lundi 28 février 2011

La Russie, puissance (re-)émergente ?

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La fédération de Russie est le plus grand pays du Monde en superficie, elle possède les plus importantes réserves de gaz prouvée et les deuxièmes réserves de pétrole. Mais depuis l’effondrement de la superpuissance qu’était l’URSS la Russie ne joue qu’un rôle de puissance moyenne dans le monde.
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La Russie a une superficie de 17 millions de km² (soit deux fois celle des États-Unis, 31 fois celle de la France) cet immense territoire est sa principale source de richesses. Mines de fer, de houille, de nickel, de diamant, le pays possède un sous-sol riche. Les hydrocarbures ne sont pas en reste puisque la Russie détient du gaz naturel (premier producteur et exportateur mondial), du pétrole (premier producteur), du charbon (sixième pays producteur). Mais cette manne économique étant repartie sur un territoire immense, elle est mal aisée à exploiter.
La Russie a également hériter de l’URSS une industrie lourde et technologique centrée sur l’aéronautique, la défense, le nucléaire et le spatial. Elle est encore le premier exportateur d’armes dans le monde mais son industrie légère n’a pas réussi à percer sur le marché national. Dans les produits de haute technologie (informatique, nanotechnologie, électronique et pharmaceutique) les entreprises russes sont remarquées par leur absence. Les exportations du pays se composent majoritairement de produits à faible valeur ajoutée et de matières premières dont l’évolution des prix est sujet à de nombreuses fluctuations.
Militairement, un si grand territoire est difficile à protéger ce qui explique la politique étrangère incisive de Moscou depuis l’arrivée de Vladimir Poutine au Kremlin en 2000.
L’armée russe, héritière de l’armée soviétique, est vieillissante du fait du désinvestissement chronique de la part de l’Etat. La R&D du complexe militaro-industriel est peu efficace. Ce phénomène est particulièrement flagrant dans les armes ‘techniques’  que sont la marine et l’aviation. Les navires comme les avions sont vieillissants et le pays peine à renouveler les navires de combat, les sous-marins mais également les hélicoptères qui datent tous des années 1980. L’annonce de l’achat de BPC Mistral à la France est bien la preuve des difficultés technologiques auxquelles le pays fait face. La Russie possède un immense stock d’armes nucléaires mais ne possède pas de missiles récents permettant d’en faire un vrai atout.
 
D’un point de vu stratégique, la Russie doit se protéger contre des menaces diverses : intérieures premièrement, l’indépendantisme couplé au terrorisme dans le Caucase, mais également extérieures l'Asie Mineure, le Japon, la Mongolie et surtout la Chine sont des voisins menaçants. Moscou surveille de près les détroits turcs pour accéder à la Méditerranée, danois pour accéder à l'océan Atlantique et  japonais pour l'océan Pacifique. L'Arctique est également l’objet de bien des attentions notamment pour les réserves de pétrole.
Cette politique agressive envers les ressources énergétiques est l’une des pierres d’achoppement des relations entre la Russie et les puissances occidentales.  Menacée par l’OTAN et l’extension à l’Est de l’Union Européenne, la Russie voit sa zone d’influence se réduire drastiquement d’autant que les structures d’approvisionnement en gaz et en pétrole russe à destination de l’Europe sont basées sur le réseau soviétique qui s’appuyait sur les États satellites. Une partie de ceux-ci étant intégré dans l’Union Européenne, la Russie perd sa main-mise stratégique.
Les USA dont la méfiance envers la Russie n’a pas déclinée avec la fin de la guerre froide diversifie ses approvisionnements et dans sa politique de sécurisation entrent dans la sphère d’influence historique de Moscou.
 
La politique de contournement des voies d’approvisionnements russe ainsi que le soutien européen à un bouclier anti-missile ravive les vieilles querelles de la guerre froide.
Dans une optique de retour au statut de superpuissance, Moscou noue de nouveaux partenariats dans son environnement proche. Après la disparition de facto du pacte de Varsovie, Moscou renouvelle son partenariat politico-militaire avec la Biélorussie, l'Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan et le Tadjikistan en créant l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC).
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Pays membre de l'OTSC


En 2001, la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan se rassemblent dans une organisation de stabilité régionale : l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). 
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Pays membres de l'OCS en vert foncé, observateurs en vert clair


Ce retour au premier plan de la Russie est trompeur, en effet le pays reste pauvre de part la fragilité de son système financier et ses difficultés à redistribuer les richesses des hydrocarbures qui restent dans les mains d’une oligarchie. La corruption dans le pays équivaut à la moitié du PIB et les instances politiques sont faibles.
La crise sanitaire et sociale qui touche la population depuis la chute du mur de Berlin est aujourd’hui rejointe par des crises identitaires et ethniques. Les guerres du Caucase divisent l’opinion publique dans un État où le pouvoir central est bien lointain.
 
La Russie est une puissance en renaissance. Renaissance des cendres de l’Union Soviétique mais de nombreux obstacles se tiennent encore sur la route vers la superpuissance.

Sources :
Wikipédia (en particulier pour les cartes)
Michel Guénec – « La Russie, une puissance émergente ? » – 50 fiches pour comprendre la géopolitique – Editions Bréal – août 2010
Michel Guénec – « La politique russe dans le domaine des hydrocarbures » – 50 fiches pour comprendre la géopolitique – Editions Bréal – août 2010
 
Par AD

mardi 22 février 2011

La Chine, nouvelle puissance mondiale

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De l’avis de nombreux experts, la Chine sera la principale puissance du XXIème siècle. Elle dispose en effet de la plus grande croissance économique du monde, de la plus importante population (1,3 milliards en 2009), de la plus grande armée (en nombre d’hommes) mais également de l’arme atomique depuis les années 1960.
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Puissance économique
L’émergence de la Chine comme puissance économique date des années 1970 lorsque le gouvernement communiste s’est ouvert à l’économie de marché en créant les premières zones économiques spéciales. Ces villes, le plus souvent sur les côtes littorales ont pour vocation de recevoir les investissements étrangers et ont rapidement fait de la Chine l’atelier du monde. En deux décennies de travail à faible valeur ajoutée pour les entreprises occidentales, la Chine est devenu le principal fabricant de chaussures, de textiles, d’électroménager mais également d’automobile pour son marché intérieur uniquement. Avec un taux de croissance de 9% en moyenne sur la décennie écoulée, la Chine est devenu la deuxième puissance économique mondiale et pourrait dépasser les USA d’ici à 20 ou 30 ans selon la Banque Mondiale.
Grâce au transfert de technologies, la Chine rattrape son retard sur l’Europe et les USA notamment en terme d’aéronautique et de spatial. En 2003, la Chine devient la troisième nation au monde capable d’envoyer des hommes dans l’Espace. La R&D est le prochain grand défi du pays pour lequel le budget national à été plus que doublé en dix ans.
Mais cette croissance économique fais de la Chine le deuxième pays consommateur de pétrole et le premier producteur mondial de CO2

Puissance politique
La diplomatie de Pékin est orientée sur la sécurisation de ses approvisionnement énergétique et sur la recherche de débouché commerciaux. La Chine s’intéresse donc en premier lieu à ses fournisseurs d’énergie comme la Russie et le Kazakhstan mais également au Moyen-Orient et à l’Afrique. Sur le continent africain, la Chine est particulièrement présente par ses investissements et est le troisième partenaire économique.
La grande rivalité entre la Chine et les USA et l’antériorité de la puissance diplomatique américaine font que Pékin oriente sa diplomatie sur les États délaissées par Washington pour ne pas entrer en conflit directe avec la première puissance mondiale.
La Chine est donc l’un des seuls soutiens aux régimes autoritaires comme le Soudan, l’Iran et la Corée du Nord. Cette position est mal perçue par les pays occidentaux qui exhortent Pékin à respecter les droits de l’Homme (censure d’internet, place des minorités non-Han dans la société) et à les promouvoir par sa diplomatie.
Mais la Chine est principalement en relation avec les autres puissances émergentes comme le Brésil, l’Inde ou la Russie. Avec ces deux derniers pays, Pékin s’efforce de régler les conflits issus de la guerre froide. En particulier avec la Russie puisque les deux pays sont à l’initiative de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) qui a été créée initialement pour assurer la stabilité en Asie Centrale mais sert à contrebalancer l’influence américaine dans la région.
La Chine veut devenir une puissance militaire moderne et à annoncer la construction de deux portes-avions pour sécuriser ses approvisionnements depuis le golfe Persique selon la politique du “collier de perle” mais a également dévoilé lors de la visite du secrétaire d’Etat à la Défense un avion furtif, technologie que seul Washington possède à l’heure actuelle.
Les relations avec les USA sont extrêmement tendues du fait de la forte interdépendance économique des deux pays. Les USA sont le premier marché d’export pour la Chine et son quatrième fournisseur. L’Empire du Milieu possède 696,2 milliards en bons du Trésor et un tiers des réserves mondiales de change. Par son fond souverain la Chine possède des investissements dans les principales banques américaines mais inversement la Chine dépend avant tout de la puissance militaire des USA pour la sécurité de ses approvisionnements.
Au delà de cette diplomatie économique, la Chine possède un siège de membre permanent du Conseil de Sécurité et donc du droit de véto. Pékin est donc l’objet de toutes les attentions lors des décisions de l’ONU et est un acteur majeur dans les négociations avec l’Iran ou la Corée du Nord.

Obstacles internes
Mais le développement économique de la Chine est marqué par de nombreuses inégalités. Les 20% de la population les plus aisés possèdent 50% des richesses et à l’inverse les 20% les plus pauvres ne détiennent que 4,7% des richesses. Ces inégalités sont géographiques puisque les campagnes sont pauvres et les villes prospèrent. Ce qui entrainent des troubles sociaux contre l’autoritarisme, la corruption et les inégalités.
Les provinces de l’Ouest (Tibet et Xinjiang) sont animées de tensions toujours plus fortes du fait que les minorités autochtones sont confrontées à l’arrivée des colons Han qui appliquent une politique de sinisation peu respectueuse des traditions locales. Bien sûr, il faut rappeler que le Xinjiang (territoire de l’ethnie turcophone et musulmanes des Ouigours) est une zone de transit pour le pétrole en provenance d’Asie Centrale.

Sources :
Wikipédia, en particulier pour les cartes
Frank Tétart – « La Chine, plus qu’émergeante » - 50 fiches pour comprendre la géopolitique – Éditions Bréal – août 2010

Par AD

mercredi 16 février 2011

L'Inde, l'autre puissance asiatique

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Septième plus grand pays au monde en superficie, deuxième par sa démographie derrière la Chine qu’elle tend à rattraper, puissance nucléaire depuis les années 1970, l’Inde est une puissance mondiale à n’en pas douter.
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Économie
Avec la révolution verte des années 1970, l’agriculture indienne est devenu le fer de lance de l’économie du pays. Aujourd’hui le secteur primaire fourni 54% des emplois mais ne représente que 17% du PNB du pays.
L’Inde a diversifié son économie dans les années 1990, ce qui lui a permis de quadruplé son PNB entre 1990 et 2009 avec un taux de croissance qui dépasse les 8% à partir de 2003. Après la crise financière, il retombe à 7% ce qui est moins élevé qu’en Chine mais nettement supérieur à tous les pays occidentaux.
Les services informatiques, dont l’Inde est le premier exportateur mondial depuis 2000, les biotechnologies et les produits pharmaceutiques mais surtout les multinationales qui s’adaptent aux marchés internationaux font qu’aujourd’hui l’Inde est la onzième économie mondiale en dollar mais la cinquième en parité pouvoir d’achat même si elle ne compte que pour 1% du commerce mondial.
Mais des problèmes d’infrastructures persistent (modernisation des voies ferrées, des ports, des autoroutes) mais c’est surtout le problème énergétique qui met en péril le miracle économique indien. Le charbon est en effet la source d’énergie majoritaire en Inde, New Delhi importe les deux tiers de son pétrole et son gaz. De plus les réseaux électriques sont vétustes et ne permettent pas un approvisionnement régulier des industries.

Mais le plus préoccupant est la situation sociale du pays. Le pays souffre en effet d’instabilité sociale et religieuse du fait du caractère multiéthnique du pays. Environ 30% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté du fait de l’incapacité du pays à redistribuer équitablement les richesses.
Néanmoins quelque soit les problèmes les dirigeants indiens entendent donner à leur pays une place de choix dans le jeux mondiale.

Politique
Officiellement non aligné pendant la guerre froide, l’Inde était néanmoins un allier très proche de l’URSS pour contrer l’influence de la Chine en Asie du Sud. Mais la chute du régime communiste à Moscou pousse New Delhi à revoir sa politique régionale en s’ouvrant vers l’est. En effet son voisinage immédiat est une impasse politique. Le Pakistan contre qui l’Inde a mené deux guerres restent regardé avec suspicion, la question du Cachemire n’ayant jamais été résolue. Les attentats contre le parlement indien en 2001 puis ceux de Mumbai en 2008 ont mis à mal toute tentative de négociations entre les deux pays. Le régime de Pékin n’est guère vu d’un meilleur œil de New Delhi, la course à l’armement dans laquelle s’est engagée la Chine n’en fait pas un partenaire fiable pour l’Inde même si l’Empire du Milieu est le deuxième partenaire commercial de l’Inde après l’Union Européenne.
C’est vers les USA que l’Inde tourne aujourd’hui son regard. George W. Bush qui a vu dans le pays un moyen de contrebalancer l’influence chinoise, a œuvré durant son passage au pouvoir pour promouvoir l’Inde dans les institutions internationales. Du fait de cette action, l’Inde accède à un statut dérogatoire du Traité de non prolifération qui lui permet d’importer du nucléaire civil.
Dans les institutions internationales l’Inde joue la carte Sud-Sud notamment à l’OMC ou lors des conférences pour le climat. A l’ONU, l’Inde joue la solidarité Nord-Sud avec les grandes puissances qui ne sont pas membres du Conseil de Sécurité comme le Brésil et l’Allemagne avec pour objectif de rebrasser la donne consécutive à la Seconde Guerre Mondiale dans les institutions comme la Banque Mondiale, le FMI.


Membre du G20 créé à la suite de la crise financière, l’Inde fait ses premiers pas comme puissance mondiale et tisse des alliances stratégiques avec le Brésil, l’Afrique du Sud et la Chine.
Adepte du soft power, l’Inde sait qu’elle a sa place réservée dans le monde.

Sources :
Wikipédia, en particulier pour les illustrations
Antoine Corta – “L'Inde ne devrait pas aspirer à devenir une superpuissance” – Aujourd’hui le Monde – 14/07/2009 http://inde.aujourdhuilemonde.com/linde-ne-devrait-pas-aspirer-devenir-une-superpuissance
Jean-Luc Racine – « La puissance indienne » - 50 fiches pour comprendre la géopolitique – Editions Bréal – août 2010
Entretiens de l’auteur avec les membres du Competitive Intelligence and Strategic Management élèves et professeurs (avril 2009)
Par AD

mardi 8 février 2011

L'Afrique du Sud, puissance africaine

afrique-du-sud-drapeau1 L'Afrique du Sud compte plus de 50 millions d’habitants et a une superficie de 1.200.000 km². Sa population est très divers puisque le recensement de 2010 donne la répartition suivante : 79,4 % de Noirs, 9,2 % de Blancs, 8,8 % de Métis et 2,6 % d'Asiatiques.

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L’Afrique du Sud entretient le premier contingent du continent, est une puissance nucléaire et son économie représente 60% du chiffre d’affaire du continent. Cette puissance émergente aspire à une place de membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU.


Éléments de puissance
Aucun État africain de ne peut rivaliser avec la puissance de Pretoria. Le sous-sol Sud-africain est riche d’or, de diamants, de charbon mais également d’uranium et d’autres minerais stratégiques. Pour contrer le blocus de l’ONU mis en place en après la condamnation du régime d’apartheid, le pays s’est doté d’un complexe militaro-industriel très puissant. Dans les années 1970, l’Afrique du Sud aurait entrepris une campagne de développement du nucléaire militaire et aurait procéder à un essai nucléaire sous-marin. Depuis la chute du régime d’apartheid, ce programme semble avoir été abandonné au profit du nucléaire civil.

Comme nous l’avons vu, le pays est la première puissance économique du continent africain, du fait de son infrastructure extrêmement développé, chemins de fer, autoroutes desservants les ports et les principales villes du pays. De plus, l’industrie agro-alimentaire, l’industrie minière sont contrôlées par des grands groupes anglo-saxons et dominent le continent.

Les grandes villes industrielles comme Johannesburg et Pretoria sont américanisées mais présentent encore des signes de la ségrégation raciale. Les universités sud-africaines ont acquis une réputation digne de celles des pays anglo-saxons et attirent de nombreux jeunes chercheurs en particulier les élites indiennes et africaines.

Les limites de la puissance sud-africaine
Mais cette puissance économique et militaire est limitée par les inégalités criantes qui subsistent vingt ans après la fin du régime d’apartheid. Depuis qu’il détient le pouvoir l’ANC, s’est engagé dans une réduction de ces inégalités après avoir mis en place la politique de réconciliation nationale (Promotion of National Unity and Reconciliation Act sous Mandela et dont les commissions ont été présidées par Desmond Tutu).
Mais le pays connait encore un taux de chômage moyen de 40% qui touche les jeunes citadins peu éduqués et donc majoritairement noirs. L’épidémie de SIDA (18% de la population serait infectée) niée par le président Mbeki et minimisée par Jacob Zuma décime les plus pauvres et donc, encore une fois, majoritairement les noirs.

L’industrie est au mains de groupes européens qui font affaires avec les Afrikaners et ne redistribue que peu les richesses produites.

Dernier point, la décentralisation qui devait permettre une meilleure répartition des rôles politiques ouvre la porte aux revendications locales et aux chamailleries entre les différents mouvement au sein de l’ANC mais donne également un pouvoir accru aux milices Afrikaners.


Malgré les progrès fait en faveur de la démocratie, la puissance économique et militaire, le prestige de Mandela et sa place de champion africain, l’Afrique du Sud n’a pas encore sa place au niveau international. La faiblesse engendrée par les disparités nationales font que le régime est peu crédible comme acteur international.

Mais ce n’est qu’une question de temps avant que ce pays prenne la place qui lui revient.

Sources :
Wikipédia (en particulier pour les cartes)
Alain Gascon – « L'Afrique du Sud » – 50 fiches pour comprendre la géopolitique – Éditions Bréal – août 2010
Par AD

mercredi 2 février 2011

Le Brésil, géant d'Amérique Latine


Le Brésil est le plus vaste et le plus peuplé des pays d'Amérique latine. Le président Luiz Inácio Lula da Silva élu en 2003 et qui a fini son deuxième mandat le 31 décembre 2010 a œuvré pour que le miracle économique brésilien transforme cet immense pays avec de nombreux atouts en une puissance mondiale. Dilma Roussef, présidente investie ce premier janvier et ancienne chef de cabinet de Lula va très certainement poursuivre cette politique basée sur les partenariats internationaux.




Atouts
Avec une superficie de 8,5 millions de km² et une population d’environ 195 millions d’habitants, c'est le cinquième pays du monde par la superficie et par le nombre d'habitants. Mais ces chiffres cachent de grandes disparités.
La forêt Amazonienne couvre, en effet, environ 40% du territoire national et très peu peuplé alors que la côte sud-est abrite les mégapoles de São Paulo et Rio de Janeiro qui sont parmi les plus peuplés du monde.
Cet immense territoire, propice à l’agriculture, est également riche en ressources naturelles, le bois, évidement, mais également les mines d’or, de charbon, de fer, de cuivre, d’étain et de manganèse. Le Brésil de par ses gisements offshore dispose de 14 milliards de barils de pétrole de réserve et produit 3 millions de barils par jour. Les réserves de Carioca sont estimées à 33 milliards de barils (l’équivalent de la consommation mondiale de brut en 2008) ce qui ferait du pays un nouveau géant pétrolier.
Cette richesse du territoire conjuguée avec une population nombreuse et jeune (un quart des habitants ont moins de 15 ans) sont à l’origine du miracle économique brésilien.
Leader mondial pour la production de café, de sucre, de soja et d’agrumes, le pays se veut leader sur les biocarburants notamment en cultivant la canne à sucre. Mais ces avancées se font au détriment de la forêt Amazonienne qui recule de 52 000 kilomètres carrés par an.
Au delà de l’agroalimentaire qui est la première source de richesse du pays, le Brésil possède également une industrie très performante notamment dans les secteurs de la sidérurgie, l’automobile, le textile, la pharmacie, l’aéronautique ou encore l’armement.
Regroupant ces deux derniers secteurs, on peut citer le constructeur EMBRAER. Spécialisée dans les avions civils de petite et de moyenne taille, l'entreprise construit également des avions de chasse. EMBRAER est le troisième plus grand industriel du secteur aéronautique dans le monde en 2006 après Boeing et Airbus.

En 2009, le Brésil est la huitième puissance économique mondiale avec un PIB de 1 574 039Mds $ soit 2,42 % du PIB mondial et la première puissance économique d’Amérique du Sud, leader du MERCOSUR créer en 1991 avec l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay.

Puissance régionale
De par son étendue et sa position géographique, le Brésil partage une frontière terrestre avec tous les pays du continent sauf le Chili et l'Équateur. Cette domination géographique s’est traduite par une volonté politique de stabilisation de la région passant par la possibilité du pays géant de faire contrepoids face aux USA et de proposer une zone de libre échange concrétisé par le MERCOSUR en 1991.
Aujourd’hui le Brésil milite pour une intégration plus grande des pays du continent sud-américain. Sous l’impulsion de Brasília est née en 2008 l’Union des nations sud-américaines (UNASUR) qui rassemble les pays du MERCOSUR (Argentine, Uruguay, Paraguay, Brésil), ceux de la Communauté andine des Nations (Pérou, Équateur, Bolivie, Colombie) et également le Surinam, le Chili et le Guyana. Créée pour faire face à la ZLEA (Zone de libre-échange des Amériques) proposée par les USA, cette institution pourrait devenir l’équivalent de l’Union Européenne pour les pays d’Amérique du Sud selon le souhait du Brésil.
Pour la stabilité politique, les gouvernements brésiliens des années 2000 ont servi des médiateurs pour résoudre les conflits régionaux comme ceux opposants le Venezuela et la Colombie notamment après les attaques de l’armée colombienne contre des cibles en territoires vénézuélien à la suite de l’intrusion des FARC dans ce pays.

Brasília, puissance régionale à visée mondiale se veut le porte-parole des pays du Sud dans les instances internationales comme les négociations de l’OMC. Le Brésil est vu comme le défenseur des pays du Sud contre la mondialisation et la libéralisation des échanges voulu par les USA et l’Union Européenne. Cette image a été renforcée par l’organisation du premier Forum social mondial à Porto Alegre en 2001 (puis en 2002 et 2003) par huit ONG altermondialistes brésiliennes.
Brasília dirige sa diplomatie vers les autres pays émergeant comme l’Inde et l’Afrique du Sud mais aussi et surtout vers la Chine qui est depuis 2009 son premier partenaire commercial.
Mais c’est avant tout sur le continent africain que le Brésil est actif. 50% de la population brésilienne aurait des origines africaines mais c’est surtout la langue portugaise qui est partagé par les ex-colonies du continent (Angola, Mozambique, São Tomé-et-Principe et Guinée-Bissau) et le géant sud-américain qui relie les deux rives de l’Atlantique. Le Brésil y voit des débouchés commerciaux, des cibles pour ses investissements mais également des pays possédant des ressources naturelles complémentaires au siennes.

Au niveau global, le Brésil participe de plus en plus activement aux activités de maintien de la paix sous l’égide des Nations Unies. On peut citer la présence de troupes brésiliennes au Kosovo, au Liberia, en Érythrée et en Éthiopie, au Soudan, en Côte d’Ivoire ainsi qu’au Timor Oriental. En Haïti, la force internationale de stabilisation des Nations Unies est commandée par le Brésil qui de plus, contribue en ayant le plus contingent le plus important.
Par son investissement récent dans le conflit israélo-arabe et notamment avec l’Iran, le géant brésilien conte montrer son savoir faire diplomatique et qu’il est prêt à assumer le rôle de puissance mondial qui lui revient. Et cette place serait matérialisée par l’obtention d’un siège de membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour y représenter le Sud.

Mais avant de devenir une puissance mondiale et rivaliser avec la Chine ou les USA, le Brésil a encore des chantiers à mener.
Tout d’abord le pays a une population majoritairement pauvre et l’écart entre les plus pauvres qui vivent dans des bidonvilles pris en otages par les gangs organisés et le plus riches qui vivent retranchés et dans la crainte d’enlèvement rappelle que le pays est encore socialement émergeant. Cette inégale répartition des richesses est à l’origine de la violence chronique qui a menée à l’intervention de forces armées dans les favelas en novembre 2010.
L’autre grand problème social du pays est celui des minorités notamment indiennes qui sont toujours considérée comme des groupes de citoyens de secondes classes.
Mais les attributs de la puissance aujourd’hui sont également technologiques et notamment nucléaire. Le Brésil ne possède qu’une seule centrale nucléaire et ne possède pas l’arme atomique depuis l’abandon de son programme d’armement dans les années 1980.
Au niveau militaire, le Brésil possède un porte avion depuis le rachat à la France du Foch en 2000 devenu le São Paulo le navire est toujours opérationnel.
On l’on touche là un problème de la défense brésilienne. Malgré son industrie nationale, le pays reste très en retard sur les pays occidentaux et cherche donc à acquérir des technologies par achat et transferts de compétence. C’est ce que l’on voit aujourd’hui avec la modernisation des avions de chasse pour lequel le Rafale était pressentit et dont Nicolas Sarkozy promet que l’achat sera accompagné d’un transfert total technologie.

Le Brésil possède beaucoup d’atouts qui en font un acteur incontournable sur l’échiquier des relations internationales mais à l’instar d’autres pays comme l’Inde et la Russie, la puissance est incomplète.
Quoi qu’il en soit, le Brésil qui organisera la Coupe du monde de Football 2014, puis les Jeux Olympiques d’été en 2016, compte déjà dans le monde sportif comme une grande nation.

Sources :
Wikipédia (en particulier pour les cartes)
Franck Tétard – « Le Brésil : l’émergence d’une puissance » – 50 fiches pour comprendre la géopolitique – Editions Bréal – août 2010

Par AD

mardi 1 février 2011

Dossier spécial : puissances émergentes

A partir de demain et durant tout le mois de février retrouvez nos articles sur les puissances émergentes :
Nous allons traiter des pays qui peuvent devenir des superpuissances dans les décennies à venir. Nous avons identifier cinq pays qui seront traités indépendamment tout au loin de ce mois.
Voici la liste des articles :
Nous espérons que   vous trouverez ce dossier aussi passionnant à lire qu'il l'a été pour nous a écrire.
Vous pouvez évidemment faire part de vos remarques dans les commentaires ou par e-mail.


La rédaction