jeudi 29 décembre 2011

Les enjeux de 2012 : les régions à surveiller


En cette dernière semaine de l'année, nous vous proposons, après avoir parler des groupes qui vont compter en 2012, un tour d'horizon des régions sensibles sur le plan géopolitique en 2012.



Asie
En 2012, la Corée du Nord devait célébrer le centième anniversaire de la naissance de Kim Il-sung. Kim Jong-il devait en profiter pour engager son fils, Kim Jong-un, vers la voie de sa succession. La mort inattendue du père en décembre 2011 a accélérer la succession. L'anniversaire sera donc la première grande cérémonie que présidera le nouveau leader du pays le plus fermé du monde. Il devrait en profiter pour imposer sa personnalité et rebrasser la donne du pouvoir dans le régime communiste. Ce que redoute la Corée du Sud et les États-Unis, c'est que cela se fasse par des démonstrations de force de l'armée.

La Corée du Sud qui doit justement élire en 2012 son président. Celui-ci des prérogatives similaires à celle du président français, ces élections sont très importantes pour la stabilité de la péninsule.

En Chine, la 18ème édition du Congrès national du Parti communiste devrait renouveler sept des neuf membres du comité permanent du bureau politique du comité central du parti, le plus haut organe exécutif du pays. Ceci comprend le président, Hu Jintao, et le premier ministre, Wen Jiabao, qui ont choisis de ne pas se représenter. Le pays le plus peuplé du monde et deuxième puissance économique va ainsi rajeunir sa classe dirigeante ce qui pourrait entrainer des tensions dans la région.

En Russie, Vladimir Poutine, actuel premier ministre et candidat à l'élection présidentielle est la cible d'une vague de contestation après les élections législatives qui selon bon nombres d'observateurs auraient été entachées de fraudes. L'actuel locataire du Kremlin, et futur probable premier ministre, Dmitri Medvedev appelle à des reformes de l’État mais nie toute fraude. Quoi qu'il en soit, Vladimir Poutine, contesté par les jeunes urbains, est toujours favori des sondages du fait de sa grande popularité chez les ruraux.

Moyen-orient
En Syrie, la guerre civile qui dure depuis des mois semble toucher à sa fin avec l'arrivée fin décembre 2011 des observateurs de la Ligue Arabe ce qui est la première étape vers la normalisation de la situation du pays. Mais la crise est loin d'être terminée et les ramifications sont étendues dans toute la région du Moyen-orient. Le régime de Bachar El-Assad joue, en effet, un rôle important au Liban de part les liens qui unissent toujours les deux pays malgré la fin de l'occupation syrienne en 2005. D'autre part Damas soutient le Hezbollah dans sa lutte contre Israël, la chute de la maison Assad pourrait signifier la fin du financement de la milice chiite par Damas.

La Turquie qui offre refuge aux opposants syriens, va connaitre en 2012 ses premières élections présidentielles au suffrage universel direct ainsi que des élections législatives. Le parti islamo-conservateur AKP du premier ministre Recep Tayyip Erdogan en poste depuis 2003 est favori des sondages. Sous le règne de l'AKP, le pays s'est transformé en une démocratie plus complète (réduction du pouvoir de l'armée et référendum sur la constitution en 2007) pour tenter de se rapprocher de l'Union européenne. Après les refus répétés de celle-ci pour intégrer le pays de plein droit dans l'Union,  la Turquie se pose maintenant comme un des États leader du monde musulman. Son implication internationale auprès des pays musulmans est plus grande quitte à remettre en jeu sa proximité avec ses autres alliés comme Israël et les USA.

Afrique
Au Nigéria, premier producteur de pétrole africain et pays le plus peuplé du continent, est le théâtre d'affrontement interconfessionnels. Déjà la cible du groupe quasi-terroriste MEND, le pays doit également faire face à la violence issu d'affrontement entre musulmans (majoritaires au nord) au et les chrétiens (majoritaires au sud).

En Tunisie, les islamistes du parti Ennahda, inspiré des Frères Musulmans, a remporté les premières élections législatives libres depuis 1956 ils vont devoir se mettre d'accord avec le Congrès pour la République (CPR) social-démocrate et deuxième mouvement politique du pays pour rédiger une nouvelle constitution.

En Égypte des élections devraient se tenir dans l'année 2012 et les islamistes proches des Frères Musulmans sont là aussi en tête des sondages.

En Libye, l'après Kadhafi se dessine avec la formation d'un gouvernement provisoire qui doit amener à l'élection d'une assemblée constituante. Hors ce gouvernement est déjà contesté du fait de sa faible représentativité du mouvement des ex-rebelles. L'unité du pays, maintenu de force par Kadhafi, est menacé par des volontés d'indépendance de divers régions.


Europe
Pour l'Union européenne l'année 2012 devra être celle de la sortie de la crise de la dette publique. Cette crise purement économique au départ s'est transformée en une crise institutionnelle. En effet, l'Europe s'est construite sur la croissance économique et s'est développée pour agrandir le marché commun et les institutions n'ont été adaptés qu'a minima à cause de négociations rendue impossible avec un tel nombre de partenaires.

La France connaitra en 2012, des élections présidentielles et législatives. Alors que l'UMP semble se diviser avec la création de tendances opposées les unes aux autres, le PS qui aurait pu profiter de succès des primaires citoyennes brouillent les pistes avec son accord pré-électoral avec le parti écologiste EELV. Alors que de plus en plus de Français sont méfiants vis à vis des politiques et sont tentés par les extrêmes, les deux plus 'grands' partis brouillent les pistes. Après la victoire historique de la gauche au Sénat tout semble possible.

Le Royaume-uni s'apprête à recevoir les Jeux olympiques de 2012. Les autorités redoutent que pendant ces quelques semaines où Londres sera le centre du monde médiatique divers groupes terroristes n'en profitent pour se manifester. Les services de renseignements sont donc en alerte et se préparent au pire.

Amériques
Aux États-Unis 2012 sera l'année de l'élection présidentielle. Barak Obama maltraité par les sondages d'opinion se prépare à une longue campagne de terrain sur le thème principalement de l'économie. Pendant ce temps, les primaires républicaines battent leur plein. Si Newt Gringich et Mitt Romney sont pour l'instant favoris, rien n'est encore joué. Un réveil du Tea Party pourrait changer la donne et conduire, pourquoi pas, à un ticket Newt Gringich – Michele Bachmann.


Sources :
 - Wikipédia, l’encyclopédie libre
- The World Factbook, CIA

Par AD

mercredi 28 décembre 2011

Les enjeux de 2012 : les groupes qui vont compter


En cette dernière semaine de l'année, nous vous proposons un tour d'horizon des groupes transnationaux qui seront appelés à jouer un rôle prépondérant sur la scène géopolitique en 2012.

Les Indignés
En octobre 2010, Stéphane Hessel, ancien diplomate et résistant français a fait publié un essai : Indignez-vous !. En mai 2011, les manifestants espagnols se font appelés los indignados (les Indignés). Ce mouvement comparable, à celui de Mai-68 en France, réclame plus de justice sociale et déclare que les partis politiques ne les représentent plus. Les Indignés décident donc d'organiser des manifestations et de camper sur les places populaires à l'exemple des manifestants du Printemps arabe. Le 12 juin 2011, un appel mondial est lancé et le mouvement essaime au Portugal, en France, en Allemagne, en Italie, en Angleterre, en Grèce et en Israël. Le 17 septembre 2011, le mouvement atteint les USA avec la première manifestation du collectif Occupy Wall Street. Le 15 octobre se produit la première « journée mondiale des indignés », appelée aussi « journée mondiale de la colère », sous le mot d'ordre « Tous ensemble pour un changement mondial ». Les manifestations ont eu lieu dans 951 villes de 82 pays.
Le mouvement a connu quelques succès politiques surtout au niveau local mais également au niveau des États. En effet, la convocation d'élections législatives anticipée par le Premier ministre espagnol José Luis Rodríguez Zapatero est du en parti du moins au mouvement des indignés. La victoire de l'opposition à ses mêmes élections peut être vu comme une conséquence de sa gestion des indignés. Le mouvement qui a perdu de son ampleur avec l'hiver pourrait revenir de plus belle dès le printemps 2012 du fait des nombreuses échéances électorales dans les pays où il  est présent.


Anonymous
Créé probablement en 2003 ou 2004, le groupe Anonymous est un collectif d'internautes activistes à l'idéologie très variée. Son premier coup d'éclat se déroule début 2008 face à l'Église de scientologie. Le groupe organise une série d'attaques par déni de service contre les sites internet de l'organisation et par la suite des manifestations physiques en février, mars et avril 2008. De nombreux manifestants portent un masque à l'effigie du personnage de V dans le film V pour Vendetta. C'est à partir de ce projet qu'émane l'idée de porter un masque.
En 2010, Anonymous  revient sur le devant de la scène avec l'Opération Payback. Qualifié de première cyber-émeute celle-ci avait pour but de défendre WikiLeaks et son fondateur Julian Assange. Depuis Anonymous vient en soutient de tous les mouvements politiques qui utilisent internet comme moyen de propagation de l'information. Que ce soit le printemps Arabe (en Tunisie où le gouvernement de Zine el-Abidine Ben Ali censure internet ou en Syrie où Anonymous pirate le site du ministère de la défense syrien, et place en page d'accueil un message au peuple : « Au peuple syrien, le monde est à vos côtés, contre le régime brutal de Bachar Al-Assad. Sachez que le temps et l'histoire sont de votre côté ») ou au mouvement Occupy Wall Street (Anonymous attaque les serveurs du site web de la bourse New-Yorkaise. L'attaque s'avère être un échec au niveau technique car le site n'est resté hors-ligne que pendant deux minutes).
Il est difficile de prévoir les actions à venir d’un tel groupe. Néanmoins, internet occupant une place centrale dans la société actuelle, il ne fait aucun doute qu'Anonymous jouera un rôle, même modeste, dans les évènements géopolitiques à venir.


Les islamistes
Les révolutions issues du Printemps arabe ont fait tomber des régimes laïcs, officiellement du moins, en Égypte, en Tunisie et en Libye. Dans ces pays ce sont des partis islamistes apparentés ou du moins inspirés par les Frères Musulmans qui sont en tête des sondages. Ces partis qui n’étaient jusqu’alors que des partis d’opposition vont se retrouver pour la première fois dans un gouvernement de coalition. Ils vont devoir apprendre à faire des concessions notamment dans les négociations avec les partis sociaux-démocrates, des représentants du régime déchu et l’armée.
L’enjeu pour eux est donc de prouver qu’ils peuvent exercer le pouvoir et garder leurs convictions. Cela passera peut-être par une alliance entre les partis islamistes égyptien, tunisien et libyen. Néanmoins, il est plus probable que leur revendications religieuses soient sacrifiées, du moins partiellement, face aux nécessités de l’exercice politique.


Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- The World Factbook, CIA

Par AD

jeudi 22 décembre 2011

Succession communiste en Corée du Nord

Blason de la Corée du Nord
La succession
Le 19 décembre 2011, la télévision d'Etat de la République populaire et démocratique de Corée (RPDC) annonce la mort du "cher leader" Kim Jong-il le 16 décembre et la prise de pouvoir de son fils cadet Kim Jong-un. Troisième membre de la dynastie Kim à prendre la tête du régime hybride inventé par son grand-père Kim Il-sung en 1948, le nouveau dirigeant du pays le plus fermé de la planète aurait seulement 27 ans. La Corée du Nord a, en effet, la particularité d'être un régime communiste héréditaire avec un culte de la personnalité proche du modèle stalinien.
La succession de Kim Jong-il, au pouvoir depuis la mort de son père en 1994, a commencé en 2009 lorsque Kim Jong-un a été élu à Assemblée populaire suprême (le parlement de la Corée du Nord). Il aurait ensuite été nommé au Comité de la défense nationale le 27 septembre 2010 puis général quatre étoiles puis vice-président de la Commission centrale militaire le 28 septembre. Sa première apparition officielle a eu lieu lors d'un défilé militaire organisé en l'honneur du 65ème anniversaire de la fondation du parti des Travailleurs, à Pyongyang le 10 octobre 2010.

Une économie exsangue
L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), fait état d'une pénurie alimentaire qui toucherait environ un quart de la population du pays. L'agriculture qui représente un peu moins d'un quart du PIB nord-coréen. Collectivisé après la guerre de Corée, l'agriculture est constitué de 3800 grandes coopératives de 500 hectares où vivraient environ 300 foyers. En plus des coopératives, les fermes d'Etat cultivent 12% des terres arables et assurent 20% de la production.
A partir des années 2000, le gouvernement a commencé à libéraliser l'économie et notamment encourager la création de marchés ce qui permet aux fermiers privés de vendre à des prix approchant le seuil de rentabilité. Mais ce système a créer une économie parallèle. Le marché noir s'est développé accentuant encore les disparités.
Comme dans tous les pays communistes l'industrie lourde tient une grande place dans l'économie. En 2008, plus de 43% du PIB était générer par le secteur secondaire. Cela comprend les minerais dont le sous-sol nord-coréen est riche (charbon, l'anthracite, fer), l'industrie lourde (acier, automobiles) et le textile.
Le commerce extérieure de la RDPC se fait principalement avec la Chine (environ 40%), la Corée du Sud (presque 30%) puis viennent le Japon et la Russie.

Perspective géopolitique
Kim Jong-un hérite donc d'un pays dont le programme nucléaire militaire est au point mort, dont 25% de la population est en situation de famine et dont la dépendance économique au voisin chinois croit d'années en années. Le jeune Kim Jong-un va gouverner avec l'aide de son oncle Jang Song-thaek,mari de la sœur de feu Kim Jong-il et l'Etat-major de son père. Il s'agit donc d'un changement dans la continuité qui ne remet pour l'instant pas en cause la politique du régime. La flambée de violence (coup d'état militaire, démonstration de force du nouveau chef), un moment crainte par la Corée du Sud et les Etats-Unis n'aura donc pas lieu.
Les démonstrations de forces de l'armée nord-coréenne (bombardement de l’île de Yeonpeyong ou le torpillage de la corvette sud-coréenne Cheonan) et le programme nucléaire ne semblent qu'un baroud d'honneur permettant de gagner des points avant l'inévitable réunification. Le nouveau dirigeant formé en Suisse dans un environnement cosmopolite sera probablement sensible à cette main tendue par la Corée du Sud mais également le Japon et les USA. Mais pour imposer sa marque Kim Jong-un devra faire ses preuves et se débarrasser de sa tutelle.
Hors la Chine craint pour des raisons géopolitiques cette réunification. Fort de l'exemple allemand, Pékin craint en effet, les migrations intra-coréennes (qui la priverait d'une partie de sa main d'œuvre bon marché), l'immigration vers les provinces chinoises des nord-coréens en quête d'un paradis socialiste perdu mais surtout cela rapproche les troupes américaines de ses frontières.

Glossaire :
Comité de la défense nationale : Après la mort de Kim Il-sung en 1994, le poste de président de la République fut supprimé de facto. Une nouvelle révision constitutionnelle définit en 1998 Kim Il-sung comme "président éternel" et le Comité de la défense nationale comme l'organe central de décision des affaires militaires. La Constitution de la Corée du Nord précise que le président du Comité est le "Dirigeant suprême de la République populaire démocratique de Corée". La place prépondérante de l'armée en Corée du nord fait du président du Comité de la Défense nationale l'un des hommes les plus puissants du pays. La personne occupant ce poste est considérée comme l'équivalent de fait du chef de l'État en Corée du Nord, bien que le poste de président de la République n'existe plus officiellement et que, juridiquement, le chef de l'État soit le président du Présidium de l'Assemblée populaire suprême.

Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- The World Factbook, CIA
- Audrey Garric (avec Reuters) – « La mort de Kim Jong-il révèle les failles du renseignement» –  LeMonde.fr – 20 décembre 2011 http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2011/12/20/la-mort-de-kim-jong-il-revele-les-failles-du-renseignement_1620684_3216.html
- Pierre Haski – « Après la mort de Kim Jong-il, la Chine "parraine" la Corée du Nord » – Rue89 – 20 décembre 2011 http://www.rue89.com/2011/12/20/apres-la-mort-de-kim-jong-il-la-chine-se-pose-en-parrain-du-regime-nord-coreen-227684
- Felix de Montety – « L'héritage atomique de Kim Jong-il » – Slate – 19 décembre 2011 http://www.slate.fr/story/47669/kim-jong-un-bombe-atomique
- Mathilde Golla et Hayat Gazzane – « L'économie nord-coréenne à bout de souffle » – Le Figaro – 19 décembre 2011 http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/12/19/04016-20111219ARTFIG00324-l-economie-nord-coreenne-a-bout-de-souffle.php
- Sébastien Falletti – « Le "petit prince" rouge Kim Jong-un prend les commandes » – Le Figaro – 19 décembre 2011 http://www.lefigaro.fr/international/2011/12/19/01003-20111219ARTFIG00221-kim-jong-un-le-petit-prince-rouge-prend-les-commandes.php
- Philippe Pons – « De quelle Corée du Nord hérite Kim Jong-un ?» – Le Monde – 19 décembre 2011 http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2011/12/19/de-quelle-coree-herite-kim-jong-un_1620441_3216.html
- Zone Militaire – « Craintes de provocations nord-coréennes après la mort de Kim Jong-il » – OPEX360 – 19 décembre 2011 http://www.opex360.com/2011/12/19/craintes-de-provocations-nord-coreennes-apres-la-mort-de-kim-jong-il/
- AD – « Nouvelles stratégies du nucléaire » – GlobalAnalysis France – 2 décembre 2009 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2009/12/nouvelles-strategies-du-nucleaire.html

Par AD