jeudi 29 décembre 2011

Les enjeux de 2012 : les régions à surveiller


En cette dernière semaine de l'année, nous vous proposons, après avoir parler des groupes qui vont compter en 2012, un tour d'horizon des régions sensibles sur le plan géopolitique en 2012.



Asie
En 2012, la Corée du Nord devait célébrer le centième anniversaire de la naissance de Kim Il-sung. Kim Jong-il devait en profiter pour engager son fils, Kim Jong-un, vers la voie de sa succession. La mort inattendue du père en décembre 2011 a accélérer la succession. L'anniversaire sera donc la première grande cérémonie que présidera le nouveau leader du pays le plus fermé du monde. Il devrait en profiter pour imposer sa personnalité et rebrasser la donne du pouvoir dans le régime communiste. Ce que redoute la Corée du Sud et les États-Unis, c'est que cela se fasse par des démonstrations de force de l'armée.

La Corée du Sud qui doit justement élire en 2012 son président. Celui-ci des prérogatives similaires à celle du président français, ces élections sont très importantes pour la stabilité de la péninsule.

En Chine, la 18ème édition du Congrès national du Parti communiste devrait renouveler sept des neuf membres du comité permanent du bureau politique du comité central du parti, le plus haut organe exécutif du pays. Ceci comprend le président, Hu Jintao, et le premier ministre, Wen Jiabao, qui ont choisis de ne pas se représenter. Le pays le plus peuplé du monde et deuxième puissance économique va ainsi rajeunir sa classe dirigeante ce qui pourrait entrainer des tensions dans la région.

En Russie, Vladimir Poutine, actuel premier ministre et candidat à l'élection présidentielle est la cible d'une vague de contestation après les élections législatives qui selon bon nombres d'observateurs auraient été entachées de fraudes. L'actuel locataire du Kremlin, et futur probable premier ministre, Dmitri Medvedev appelle à des reformes de l’État mais nie toute fraude. Quoi qu'il en soit, Vladimir Poutine, contesté par les jeunes urbains, est toujours favori des sondages du fait de sa grande popularité chez les ruraux.

Moyen-orient
En Syrie, la guerre civile qui dure depuis des mois semble toucher à sa fin avec l'arrivée fin décembre 2011 des observateurs de la Ligue Arabe ce qui est la première étape vers la normalisation de la situation du pays. Mais la crise est loin d'être terminée et les ramifications sont étendues dans toute la région du Moyen-orient. Le régime de Bachar El-Assad joue, en effet, un rôle important au Liban de part les liens qui unissent toujours les deux pays malgré la fin de l'occupation syrienne en 2005. D'autre part Damas soutient le Hezbollah dans sa lutte contre Israël, la chute de la maison Assad pourrait signifier la fin du financement de la milice chiite par Damas.

La Turquie qui offre refuge aux opposants syriens, va connaitre en 2012 ses premières élections présidentielles au suffrage universel direct ainsi que des élections législatives. Le parti islamo-conservateur AKP du premier ministre Recep Tayyip Erdogan en poste depuis 2003 est favori des sondages. Sous le règne de l'AKP, le pays s'est transformé en une démocratie plus complète (réduction du pouvoir de l'armée et référendum sur la constitution en 2007) pour tenter de se rapprocher de l'Union européenne. Après les refus répétés de celle-ci pour intégrer le pays de plein droit dans l'Union,  la Turquie se pose maintenant comme un des États leader du monde musulman. Son implication internationale auprès des pays musulmans est plus grande quitte à remettre en jeu sa proximité avec ses autres alliés comme Israël et les USA.

Afrique
Au Nigéria, premier producteur de pétrole africain et pays le plus peuplé du continent, est le théâtre d'affrontement interconfessionnels. Déjà la cible du groupe quasi-terroriste MEND, le pays doit également faire face à la violence issu d'affrontement entre musulmans (majoritaires au nord) au et les chrétiens (majoritaires au sud).

En Tunisie, les islamistes du parti Ennahda, inspiré des Frères Musulmans, a remporté les premières élections législatives libres depuis 1956 ils vont devoir se mettre d'accord avec le Congrès pour la République (CPR) social-démocrate et deuxième mouvement politique du pays pour rédiger une nouvelle constitution.

En Égypte des élections devraient se tenir dans l'année 2012 et les islamistes proches des Frères Musulmans sont là aussi en tête des sondages.

En Libye, l'après Kadhafi se dessine avec la formation d'un gouvernement provisoire qui doit amener à l'élection d'une assemblée constituante. Hors ce gouvernement est déjà contesté du fait de sa faible représentativité du mouvement des ex-rebelles. L'unité du pays, maintenu de force par Kadhafi, est menacé par des volontés d'indépendance de divers régions.


Europe
Pour l'Union européenne l'année 2012 devra être celle de la sortie de la crise de la dette publique. Cette crise purement économique au départ s'est transformée en une crise institutionnelle. En effet, l'Europe s'est construite sur la croissance économique et s'est développée pour agrandir le marché commun et les institutions n'ont été adaptés qu'a minima à cause de négociations rendue impossible avec un tel nombre de partenaires.

La France connaitra en 2012, des élections présidentielles et législatives. Alors que l'UMP semble se diviser avec la création de tendances opposées les unes aux autres, le PS qui aurait pu profiter de succès des primaires citoyennes brouillent les pistes avec son accord pré-électoral avec le parti écologiste EELV. Alors que de plus en plus de Français sont méfiants vis à vis des politiques et sont tentés par les extrêmes, les deux plus 'grands' partis brouillent les pistes. Après la victoire historique de la gauche au Sénat tout semble possible.

Le Royaume-uni s'apprête à recevoir les Jeux olympiques de 2012. Les autorités redoutent que pendant ces quelques semaines où Londres sera le centre du monde médiatique divers groupes terroristes n'en profitent pour se manifester. Les services de renseignements sont donc en alerte et se préparent au pire.

Amériques
Aux États-Unis 2012 sera l'année de l'élection présidentielle. Barak Obama maltraité par les sondages d'opinion se prépare à une longue campagne de terrain sur le thème principalement de l'économie. Pendant ce temps, les primaires républicaines battent leur plein. Si Newt Gringich et Mitt Romney sont pour l'instant favoris, rien n'est encore joué. Un réveil du Tea Party pourrait changer la donne et conduire, pourquoi pas, à un ticket Newt Gringich – Michele Bachmann.


Sources :
 - Wikipédia, l’encyclopédie libre
- The World Factbook, CIA

Par AD

mercredi 28 décembre 2011

Les enjeux de 2012 : les groupes qui vont compter


En cette dernière semaine de l'année, nous vous proposons un tour d'horizon des groupes transnationaux qui seront appelés à jouer un rôle prépondérant sur la scène géopolitique en 2012.

Les Indignés
En octobre 2010, Stéphane Hessel, ancien diplomate et résistant français a fait publié un essai : Indignez-vous !. En mai 2011, les manifestants espagnols se font appelés los indignados (les Indignés). Ce mouvement comparable, à celui de Mai-68 en France, réclame plus de justice sociale et déclare que les partis politiques ne les représentent plus. Les Indignés décident donc d'organiser des manifestations et de camper sur les places populaires à l'exemple des manifestants du Printemps arabe. Le 12 juin 2011, un appel mondial est lancé et le mouvement essaime au Portugal, en France, en Allemagne, en Italie, en Angleterre, en Grèce et en Israël. Le 17 septembre 2011, le mouvement atteint les USA avec la première manifestation du collectif Occupy Wall Street. Le 15 octobre se produit la première « journée mondiale des indignés », appelée aussi « journée mondiale de la colère », sous le mot d'ordre « Tous ensemble pour un changement mondial ». Les manifestations ont eu lieu dans 951 villes de 82 pays.
Le mouvement a connu quelques succès politiques surtout au niveau local mais également au niveau des États. En effet, la convocation d'élections législatives anticipée par le Premier ministre espagnol José Luis Rodríguez Zapatero est du en parti du moins au mouvement des indignés. La victoire de l'opposition à ses mêmes élections peut être vu comme une conséquence de sa gestion des indignés. Le mouvement qui a perdu de son ampleur avec l'hiver pourrait revenir de plus belle dès le printemps 2012 du fait des nombreuses échéances électorales dans les pays où il  est présent.


Anonymous
Créé probablement en 2003 ou 2004, le groupe Anonymous est un collectif d'internautes activistes à l'idéologie très variée. Son premier coup d'éclat se déroule début 2008 face à l'Église de scientologie. Le groupe organise une série d'attaques par déni de service contre les sites internet de l'organisation et par la suite des manifestations physiques en février, mars et avril 2008. De nombreux manifestants portent un masque à l'effigie du personnage de V dans le film V pour Vendetta. C'est à partir de ce projet qu'émane l'idée de porter un masque.
En 2010, Anonymous  revient sur le devant de la scène avec l'Opération Payback. Qualifié de première cyber-émeute celle-ci avait pour but de défendre WikiLeaks et son fondateur Julian Assange. Depuis Anonymous vient en soutient de tous les mouvements politiques qui utilisent internet comme moyen de propagation de l'information. Que ce soit le printemps Arabe (en Tunisie où le gouvernement de Zine el-Abidine Ben Ali censure internet ou en Syrie où Anonymous pirate le site du ministère de la défense syrien, et place en page d'accueil un message au peuple : « Au peuple syrien, le monde est à vos côtés, contre le régime brutal de Bachar Al-Assad. Sachez que le temps et l'histoire sont de votre côté ») ou au mouvement Occupy Wall Street (Anonymous attaque les serveurs du site web de la bourse New-Yorkaise. L'attaque s'avère être un échec au niveau technique car le site n'est resté hors-ligne que pendant deux minutes).
Il est difficile de prévoir les actions à venir d’un tel groupe. Néanmoins, internet occupant une place centrale dans la société actuelle, il ne fait aucun doute qu'Anonymous jouera un rôle, même modeste, dans les évènements géopolitiques à venir.


Les islamistes
Les révolutions issues du Printemps arabe ont fait tomber des régimes laïcs, officiellement du moins, en Égypte, en Tunisie et en Libye. Dans ces pays ce sont des partis islamistes apparentés ou du moins inspirés par les Frères Musulmans qui sont en tête des sondages. Ces partis qui n’étaient jusqu’alors que des partis d’opposition vont se retrouver pour la première fois dans un gouvernement de coalition. Ils vont devoir apprendre à faire des concessions notamment dans les négociations avec les partis sociaux-démocrates, des représentants du régime déchu et l’armée.
L’enjeu pour eux est donc de prouver qu’ils peuvent exercer le pouvoir et garder leurs convictions. Cela passera peut-être par une alliance entre les partis islamistes égyptien, tunisien et libyen. Néanmoins, il est plus probable que leur revendications religieuses soient sacrifiées, du moins partiellement, face aux nécessités de l’exercice politique.


Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- The World Factbook, CIA

Par AD

jeudi 22 décembre 2011

Succession communiste en Corée du Nord

Blason de la Corée du Nord
La succession
Le 19 décembre 2011, la télévision d'Etat de la République populaire et démocratique de Corée (RPDC) annonce la mort du "cher leader" Kim Jong-il le 16 décembre et la prise de pouvoir de son fils cadet Kim Jong-un. Troisième membre de la dynastie Kim à prendre la tête du régime hybride inventé par son grand-père Kim Il-sung en 1948, le nouveau dirigeant du pays le plus fermé de la planète aurait seulement 27 ans. La Corée du Nord a, en effet, la particularité d'être un régime communiste héréditaire avec un culte de la personnalité proche du modèle stalinien.
La succession de Kim Jong-il, au pouvoir depuis la mort de son père en 1994, a commencé en 2009 lorsque Kim Jong-un a été élu à Assemblée populaire suprême (le parlement de la Corée du Nord). Il aurait ensuite été nommé au Comité de la défense nationale le 27 septembre 2010 puis général quatre étoiles puis vice-président de la Commission centrale militaire le 28 septembre. Sa première apparition officielle a eu lieu lors d'un défilé militaire organisé en l'honneur du 65ème anniversaire de la fondation du parti des Travailleurs, à Pyongyang le 10 octobre 2010.

Une économie exsangue
L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), fait état d'une pénurie alimentaire qui toucherait environ un quart de la population du pays. L'agriculture qui représente un peu moins d'un quart du PIB nord-coréen. Collectivisé après la guerre de Corée, l'agriculture est constitué de 3800 grandes coopératives de 500 hectares où vivraient environ 300 foyers. En plus des coopératives, les fermes d'Etat cultivent 12% des terres arables et assurent 20% de la production.
A partir des années 2000, le gouvernement a commencé à libéraliser l'économie et notamment encourager la création de marchés ce qui permet aux fermiers privés de vendre à des prix approchant le seuil de rentabilité. Mais ce système a créer une économie parallèle. Le marché noir s'est développé accentuant encore les disparités.
Comme dans tous les pays communistes l'industrie lourde tient une grande place dans l'économie. En 2008, plus de 43% du PIB était générer par le secteur secondaire. Cela comprend les minerais dont le sous-sol nord-coréen est riche (charbon, l'anthracite, fer), l'industrie lourde (acier, automobiles) et le textile.
Le commerce extérieure de la RDPC se fait principalement avec la Chine (environ 40%), la Corée du Sud (presque 30%) puis viennent le Japon et la Russie.

Perspective géopolitique
Kim Jong-un hérite donc d'un pays dont le programme nucléaire militaire est au point mort, dont 25% de la population est en situation de famine et dont la dépendance économique au voisin chinois croit d'années en années. Le jeune Kim Jong-un va gouverner avec l'aide de son oncle Jang Song-thaek,mari de la sœur de feu Kim Jong-il et l'Etat-major de son père. Il s'agit donc d'un changement dans la continuité qui ne remet pour l'instant pas en cause la politique du régime. La flambée de violence (coup d'état militaire, démonstration de force du nouveau chef), un moment crainte par la Corée du Sud et les Etats-Unis n'aura donc pas lieu.
Les démonstrations de forces de l'armée nord-coréenne (bombardement de l’île de Yeonpeyong ou le torpillage de la corvette sud-coréenne Cheonan) et le programme nucléaire ne semblent qu'un baroud d'honneur permettant de gagner des points avant l'inévitable réunification. Le nouveau dirigeant formé en Suisse dans un environnement cosmopolite sera probablement sensible à cette main tendue par la Corée du Sud mais également le Japon et les USA. Mais pour imposer sa marque Kim Jong-un devra faire ses preuves et se débarrasser de sa tutelle.
Hors la Chine craint pour des raisons géopolitiques cette réunification. Fort de l'exemple allemand, Pékin craint en effet, les migrations intra-coréennes (qui la priverait d'une partie de sa main d'œuvre bon marché), l'immigration vers les provinces chinoises des nord-coréens en quête d'un paradis socialiste perdu mais surtout cela rapproche les troupes américaines de ses frontières.

Glossaire :
Comité de la défense nationale : Après la mort de Kim Il-sung en 1994, le poste de président de la République fut supprimé de facto. Une nouvelle révision constitutionnelle définit en 1998 Kim Il-sung comme "président éternel" et le Comité de la défense nationale comme l'organe central de décision des affaires militaires. La Constitution de la Corée du Nord précise que le président du Comité est le "Dirigeant suprême de la République populaire démocratique de Corée". La place prépondérante de l'armée en Corée du nord fait du président du Comité de la Défense nationale l'un des hommes les plus puissants du pays. La personne occupant ce poste est considérée comme l'équivalent de fait du chef de l'État en Corée du Nord, bien que le poste de président de la République n'existe plus officiellement et que, juridiquement, le chef de l'État soit le président du Présidium de l'Assemblée populaire suprême.

Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- The World Factbook, CIA
- Audrey Garric (avec Reuters) – « La mort de Kim Jong-il révèle les failles du renseignement» –  LeMonde.fr – 20 décembre 2011 http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2011/12/20/la-mort-de-kim-jong-il-revele-les-failles-du-renseignement_1620684_3216.html
- Pierre Haski – « Après la mort de Kim Jong-il, la Chine "parraine" la Corée du Nord » – Rue89 – 20 décembre 2011 http://www.rue89.com/2011/12/20/apres-la-mort-de-kim-jong-il-la-chine-se-pose-en-parrain-du-regime-nord-coreen-227684
- Felix de Montety – « L'héritage atomique de Kim Jong-il » – Slate – 19 décembre 2011 http://www.slate.fr/story/47669/kim-jong-un-bombe-atomique
- Mathilde Golla et Hayat Gazzane – « L'économie nord-coréenne à bout de souffle » – Le Figaro – 19 décembre 2011 http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/12/19/04016-20111219ARTFIG00324-l-economie-nord-coreenne-a-bout-de-souffle.php
- Sébastien Falletti – « Le "petit prince" rouge Kim Jong-un prend les commandes » – Le Figaro – 19 décembre 2011 http://www.lefigaro.fr/international/2011/12/19/01003-20111219ARTFIG00221-kim-jong-un-le-petit-prince-rouge-prend-les-commandes.php
- Philippe Pons – « De quelle Corée du Nord hérite Kim Jong-un ?» – Le Monde – 19 décembre 2011 http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2011/12/19/de-quelle-coree-herite-kim-jong-un_1620441_3216.html
- Zone Militaire – « Craintes de provocations nord-coréennes après la mort de Kim Jong-il » – OPEX360 – 19 décembre 2011 http://www.opex360.com/2011/12/19/craintes-de-provocations-nord-coreennes-apres-la-mort-de-kim-jong-il/
- AD – « Nouvelles stratégies du nucléaire » – GlobalAnalysis France – 2 décembre 2009 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2009/12/nouvelles-strategies-du-nucleaire.html

Par AD

mardi 22 novembre 2011

L'Union Eurasiatique : une nouvelle URSS ou nouvelle CEE ?

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En beige les États membres de la communauté économique eurasiatique, en jaune les États observateurs et en rouge États membres auto-suspendus

Candidat à la présidentielle russe de 2012, l'actuel Premier Ministre Vladimir Poutine a annoncé dans une tribune du quotidien Izvestia, l'idée d'une Union Eurasiatique.
Pensée sur le modèle de la Communauté Économique Européenne (CEE), l'Union Eurasiatique servirait "de lien efficace entre l'Europe et la dynamique région Asie-Pacifique". Elle se baserait sur l'union douanière Russie-Kazakhstan-Biélorussie effective depuis le 1er juillet 2011. Le Kirghizistan, le Tadjikistan, l'Arménie mais également la Syrie se montrent intéressés pour rejoindre « l’Espace économique unique » (EEU). Cette intégration économique s'inscrit dans un long processus commencé dès la fin de l'URSS.

De la CEI à la CEEA
En décembre 1991, 11 des 15 anciennes républiques soviétiques forment une union : la Communauté des États Indépendants (CEI). Une zone de libre-échange est créée en 1992, puis une union douanière fut mise en place entre la Biélorussie et la Russie en janvier 1995. Le Kazakhstan et le Kirghizistan adhèreront à l’union douanière par la suite respectivement en 1995 et 1996.
En 1996, la CEI devient la Communauté des États Intégrés. Regroupant la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kirghizistan, elle consiste en une union douanière destinée à renforcer les échanges entre les 6 pays membres. En 1999, les quatre pays et le Tadjikistan signèrent le « Traité sur l'union douanière et l'espace commun » et intègrent ainsi la CEI.
Le 10 octobre 2000, à l’occasion des réformes en profondeur de la CEI, sur base de la Communauté des États intégrés, est créée la Communauté économique eurasiatique. La CEEA avait pour objectif de former un véritable marché commun, de contre-carrer les défis de la mondialisation et de reprendre le processus d'intégration au sein de la CEI. Très rapidement, la CEEA est apparue comme le complément économique de l’OTSC. En 2008, le président de l'Ouzbékistan, Islom Karimov a préconisé la fusion de l'OTSC et de la CEEA. De son côté, le président russe Dmitri Medvedev a reconnu que la question d'une éventuelle fusion de l'OTSC et de la CEEA mériterait d'être examinée. C'est sur cette intégration des deux entités politiques que Vladimir Poutine pose le principe de l'Union Eurasiatique (tout comme la CEE a donné l'Union européenne en 1993).

Objectifs géopolitiques
Russie Unie, le parti (au pouvoir) de Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev propose d'aller encore plus loin. Une intégration économique dans la CEEA des pays "loyaux aux intérêts économiques russes", ce qui pourrait inclure la Finlande, la Hongrie, la République tchèque, la Bulgarie, la Mongolie, le Vietnam, le Venezuela et Cuba. Hors quatre États membres de l’Union européenne sont proposés dans cette liste (Finlande, Hongrie, République tchèque et Bulgarie). En se positionnant en concurrence de l'UE, Vladimir Poutine et son parti jouent sur la méfiance envers l'Europe qui croient considérablement en ces temps de crise de la dette de la zone euro.
Hors la croissance vers l'Est de l'UE s'est fait principalement sous l'impulsion de l'Allemagne ennemie héréditaire de la Russie. Poutine reste ici dans la continuité de sa politique nationaliste en s'attaquant à l'Est de l'Union européenne la chasse gardée de l'Allemagne.
Mais cette union cible également le grand voisin oriental de la Russie. En effet, en vingt ans le rapport de force entre l'URSS (maintenant la Russie) et la Chine s'est inversé. Alors que la Russie n'est que le 10ème partenaire commercial de la Chine, la Chine est devenue, en 2010, le premier partenaire de la Russie. La concurrence entre les deux pays se cristallise surtout autour de l'Asie centrale pour des raisons de géopolitique énergétique. Hors certains de ces pays pourraient faire parti de l'Union eurasiatique ce qui redonnerait à la Russie la main haute sur la région.
Toujours dans le cadre de la compétition avec la Chine, une alliance avec l'Union européenne pourrait être envisagée. Mais l'atlantisme de l'Union ainsi que son intégration grandissante avec l'OTAN rendent cette hypothèse peu vraisemblable.
Mais le candidat Poutine s'adresse avant tout à l'électorat russe et rien n'est trop beau pour la Russie en quête d'identité et du renouveau de la splendeur passée.
 
Glossaire :
Communauté des Etats Indépendants (CEI) :  C'est une entité intergouvernementale créée en 1991 et regroupant l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Moldavie, l’Ouzbékistan, la Russie,  le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ukraine.
Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC) : C'est une organisation à vocation politico-militaire créée en 1992  regroupant la Russie, la Biélorussie, l'Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan et le Tadjikistan.
Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Alexandre Levy – « L’URSS est morte. Vive l’Eurasie ?» – Western Balkan – 19 novembre 2011 http://balkans.blog.lemonde.fr/2011/11/19/l%E2%80%99urss-est-morte-vive-l%E2%80%99eurasie/
- « Poutine veut-il recréer l'Union soviétique? » – Slate – 5 octobre 2011 http://www.slate.fr/lien/44639/poutine-union-sovietique
- Mail Foreign Service – « Back to the USSR? Putin raises fears of return to Cold War days with plans for 'Eurasian Union' of former Soviet states » – The Daily Mail – 5 octobre 2011 http://www.dailymail.co.uk/news/article-2045186/Vladimir-Putin-Eurasian-Union-plans-raise-fears-return-Cold-War-days.html
- BBC News – « Putin calls for 'Eurasian Union' of ex-Soviet republics » – 4 octobre 2011 http://www.bbc.co.uk/news/world-europe-15172519
- Pierre Rousselin – « L'"Union eurasienne" de Poutine et la menace chinoise » – Blog géopolitique du Figaro – 4 octobre 2011 http://blog.lefigaro.fr/geopolitique/2011/10/lunion-eurasienne-de-poutine-e.html
- AD – « La Russie, puissance (re-)émergente ? » – GlobalAnalysis France – 28 fevrier 2011 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2011/02/la-russie-puissance-re-emergente.html

Par AD

jeudi 17 novembre 2011

Bruxelles : une ville enjeu géopolitique

Carte des Communautés de Belgique
Communauté flamande (en jaune)
Communauté française (en rouge)
Communauté germanophone (en bleu)
Noter que dans la Région de Bruxelles-Capitale, les communautés française et flamande ont des compétences)(striée jaune et rouge)
En rouge, la Région de Bruxelles-Capitale.
En bleu et marron, l’arrondissement de Hal-Vilvorde.
Particulièrement, en marron, les communes à facilités linguistiques pour les habitants francophones.



Bruxelles est cinq fois capitale, capitale de la région Bruxelles-Capitale, capitale de la communauté francophone nommée Fédération Wallonie-Bruxelles, capitale de la communauté flamande, capitale de la Belgique et enfin capitale de facto de l’Union Européenne.
Ce statut particulier et unique en fait une ville à la croisée de multiples enjeux tous liés à des constructions politiques multiculturelles.

Hors depuis avril 2010, Bruxelles et d’une manière générale la Belgique sont plongés dans la plus longue crise politique de leur histoire. En effet, suite aux élections législatives du 13 juin 2010 l’écart politique s’est creusé entre les différents partis, le PS ayant remporté la majorité en Wallonie s’opposant au niveau idéologique à la N-VA, parti nationaliste de droite vainqueur en Flandre. L’échec des négociations relatives au statut de conflit sur l’arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde (dit BHV, voir ci-après). Les libéraux flamands décident de quitter le gouvernement et Yves Leterme présente la démission de son gouvernement le 22 avril 2010. Après un week-end de tentatives de rétablissement de la confiance entre les communautés, le roi accepte la démission le 26 avril.
Depuis, de nombreux négociateurs ont été nommés par le Roi dans le but de constituer un gouvernement mais c’est toujours Yves Leterme qui règle les affaires courantes.

L’arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde (dit BHV) s’étend sur deux régions, celle de Bruxelles-Capitale (bilingue mais à majorité francophone) et celle de la Région flamande (où le flamand est la langue officielle mais qui accueille sept communes à facilité linguistiques). BHV est la seule circonscription électorale bilingue du pays. La conséquence directe est qu'une partie de l'électorat située sur le territoire flamand peut élire des représentants francophones qui siègeront à Bruxelles ou dans l'une des communes de l'arrondissement électoral.
Le parti nationaliste flamand N-VA, entre autres, propose de scinder l’arrondissement en deux. D’un coté Bruxelles-Capitale et de l’autre Brabant flamand. L’homogénéité linguistique serait ainsi rétablie. Mais cette scission d’une région électorale existante provoque un malaise au sein de la classe politique belge. Renoncé à BHV serait remettre en question le fonctionnement de la Belgique dans son ensemble et l’unité du pays.
Elio Di Rupo, actuel formateur nommé par le Roi le 16 mai 2011, a présenté un accord le 14 septembre 2011, accord accepté par les partis wallons et flamands prévoyant la scission de BHV en une partie flamande l’arrondissement de Hal-Vilvorde et la région autonome de Bruxelles-Capitale


Mais Bruxelles est également la capitale de l’Union européenne. Le regroupement de 27 Etats disposant de vingt-trois langues officielles, trois alphabets et une multitude de cultures régionales. La sauvegarde l’unité du pays est donc nécessaire pour envoyer le signal d’une Europe forte et comme le déclare sa devise : In varietate concordia (Unie dans la diversité).
De ce fait, Bruxelles a vocation à devenir une ville internationale. Certain envisage même de faire bénéficier à la ville d’un statut de ville européenne hors Etat, un statut similaire à celui du District of Columbia aux Etats-Unis. Cela ferait de Bruxelles une ville hors de la Belgique qui ne pourrait donc plus être la capitale.
En attendant, le quartier européen est déjà une ville dans la ville avec 40 000 fonctionnaires européens dont 25 000 personnes à la Commission et 6 000 au Parlement. 10 000 lobbyistes sont inscrits. 1 200 journalistes accrédités à Bruxelles dont 1 000 qui viennent d'hors de Belgique.

Bruxelles est donc comme l’Europe un rassemblement de peuples dont l'envie de vivre ensemble dépasse la difficulté de sa construction politique. Concilier les cultures et les langues différentes est toujours un défi mais c'est pour relever ce défi qu'existe l'Union européenne.


Glossaire :
Commune à facilité linguistique : Il s’agit de commune dont la majorité des administrés est d’une autre langue que celle de la région dans laquelle elle est située. Les communes « à facilités » sont caractérisées par l'unilinguisme des services internes (l'administration travaille dans une seule langue) et un bilinguisme externe (l'administration utilise deux langues dans ses relations avec le public). Les communes à facilité linguistiques sont : les 6 communes de la périphérie bruxelloise, les 24 communes (devenues 8 après la fusion des communes en 1976) de la frontière linguistique française-néerlandaise, les 6 communes (devenues 2) de langue française avec facilités pour les germanophones dites « communes malmédiennes » et les 25 communes (devenues 9) de langue allemande avec facilités pour les francophones.

Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- TF1 News – « Accord en Belgique en vue d'une sortie de crise » – 8 octobre 2011 http://lci.tf1.fr/monde/europe/accord-en-belgique-en-vue-d-une-sortie-de-crise-6755726.html
- Jean-Pierre Stroobants – « Crise politique belge : les huit partis en négociation annoncent un accord » – Le Monde – 15 septembre 2011 http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/09/15/crise-politique-belge-les-huit-partis-en-negociation-annoncent-un-accord_1572495_3214.html
- Véronique Lamquin – « BHV scindé : les détails de l'accord historique » – Le Soir – 15 septembre 2011 http://www.lesoir.be/actualite/belgique/elections_2010/2011-09-14/bhv-scinde-les-details-de-l-accord-historique-863165.php
- Béatrice Giblin – « Bruxelles : le nœud gordien de la Belgique » – 50 fiches pour comprendre la géopolitique – Editions Bréal – août 2010
- Bérénice Dubuc – « Les dates-clés de la crise politique en Belgique » – 20 Minutes – 23 avril 2010 http://www.20minutes.fr/monde/399925-Monde-Les-dates-cles-de-la-crise-politique-en-Belgique.php


Par AD

jeudi 10 novembre 2011

Iran et Israël : vers une nouvelle guerre froide

L'Iran en vert, Israël en orange
 
Le 8 novembre 2011, l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) exprimait ses inquiétudes quand à la nature militaire du programme nucléaire iranien.
Dans les semaines précédents cette annonce, les tensions se sont accentuées  entre l’État hébreu et l’État perse. Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, aurait cherché à convaincre les ministres de son gouvernement et son allié américain de lancer une attaque préventive sur les installations nucléaires iraniennes.
L e contenu du rapport a, semble-t-il, calmé le jeu. Israël annonce vouloir étudier les actions de la communauté internationale, notamment en termes de sanctions, avant de remettre la solution militaire sur la table.

Hors le programme nucléaire iranien ne cesse de s’accélérer. La centrale nucléaire de Bouchehr a été inauguré le 12 septembre 2011 et elle va monter en puissance progressivement jusqu’à atteindre son niveau nominal vraisemblablement au début de l’année 2012.
De plus, l’usine d’enrichissement de Natanz devrait bientôt être déménagée vers une usine souterraine à proximité de la ville sainte de Qom. Les installations seraient ainsi à l’abri des attaques et des visites de l’AIEA.
D’autre part, l’Iran renforce son arsenal militaire. La Russie devrait vendre à l’Iran des dispositifs radar Avtobaza. Ces radars hautement sophistiqués permettraient de détecter les avions au-dessus de Golfe Persique mais également de brouiller les instruments électroniques de guidage des missiles.
De plus, le 22 septembre 2011, lors d’une parade militaire commémorant le début de la guerre déclenchée par l'Irak, les forces armées de l’Iran ont présentés leur dernier missile sol-sol le Sajjil 2. Avec une portée de 2500 kilomètres, il peut atteindre Israël (la distance entre Téhéran et Jérusalem n’étant que de 1569 km).

De son coté, le quotidien Haaretz a confirmé le 2 novembre 2011 que l’armée israélienne avait testé un nouveau système de propulsion pour le futur missile sol-sol Jericho III. Ce missile dont la portée serait comprise entre 4500 et 7000 kilomètres pourrait frapper l’Iran. Mais au contraire des Sajjil 2 ce missile plus lourd est destiné à être enterré dans des silos et servir donc d'arme de riposte.
D’autre part, Tel-Aviv a mis en place depuis avril 2011, le système Dôme d’acier (Iron Dome) qui à l’aide de missiles anti-missiles intercepte les roquettes et missiles de courte portée lancés depuis la Bande de Gaza. Tsahal a également commandé le système Sharvit Kessamim (« Le sceptre magique ») destiné à détruire en vol des missiles de moyenne portée.
Ce système qui n’est pas sans rappeler le projet d’Initiative de défense stratégique (surnommé Stars Wars) de Richard Nixon en pleine Guerre Froide.

Car il semble que ce soit une guerre froide à laquelle se livre l’Iran et Israël. Ces deux pays s’affrontent à travers des opérations indirectes comme le firent les USA et l’URSS.
L’Iran soutient la milice chiite du Hezbollah très présente au Liban mais également dans la bande de Gaza et contre laquelle Israël est parti en guerre en 2006.
Des opérations secrètes, attribuées au Mossad, ont considérablement ralenti le programme nucléaire iranien. Au moins trois savants liés au nucléaire iranien ont été assassinés mystérieusement au cours des deux dernières années. Le virus informatique, Stuxnet, a rendu inopérantes les centrifugeuses produisant de l'uranium enrichi à Natanz. De toutes aussi mystérieuses explosions ont saboté des installations souterraines iraniennes en octobre 2010.

Les USA et la Russie s’affrontent de nouveau au travers de leur soutient respectivement pour Israël et pour l’Iran. Mais le danger rode surtout au Moyen-Orient. La nucléarisation de l’Iran pourrait pousser l’Arabie Saoudite à commencer un programme nucléaire pour contrebalancer la domination technologique du seul État chiite.
Le risque de prolifération dans une région aussi stratégique pour les États-Unis et l’Europe ne sera pas ignoré de l’Occident. Selon le quotidien britannique The Guardian, l’armée britannique prépare actuellement des plans pour une éventuelle opération contre le programme nucléaire iranien en appui d’une intervention américaine. Celle-ci ne se ferait qu’en concertation avec Israël qui n’est pas prêt à mettre le feu à la poudrière moyen-orientale.


Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- LEMONDE.FR avec AFP et Reuters – « La France souhaite "des sanctions" pour faire plier l'Iran sur le nucléaire » – lemonde.fr – 8 novembre 2011 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/11/08/le-rapport-de-l-aiea-eloigne-le-scenario-d-une-attaque-contre-l-iran_1600828_3218.html
- LEMONDE.FR avec AFP et Reuters – « Téhéran maintient son programme nucléaire, l'AIEA exprime ses "inquiétudes" » – lemonde.fr – 8 novembre 2011 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/11/08/tension-accrue-sur-le-nucleaire-iranien-en-attendant-le-rapport-de-l-aiea_1600346_3218.html
- Alain Rodier – « Iran – Israël : vers l'équilibre de la terreur ? » – Centre Français de Recherche sur le Renseignement – 05/11/2011 http://www.cf2r.org/fr/notes-actualite/iran-israel-vers-equilibre-de-la-terreur.php
- Jacques Benillouche – « L'hypothèse d'une attaque de l'Iran par Israël resurgit » – Slate – 3 novembre 2011 http://www.slate.fr/story/45845/israel-attaque-iran-nucleaire-resurgit
- Zone Militaire – « L’armée britannique prépare des plans pour une opération militaire contre l’Iran » – OPEX360 – 2 novembre 2011 http://www.opex360.com/2011/11/02/larmee-britannique-prepare-des-plans-pour-une-operation-militaire-contre-liran/
- Zone Militaire – « Israël a testé un missile balistique » – OPEX360 – 2 novembre 2011 http://www.opex360.com/2011/11/02/israel-a-teste-un-missile-balistique/
Adrien Jaulmes – « Israël étudie l'option d'un raid contre l'Iran » – Le Figaro – 2 novembre 2011 http://www.lefigaro.fr/international/2011/11/02/01003-20111102ARTFIG00647-israel-etudie-l-option-d-un-raid-contre-l-iran.php
- Jean-Sylvestre Mongrenier – « L'Iran plaque sensible des relations internationales » – 50 fiches pour comprendre la géopolitique – Editions Bréal – août 2010
- AD – «Nouvelles stratégies du nucléaire  » – GlobalAnalysis France – 2 décembre 2009 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2009/12/nouvelles-strategies-du-nucleaire.html


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vendredi 4 novembre 2011

Le patrimoine culturel est-il un enjeu géopolitique ?



La Palestine à l’UNESCO
Le 31 octobre 2011, la Palestine est devenue membre à part entière de l'Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture. Cette organisation a pour but de promouvoir la paix entre les peuples au travers de l’éducation, la culture et le partage des connaissances scientifiques.
En réaction à cette adhésion, les États-Unis et Israël ont suspendu leur participation au budget de l’agence de l’ONU. La seule contribution des USA représente 60 millions de dollars, soit 22 % du budget de l'institution, là où l’État hébreu contribue pour 2 millions de dollars. Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a ordonné que ce budget soit réaffecté à des initiatives de coopération ayant les mêmes objectifs [culturels et scientifiques] dans la région.
La force de cette réaction prouve que lorsque l’on est dans un conflit géographique, géopolitique comme c’est le cas du conflit israélo-palestinien, la culture et le patrimoine culturel en particulier sont des enjeux prépondérants.

Patrimoine culturel
Le patrimoine culturel se défini comme l'ensemble des biens, matériels ou immatériels, ayant une importance artistique et/ou historique certaine et qui est généralement préservé, restauré, sauvegardé et généralement montré au public. D’un point de vue géopolitique, le patrimoine culturel matériel prouve la présence d’une culture sur un lieu donné, le patrimoine immatériel participe à la construction de l’identité politique.
La destruction de ce patrimoine est au contraire le moyen de nier ou de faire oublier la présence d’une population sur un territoire. C'est ce qu’on fait les Taliban en mars 2011 lorsqu’ils ont détruit à l’explosif les trois statues monumentales de Bouddha dans la vallée de Bâmiyân du centre de l'Afghanistan.

Le conflit israélo-palestinien
Dans le conflit israélo-palestinien, la question de la présence historique des peuples musulmans et juifs est un point d’échauffement récurrent. Dans ce cadre, l’État hébreu, l’Autorité palestinienne et leurs supporteurs s’affrontent à coup d’études archéologiques.
C’est le cas en particulier à Jérusalem-Est. Cette partie de la ville est revendiqué par l’Autorité palestinienne comme capitale du futur État de Palestine alors qu’Israël proclame que Jérusalem est une et indivisible. Jérusalem-Est correspond au centre de la vieille ville et comprend des quartiers chrétien, juif, musulman et arménien. C’est le cas en particulier du Mont du Temple où se trouvait le Temple de Salomon (dont il ne reste plus que le mur occidental appelé mur des lamentations, ce qui en fait le premier lieu saint du judaïsme) et où se trouve aujourd’hui le dôme du Rocher (ce qui en fait le troisième lieu saint de l’islam sunnite après La Mecque et Médine) et la mosquée d’Al-Aqsa.
Israéliens et Palestiniens s'accusent réciproquement de pratiquer des excavations dans le but d'endommager les monuments de l'autre camp. Les Israéliens s’opposent aux Palestiniens, qui voudraient construire une mosquée plus grande pour accueillir plus de fidèles, en argumentant que cela risquerait de faire effondrer l’esplanade du Temple. Quant aux Palestiniens, ils dénoncent la volonté des Israéliens de faire des fouilles archéologiques pour trouver des traces du temple de Salomon, ce qui rendrait ainsi instables les structures des mosquées.

Dans l’affrontement culturel auquel se livrent les deux parties, l’UNESCO pourrait rapidement jouer un rôle de premier plan. Les représentants de l’Autorité palestinienne au sein de l’institution de l’ONU, ont annoncé que le nouvel adhérant de plein droit allait rapidement signer la Convention sur le patrimoine mondial. Cela permettra alors à la Palestine de faire reconnaitre par l’UNESCO des sites religieux en son propre nom.
En février 2011, l’Autorité palestinienne avait présenté la candidature de Bethléem en Cisjordanie, lieu de naissance du Christ selon la tradition, mais cette candidature avait été rejetée au motif qu'elle ne pouvait être présentée que par un État.
Maintenant membre de plein droit, la Palestine veut faire reconnaitre, dès 2012, l'église de la Nativité à Bethléem. Ensuite, une vingtaine d’autres sites seront proposés dont Hébron, où se trouve le tombeau des Patriarches et Jéricho, une des plus anciennes villes de l'humanité. Ces demandes feront l’objet d’affrontements entre les Palestiniens d’un coté et Israël de l’autre. Certains sites, comme le tombeau des Patriarches, sont, en effet, des lieux sacrés pour le judaïsme, le christianisme et l’islam.


Le patrimoine culturel est donc un enjeu géopolitique fort. En plus des revenus générés par le tourisme, le patrimoine culturel touche à l’identité même des peuples. Or c’est cette identité qui permet d’unifié un pays, un peuple en préparation d’un affrontement avec un autre pays, un autre peuple. Quand ces peuples partagent une histoire et une géographie, ils partagent souvent un patrimoine commun. Il devient alors un terrain d’affrontement alors qu’il pourrait être un lien fort entre les peuples qui œuvrerait pour sa préservation.

Sources :
- Wikipédia, l'encyclopédie libre
- Alain Barluet – « La bataille culturelle des Palestiniens face à Israël » – Le Figaro – 31 octobre 2011 http://www.lefigaro.fr/international/2011/10/31/01003-20111031ARTFIG00585-la-bataille-culturelle-des-palestiniens-face-a-israel.php
- LeMonde.fr avec Reuters et AFP – « La Palestine devient membre à part entière de l'Unesco » – lemonde.fr – 31 octobre 2011 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/10/31/l-unesco-se-prononce-sur-la-demande-d-adhesion-de-l-autorite-palestinienne_1596258_3218.html
- LeMonde.fr avec Reuters et AFP – « L'adhésion palestinienne redonne à l'Unesco une place dans la diplomatie internationale » – lemonde.fr – 1 novembre 2011 http://www.lemonde.fr/international/article/2011/11/01/l-adhesion-palestinienne-redonne-a-l-unesco-une-place-dans-la-diplomatie-internationale_1597014_3210.html
- LeMonde.fr avec Reuters et AFP – « Israël sanctionne la Palestine au lendemain de son adhésion à l'Unesco » – lemonde.fr – 1 novembre 2011 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/11/01/israel-sanctionne-la-palestine-au-lendemain-de-son-adhesion-a-l-unesco_1597104_3218.html
- LeMonde.fr avec Reuters et AFP – « Israël gèle sa contribution à l'Unesco » – lemonde.fr – 3 novembre 2011 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/11/03/israel-gele-sa-contribution-a-l-unesco_1598512_3218.html


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mercredi 26 octobre 2011

Londres 2012, des Jeux Olympiques sous menace terroriste ?

Le quartier général du Security Service, Thames House


En 2008, la série Spooks: Code 9 de la BBC s’ouvre sur les images de l’explosion d’une bombe nucléaire sous le stade de Londres où a lieu la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. Une petite bombe mais qui tue tous les chefs d’État présents et des centaines de milliers dans l’explosion et condamnant plusieurs milliers d’autres à mourir à cause des radiations.

Les Jeux Olympiques de Londres en 2012 vont rassembler 205 pays, 120 chefs d’État ou de gouvernement, 50.000 journalistes. Plus de 10 millions de tickets ont été vendus pour des événements sur 34 sites partout au Royaume-Uni. Les activités commenceront le 19 mai avec le relais de la torche et se termineront avec la cérémonie de clôture des Jeux Paralympiques. De plus des manifestations parallèles vont se tenir à travers tout le pays (comme des écrans géants dans les parcs de Londres ou sur les grandes places des principales villes).
La sécurité d’un tel événement mondial est assurée par plusieurs agences de sécurité différentes : les polices locales, les services de sécurité des pays dont les chefs d’État se déplacent, tout cela coordonné par le service du pays accueillant les événements. Dans le cas de Londres 2012, il s’agit du Security Service plus connu sous le nom de MI5.

Les événements internationaux sont toujours une cible potentielle pour des groupes terroristes. Les Jeux Olympiques sont symboliques à plus d’un terme : symbole de paix ou de rivalité entre les pays, les enjeux politiques sont toujours présents. En 2008, les Jeux Olympiques de Pékin avaient été boycottés par des chefs d’État pour protester contre la répression au Tibet mais ils avaient également vu les deux Corée se présenter sous une seule bannière. En 1972 à Munich, des terroristes Palestiniens du mouvement Septembre Noir ont pris en otage puis tué des athlètes israéliens.

Les Jeux Olympiques de Londres sont considérés comme étant à haut risque. En effet, le Royaume Uni a participé à la guerre en Irak et est engagé dans le conflit en Afghanistan. De plus Londres a subit des attentats terroristes islamistes les 7 et 21 juillet 2005. Mais le pays entier a été visé : en juin 2007, l’aéroport de Glasgow a été la cible d’une attaque à la voiture piégée ; en mai 2008, un attentat a échoué à Exeter.

Le MI5 a identifié quatre types de menaces principales. Trois d’entre elles sont classiques et font partie du travail quotidien de l’agence : les groupes liés à Al Qaida ou a des groupes islamistes, un individu seul (à l’image d’Anders Behring Breivik et de son attaque le 22 juillet en Norvège) ou une attaque des groupes indépendantistes irlandais (dont la dernière menace d’attentat à la bombe remonte à mai 2011, la veille de la visite de la reine en Irlande). La quatrième menace est un terrorisme importé, les dissidents d’un pays étranger qui profitent l’opportunité d’être à Londres pour s’attaquer à leur pays de provenance.

Cette dernière menace est la plus difficile à gérer puisqu’elle nécessite une collaboration étroite avec les services de sécurité des pays invités que ce soit d’échanges d’informations et de réactivité de la part de MI5. Mais la menace la plus difficile à détecter est celle liée aux individus seuls radicalisés sur Internet, qui ne font parti d’aucun réseau et qui n’ont pas de passé activiste.

Alors que l’échéance approche, les volumes de renseignement vont aller en augmentant pour atteindre des volumes considérables. En particulier parce que les agences amies vont envoyer une quantité importante de renseignements qu’elles ignoreraient en temps normal. De gros investissements ont donc été faits pour augmenter les capacités de traitement, d’analyse et de prise de décision.
Pour les agences de sécurité le dilemme quotidien consiste à choisir entre l’arrestation des suspects ou leur mise sous surveillance pour remonter jusqu’aux commanditaires. Lors des Jeux Olympiques, les services vont privilégier les actions immédiates et ne prendre aucun risque.

Avec sept ans de préparation et un budget sécurité de 600 millions de livres (686 millions d'euros), MI5 et les autres agences sont aussi prêtes que possible. Néanmoins, les terroristes ont eu, eux aussi, sept ans pour se préparer.


Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- « Londres 2012: premiers JO dans un pays menacé d'attaques terroristes »– Slate – 17 octobre 2011 http://www.slate.fr/lien/45155/londres-2012-jo-attaques-terroristes
- "MI5 gets ready for the starter’s gun" – The Economist15 octobre 2011 http://www.economist.com/node/21532318?fsrc=scn/tw/te/ar/mi5getsreadyforthestartersgun

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lundi 17 octobre 2011

Du renseignement au grand public, la démocratisation des images satellites

Spot-5
Le satellite Spot 5

En 1959, le satellite américain Explorer est le premier à prendre une photo de la Terre depuis l'espace. En 1982, Spot Image est la première compagnie privée à vendre des images satellite. En 1992, le Land Remote Sensing Policy Act permet aux entreprises américaines de vendre des images de la Terre prises depuis l'espace. Enfin, en 2005 Google Earth permet à tout un chacun d'avoir accès gratuitement à des images de la Terre vu de l'espace. Le grand public a ainsi pu prendre compte des possibilités de l'imagerie satellite mais également des dérives possibles.

Les premiers utilisateurs d'images satellites sont évidement les États que se soit pour des usages, civils, militaires ou scientifiques. On peut s'en servir pour l'aménagement du territoire, pour mesurer la déforestation, surveiller la pollution ou une région agricole, pour prévoir la météo ou encore pour organiser les secours après une catastrophe, organiser l'évacuation de ressortissants dans un pays en guerre civile. Les usages militaires peuvent être défensifs (surveiller ses eaux territoriales ou les États voisins) ou offensifs (connaitre la position des unités ennemis, des bâtiments stratégiques, etc.) c'est d'ailleurs pour cette application que la course à la précision de l'image s'est déclarée. Plus la résolution d'une image est grande plus ont peut distinguer de petits détails. Cela est utile dans le cadre de l'espionnage des forces armées d'un ennemi puisqu'en ayant un maximum de détails on peut plus facilement reconnaitre un type de véhicule d'un autre, un avion civil d'un avion militaire, etc.

Beaucoup d'entreprises privées ont besoin de connaitre leur environnement. L'exploration minière ou pétrolière, mais surtout l'agriculture. Les agriculteurs peuvent surveiller leur culture sur des hectares sans avoir à se déplacer, connaitre l'état des sols ou de leurs ressources en eau.
Le marché des images est ainsi estimé à 1 milliard de dollars par an et si l'on ajoute les services associés, on atteint plusieurs milliards.

Mais ces images peuvent servir à des groupes malveillant également. Un groupe terroriste, de cambrioleurs pourront repérer les alentours de leur cible sur des images satellites de résolution même moyenne et prévoir leur approche ou un itinéraire de fuite.

Sur ce marché déjà conséquent et en plein développement de nombreux acteurs privés apparaissent. Le premier a été SPOT Image (qui appartient maintenant à Astrium GEO-Information Services). Mais la concurrence internationale est rude. Les deux principales sociétés américaines (Digital Globe et GeoEye) bénéficient de contrat de longue durée avec le Pentagone ce qui leur permet de vendre les images aux entreprises à des prix plus bas.
La compagnie israélienne, ImagSat International, est une nouvelle venue mais à la pointe de la technologie puisqu'elle bénéficie de la technologie développée pour Tsahal.
Le Brésil et la Chine coopèrent dans l'imagerie satellitaire. La Chine fabrique les satellites et le Brésil vend les images et les services liés. Mais leurs images ne sont pas encore d'une qualité suffisante pour faire concurrence aux grands du marché. De plus, les images sont distribuées, pour l'instant, gratuitement.

Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Services de géo-information sur le site de Astrium http://www.astrium.eads.net/fr/services-d-observation-de-la-terre/
- Victoire MEYNIAL – « Satellite : la bataille des images » – France24 – 27 juillet 2011 http://www.france24.com/fr/20110723-Satellites-bataille-images-aerospatiale-concurrence-commerce-international-intelligence-economique

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lundi 10 octobre 2011

La prolifération des missiles sol-air : un nouveau risque terroriste

Un moudjahid afghan avec un lance-missile Strela-2
Un moudjahid afghan avec un lance-missile Strela-2

Lorsque l'on parle de prolifération et de terrorisme, il est souvent question de matériaux nucléaires. Si le risque nucléaire semble de moins en moins probable, il n'en va pas de même pour les risques liés aux missiles sol-air.

Les missiles sol-air sont apparus vers la fin de la Seconde Guerre Mondiale. La manœuvrabilité des avions d'attaque au sol augmentant les missiles sont devenu de plus en plus maniable. Dans les années 1960, les premiers missiles pouvant être mis en œuvre par un seul hommes apparaissent. Dans les années 1980, profitant des progrès de l'électronique, ils s'améliorèrent rapidement. Les États-Unis équipèrent les résistants afghans de missiles (d'abord des missiles soviétiques Strela-2M achetés en Égypte ou en Chine puis des Stinger de fabrication américaine) pour contrer l'utilisation intensive des hélicoptères par les troupes d'invasion de l'URSS.

Aujourd'hui beaucoup de ses missiles datant de la Guerre froide sont sur le marché noir. Mais le conflit en Libye, qui a vu les forces du Colonel Kadhafi s'enfuirent en abandonnant leur arsenal, a empirer les choses. Le 3 octobre 2011, le président du comité militaire de l'OTAN , l’amiral Giampaolo Di Paola, a déclaré à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, que plus de 10.000 missiles sol-air Strela-2 auraient disparus des casernes libyennes. Ces missiles, qui ne sont ni entre les mains des forces pro-Kadhafi ni celles du Conseil National de Transition, ont probablement été récupérés par des trafiquants d'armes basés dans le Sahel et qui sont liés à Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) ou à des groupes criminelles de cette région.
Ces missiles qui sont facilement transportables peuvent être acheminer jusque dans la bande de Gaza s'ils sont achetés par le Hamas, au Liban ou en Syrie entre les mains de Hezbollah mais également jusqu'en Afghanistan et armer les Talibans. Bien entendu, ils peuvent rester dans le Sahel et permettre à AQMI de mener des actions spectaculaires.
En effet, pour un groupe terroriste ces missiles même s'ils sont anciens peuvent se révéler intéressant. En effet, on a vu en Afghanistan lors de l'invasion soviétique qu'ils pouvaient abattre des hélicoptères et des avions de transport à hélice. On peut également imaginer qu'ils permettent d'attaquer des drones Predator qui volent à basse altitude.
Mais l'utilisation la plus inquiétante est contre les avions de ligne. Un homme seul opérant au bout d'une piste peut tirer sur les avions lors des phases de décollage et d'atterrissage lorsqu'ils sont à basse altitude et faible vitesse.
Le 28 novembre 2002, un Boeing 757 de la compagnie charter israélienne Arkia a été la cible de deux tirs de missiles Strela-2 juste après son décollage de la piste de Mombasa, au Kenya. Les missiles n'ont pas touché leur cible mais ils ont explosé à proximité de l'avion. Le 23 novembre 2003, un Airbus A300 cargo de DHL, qui venait de décoller de Bagdad à destination du Qatar, était victime d'une attaque similaire. Touché à l'aile gauche, il ne s'en est sorti que de justesse.

La plupart de ces missiles sont à guidage infrarouge. Sur les avions de ligne, il est possible d'installer un brouilleur simple. Il s'agit d'une sorte de lampe activée lors des phases critiques (lors du décollage et de l'atterrissage) afin de brouiller les éventuels missiles. Pour le pilote, il suffit d'allumer ce système comme on pourrait le faire pour les feux d'atterrissage. Ce brouilleur procure une protection permanente et a de bonnes probabilités de perturber les missiles de première génération - comme le Strela-2 ou les premiers Stinger - dont le principe de guidage est simple.
Dans tous les cas, les compagnies aériennes réfléchissent à la question et demande aux avionneurs de mettre en place des contre-mesures similaires à celles qui existent sur les appareils des chefs d’États tel que Air Force One.


Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Zone Militaire – « Libye : Plus de 10.000 missiles sol-air manquent à l’appel » – OPEX360 – 3 octobre 2011 http://www.opex360.com/2011/10/03/libye-plus-de-10-000-missiles-sol-air-manquent-a-lappel/
- LEMONDE.FR avec AFP – « Plus de 10 000 missiles sol-air perdus en Libye, selon l'OTAN » – LEMONDE.FR | 02.10.11 | 12h23 • Mis à jour le 02.10.11 | 12h24 http://www.lemonde.fr/libye/article/2011/10/02/plus-de-10-000-missiles-sol-air-perdus-en-libye-selon-l-otan_1581172_1496980.html
- Eric Denécé – « La menace des missiles sol/air» – Le Figaro – 31 octobre 2005 http://www.cf2r.org/fr/actualite/dp-menace-missiles-sol-air-10.php
Par AD

lundi 3 octobre 2011

Les agents infiltrés et la lutte contre le terrorisme

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Le 28 septembre 2011, Rezwan Ferdaus, un américain originaire du Bangladesh, est arrêté par le FBI pour avoir préparé une attaque sur le Pentagone et le Congrès à l’aide de modèles réduits d’avions. Cette arrestation a été possible grâce à un agent du FBI qui s’est fait passer pour un membre d’Al Qaida et lui a fourni des explosifs ainsi que l’argent pour acheter le modèle réduit téléguidé.
Depuis le 11 septembre 2001, le contre-terrorisme est devenu la priorité numéro 1 du FBI. Celui-ci met donc tout en œuvre pour détecter au plus tôt les potentiels terroristes. Pour cela, il a mis en place un réseau de milliers d’informateurs qui scrutent les communautés musulmanes de tous les USA à la recherche des terroristes en puissance. Ainsi, selon le compte de l’université de l’Etat de l’Ohio 13 des 33 tentatives d'attentats islamistes recensés aux USA depuis 2001 ont été initiées ou facilitées par les autorités au moyen d'un agent infiltré ou par un informateur travaillant pour le FBI.

Les informateurs sont souvent des repris de justice, des personnes ayant des problèmes avec les services d’immigration ou des gens payés pour espionner une communauté dans tous les cas, ils ont intérêts à exagérer des complots naissants pour avoir leur récompense (qu’elle soit financière ou non). Ce problème se pose régulièrement aux USA où des gens faibles ou instables psychologiquement sont poussés dans la voie du terrorisme alors qu’ils n’y seraient peut être pas aller d’eux-même. Ceci dans une optique de chiffre à laquelle ne rechigne pas les agents fédéraux, peut être parce qu'ils sont en concurrence avec la CIA qui surveille également les activités terroristes.

Les infiltrés sont des agents du FBI qui se font passer pour quelqu’un d’autre à la différence des informateurs, ce sont des représentants des forces de l’ordre et donc de l’Etat. Ce sont pourtant eux qui fournissent aux suspects de l’argent, des armes, des explosifs et les aident à préparer leurs attentats. Parfois, ils vont jusqu’à positionner de fausses voitures piégées pour arrêter le suspect le doigt sur le détonateur (voir le dossier du magasine Mother Jones). Au delà de l’aspect déontologique, la mise en danger volontaire des citoyens en fournissant des armes à des personnes intéressées par le terrorisme, il se pose la question de l’intérêt de pousser des hommes et des femmes à se radicaliser. En effet, bien des personnes qui songent à commettre un attentat sont découragées par la difficulté à fabriquer une bombe.

Le problème est que les autres solutions pour prévenir les attaques terroristes sont moins efficaces. Les moyens techniques (interceptions de communication téléphonique, surveillance de l'internet, détection des explosifs, etc.) ne permettent pas de résultats aussi spectaculaire. La question est donc politique. Est-il acceptable que des gens ni tout à fait innocent, ni complètement coupable soient condamnés ? Est-il normal que des représentant des gouvernements fournissent à des aspirants terroristes des armes, de l'argent dans l'espoir de les arrêter à temps ? Seul un débat public permettra de répondre à cette question, mais cela va à l'encontre de la tradition de lutte contre le terrorisme.

Sources :
- Jean-Marc Manach – « Pourquoi le FBI aide-t-il les terroristes? » – Bug Brother – 29 septembre 2011 http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2011/09/29/qui-sont-les-terroristes-du-fbi/
- « TERRORISM SINCE 9/11, The American Cases » Sous la direction de John Mueller – Ohio State University – 2 aout 2011 http://polisci.osu.edu/faculty/jmueller/since.html
- AD – « Le terrorisme est-il forcément islamiste ? Le rappel d’Oslo » – GlobalAnalysis France – 28 juillet 2011 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2011/07/le-terrorisme-est-il-forcement.html
- AD – « ECHELON : l’écoute planétaire » – GlobalAnalysis France – 18 janvier 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/01/echelon-lecoute-planetaire.html
Par AD

vendredi 23 septembre 2011

La Palestine peut-elle devenir un État ?





Le 23 septembre 2011 à l’ONU Mahmoud Abbas va demander au Secrétaire Général Ban Ki-Moon de mettre à l’ordre du jour du Conseil de Sécurité l’adhésion comme membre de l’État Palestinien. Les États-Unis ont menacé d’utiliser leur droit de veto et les autres membres comme la France et le Royaume Uni n’ont pas clarifié leur position.

Cette reconnaissance, si elle a lieu, permettrai aux Palestiniens de se défendre d’égal à égal (du point de vue du droit international) face à Israël. Les négociations de paix se feraient sous l’égide de l’ONU au lieu de Quartette (USA, Russie, Union Européenne, ONU) et cela donnerait accès aux Palestiniens à toutes les institutions sous l’égide de l’ONU et en particulier la Cour internationale de justice. Mais surtout cela renforcerai sa crédibilité en tant que leader aussi bien en interne (face au Hamas qui contrôle la bande de Gaza) qu’à l’extérieure (notamment face à Israël qui s’est souvent plaint de ne pas avoir d’interlocuteur fiable).

L'ONU
L'ONU n'a pas le pouvoir de décider de la légitimité ou non d'un gouvernement, elle se prononce uniquement sur l'admission ou non dans ses rangs en tant que membre. La procédure d'adhésion se fait en plusieurs étapes : le candidat à l'adhésion doit présenter au secrétaire général des Nations Unies une demande accompagnée d'une lettre attestant officiellement qu'il accepte les obligations de la Charte. Le tout est transmis au Conseil de sécurité, qui examine la requête et décide ou non d'émettre une recommandation en faveur de l'admission. Pour être valable, le texte doit avoir été adopté par 9 des 15 membres du Conseil (sans qu'aucun des cinq membres permanents ne mettent son veto). Il est ensuite soumis à l'Assemblée générale, où un vote favorable à la majorité des deux tiers est nécessaire pour que l'adhésion soit effective.

Dans le cas de la Palestine, si les USA usent de leur veto comme ils l'ont indiqué. La procédure sera bloquée. Ce type de situation arrivait fréquemment pendant la Guerre Froide où les Américains bloquaient l'adhésion des membres proposés par l'Union Soviétique et Moscou bloquait les adhésions sponsorisées par Washington.

Il existe néanmoins une deuxième catégorie de pays qui sont les observateurs permanent. Cette position  confère le droit d'assister à la plupart des réunions de l'Assemblée générale, mais elle n'autorise pas à voter. Des pays comme l'Autriche, la Finlande, l'Italie ou le Japon en ont longtemps bénéficié avant de devenir membre à part entière de l'organisation. Aujourd'hui, le seul État non membre à jouir d'un tel statut est le Saint-Siège.

En 1974, l'Assemblée Générale a accordé à l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) le statut d'observateur permanent. De plus la Palestine dispose d'une représentation aux Nations Unies, elle a le droit de participer aux travaux de l'Assemblée Générale mais non pas à titre d’État mais celui d'Entité.
Le passage du statut d'observateur permanent à celui d’État observateur non membre ne nécessite pas de vote du Conseil de Sécurité. Il peut être obtenu à la majorité simple lors d'un vote à l'Assemblée générale. La Palestine serait donc reconnue comme État, sans prendre le risque du veto américain, mais ne serait pas membre de l'ONU.

Sauf que Mahmoud Abbas a annoncé qu'il irait demander l'adhésion comme membre de l'ONU. Il rappelle ainsi à Obama à son discours de 2010 où il déclarait vouloir un État Palestinien à l'ONU d'ici à 2011. Sauf qu'entre temps les négociations entre Israéliens et Palestiniens ont échouées et que le plan de paix qui aurait du amener à la reconnaissance de la Palestine est tombée à l'eau avec elles.

Les institutions existantes

Quel que soit la demande mise au vote et le résultat de ce dernier, la vraie question est celle de la réalité sur le terrain. On ne peut pas donner une liste extensive de ce qu’il faut pour qu’une organisation soit un État, néanmoins voici un état des lieux pas forcément exhaustif mais éclairant sur la situation.

Depuis les accords d’Oslo, signé en 1993, la Palestine est administrée par l’Autorité Palestinienne, il s’agit d’un régime mis en place transitoirement et auquel devrait succéder un État Palestinien.
La capitale déclarée de l’Autorité Palestinienne est Jérusalem Est. Cette capitale n’est pas reconnue et la capitale de facto est Ramallah pour la Cisjordanie et Gaza pour la bande de Gaza.
Le régime de l’Autorité Palestinienne se compose d’un président élu par le peuple tous les quatre ans. Il nomme un Premier Ministre qui dirige avec son cabinet (ensemble de ministre).
Le parlement, nommé Conseil législatif palestinien, comprend 132 membres élus à partir de 16 districts électoraux en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

Le territoire est découpé également en zones d’autorités. La zone A (2,7% du territoire) est sous contrôle militaire et administration civile des Palestiniens, la zone B (25,1% du territoire) est sous administration civile palestinienne mais sous contrôle militaire israélien et la zone C (72,2% du territoire) relève totalement du contrôle israélien. Sur les zones A et B, l’Autorité Palestinienne assure les services de police, fait fonctionner la poste et les administrations locales (mairies).

En vert foncé les zones A et B, en clair les zones C


Si l’Autorité Palestinienne a un hymne, un drapeau, une équipe nationale de football, elle ne possède pas de douane et ne lève pas ses impôts. Les droits de douane des Palestiniens sont collectés par les ports et aéroports israéliens, les impôts sont également collectés par l’État hébreu. La totalité de l’électricité consommée par la Cisjordanie et 50% de l’électricité de la bande de Gaza est fourni par Israël.

L’Autorité Monétaire Palestinienne (AMP) a toutes les prérogatives d’une banque centrale en matière de crédit et de financement mais elle ne bat pas de monnaie. Les devises utilisées sont principalement le nouveau Shekel israélien, le dinar Jordanien et la livre Égyptienne. Néanmoins, l’AMP a annoncé qu’elle était prête à mettre en circulation une nouvelle livre Palestinienne.

Au point de vue économique, la Palestine est fortement dépendante d’Israël mais la réciproque est également vraie. Les Israéliens exportent pour de 3 milliards de dollars par an vers les territoires palestiniens, ce qui représente le deuxième marché étranger de l’État hébreu.
Israël a besoin de la main d’œuvre palestinienne, jugée travailleuse et bon marché, notamment dans la construction et l’agriculture. 150.000 Palestiniens viennent chaque jour travailler légalement en Israël, des milliers d’autres viennent également travailler clandestinement.
De nombreuses entreprises israéliennes sous-traitent une partie de leur production en Cisjordanie qui offre de faibles coûts de production. C’est le cas notamment du secteur High Tech qui a vu se développer une coopération technologique entre Israéliens et Palestiniens, via des contrats de sous-traitance ou de vente.
Pour les Palestiniens, Israël est le premier partenaire commercial. D’après les chiffres du «Bureau Central des Statistiques Palestiniens», les exportations vers Israël ont représenté 92,7% de la valeur totale des exportations du mois de mars 2011. Elles ont même augmenté de 5,20% par rapport au mois précédent.


Nous voyons donc qu’une reconnaissance à l’ONU ne ferait pas de la Palestine un État pour autant. L’Autorité Palestinienne n’est pas souveraine sur la grande majorité de son territoire, ne dispose pas de forces armées, ne contrôle pas ses frontières. Frontières qui restent à définir car même si le consensus international plaide pour un retour au frontière de 1967 (en fait la ligne de cessez-le-feu de 1949) les Israéliens restent présents sur une grande partie du territoire (soit par le fait des colonies en Cisjordanie soit par le contrôle de Tsahal).
Cette reconnaissance, quel qu’en soit la forme sera une victoire pour Mahmoud Abbas mais une victoire partielle qui ne lui permettra pas forcément d’unir le pays derrière lui. Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, parie sur son échec à l’ONU pour le décrédibiliser.
Le Président de l’Autorité Palestinienne a donc lancé le processus d’adhésion dans le but de déclencher un sursaut diplomatique autour du Proche-Orient et ceci est au moins une de ses victoires.


Sources / Pour aller plus loin :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Gilles Paris – Guerre ou Paix
- Site de l'ONU page consacrée à la "Reconnaissance grandissante des droits des Palestiniens par l'Assemblée générale" http://www.un.org/french/Depts/palestine/history5.shtml
- LEMONDE.FR – « État membre, observateur permanent : quel statut pour la Palestine ? » – LEMONDE.FR | 21.09.11 | 19h36   •  Mis à jour le 21.09.11 | 20h38 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/09/21/etat-membre-observateur-permanent-quel-statut-pour-la-palestine_1575235_3218.html
- Jacques Benillouche – « Palestine: scénarios pour l'après 23 septembre » – Slate – 21 septembre 2011 http://www.slate.fr/story/43941/palestine-etat-scenarios-ONU-23-septembre
- Julien Salingue, propos recueillis par Nadéra Bouazza – « A quoi sert un État palestinien sans souveraineté palestinienne? » – L’Express –19/09/2011 http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-orient/a-quoi-sert-un-etat-palestinien-sans-souverainete-palestinienne_1030650.html
- Pierre Haski – « ONU : la Palestine veut être un « membre à part entière » – Rue89 – 16 septembre 2011 http://www.rue89.com/2011/09/16/la-palestine-veut-etre-un-membre-a-part-entiere-de-lonu-222294
- Vincent Hugeux – « L'Autorité palestinienne est une coquille vide » – L’Express – 15/09/2011 http://www.lexpress.fr/actualite/monde/l-autorite-palestinienne-est-une-coquille-vide_1030049.html
- Pierre Haski – « Le 20 septembre, les Palestiniens lancent le défi de leur État » – Rue89 14 août 2011 http://www.rue89.com/2011/08/14/le-20-septembre-les-palestiniens-lancent-le-defi-de-leur-etat-217840
- Jacques Benillouche – « Israël-Palestine: septembre 2011, rendez-vous avec l'histoire? » – Slate – 8 août 2011 http://www.slate.fr/story/42103/palestine-etat-israel-septembre-2011-histoire
- Jacques Benillouche – « Israël-Palestine: deux stratégies pour avoir l'initiative » – Slate – 10 juin 2011 http://www.slate.fr/story/39293/israel-palestine-abbas-netanyahou-strategies
- Hélène Prudhon – « Palestine: un État à l'automne? » – Slate – 22 avril 2011 http://www.slate.fr/story/37207/etat-palestine-septembre-2011
- AD – « Israël et les révoltes arabes : la nécessité d’un État palestinien » – GlobalAnalysis France – 16 mars 2011 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2011/03/israel-et-les-revoltes-arabes-la.html

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