journalistes de Ynet, le site internet du principal quotidien israélien Yedioth Ahronoth que son but était "d'infliger des dégâts financiers et sociaux en Israël pour venger les attaques et les meurtres d'innocents palestiniens". Ce aurait pu rester une cyber-Intifada s'est transformé en conflit israélo-arabe quand des hackers pro-israéliens nommés "Hannibal Lecter" et "IDF-TEAM" ont répliqués avec les mêmes armes. Ainsi "Hannibal Lecter" aurait piraté les comptes e-mails et Facebook de 30 millions d'arabes dans le monde. Les hackers israéliens "IDF-TEAM" auraient mis hors service les sites des Emirats arabes unis et celui de la Banque centrale palestinienne.

En 2011, le gouvernement israélien a mis en place un commandement cybernétique chargé de centraliser toutes les données liées à la lutte contre les cyber-attaques. En effet, selon une estimation de Isaac Ben Israël, chef du conseil national pour la recherche et le développement, et ancien conseiller de la cyber-sécurité auprès du Premier ministre Benjamin Netanyahou, Israël serait sujet à au moins 1.000 cyber-attaques par minute.

Début 2012, l'armée israélienne à recruté près de 300 experts pour former une unité spécialisée dans la cyber-défense. Baptisée C41, elle vient en complément de l'Unité 8200 des renseignements militaires, l'Aman, spécialisée dans le  renseignement d'origine électromagnétique et du déchiffrement de code.
Ces deux structures sont chargées de la protection des équipements et réseaux électroniques de Tsahal ainsi que ceux des services de renseignement et des autres infrastructures jugées sensibles. L’une des principales inquiétudes de l’armée israélienne est la possibilité pour un ennemi de pirater le réseau militaire pendant une guerre.

L'éditeur d'anti-virus McAfee a montré qu'Israël est le pays le plus prêt à parer à une cyber-attaque sur les 23 pays couvert par l'étude. D'un point de vue légal, une loi assimilant les cyber-attaques à du terrorisme devrait être votée prochainement au Parlement israélien.
Mais Israël, n'est pas le seul État a se préoccuper des menaces informatiques, l’Iran aurait investi 1 milliard de dollars pour développer sa technologie dans le domaine de la cyber-guerre.
En effet, autant la supériorité militaire de l’État hébreu sur ses voisins arabes a été démontrée au cours des 60 ans d'existence du pays autant dans le cyberespace tout reste à faire. Les cyber-attaques qui visent Israël sont effectuées par des hackers qui agissent à titre individuel ou en petits groupes. Leurs motivations sont politiques mais ils ne semblent pas pour l'instant vouloir attaquer d'infrastructures critiques. Les représailles des hackers israéliens sont donc du même ordre.
Les évènements récents ont montrés qu'Arabes et Israéliens semblent faire jeu égal pour l'instant. Mais il ne s'agit pour l'instant que d'une cyber-Intifada et non pas d'une cyber-guerre.


Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Kristell Bernaud – « Les pirates de la nouvelle guerre israélo-arabe » – Slate.fr – 26 mars 2012 http://www.slate.fr/story/52101/israel-palestine-cyberguerre-hackers-stuxnet-duqu
- Adrien Jaulmes – « Cyber-guerre : Israël passe à la contre-attaque » – Le Figaro – 18 janvier 2012 http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/01/18/04016-20120118ARTFIG00366-cyber-guerre-israel-passe-a-la-contre-attaque.php
- Adrien Jaulmes – « Le "hacker saoudien" frappe encore en Israël » – Le Figaro – 17 janvier 2012 http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/01/17/04016-20120117ARTFIG00410-le-hacker-saoudien-frappe-encore-en-israel.php

Par AD

lundi 5 mars 2012

Terres rares : enjeu géostratégique



Les terres rares sont un ensemble de métaux aux propriétés physico-chimiques voisines. Comprenant le scandium, l'yttrium et les quinze lanthanides, ces métaux sont assez répandus dans l’écorce terrestre, leur rareté n’est pas géologique mais économique.
La demande pour ces métaux est largement supérieure à l’offre. Ces métaux sont difficiles à produire, ce sont souvent des sous-produits de mines dédiés à un autre minerai. Leur exploitation n’est rentable que s’ils se trouvent en grande quantité.
Ces métaux sont utilisés dans les technologies de pointe civiles mais également militaires ce qui en fait un enjeu stratégique.

Ces métaux ont acquis une importance stratégique avec l’augmentation de l’électronisation de la société. En particulier :
·         l’antimoine est utilisé pour la production de semi-conducteurs,
·         le monazite pourrait être utilisé comme une base pour le stockage de matériaux radioactifs du fait de sa capacité d’absorption de l’uranium,
·         le samarium est très utilisé pour les aimants permanents en particulier dans le domaine militaire pour les missiles mais aussi pour la fabrication de moteurs électriques, pour les voitures électriques, les éoliennes entre autres,
·         le lithium pour les batteries d’appareils électroniques,
·         le néodyme que l’on retrouve dans des composants pour radars, sonars, lasers et autres capteurs,
·         le thulium est couramment utilisé comme pigment pour les tubes cathodiques ou composant de micro-ondes.
·         d’autres terres rares sont utilisées pour les tubes triphosphores, et des ampoules électriques basse-consommation

Ces métaux sont donc nécessaires aux industries de défense, aux nouvelles technologies ainsi que dans les technologies vertes (éoliennes, voitures électriques, ampoules basse-consommation) or leur production est assurée à plus de 95% par un seul pays : la Chine.


Les gisements de terres rares sont concentrés dans quelques régions du globe États-Unis, Chine, Inde et l’ancienne URSS. Jusqu’à la fin des années 1950, le plus gros de la production était assuré par le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud, seulement le prix à payer écologique a détourné ces pays de la production qui s’est alors concentrée en Chine et plus particulièrement dans les régions frontalières de la Mongolie. Aujourd’hui la Chine assure 95% de la production mondiale de terres rares. La production minière chinoise atteignait, en 2008, 120.000 tonnes sur un total mondial de 124.000 tonnes.

Ce quasi-monopole est du aux conditions de production particulière en Chine le faible coût du travail ainsi que la tolérance du gouvernement aux activités très polluantes et d’une vision à long terme. En 1992, alors que les technologies informatiques en étaient encore à leurs débuts, le premier secrétaire Deng Xiaoping déclarait : « Le Moyen Orient a du pétrole, la Chine a les terres rares ».
Seulement, alors que la demande en terres rares explose, augmentation de 6% de la demande tous les ans, le coût écologique est de plus en plus lourd pour l’Empire du milieu. Pékin a donc décidé, en 2005, la mise en place de quotas d’exportation des terres rares. Cela répond à des objectifs intérieurs, problèmes écologiques, forte demande des industriels chinois mais également à des objectifs de politiques étrangères : attirer les investisseurs étrangers et les convaincre de délocaliser leurs industries de hautes technologies en Chine.

Néanmoins, les réserves mondiales sont assez dispersées. La Chine représente 37% des réserves identifiées, l’ex-URSS 20%, les États-Unis 14% et l’Australie 6%. Mais le coût d’exploitation des mines est pour l’instant prohibitif. Aux USA remettre la filière en route prendrait 15 ans ainsi que des ajustements législatifs importants. A ce coût financier s’ajoute le coût environnemental : le développement de nouvelles technologies non-polluantes est encore impossible à chiffrer.

En juillet 2011, une équipe de l’université de Tokyo a découvert un gisement sous-marin de terres rares qui pourrait changer la donne. Celui-ci contiendrait 80 à 100 milliards de tonnes de ces métaux, soit 1.000 fois ce que l'on trouve sur les terres émergées. Seulement, il s’étale sur 11 millions de mètres carrés à des profondeurs variant de 3.500 à 6.000 mètres en plein océan Pacifique. Autre région prometteuse le Groenland où la fonte des glaces arctiques libère des ressources jusqu’alors inexploitables.

Mais la solution à court terme semble être le recyclage. Celui-ci sera probablement coûteux puisqu’il nécessite la mise en place d’une filière de récupération des déchets électroniques, informatiques ainsi que des ampoules fluorescentes. L’avantage de cette démarche est qu’elle permet de relocaliser la production d’une partie de l’électronique auprès des pays consommateurs. En réduisant parallèlement les besoins en terres rares des équipements de nouvelles technologies, la dépendance à la Chine pourrait s’estomper d’ici une quinzaine d’année selon le témoignage de François Heisbourg devant la commission de l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques le 9 mars 2011.

L’enjeu stratégique des terres rares est celui de l’avenir du progrès technologique des pays occidentaux. Le recyclage et la constitution de stock stratégique, comme pour le pétrole dans les années 1970, devraient permettre aux pays dépendants de la Chine d’assurer leur avenir technologique.


Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Monsieur Moustache – « Géopolitique : le problème des terres rares » – Blog espion – 30 août 2011 http://blog-espion.fr/geopolitique-probleme-terres-rares/
- François Cornut-Gentille – « Géopolitique des minerais stratégiques : le cas pratique des terres rares » – 10 mars 2011 http://www.francois.cornut-gentille.fr/2011/03/10/geopolitique-des-minerais-strategiques-le-cas-pratique-des-terres-rares-video/
- Augustin Roch – « Minerais rares : vers un alignement des pays émergents sur les pratiques chinoises ? » – Affaires-strategiques.info – 28 février 2011 http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article4708
- Margaux Duquesne – « Métaux rares : un monopole chinois inquiétant » – France24 – 8 novembre 2010 http://www.france24.com/fr/20101106-2010-11-06-0410-metaux-rares-chine
- Augustin Roch – « Terres rares, rareté relative et implications géoéconomiques » – Affaires-strategiques.info – 2 août 2010 http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article3750


Par AD

mercredi 22 février 2012

Russie et Syrie, les liaisons dangereuses

 
800px-Russia_Syria_Locator.svg

Le 4 février 2012, la Russie a bloqué par son véto une nouvelle résolution du Conseil de sécurité des Nations unies condamnant le régime du président syrien Bachar el-Assad. Ce véto s'inscrit dans la continuité de la politique de Moscou à l'égard du régime de Damas.
 
Rappel historique
Le soutien de la Russie remonte à l'époque soviétique. En 1963, le parti Baas parvient au pouvoir après un coup d’État. En effet, le parti est clairement communiste et s'aligne sans tarder sur Moscou. Au point de permettre en 1971 à l'URSS de faire mouiller la flotte de mer Noire dans le port de Tartous qui sera la seule base navale soviétique située en dehors de l'URSS.
Après la chute de l'URSS en 1991, les relations entre les deux pays sont incertaines. En effet, Moscou réoriente sa politique étrangère vers l'Europe et les USA. En 2000, avec l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine et sa volonté de restaurer la grandeur de la Russie, celui-ci renforce les liens avec Damas. En 2005, il décide d'effacer 70% des 12 milliards de dette syrienne envers Moscou en échange de la promesse de Damas d'acheter pour 10 milliards d'armement russe.
 
Enjeux géostratégiques
Le premier enjeu est le port de Tartous. Il est, de nos jours, utilisé par la marine russe non comme une véritable base navale mais plutôt comme une facilité pour le ravitaillement de la flotte russe de la mer Noire en Méditerranée. Son importance stratégique n'est néanmoins pas négligeable puisqu'elle est l'un des derniers avant-poste à l'étranger (avec la base navale d'Odessa en Ukraine) pour l'ex-marine soviétique. Depuis 2009, la Russie rénove la base de Tartous pour en faire un véritable port en eaux-profondes ce qui lui permettra d'accueillir des navires de tonnage plus important comme un porte-avions.
 
Deuxièmement, nous l'avons vu, la Syrie est un exportateur de matériel militaire russe. Alors que les armées russes se fournissent de plus en plus dans les pays étrangers, et en particulier dans les pays de l'OTAN (porte-hélicoptères et fusils français, véhicules blindés italiens, entre autres) au détriment du complexe militaro-industriel local, la Syrie achète aux industries russes. En 2008, par exemple, Damas a signé un contrat portant sur l'achat de missiles tactiques Iskanders, de chasseurs Mig 29, de Yak-130, de systèmes anti-aériens S1E ainsi que de deux sous-marins classe Amur-1650.
Les industries d'armement russes ont subi un retard technologique avec la chute de l'URSS, les compétences techniques de ces industries ont été éparpillées avec l'éclatement de l'URSS et les usines russes ne sont capables que de produire de l'armement rustique qui convient parfaitement aux pays comme la Syrie mais assez peu à l'armée russe. Conservé un régime ami en Syrie permet donc de maintenir un bon client.
 
Enjeux géopolitiques
Mais les enjeux, ne s'arrêtent pas à des considérations stratégiques, la relation russo-syrienne implique également des considérations politiques.
Premièrement, l'allié syrien permet à Moscou, qui soutient également l'Iran, de jouer la carte de l'axe chiite face à l'Arabie saoudite et Israël, deux alliés de longue date de Washington. En effet, bien qu'officiellement laïc parce que Baas, le régime syrien est en fait celui de la minorité alaouite du clan Assad soutenu par les chiites.
Deuxièmement, la Russie, et avant elle l'URSS, a toujours repoussé les tentatives des États occidentaux de faire avaliser par l'ONU des interventions militaires lancées au titre de "l'ingérence humanitaire" de peur de s'y retrouver confronter à son tour.
 
Mais alors que les exactions se poursuivent, l'intransigeance de la Russie pourrait se retourner contre elle. Les opposants syriens brulent des drapeaux russes et le souvenir de la Libye est encore frais. La Russie n'avait pas fait obstacle, se contentant de s'abstenir lors du vote de la résolution 1973, autorisant l'intervention de la coalition menée par le Royaume-uni, la France et les USA. Maintenant que Kadhafi a été renversé, les contrats russes sont renégociés au préjudice de Moscou. La même chose pourrait arriver en Syrie où la Russie a également des intérêts gaziers et pétroliers.
 
Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- The World Factbook, CIA
- Jacques Benillouche– « Comment l'Iran et la Russie tiennent à bout de bras le régime syrien » – Slate – 13 février 2012 http://www.slate.fr/story/49885/INTERNATIONAL-syrie-anonymous-iran-russie-soutien
- Anne Applebaum – « Russie-Syrie: le jeu des régimes autoritaires » – Slate – 10 février 2012 http://www.slate.fr/story/49785/INTERNATIONAL-syrie-russie-autoritaire
- « Rappel : Cafés stratégiques – Au-delà la Syrie, le grand jeu » – Alliance Géostratégique – 9 février 2012 http://alliancegeostrategique.org/2012/02/09/rappel-cafes-strategiques-au-dela-la-syrie-le-grand-jeu/#more-11246
- Marie Jégo – « La Russie, alliée intangible de la Syrie » – Le Monde – 5 février 2012 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/02/05/la-russie-alliee-intangible-de-la-syrie_1638655_3218.html
 
 
Par AD

jeudi 16 février 2012

Croatie : vers une Union européenne à 28




Le 22 janvier 2012, les Croates se sont prononcés à 66,27 % en faveur de l'adhésion à une Union Européenne qui traverse une crise de gouvernance liée à la crise de la dette. Vingt ans après son indépendance de la Yougoslavie et après six ans de négociations, la jeune république rejoint l’Union. En plus de ce référendum, le processus de ratification par les parlements des 27 membres devrait se terminer avant la fin du mois de juin 2013, pour une adhésion prévue au premier juillet 2013.


La Croatie :
La Croatie est un pays de 4,3 millions d’habitants et de plus de 56.000 km² de superficie. Bordée par la mer Adriatique au sud, elle est entourée par la Slovénie, la Hongrie, la Serbie, la Bosnie-Herzégovine et le Monténégro. Sa capitale est Zagreb, sa langue officielle est le croate (une langue slave).

Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, la Croatie fut libérée par des partisans communistes et ceux-ci fondent la République socialiste de Croatie qui rejoint comme État fédéré la République fédérative populaire de Yougoslavie (de 1945 à 1963), puis de la République fédérative socialiste de Yougoslavie (de 1963 à 1990).

Suite à l’éclatement de l’URSS, des élections libres sont organisées en 1990, la Croatie, comme la Slovénie, déclare alors son indépendance. Le gouvernement fédéral yougoslave ne reconnait pas cette déclaration au nom de la préservation de l'État fédéral et de la minorité serbe de Croatie. Il s’en suit une guerre d’indépendance de quatre ans contre l’armée yougoslave et les des groupes paramilitaires serbes qui avait fait vingt mille morts.
La Croatie fut néanmoins reconnue indépendante par la communauté internationale le 15 janvier 1992.

En 2000, le président modéré Stjepan Mesić est élu suite du décès de Franjo Tuđman qui avait dirigé le pays au cours des dix années précédentes. Cette élection a constitué un tournant politique et économique majeur. Le pays s'est démocratisé et ouvert sur l'Europe, les auteurs d'exactions pendant les conflits militaires ont été poursuivis, il a mené une politique de privatisations et s'est ouvert aux investissements étrangers. La Croatie présente sa demande d’adhésion à l'Union européenne en 2003. Le statut de candidat lui est accordé par le Conseil européen au cours de l'année 2004 et les négociations sont ouvertes en octobre 2005.
La Croatie devient membre de l'OTAN en avril 2009.

Les enjeux pour l’UE
Pour l’Union européenne, le référendum était également un test. Test d’attractivité et de confiance dans le modèle d’intégration européen.
Alors qu’une crise liée à la dette souveraine grecque met à mal la gouvernance de la zone euro, le choix des Croates de rejoindre l’UE peut être vu comme un vote de confiance. Il faut néanmoins relativiser. Le sentiment pro-européen avait atteint 80% dans les sondages en 2003, puis il a décru au fil des négociations mais également en raison de la crise économique. C’est cette crise qui a divisé les partis politiques Croates amenant à un résultat de 66% de vote positif mais seulement 43% de participation.

Si l’UE n’est pas particulièrement attractive politiquement, elle le reste économiquement. L’UE est aujourd’hui le principal partenaire commercial de la Croatie et l’entrée du pays dans le marché commun permettra un appel de capitaux et en particulier d’investissements.

Malgré la crise de la zone euro, l’Union européenne reste un pôle d’attraction économique, un marché unique de plus de 500 millions d’habitants et donc de consommateurs potentiels. Une réforme de la gouvernance de la zone euro semble inévitable puisque la Lituanie, la Lettonie, la Roumanie et la Hongrie souhaitent rejoindre la monnaie commune à des échéances allant de 2014 à 2020.

Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- The World Factbook, CIA
- LEMONDE.FR avec AFP – « Adhésion de la Croatie à l'UE : le oui l'emporte » – LeMonde.fr – 22 janvier 2012 http://www.lemonde.fr/europe/article/2012/01/22/adhesion-de-la-croatie-a-l-ue-le-oui-largement-en-tete_1633028_3214.html

Par AD

mercredi 25 janvier 2012

Dix ans de guerre en Afghanistan

397px-Afghan_Army_supported_by_US_forces
En  novembre 2001, la coalition dirigée par les États-Unis faisait tomber le régime Taliban au terme d'une guerre de quelques semaines à peine.
En décembre, la coalition se réorganise autour de la Force internationale d'assistance et de sécurité (International Security Assistance Force, ISAF) mandatée par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, depuis le 20 décembre 2001 et la résolution 1386.
A l'ISAF est venue se greffer, à partir de 2002, l'Armée Nationale Afghane (ANA) entraînée par les forces armées de l'OTAN ainsi que des sociétés militaires privées.

Alors que la situation n'est pas sécurisée dans le pays et que le retrait des troupes de l'OTAN est prévu pour 2014, les USA changent leur fusils d'épaule et envisagent des négociations avec les Taliban dans le but de former un gouvernement d'union nationale à Kaboul. Dans ce but les Taliban ont ouvert au Qatar une représentation et ils ont d'ors et déjà fait savoir qu'ils demanderaient la libération des prisonniers de Guantánamo avant toute négociation.

Mais le retrait des forces de l'OTAN implique le l'ANA et la police afghane soient prêtes à prendre le relais pour assurer la sécurité dans le pays et permettre au président Karzaï de contrôler la plus grande partie possible du territoire et de mettre Kaboul en position de force avant de négocier avec  les Taliban. Hors selon les pays de la coalition, celle-ci n'est pas encore à niveau.
D'une part, l'ANA serait infiltrée par les sympathisants Taliban et d'autre part  la loyauté de celle-ci au gouvernement central de Kaboul serait discutable. L'OTAN a donc mis en place en 2010 un programme visant à former des agents de contre-espionnage afin de repérer les insurgés infiltrés dans les rangs des forces de sécurité afghanes

C'est dans ce contexte que quatre soldats français ont été tués et quinze ont été blessés, dont huit grièvement par un homme de l'ANA. Ces hommes étaient des instructeurs dont la mission étaient de former un bataillon de l’armée nationale afghane.
Le ministre de la Défense français, Gérard Longuet, dépêché d'urgence à annoncer  au lendemain de l'attaque que le tireur était un taliban infiltré. Cette information était basée sur les déclarations du général afghan Nazar, le commandant de la 3e brigade à laquelle appartenait l’auteur des coups de feu.

Hors de son côté le commandement de l'ISAF n'est pas aussi catégorique. Il indique qu'une enquête est en cours et que de multiples raisons ont pu pousser le tireur à agir ainsi.
En effet, un rapport de mai 2011, classifié mais révélé par le New York Times indique que de plus en plus de soldats de l'ANA se retournent contre les forces de l'OTAN. Ce rapport indique que la présence des forces de l'OTAN est de plus en plus mal perçue par les afghan. Cette présence est perçue comme une occupation qui dure depuis 10 ans. Ce qui amène à une "une crise de confiance et d'incompatibilité culturelle" (le titre du rapport est en effet : “A Crisis of Trust and Cultural Incompatibility”). Les Afghans seraient perçus comme "des voleurs, des menteurs et des toxicomanes"  (thieves, liars and drug addicts) alors que les Américains seraient "grossiers, arrogants et malpolis" (rude, arrogant bullies who use foul language).
Le tireur qui a tué les quatre soldats français a d'ailleurs déclaré lors de son interrogatoire qu'il avait agit en réaction à  diffusion de la vidéo montrant des marines américains urinant sur des cadavres en Afghanistan.

L'empressement de Gérard Longuet a déclaré que le tireur était un Taliban est vraisemblablement un geste de politique intérieure. En cette année électorale le président français qui a renforcé le contingent français en Afghanistan doit défendre son bilan alors que la guerre est impopulaire dans l'opinion publique française. Déclarer publiquement que la guerre est également impopulaire en Afghanistan rendrait difficilement compatible la politique intérieure et les engagements internationaux.

Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- The World Factbook, CIA
- Zone Militaire – « Quelques pistes pour renforcer la sécurité des militaires français en Afghanistan » – OPEX360 – 24 janvier 2012 http://www.opex360.com/2012/01/24/quelques-pistes-pour-renforcer-la-securite-des-miltaires-francais-en-afghanistan/
- LEMONDE.FR avec AFP et Reuters – « Pour l'OTAN, rien n'indique que les quatre militaires français aient été tués par un taliban infiltré » – LeMonde.fr – 24 janvier 2012 http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2012/01/24/pour-l-otan-rien-n-indique-que-les-quatre-militaires-francais-aient-ete-tues-par-un-taliban-infiltre_1633572_3216.html
- LEMONDE.FR avec AFP – « Afghanistan : les talibans revendiquent le meurtre des quatre soldats français » – LeMonde.fr – 21 janvier 2012 http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2012/01/21/afghanistan-les-talibans-revendiquent-le-meurtre-des-quatre-soldats-francais_1632685_3216.html
- Zone Militaire – « L’assassin des quatre militaires français est un "taliban infiltré depuis longtemps" dans l’armée afghane » – OPEX360 – 21 janvier 2012 http://www.opex360.com/2012/01/21/lassassin-des-quatre-militaires-francais-est-un-taliban-infiltre-depuis-longtemps-dans-larmee-afghane/
- Édito du Monde – « Les ambiguïtés meurtrières de l’armée afghane » – LeMonde.fr – 20 janvier 2012 http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2012/01/21/les-ambiguites-meurtrieres-de-l-armee-afghane_1632693_3216.html
- Zone Militaire – « Quatre militaires français tués par un soldat afghan; Le président Sarkozy suspend les opérations et évoque un retrait anticipé » – OPEX360 – 20 janvier 2012 http://www.opex360.com/2012/01/20/un-soldat-afghan-aurait-tire-sur-des-militaires-francais-dans-le-secteur-de-tagab/
- Matthew Rosenberg – « Afghanistan’s Soldiers Step Up Killings of Allied Forces » – The New York Times – 20 janvier 2012 http://www.nytimes.com/2012/01/20/world/asia/afghan-soldiers-step-up-killings-of-allied-forces.html?_r=1&hp

Par AD

mercredi 11 janvier 2012

Le détroit d'Ormuz : enjeu stratégique

650px-Straße_von_Hormuz
Le 29 juin 2008 déjà, le commandant du Corps des Gardiens de la révolution islamique, les Pasdaran, déclarait que si l'Iran était attaqué par Israël ou les États-Unis, il fermerait le détroit d'Ormuz. Le 27 décembre 2011, dans un contexte de renforcement des sanctions économiques prises contre l'Iran par les USA et l’Union européenne, le premier vice-président iranien Mohammad Reza Rahimi a annoncé que son pays fermerait le détroit d'Ormuz en cas de sanctions visant les exportations iraniennes de pétrole.


Géographie
555px-Strait_of_hormuz_full

Reliant le golfe Persique au golfe d'Oman, le détroit d'Ormuz est frontalier de trois pays que sont l'Iran au nord, le sultanat d'Oman (extrémité de la pointe) et les Émirats arabes unis au sud (péninsule arabique).
Long de 63 km, large de 40 km et d'une profondeur moyenne de 56 mètres, le détroit constitue une voie commerciale essentielle du trafic international, empruntée par plus de 30 % du commerce mondial de pétrole. Outre les Émirats arabes unis et l'Iran, le détroit commande l'accès à d'autres pays producteurs d'hydrocarbures aussi importants que l'Arabie saoudite, le Koweït, le Qatar, Bahreïn et l'Irak. Selon le département américain de l'Énergie, environ 2.400 pétroliers y transitent chaque année, pour un volume d'environ 17 millions de barils de pétrole par jour.
Dans le détroit à proprement parler le couloir de navigation est du coté omanais de la frontière maritime mais à quelques encablures seulement de cette frontière maritime.
Outre les Emirats et l'Iran lui-même, toutes les exportations de pétrole de Bahreïn, du Koweït et du Qatar passent par le détroit d'Ormuz, ainsi que la plus grande partie des exportations pétrolières d'Arabie saoudite et de l'Irak.

681px-Oil_and_Gas_Infrastructure_Persian_Gulf_(large)

Contexte géopolitique
La menace de fermer le détroit intervient dans un contexte stratégique assez chargé.
Premièrement la publication du rapport de l’AIEA sur le nucléaire iranien a ouvert la voix à de nouvelles sanctions économiques, prises notamment par les USA et l’Union européenne. Ces sanctions, si elles s’attaquent à l’industrie pétrolière pourraient être dévastatrices pour l’économie du pays.
Deuxièmement, le retrait des soldats américains d’Irak diminue l’influence du pays dans la région moyen-orientale.
Troisièmement, la contestation en Syrie prive Téhéran d’un allié stable dans la région. Une démonstration de force de la part du régime de Mollah permet donc de galvaniser les forces financées par l’Iran comme le Hezbollah.
Dernier point et non des moindres, l’Iran connaitra au mois de mars des élections législatives. Les élections présidentielles de 2009 avaient été suivies de neuf mois de contestation réprimée dans le sang. Une démonstration de puissance peut permettre de raviver les sentiments nationalistes et ressouder le peuple derrière ses dirigeants.

Forces en présence
 
ormuz

La marine iranienne possède : trois sous-marins diésels d'origine soviétique datant du début des années 1990, un destroyer armé en 2007, 5 frégates, 3 corvettes, onze vedettes de classe Combattante II et dix navires lance-missiles.
Des missiles sol-mer disposant d'une portée de 200 à 400 kilomètres (d'origine chinoise ou russe) qui pourraient être installés le long de la côte sud du pays pour protéger les opérations navales.
L'armée de l'air dispose d'appareils capable de lancer des missiles en mer mais ceux-ci sont assez anciens (des années 1960 et 1970).
Les Pasdaran possèdent également des forces navales et notamment des vedettes rapides et des sous-marins de poche pouvant procéder au déploiement de mines dans le détroit pour le rendre impraticable aux navires de commerce.
 
La cinquième flotte américaine est basée à Manama, à Bahreïn. Sa mission principale est de garantir l'accès au détroit d'Ormuz pour tous les navires de commerce. En temps normal, elle est constituée d'un porte-avions (en ce moment l'USS John C. Stennis avec plus de 80 appareils embarqués dont 50 avions de combat) et d'un porte-hélicoptères, accompagnés par une vingtaine de bâtiments d'escorte et de soutien.
Les Américains ont envoyé sur la zone un autre groupe aéronaval celui du porte-avions USS Abraham Lincoln et un troisième groupe celui du USS Carl Vinson est en route depuis Hong Kong.
Le porte-avions français Charles-de-Gaulle est également sur le chemin. A cela, il faut ajouter les bases aériennes américaines, britanniques et françaises présentent aux Emirats Arabes Unis, en Arabie saoudite, à Barhein, au sultanat d'Oman et au Qatar ainsi évidement que les forces aériennes de ces pays.
 
Perspectives stratégiques
Les forces en jeux interdisent à l'Iran toute attaque frontale de la Vème flotte. Ces moyens sont trop peu nombreux et trop anciens pour faire face à une armada composée potentiellement de quatre porte-avions et de leur groupe de protection (une dizaine à une vingtaine de navires chacun).
Téhéran pourrait alors placer des mines sous-marines en face des champs pétrolifères et des terminaux de production de pétrole dans le golfe Persique en particulier ceux de l'Arabie saoudite ou du Qatar.
Les Iraniens pourraient utiliser leurs missiles mer-mer ou sol-mer contre les navires de commerce ce qui provoquerait l'arrêt immédiat du trafic maritime. Dans le cas où les navires lance-missiles sont neutralisés, l'Iran peut toujours compter sur ses sous-marins, et notamment les sous-marins de poche très difficiles à détecter, pour torpiller les navires.
 
Mais les menaces iraniennes tombent aux moment d'un exercice militaire planifié de longue date entre Israël et les USA. L’objectif est d’installer un bouclier anti-missiles commun et de mettre en œuvre une coordination entre les deux armées. Des milliers de militaires américains comprenant des aviateurs, des équipes d’interception de missiles, des marines, des techniciens et des agents de renseignements sont attendus en Israël. La Grande-Bretagne a été informée de ces exercices et a précisé qu’elle était prête à se joindre à toute action contre l’Iran si le détroit d’Ormuz était fermé.
Les autorités iraniennes viennent d’annoncer des exercices d’envergure en février dans le détroit d’Ormuz et dans le Golfe persique. Elles prennent le risque de les faire coïncider avec les manœuvres militaires israélo-américaines.
Il s'agit pour l'Iran d'un geste politique calculé. Les dirigeants de la république islamique savent que les USA, même dans une coalition, n'attaqueront pas les premiers. Cette rhétorique guerrière à pour cible Barack Obama, perçu comme étant faible, qui répond peu aux agressions du régime des mollahs. Mais le président américain, en accord avec l'Etat hébreu, mène, en Iran, une guerre secrète utilisant drones, forces spéciales et agents secrets pour déstabiliser le régime. Il est fort probable que les sanctions économiques seront adoucies mais que la guerre froide repartira de plus belle.
 
Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- The World Factbook, CIA
- Jacques Benillouche – « Du détroit de Tiran au détroit d'Ormuz » – Slate – 10 janvier 2012 http://www.slate.fr/story/48497/detroit-ormuz-iran-etats-unis-guerre-six%20jours
- Régis Soubrouillard – « La guerre froide Iran-USA rebondit dans le détroit d’Ormuz » – Marianne – 10 janvier 2012 http://www.marianne2.fr/La-guerre-froide-Iran-USA-rebondit-dans-le-detroit-d-Ormuz_a214344.html
- LEMONDE.FR avec AFP – « Les Emirats arabes unis mettent la dernière main à l'oléoduc contournant le détroit d'Ormuz » – LeMonde.fr – 9 janvier 2012 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/01/09/les-emirats-arabes-unis-mettent-la-derniere-main-a-l-oleoduc-contournant-le-detroit-d-ormuz_1627502_3218.html
- LEMONDE.FR avec AFP – « Les Etats-Unis menacent de "répondre" si l'Iran bloquait le détroit d'Ormuz » – LeMonde.fr – 8 janvier 2012 http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/01/08/les-etats-unis-menacent-de-repondre-si-l-iran-bloquait-le-detroit-d-ormuz_1627184_3222.html
- LEMONDE.FR avec Reuters – « L'Iran annonce de nouvelles manœuvres dans le détroit d'Ormuz » – LeMonde.fr – 6 janvier 2012 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/01/06/l-iran-annonce-de-nouvelles-man-uvres-dans-le-detroit-d-ormuz_1626606_3218.html
- Régis Soubrouillard – « USA-Iran : les missiles de croisières s'amusent » – Marianne – 3 janvier 2012 http://www.marianne2.fr/USA-Iran-les-missiles-de-croisiere-s-amusent-_a214079.html
- Zone Militaire – « Tirs de missiles iraniens dans le détroit d’Ormuz » – OPEX360 – 3 janvier 2012 http://www.opex360.com/2012/01/03/tirs-de-missiles-iraniens-dans-le-detroit-dormuz/
- Alain Rodier – « Iran : nouvelles menaces de fermeture du détroit d'Ormuz » – Centre Français de Recherche sur le Renseignement – 01/01/2012 http://www.cf2r.org/fr/notes-actualite/iran-nouvelles-menaces-de-fermeture-du-detroit-ormuz.php
- AD – « Iran et Israël : vers une nouvelle guerre froide » – GlobalAnalysis France – 10 novembre 2011 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2011/11/iran-et-israel-vers-une-nouvelle-guerre.html
 
Par AD