mardi 4 novembre 2008

Les enjeux de la Tchétchénie


La République tchétchène, également nommée Itchkérie par les indépendantistes, est une république constitutive de la Fédération de Russie. Elle est située sur le versant nord des montagnes du Caucase et la vallée de Tchétchénie, dans le District fédéral du Sud. Elle a été proclamée en novembre 1991 mais elle était république autonome de Tchétchénie-Ingouchie depuis le 5 décembre 1936 (selon la nomenclature des entités territoriales soviétiques faisant référence aux différents degrés d'autonomie). Staline démantela la République en 1944, mais elle fut restaurée par Khrouchtchev en 1957.



I) Histoire :

Du moyen-âge à l’URSS :
Dès le VIIe siècle, les Arabes introduisent l'islam, mais l'islamisation de la région ne sera réellement achevée qu'au XIIIe siècle. Il s’agit d’un islam sunnite influencé par le soufisme.

En 1922, les Tchétchènes constituèrent pour la première fois une structure administrative distincte, la Région autonome de Tchétchénie, avec un certain degré d’auto-gouvernance. En 1936, la région fut incorporée dans la République socialiste soviétique autonome de Tchétchénie-Ingouchie (RSSA de Tchétchénie-Ingouchie).
Sous Staline, les Tchétchènes résistèrent à la collectivisation forcée des terres.

En février 1944, les Tchétchènes, accusés, comme nombre d’autres peuples du Caucase, de collaborationnisme avec l’occupant allemand ennemi de l’URSS, sont déportés en masse (478 479 personnes dont 387 229 tchétchènes) en Asie Centrale.
Un tiers de la population (environ 170 000 personnes) périt dans les convois. La République de Tchétchéno-Ingouchie est dissoute sur ordre de Staline, les cimetières et lieux de culte sont détruits.

En 1957, un décret de Khrouchtchev rétablit la République et les Tchétchènes auront l’autorisation de retourner chez eux.
Le retour se fera dans des conditions difficiles car dans la majorité des maisons et des terres sont occupées par des Russes, des Géorgiens et des Ossètes, qui avaient souvent été envoyés de force repeupler les villages au cours de la dernière période du stalinisme.

Le général Djohar Doudaev, ancien pilote de chasse de l’Armée soviétique prit le pouvoir suite à un coup d'État mené le 5 septembre 1991 par un « Comité exécutif du Congrès national tchétchène ». Le discours démocratique, nationaliste et social de Doudaev devint assez rapidement un éloge de la libération nationale et religieuse doté d'une référence historique forte, ce qui enflamma les masses. L'indépendance fut déclarée le 2 novembre 1991, et Doudaev légitimé président de la République par le nouveau Parlement.

Première guerre de Tchétchénie : 1991 - 1996
Entre 1991-1994. Les nationalistes tchétchènes chassent 250 000 Russes, Juifs, Arméniens et autres nationalités non-Vaïnakh de Tchétchénie. Plusieurs milliers d'eux sont assassinés ou pris en otage, notamment à Grozny où les deux tiers de la population étaient russophone.
L'industrie et la vie économique de la Tchétchénie se criminalisèrent progressivement avec comme phénomène de fond le détournement des ressources monétaires fédérales et pétrolières. Le kidnapping massif d'hommes contre rançon se développa rapidement.
L’attaque surprise de l’armée russe en 1994 sous le commandement de Boris Eltsine, devint, avec plus de 20 000 soldats, la plus grande opération militaire organisée par Moscou depuis son intervention en Afghanistan en 1979.

Les batailles entre les troupes russes et les Tchétchènes furent particulièrement cruelles : exactions massives par les troupes fédérales d'un côté, et exécutions d’otages russes ou occidentaux par les Tchétchènes, de l'autre. Grozny est tantôt sous le contrôle des Russes tantôt sous celui des indépendantistes tchétchènes.
Eltsine avait besoin d'une guerre fulgurante et victorieuse pour prouver à son peuple que la Russie était encore une superpuissance et asseoir ainsi son autorité comme commandant en vue des élections présidentielles. Mais au lieu d’une blitzkrieg spectaculaire, la guerre s'avéra un échec militaire et humanitaire pour la Russie qui rencontra une résistance féroce de combattants de nationalités différentes, armés jusqu'aux dents avec des munitions lourdes dernier cri. Malgré un arsenal spectaculaire et une parfaite connaissance du terrain (car il s'agissait de son propre pays cartographié en détail), la guerre s'embourba vite, provoquant d’énormes pertes humaines et matérielles.
N'étant plus capable de continuer des opérations militaires d'une telle complexité, la Russie accepta de jeter l'éponge. Un accord de paix fut signé le 31 août 1996 à Khassavyourt. Cet accord conduisit à un statu quo laissant à la Tchétchénie (rebaptisée "République Islamique d’Itchkérie") une autonomie gouvernementale de facto en échange d'une promesse du report des pourparlers sur l'indépendance (les négociations furent repoussées jusqu'en 2001) et de l’arrêt des opérations d'enlèvements d'hommes. La charia fut également décrétée. La nouvelle situation permit par la suite à une minorité de prendre les rênes de l’économie, mais changea à peine le quotidien des habitants.

Deuxième guerre de Tchétchénie : 1999 - 2001

Les attentats de Moscou, les exécutions sommaires par décapitation de plusieurs otages, y compris occidentaux, et les intrusions massives des forces tchétchènes au Daghestan voisin en vue d'y provoquer un coup d'État islamiste, déclenchèrent la deuxième guerre en septembre 1999, sous le commandement de Vladimir Poutine, alors Premier ministre russe. L'opération se solda par un rapide succès et la prise de Grozny par les forces fédérales russes fortes de 80.000 hommes en janvier 2000. Poutine instaura la gouvernance directe de Moscou dans la République.
Pour rétablir l'ordre, l'armée russe intervenait une fois encore dans la république séparatiste avec 80.000 hommes le 1er octobre 1999. Le second conflit commençait. Il a déjà été plus meurtrier que le premier.
A partir du mois de mars 2000, les nettoyages se multiplient et on assiste également selon Amnesty à des pillages, des disparitions, des viols et des exécutions après arrestations arbitraires.

En janvier 2001, les ONG quittent le pays et le président russe Vladimir Poutine décide que la répression doit être menée par le service de sécurité (le FSB) et non plus l’armée russe.
D’après Mémorial, une ONG russe qui est restée en Tchétchénie, des milliers de disparitions ont eu lieu depuis le début de la deuxième guerre.

Les statistiques officielles russes recensaient 4 280 morts et 12 368 blessés. Vladimir Poutine affirma avoir « liquidé » plus de 13 000 combattants tchétchènes.

Immédiatement après la fin des opérations militaires majeures de la Seconde guerre, le président Poutine réaffirma les bases de la nouvelle politique de Moscou en Tchétchénie : transfert du maintien de l’ordre à la milice locale, élections (vraisemblablement truquées) d’un Président et d’un Parlement au suffrage universel, traité de délimitation des pouvoirs entre la Fédération de Russie et la République de Tchétchénie et reconstruction.

II) Enjeux économiques :

La petite république de Tchétchénie est relativement riche en pétrole et gaz naturel. Mais l'importance de ses gisements est souvent surestimée - durant toute la période soviétique, la Tchétchénie importait massivement du pétrole d'Azerbaïdjan et de Sibérie pour approvisionner son industrie pétrochimique. Les autres industries étant quasi-absentes, la République fut essentiellement rurale et sous-développée, ce qui a sûrement alimenté le mécontentement populaire, l'exode vers le Grand Nord et une animosité envers Moscou.

Une des raisons des conflits d'intérêts russes et américains dans le Caucase n'est pas tant le contrôle des ressources naturelles de ces territoires (le Caucase du Nord russe produit à peine 1,5 % des 459 millions de tonnes de pétrole que la Russie extrait annuellement) que le contrôle de l'acheminement de l'or noir depuis la mer Caspienne hors-Russie (Azerbaïdjan, Kazakhstan) dont les pipelines passent par cette région (Géorgie, Arménie, Transcaucasie russe - dont la Tchétchénie) jusqu'aux ports de la Méditerranée, particulièrement le port de Ceyhan en Turquie. Profitant de l'instabilité dans la Tchétchénie, les États-Unis ont fait pression pour qu'un pipeline alternatif soit construit à travers l'Azerbaïdjan et la Géorgie vers la Turquie sans passer par la Tchétchénie ; financé par les compagnies américaines, il fut achevé en 2005.

Aujourd’hui, la Tchétchénie n’a plus l’importance économique qu’elle avait dans les années 1990 et le début des années 2000. Mais depuis les débuts de la guerre contre la terreur de George W. Bush, la république du Caucase est devenue un enjeu politique pour le président russe.

III) Enjeux politiques :

Tout comme à l'époque des premières conquêtes, depuis 1994, la Russie mena les guerres en Tchétchénie pour, entre autres, conserver son influence dans l'ensemble du Caucase. Elle continue son ingérence par d'autres moyens dans les conflits séparatistes de certaines républiques autonomes de Géorgie (Abkhazie, Adjarie, Ossétie du Sud) et d'Azerbaïdjan (Haut-Karabagh).

Les opposants du président russe affirment que Poutine avait besoin de la guerre en Tchétchénie pour justifier un pouvoir de plus en plus autocratique, et dénoncent parfois le rôle trouble du FSB dans le conflit, dont l'actuel président a été directeur. La réforme actuelle des régions russes dont les gouverneurs ne sont plus élus mais désignés par le président, témoignent d'ailleurs de la dérive vers un fédéralisme de moindre ampleur et une plus grande concentration du pouvoir dans les mains de l'institution présidentielle. Selon ces opposants, Vladimir Poutine utilise la menace terroriste tchétchène comme prétexte au renforcement des dispositions de sécurité nationale, souvent au détriment des libertés individuelles, telles que la liberté d'expression. Après les événements du 11 septembre 2001, les autorités russes parlent constamment de présupposés liens des séparatistes tchétchènes avec Al-Qaeda et s'assurent du soutien incontestable des États-Unis et de plusieurs pays européens.

Les autorités russes affirment disposer de preuves de liens des groupes djihadistes tchétchènes (surtout de ceux de l'émir Al-Khattab ou de Chamil Bassaïev) avec des réseaux terroristes étrangers, notamment Al-Qaïda. Le juge Jean-Louis Bruguière, patron du pôle antiterroriste français, confirme également l'existence de ces liens.

La république tchéchène est donc devenue une sorte de laboratoire pour les expérimentations de la lutte antiterroriste mener à la « russe » mais non pas mener par Moscou mais par les autorités locales du président Ramzan Kadyrov. Les associations de défense des droits de l’homme et notamment Amnesty International s’inquiètent des enlèvements, de la torture et des assassinats qui sont les méthodes des services spéciaux du président pro-russe.

IV) Perspectives :

On peut s’inquiéter de la présence depuis le milieu des années 1990 de musulmans wahhabites qui, comme en Afghanistan, ont pris la place des institutions et des ONG. Il est d’ailleurs avéré que des hommes formés par Al-Qaïda en Afghanistan sont partis combattre en Tchétchénie lors de cette même décennie (voir entre autres Omar Nasiri, Au cœur du Djihad, Flammarion, 2006). Il est probable que malgré la présence du FSB et de l’armée russe (ou pro-russe de Ramzan Kadyrov) des agents du réseau terroriste islamiste et peut être même des camps d’entrainements se trouvent dans le pays.
Mais le danger est également dans l’extrémisation des méthodes utilisées pour lutter contre les éventuels terroriste par le régime qui obéit au Kremlin. En effet, les enlèvements, actes de tortures et les assassinats avérés par Amnesty et le Comité Tchétchénie ne peuvent amener qu’à une radicalisation de la population et donc la montée du terrorisme et de l’indépendantisme.

Même si la situation tend à se normaliser, le climat de guerre civile est encore perceptible et il est fort probable qu’il ne disparaisse pas du jour au lendemain. Les actions avérées (et les autres) du gouvernement en place et soutenu par Moscou, ne permettent pas un retour à la normale aisé.

D’un point de vue international, la vision des « terroristes tchétchènes » de Vladimir Poutine et la volonté de retrouver la grandeur de la Russie, risque de pousser l’Europe et les Etats-Unis à garder leur attitude passive et complaisante en dépits des vrais dangers qui menacent, non seulement la république du Caucase mais également toute la région et d’une moindre manière tout le monde musulman.

Ajoutons pour finir que l’élection de Dmitri Medvedev au poste de président de la fédération de Russie apporte un espoir puisque celui-ci n’ayant pas été formé par les services secrets russes choisira peut-être de ne pas poursuivre cette guerre. Mais le besoin de sécurisation de la région ainsi que l’omniprésence de Vladimir Poutine ne laisse que peu de chance à cette hypothèse.


Glossaire :
Soufisme : il s’agit d’un courant ascétique et mystique de la religion musulmane. Il est apparu au VIIIème siècle. C’est un courant dans lequel les initiés cherchent, sous la direction d'un maître, à parvenir à l'union spirituelle avec Allah et à la connaissance de la vérité divine. Il est considéré comme un courant mystique au sein de l’islam.
Sunnisme : il s’agit du principal courant religieux de l’islam (les deux autres principaux étant le chiisme et le kharidjisme), qui représente entre 80 et 85% des musulmans soit environ 1,2 milliards de personnes.
Vainakh : il s’agit d’un terme générique qui désigne les peuples Tchétchènes, Ingouche et Kistes du Caucase. Ces peuples ont en commun une culture et leurs langues sont rassemblées sous le terme Nakh.

Sources :
-Tchétchénie, dix clés pour comprendre, Comité Tchétchénie, La Découverte, 2005.
-Le conflit tchétchène, Amnesty International France, mars 2006.
-Anne Rivat, « Ravalement de façade en Tchétchénie », Le Monde Diplomatique, Mai 2006.
-Wikipédia, l’encyclopédie libre.

Par AD pour GlobalAnalysis France

vendredi 26 septembre 2008

Les enjeux de la Birmanie

Un an après la répression de la révolution de Safran par la junte militaire au pouvoir et la libération d'U Win Tin, journaliste birman et membre fondateur de la Ligue nationale pour la démocratie, après 19 années de détention, revenons sur les événements pour voir quels sont encore les enjeux géopolitiques liés à se pays.


La Birmanie (officiellement Myanmar) est le plus grand État d’Asie du Sud-est, voisin de la Chine, de l’Inde, le Laos, le Bangladesh et de la Thaïlande.

I) Histoire au XXème siècle

Le pays a été une colonie du Royaume-Uni duquel il a pris son indépendance en 1948. Il quitte également le Commonwealth et le premier ministre U Nu instaure une démocratie parlementaire.

Mais en 1962, le général Ne Win organise un coup d'État militaire qui va lui permettre de prendre le pouvoir. Il va régner pendant jusqu’à la tenue d’élections libres en 1990. Il va introduire des reformes socialistes mais garde son pays dans le camp des non-alignés.

En 1988, le 8 août, l’armée, confrontée à un mouvement de protestations dénonçant la précarité économique et le caractère non démocratique du régime, la junte militaire l’écrase violement et tire sur la foule. Une des conséquences indirecte de ce soulèvement est la tenue d’élections libres en 1990.

Entre temps, le régime change le nom du pays en Myanmar, en 1989, mais de nombreux pays ne reconnaissent pas ce nom (ce qui reviendrait à reconnaître le régime).

Ces élections voient la victoire de la National League for Democracy (Ligue nationale pour la démocratie) dirigée par Aung San Suu Kyi qui aurait due devenir premier ministre mais les élections sont annulées par la junte et elle est faite prisonnière.

Aung San Suu Kyi recevra le prix Nobel de la Paix l’année suivante, en 1991.

Le président actuel, le général Than Shwe, prend le pouvoir en 1992 et amorce en 1993 la réécriture de la constitution écrite en 1974.

En 1997, le pays rejoint l’ASEAN (Association of South East Asian Nations, Association des nations de l'Asie du Sud-est).

Le 7 décembre 2005 la capitale est transférée du jour au lendemain de Rangoon à Pyinmana, au centre du pays. La ville est renommée Naypyidaw (Ville royale ou Demeure des Rois). Une légende voudrait que le président ait changé la capitale sur les conseils d’une diseuse de bonne aventure (le général est connu pour être superstitieux) mais certains analystes considère que c’est plus probablement pour se mettre à l’abri. En effet, la nouvelle capitale étant plus à l’intérieur des terres que Rangoon, elle est moins exposée à une éventuelle attaque américaine ou d’un autre pays, mais également moins soumis aux intempéries.


II) Evénements récents :


1) La crise de l'automne 2007 : La révolution de Safran

La Birmanie est venue sur le devant de la scène internationale en automne 2007 à cause des manifestations de l’opposition et de la répression sanglante qui a suivit.

Après une augmentation du prix de l’essence, des transports et de la nourriture ainsi que des produits de première nécessité, des manifestations s’organisent à travers le pays. Les moines bouddhistes sont rejoins par les habitants des grandes villes du pays.

Dès le 26 septembre, la répression militaire commence, les autorités coupe le pays du monde extérieur, supprime les connexions Internet, coupe les lignes téléphoniques.

Repassons rapidement les événements en revue :

Le 5 septembre 2007, les troupes militaires interviennent pour empêcher une manifestation pacifique à Pakokku et blessent trois moines.

Le 22, 2.000 moines manifestent à Rangoon et 10.000 à Mandalay.

Le 24, entre 30.000 et 100.000 personnes manifestent à Rangoon et le Dalaï Lama apporte son soutient aux moines qui manifestent.

Le 25, la junte positionne des camions de l’armée aux points de rassemblement des moines. Les habitants forment un bouclier humain pour protéger la manifestation des moines.

Le 27, un raid de la junte dans les monastères lui permet d’arrêter 700 moines. Ce même jour 50.000 personnes manifestent à Rangoon et neuf personnes sont tuées y compris un journaliste japonais, Kenji Nagai.

Le 28, tous les accès Internet sont bloqués.

Le 30, l’envoyer spéciale des Nations Unies, le diplomate nigérian, Ibrahim Gambari rencontre la chef de l’opposition Aung San Suu Kyi.

Le 20 octobre le couvre-feu est levé.

Selon la chaîne d’information américaine ABC, la répression par la junte a fait des milliers de morts même si les chiffres officiels restent de 13 morts. Le 7 octobre la chaîne d’information qatari Al Jazeera rapportent que au moins 1.000 personnes ont été arrêtées, cette information est celle du média d’Etat birman et les chaînes étrangères rapportent plus de 6.000 emprisonnements.


2) Le Cyclone Nargis et ses suites

Les 2 et 3 mai 2008, un typhon, Nargis, dévaste le delta de l’Irrawaddy dans le sud du pays. Un mois plus tard, les autorités reconnaissent 133.600 morts ou disparus ainsi que 2,4 millions de sans-abri.

Alors que les services de météorologie birmans savaient que le cyclone arrivait une semaine avant celui-ci. Le gouvernement n’a prévenu la population que la veille du cyclone.

Alors même que la télévision du régime diffusait en boucle les images de soldats nettoyant les rues et distribuant des vivres, l’armée, la police et les pompiers, manquant d’expérience n’ont pas venir en aide à tous les sinistrés. Cela s’explique par le fait que populations des villes sinistrées ont été assez bien prise mais la majorité des victimes se situe dans des petits villages du delta très difficiles d’accès.

Le lundi 5 mai, la junte a lancé une demande d’aide internationale mais seul le matériel semblait être le bienvenu. Le régime ne voulait pas que les bénévoles étrangers débarquent sur leur territoire pour constater leur incompétence.

Ainsi plusieurs avions de ravitaillement et de matériel d’urgence américain, indien et chinois ont put atterrir mais devait débarquer le contenu de leur soute avant de repartir.

Ce premier refus politique fut suivie du maintient du référendum sur la nouvelle constitution birmane qui a été maintenu au 12 mai et repoussé au 24 dans certaines régions sinistrées. La victoire du oui revendiqué par la junte et dénoncé par l’opposition, permettra au gouvernement en place de se maintenir lors des élections de 2010.

Le 19 mai l’ASEAN avait tenté de mettre en place un mécanisme permettant la distribution de l’aide mais il n’a pas été concrétisé à cause du refus de la junte.

Les 31 mai et 1er juin, lors d’une conférence sur la sécurité en Asie à Singapour, la communauté internationale a déclaré sont exaspération devant le refus d’ouverture du pays par la junte. Le ministre de la défense américain, Robert Gates, l’a qualifié de « négligence criminelle » et que le refus de l’aide a coûté des « dizaines de milliers de vies ».

A l’heure où nous écrivons ces lignes, début juin 2008, la situation est toujours bloquée. L’aide apportée par la communauté internationales et les ONG transite majoritairement par les pays voisins comme la Thaïlande puisque la junte refuse l’accès des eaux territoriales aux navires venues apporter des cargaisons représentant l’équivalent de ce que transporte une trentaine d’avions. Le transport est effectué par le Programme Alimentaire Mondial (PAM).



III) Enjeux économiques

La Birmanie est très peu industrialisée, la population est majoritairement rurale. La culture d’opium est d’ailleurs abondante et encouragée par le régime. Par ailleurs l’Organisation Internationale du Travail (l’OIT) souligne en 1998 que le travail forcé est monnaie courante dans le pays.

Ce pays n’est donc pas riche mais son sous-sol l’est. En effet, le pays abrite d’importantes réserves de pétrole et de gaz. La compagnie française Total exploite un champ gazier off-shore de Yadana, dont la production alimente une centrale électrique à Rangoon mais surtout, va à la Thaïlande. En effet, la Thaïlande importe 20% de son gaz de Birmanie. Total continue malgré les sanctions de l’Union Européenne et les actions en justice intentées contre elle en Belgique et en France. Total est notamment accusée d’avoir cautionner que la junte utilise des travailleurs forcés pour la construction de son pipeline. Certains experts considèrent que Total est responsable des violations des droits de l’Homme qui sont liés à la construction du pipeline.

La Birmanie possède également une petite production pétrolière à terre qui est exploitée par la compagnie nationale Burmah Oil Company qui a été crée en 1896 et dont le principal actionnaire et la British Petroleum (BP).

Le pétrole est exporté vers la Chine et vers l’Inde. Ces deux pays vendent des armes à la junte pour assurer la stabilité régionale.

Enfin malgré les violations des droits de l’Homme et le caractère totalitaire du régime, la Birmanie est une destination touristique appréciée par les chinois et le japonais. Il y a ainsi environ 200.000 voyageurs par an. L’opposition voit dans le tourisme un soutient financier à la junte puisque les structure des ce secteur est entre les mains de la dictature et de ses sympathisants.

A travers sa mainmise sur tous les secteurs économiques, la junte assurent sa crédibilité et sa survie sur le plan international. Tant que les groupes internationaux, les compagnies d’Etats et les gouvernements feront du commerce avec elle sans se soucier des atteintes au droit de l’Hommes, la junte aura encore de beaux jours devant elle.


IV) Analyses et perspectives

Comme nous venons de le voir, le régime militaire tire sa légitimité de son implication dans l’économie régionale. Mais le caractère non démocratique pose de nombreux problèmes à la communauté internationale. Le pays était censé prendre la présidence tournante de l’ASEAN en 2006, mais la pression internationale l’en a empêchée.

Le soutient militaire de Pékin et de l’Inde sont également dérangeant. Les deux pays vendent des armes à la junte pour garder la stabilité de la région. Par ailleurs, il est possible que la Chine ait installée une station d’écoute électromagnétique en Birmanie.

L'Union Européenne a décrété un embargo sur l’exportation d’armes en Birmanie en 1988, les États-Unis en 1993. La mesure a été renouvelée en 2002 et 2006 par les deux entités politiques. Mais une enquête d’Amnesty International, en 2007, a révélée que des armes contenant de la technologie américaine et européenne ont été vendues à la junte par l’intermédiaire de l’Inde.

Aung San Suu Kyi à la suite de ses entretiens avec l’envoyer de l’ONU s’est montrée plutôt optimiste quand à la résolution de la crise.

Il faut savoir également qu’entre le 11 et le 16 janvier 2008, quatre bombes ont explosé dans des lieux publics tuant trois personnes et le 20 avril, deux bombes ont explosé dans Rangoon sans faire de victimes.

Ainsi l’avenir de la Birmanie est bien le Myanmar et la junte militaire. Les révoltes qui ont eues lieu au cours de l’automne 2007 et maintenant la possible apparition d’un terrorisme nationaliste ne changerons pas la vision politique du gouvernement en place.

A moyen terme le pays est prisonnier de ces engagements économiques avec ses puissants voisins. Le soutien chinois, sans faille, est le plus à craindre surtout aux vues des événements tibétains.

A plus long terme, la Birmanie, comme beaucoup de pays de la région (et y compris la Chine) doit se préparer à faire face à un mouvement populaire de protestations.

Les valeurs occidentales des droits de l’Homme véhiculés par les médias et les diaspora, ainsi que les exigences d’augmentation du niveau de vie vont prendre le pas sur le dirigisme actuel de beaucoup de gouvernements asiatiques. Les catastrophes naturelles qui ont touchées la région, cyclone en Birmanie et tremblement de terre en Chine vont probablement accélérer le processus.

A long voire moyen terme la Birmanie va connaître de nouvelles manifestations à caractère plus révolutionnaire encore.


Glossaire :

ASEAN : l’Association des Nations de l'Asie du Sud-est (ANASE ou ASEAN) est une organisation politique, économique et culturelle regroupant 10 pays d'Asie du Sud-Est. Elle a été fondée en 1967 à Bangkok (Thaïlande) par cinq pays non alignés.

Dalaï Lama : c’est le plus haut chef spirituel du Tibet reconnu par les habitants et il est devenu le chef temporel du gouvernement du Tibet à partir du XVIIème et jusqu'à la première moitié du XXème siècle, puis chef du gouvernement tibétain en exil encore de nos jours.

OIT : Il s’agit d’une institution spécialisée des Nations Unies qui a pour but de promouvoir le travail décent dans le monde. Son siège est à Genève (Suisse).

Programme Alimentaire Mondial (PAM) : C’est l'organisme d'aide alimentaire de l'ONU. Plus grande organisation humanitaire du monde, le PAM fournit principalement de la nourriture aux personnes souffrant de la faim. En moyenne, chaque année, le PAM nourrit 90 millions de personnes dans 80 pays, dont 58 millions d'enfants.

Station d’écoute électromagnétique : Il s’agit d’une installation de renseignement qui a pour but d’intercepter les communications radio, téléphonique, satellite et autre par des antennes situées à des endroits stratégiques.


Sources :

Sylvie Kauffmann, « Ménagée par la Chine et l'Inde, la junte birmane reste sourde aux critiques internationales », Le Monde (en ligne), 3 juin 2008.

Brian McCartan, « Une armée formée pour réprimer, pas pour aider », Asia Times Online cité par Courrier International, 9 mai 2008.

Fred Hiatt, "In Burma, democracy’s price can be life", The Washington Post, June 2005.

Michael Green and Derek Mitchell, "Asia's Forgotten Crisis A New Approach to Burma ", Foreign Affairs, November/December 2007.

Lee Hudson Teslik, “The ASEAN Bloc's Myanmar Dilemma”, Council on Foreign Relations, October 2, 2007.

« Le chef de la junte birmane serait prêt à rencontrer Aung San Suu Kyi », Le Monde (en ligne), 4 octobre 2007.

Jean-Claude Courdy, L’épine birmane, geopolitis.fr, 10 avril 2005.

Bernard Kouchner, Relation d’un voyage et de la découverte d’une industrie muette, 29 septembre 2003.


AD

lundi 21 juillet 2008

« Extraordinary rendition » : la partie immergée de l’iceberg




Il s’agit d’un procédé extrajudiciaire d'appréhension et de transfert de personnes suspectées d’avoir des liens avec les groupes terroristes qui menacent les États-Unis.

I) Définition
Le terme extraordinary rendition peut être traduit par restitution extraordinaire (extraordinaire parce que peu fréquente selon le gouvernement américain). Le terme regroupe l’enlèvement (à partir du territoire américain ou d’un autre pays) d’individus soupçonnés de terrorisme, leur transfert (le plus souvent en avion) dans un autre pays ou dans un site noir (black sites, prisons secrètes sans existence juridique) comme Guantanamo à Cuba, Bagram en Afghanistan et Abu Ghraib en Irak. La terminologie officielle pour les détenus des sites noirs est détenus fantôme (ghost detainees).
Selon certaines informations, cette pratique est utilisée depuis 1995 dans le cadre de la neutralisation d’Al-Qaïda, d’abord par le président démocrate Bill Clinton puis par l’administration Bush.
Robert Baer ancien agent de la CIA (et auteur du livre La Chute de la CIA - Les mémoires d'un guerrier de l'ombre sur les fronts de l'islamisme dont est inspiré le film Syriana de Stephen Gaghan) a révélé que les procédures étaient autorisées par le directeur de la CIA ou son adjoint, ce qui place la responsabilité très proche du pouvoir politique américain.

II) Pratiques dans le contexte de guerre mondiale contre le terrorisme
Au lendemain du 11 septembre 2001, les autorités américaines ont renforcé leur arsenal légal anti-terroriste. Parmi ces mesures se trouvent le recours aux prisons secrètes ainsi que probablement des clauses autorisant les services de renseignements à utiliser tous les moyens qu’ils jugeront nécessaire pour assurer la sécurité du territoire. Le concept nouveau de sécurité intérieure (homeland security) apparu aux USA après les attentats à servi à justifier de nombreux écarts à la Constitution américaine.
D’après les estimations du Washington Post et d’Amnesty International, plusieurs centaines de personnes sont concernées.
Toujours d’après le Washington Post et Amnesty, le mode opératoire américain est le suivant :
- Le ou les suspects sont enlevés, soit par les autorités locales à la demande de la CIA, soit directement par des agents américains.
- Le ou les suspects sont emmenés en avion dans un pays tiers, soit pour y être transférés dans un autre avion, soit pour y être détenus momentanément.
- Le ou les suspects sont remis aux services de sécurité et/ou de renseignement d’un pays allié des États-Unis pour y être interrogés.
Ce type d’enlèvement est illégal puisqu’il n’entre dans aucune procédure juridique. De plus, les pays d’accueil ou les sites noirs sont réputés pour les mauvais traitements voire la torture des prisonniers.
Les personnes enlevées n’ont, qui plus est, pas le droit à avoir un avocat, et ne peuvent donc pas contester légalement les faits. D’après les témoignages recueillis par Amnesty, des personnes ont été extradées vers des pays où les autorités américaines savaient qu’elles allaient être torturées (il est possible que des agents américains aient participé ou aient été présents lors des interrogatoires) malgré ce que répète la secrétaire d’Etat américain Condoleezza Rice.
De plus, il a été avéré que certaines personnes on été enlevées à la place d’autres parce que leurs patronymes se ressemblaient. Le plus souvent les victimes sont des gens avec des noms arabes et la traduction des noms dans l’alphabet latin serait la source de ces méprises.
Pour un exemple, voir le film Rendition de Gavin Hood basé sur l’histoire vraie de Khalid El-Masri (citoyen allemand) qui a été confondu avec Khalid al-Masri (un membre d’Al-Qaïda).
La justification américaine est qu’il faut obtenir des informations à tout prix, quitte à utiliser des ressources d’autres pays. Le fait de ne pas respecter les règles n’est pas dérangeant puisque les terroristes ne les respectent pas et qu’on leur refuse le titre de prisonnier de guerre (à qui la Convention de Genève devrait s’appliquer) au profit du terme de combattant ennemi (enemy combatant).
La face émergée de l’iceberg est donc la base de Guantanamo Bay où des centaines de personnes sont retenues hors de tout cadre légal, mais la partie immergée est encore plus grande. Elle est composée d’avions à l’immatriculation civile qui sont utilisés pour transférer les prisonniers d’un pays à l’autre sans aucun contrôle, d’équipes d’américains habillés en noir de la tête au pied qui portent des cagoules et qui interviennent dans tous les pays du monde avec ou sans l’accord des autorités locales, et enfin des dizaines peut-être des centaines de personnes qui ont disparues du jour au lendemain.

III) Enquêtes sur le sujet
Le gouvernement américain reconnaît avoir recours aux restitutions hors du cadre légal des extraditions uniquement dans le but de transférer des prisonniers de l’endroit où ils sont capturés vers un pays où ils seront interrogés et traduits en justice. Le gouvernement américain nie avoir recours à la restitution, pour transférer les détenus dans un pays où ils seront torturés, pour fournir des renseignements d’ordre militaire dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Après la publication d’articles sur le sujet par le Washington Post à partir de 2002, des enquêtes ont été menées par différents organismes. Le Conseil de l’Europe puis le parlement européen ont publié leurs conclusions en 2006. Des ONG comme Human Rights Watch et Amnesty International ont également mené leurs enquêtes principalement à partir des témoignages d’anciens détenus.
Des pays européens comme la France, l’Espagne, l’Allemagne, l’Italie, le Portugal, le Royaume-Uni, le Kosovo et la Roumanie ont mis en place des enquêtes nationales pour vérifier la présence des avions de la CIA sur leurs aéroports.
Ajoutons, pour être complet, que de Manfred Nowak, rapporteur spécial sur la torture aux Nations Unies, a présenté à l’Assemblée Générale un document qui atteste que les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, le Canada, la Suède et le Kirghizstan violent les conventions internationales des droits de l’Homme en déportant des suspect dans des pays comme l’Egypte, la Syrie, l’Algérie et l’Ouzbékistan sachant qu’ils allaient possiblement y être torturés.


Noir : les USA et les sites noirs suspectés.
Rouge : pays où les personnes enlevées auraient été conduites.
Bleu clair : pays qui aurait facilités le transport en accueillant des avions par exemple.
Bleu foncé : pays d’où les personnes auraient été enlevées.
Carte d’après Amnesty International et Human Rights Watch.

Pour conclure, ajoutons comme pour toute stratégie menée par les services de renseignements nous n’en connaissons que les mauvais côté et jamais les réussites. Ainsi le simple fait de ne pas avoir d’éléments positifs a apporter dans le débat pour ou contre cette pratique fait que le débat ne peut exister. Nous pouvons simplement ajouter que choisir entre la vie d’un homme et ses droits les plus fondamentaux doit être mis en regard avec la possibilité de sauver des dizaines, peut-être des centaines de vie innocentes. C’est le rôle des politiques et des dirigeants du monde du renseignement.
Le principal problème et le seul véritablement soulevé par l’opinion américaine sont les erreurs du programme (erroneous renditions), ce genre de méprise est tout simplement dramatique et inexcusable.

Glossaire :
CIA : Central Intelligence Agency (agence centrale de renseignement) il s’agit de la principale agence de renseignement américaine. Elle a été fondée en 1947 par le National Security Act passé par l’administration Truman.
Combattant ennemi : le combattant ennemi dans le contexte de cet article est une personne qui est détenue dans le cadre des pouvoirs de guerre donnés par le Congrès à George W. Bush le 18 septembre 2001. Le 13 novembre 2001, le président Bush a passé un ordre présidentiel militaire (Presidential Military Order: Detention, Treatment, and Trial of Certain Non-Citizens in the War Against Terrorism) et c’est à cette occasion que le terme de combattant ennemi a été choisi.
Détenu fantôme : il s’agit du terme officiel se rapportant aux détenus, dont l’identité est tenue secrète, parce que non enregistrée, qui sont retenus dans les prisons secrète de la CIA ou dans les prisons d’Abu Ghraib en Irak ou de Guantanamo à Cuba.
Sites noirs : il s’agit de la dénomination militaire des centres de détention clandestins contrôlés par la CIA dans différents pays, dont plusieurs États membres de l'Union européenne. Leur existence, soupçonnée par Amnesty International, a été révélée à la fin 2005 par le Washington Post, et officiellement reconnue par le président George W. Bush le 6 septembre 2006.
Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre.
- Alain Brossat, « Demandez le programme ! Quelques réflexions sur l’« Extraordinary Rendition Program » », Cultures & Conflits, 68, 2008, [En ligne], mis en ligne le 18 avril 2008. http://www.conflits.org/index5483.html.
- “Rendition” and secret detention: a global system of Human Rights violations; Questions and Answers, Amnesty International, janvier 2006.
- CIA guerre secrète en Europe, Arnaud Muller et Steeve Baumann, Lundi Investigation, Canal+, 11 septembre 2006.
- Robert Baer, La Chute de la CIA : mémoires d’un guerrier de l’ombre sur les fronts de l’islamisme, Gallimard, 2003.

mardi 1 juillet 2008

Briefing sur le cyber-terrorisme

Le cyber-terrorisme est le fait de cibler un ordinateur, un serveur ou des moyens de communications, en particulier par le biais de l’Internet dans le but de causer des dommages physiques ou induire des perturbations sur les réseaux de communication.

I) Définition :
La définition du cyber-terrorisme peut être le fait d’utiliser la technologie pour endommager des sites web ou d’attaquer des systèmes informatiques à distance dans le but de produire des actes de terrorisme.
Certaines personnes disent que le cyber-terrorisme n’existe pas stricto sensu puisque une attaque virtuelle a peu de chances de créer la panique ou tuer des personnes en grand nombre étant donné la pénétration de l’électronique dans nos sociétés.

L’internet est de plus en plus présent dans la société moderne et nous sommes de plus en plus dépendants des moyens de communications électroniques. Le cyber-terrorisme peut cibler un groupe de personne, une entreprise, une institution ou un pays entier sans que la peur de la capture existe réellement. L’attaquant pouvant se trouver dans un pays lointain de la cible de son attaque, il ne craint pas non plus d’être reconnu ou poursuivit en justice.
Néanmoins, l’usage de plus en plus grand des ordinateurs, des systèmes informatiques et des réseaux interconnectés rende de plus en plus menaçant le sabotage ou les attaques terroristes depuis le cyberespace.

Les attaques cybernétiques peuvent avoir des conséquences physiques de plusieurs manières. Premièrement, en perturbant les communications des services d’urgence (les ambulances ou les pompiers) mais également, il y a la possibilité de prendre le contrôle a distance de centrales électriques ou d’usines. La menace est donc potentiellement grande.

II) Usages récents :
Il y a très peu d’exemples d’usages du cyber-terrorisme dans le monde mais nous présentons ici quelques données.

En 2004, des pirates informatiques en Roumanie ont réussi à accéder via Internet aux ordinateurs de contrôles des systèmes de survie d’une station en Antarctique. Ils ont ainsi mis menacer les 58 scientifiques présents sur la station. Les criminels ont été mis hors circuit avant que la vie des scientifiques n’ait vraiment été mise en danger mais ceci représente un acte concret de menaces physiques commises par l’intermédiaire de systèmes informatiques.

Des virus informatiques ont déjà endommagé des systèmes non-essentiels de centrales nucléaires aux États-Unis.
Enfin, comme l’univers informatique est large et encore inexploré, de nombreux jeunes informaticiens tentent de s’infiltrer dans des réseaux sécurisés juste pour s’amuser.

Des pays comme la Chine, la Grèce, l’Inde, Israël et la Corée du Sud ont été montrés du doigt par la presse américaine parce qu’ils hébergeaient des pirates qui s’en prenaient aux réseaux informatiques de la CIA et de la NSA. Bien que ces attaques soient vraisemblablement l’œuvre de jeunes programmeurs curieux, le gouvernement américain prend cette menace au sérieux.

III) Usages envisageables, menaces :
Les menaces envisageables sont sans bornes, il suffit pour s’en faire une idée de lire les auteurs spécialisés dans les techno-thrillers les plus connus étant la série Net Force de Tom Clancy ou le livre Digital Fortress de Dan Brown.

Néanmoins, le plus probable est l’utilisation du cyber-terrorisme pour désorganiser les services d’urgence lors d’une attaque terroriste physique ou lors d’une catastrophe naturelle. Ceci permettrait aux terroristes d’augmenter le nombre de victimes.
Mais on peut également imaginer des terroristes prenant le contrôle à distance de centrales nucléaires, de barrages ou de la Bourse.

IV) Moyen de protection :
En France la Police et la Gendarmerie ont mis en place, sous l’égide du ministre de l’Intérieur, différents services.
-BEFTI (Brigade d'enquête sur les fraudes aux technologies de l'information).
En charge des dossiers technologiques au sein de la préfecture de police de Paris. Une trentaine d'enquêteurs. L’IRCGN (Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale) procède aux examens scientifiques et techniques pour le compte de la Gendarmerie.
-OCLCTIC (Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication).
De compétence nationale pour les services de Police, de Gendarmerie et des Douanes. Il est composé de 35 agents.
-SITT (Service de l'informatique et des traces technologiques).
Centre d'expertise et d'analyse de la police technique et scientifique. Composé d’une quarantaine d'experts, il intervient dans le cadre d'une enquête judiciaire.

Aux Etats-Unis, la NSA a pour mission de sécuriser les communications du gouvernement mais également de surveiller les communications des personnes privées et des entreprises à travers le monde. En Grande-Bretagne cette mission est confiée au GCHQ.
En ce qui concerne le renseignement électronique en France, il est du ressort conjoint de la DGSE(Direction Générale de la Sécurité Extérieure) et de la DRM (Direction du Renseignement Militaire).

Pour la population et les entreprises, les moyens de protections élémentaires sont les part-feus informatiques mais la législation autorise également le cryptage de certaines données informatiques.

Glossaire :
DGSE : Direction Générale de la Sécurité Extérieure, c’est le service de renseignement extérieur de la France. Elle est l’héritière du SDECE : Service de Documentation Extérieure et de Contre-Espionnage, service dont elle a pris la place en 1982.
DRM : La Direction du Renseignement Militaire est un organisme interarmées responsable du renseignement militaire. La DRM est chargée du recueil de l'information, de son analyse et de la diffusion du renseignement vers les armées, les forces en opérations et les organismes centraux de la défense. Elle a été fondée en 1992.
GCHQ : Le Government Communications Headquarters (quartiers général des communications du gouvernement) est le service de renseignements électronique du gouvernement britannique. Il est l’un des principaux contributeurs du réseau mondial d’interception électronique Echelon avec la NSA américaine. Il a été fondé en 1946 mais n’a eu d’existence officielle qu’en 1983.
NSA : La National Security Agency (agence de sécurité nationale) est l’agence de renseignement électronique du gouvernement américain. Elle a été fondée en 1952, elle n’a été reconnue qu’en 1957.

Sources :
-Cyberterrorisme possible et vraisemblable, Daniel Martin, Geopolitis.
-Le cyberterrorisme est virtuel, la cyberguerre en préparation, Futura Science, 2006
-Le cyberterrorisme: une nouvelle menace?, Jean-François Mayer, terrorisme.net, 26 septembre 2002.
-The National strategy to secure cyberspace, The White House, February 2003

Par AD pour GlobalAnalysis France

Briefing sur le terrorisme nucléaire





Le fait que des armes nucléaires tombent entre les mains de terroristes représenterait une menace très importante. Tous les pays qui ont été la cible d’actes de terrorismes essaient par tous les moyens d’empêcher cela de se produire.


I) Définition :

Le Terrorisme Nucléaire peut désigner l'une des attaques terroristes suivantes :

- Utilisation d'une arme nucléaire contre une cible civile.

- Utilisation d'une bombe radiologique ou bombe sale contre une cible civile.

- Attaque d'une centrale nucléaire ou d'un site de stockage de déchets nucléaires.


II) Usages récents :

En juin 2002, le citoyen Américain José Padilla a été arrêté car il était accusé de planifier une attaque radiologique sur la ville de Los Angeles, Californie. Padilla est actuellement (2008) sous arrêt militaire américain (statut de combattant illégal comme les détenus de Guantanamo Bay).

Le docteur Abdul Qadeer Khan (le père du programme nucléaire pakistanais) a dirigé un groupe qui a répandu la technologie du nucléaire en Europe, en Afrique et en Asie. Il a fourni les programmes nucléaires de l’Iran, de la Libye et de la Corée du Nord et, selon certaines rumeurs liées à des fuites au sein d’agences de renseignement américaines, à l’Arabie Saoudite. Quoiqu’il en soit, il n’y a pas de preuves qu’il est vendu des informations à des groupes terroristes. Mais il est possible que des terroristes aient pu avoir accès à ses informations par des moyens plus détournés.

Le réseau de Khan montre aussi que le programme nucléaire pakistanais est vulnérable de l’intérieur et que les groupes islamistes liés aux services de renseignements pakistanais y pourraient avoir accès.

Il est possible également qu’une partie de la technologie qu’il a vendue, comme des centrifugeuses, soit encore dans la nature.


III) Usages envisageables, menaces :

En 2006, le MI5 (le nom officiel étant le Security Service) a prévenu les autorités que des terroristes islamiques liés à Al Qaïda projetaient de faire détonner des bombes atomiques en Angleterre, ces dernières auraient été acquises par des moyens clandestins.

Il y a trois moyens imaginables pour des terroristes d’obtenir des armes nucléaires.

Ils pourraient essayer de construire un engin nucléaire improvisé (IND pour Improvised Nuclear Device) ou ils pourraient chercher à voler ou acheter une arme nucléaire.

- Premièrement, fabrication d’un engin nucléaire :

La fabrication d’une bombe demande un schéma. Bien qu'il y ait des informations intéressantes et correctes disponibles sur la physique des armes nucléaires et leur technologie, en particulier sur l'Internet, ceci ne signifie pas pour autant que les informations soient suffisantes pour faire un dispositif explosif nucléaire.

Cela montre au contraire quelles difficultés extrêmes en termes de qualifications et de connaissances techniques et technologiques devraient être surmontées. Un groupe terroriste pourrait sans aucun doute payer des physiciens pour faire un tel travail. Mais certaines informations ne pouvant pas être trouvées dans la littérature, des expériences cruciales devraient être faites. Celles-ci exige l'accès aux matériaux qu’il est difficile obtenir et qui enlève toute discrétion à l’opération.

En outre, les experts semblent convenir que le défi le plus difficile pour une organisation terroriste voulant construire un IND serait d'obtenir la matière fissile nécessaire.

Même si la matière fissile et les schémas existent, la fabrication d'un IND était toujours un projet technique exigeant. Surtout en raison des grandes quantités de matière fissile nécessaires, c'est une entreprise représentant un danger mortel pour les fabricants potentiels.

Pour résumer, cela nécessite plus que des connaissances sur le fonctionnement des armes nucléaires et l'accès à la matière fissile pour fabriquer avec succès une arme utilisable. C'est pourquoi il est très peu probable que les terroristes puissent essayer d'établir un dispositif nucléaire qu'ils préféreraient l'acheter ou le voler.

- En second lieu, le vol :

Dans ce domaine, la sécurité internationale dépend du sérieux avec lequel les états possédant les armes nucléaires prennent leurs responsabilités. Les armes nucléaires sont situées dans des locaux protégées et gardées. Un vol impliquerait beaucoup de risques et de grands efforts en termes de personnel, finance et organisation. Sans appui de l’intérieur un tel vol est inconcevable. Jusqu'ici il n'y a pas eu aucun vol confirmé ou même probable. Différents types de systèmes de sécurité existent, assurant que dans aucunes circonstances une explosion nucléaire non désirée ait lieu.

- Troisièmement, l’achat :

Peu de pays ont les dispositifs nucléaires et il est très peu probable que l'un d'entre eux le vendrait aux groupes de terroriste. Il y a environ 27 mille armes nucléaires dans les arsenaux de huit nations (Grande-Bretagne, Chine, France, Inde, Israël, Pakistan, Russie et Etats-Unis). Toutes sauf environ un millier de ces armes se trouvent dans deux pays : la Russie et les Etats-Unis. Les pays qui prétendent avoir les armes nucléaires tels que l'Iran et la Corée du Nord n'auraient aucun intérêt à vendre l'une d'entre elles aux terroristes parce que s'ils le font la communauté internationale connaîtrait très rapidement le pays vendeur et il serait une cible prioritaire.

· Ce qui est le plus susceptible de se produire est l'utilisation des armes radiologiques.

Une arme radiologique (ou dispositif radiologique de dispersion) est n'importe quel dispositif qui est conçu pour répandre un matériel radioactif dans l'environnement, pour tuer ou pour empêcher l'utilisation d'un secteur. Parfois, quand de forts explosifs sont employés pour disperser le matériel radioactif, ces armes radiologiques s'appellent des « bombes sales ». Pour construire une arme radiologique, les terroristes devraient avoir accès à une quantité suffisante de matériel radioactif.

Des sources radioactives sont employées dans des applications médicales, industrielles, agricoles et de recherches. Elles peuvent être trouvées dans les hôpitaux, les équipements médicaux et les sources industriels d'irradiation, les universités et même les maisons. Mais manipuler sans risque une source radioactive forte exige la connaissance des matériaux et de la radioprotection. Pour des terroristes ou des kamikazes, nous pouvons supposer que les considérations de sécurité et les risques de cancer à long terme ne sont pas leur souci principal. Les utilisations d'une arme radiologique peuvent être : la contamination par des aérosols, par dispositif explosif, la contamination de l'eau potable, contamination de nourriture ou une source de rayonnement positionnées à des endroits de fort passage.

Contrairement à un engin nucléaire, il n'y a en principe aucun obstacle insurmontable à l'acquisition et à l'utilisation des armes radiologiques par un groupe de terroristes bien organisés, quoiqu'une telle action demeure complexe et ainsi très difficile. Les experts estiment la probabilité qu'une telle attaque se produisant dans les dix années à venir à 40%.

La plupart des pays n'ont pas des programmes complets pour la gestion d'une attaque avec des engins radiologiques. Ceux-ci incluraient l'éducation publique, la préparation des équipes de secours et les normes définissant les niveaux de contamination. Si l’évaluation des experts est correcte, l'action éventuelle serait d’empêcher la panique et d’atténuer les conséquences possibles d'un tel événement.


IV) Moyen de protection :

En août 2002, les États-Unis ont lancé un programme pour suivre et sécuriser l'uranium enrichi de 24 réacteurs de conception soviétique dans seize pays, dans le but de réduire les risques que des matières nucléaires ne tombent entre les mains de terroristes ou d'états voyous. La première opération du programme fut le Project Vinca, une opération en Serbie pour retirer une quantité d'uranium hautement enrichi, suffisante pour produire deux armes nucléaires et demi, provenant d'un réacteur de recherche proche de Belgrade.

Dans le but de réduire le danger d'une attaque utilisant des déchets nucléaires, la commissaire européenne Loyola de Palacio a proposé, en novembre 2002, la création de normes communes dans l'Union Européenne, en particulier dans les nouveaux pays membres qui exploitent des réacteurs de conception soviétique ainsi que pour l'organisation du stockage sous la surface.

Le 9 août 2005, l'ayatollah Ali Khamenei lança une fatwa interdisant la production, le stockage et l'utilisation d'armes nucléaires. Le texte complet de la fatwa a été reproduit dans un rapport officiel lors d'une rencontre de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (IAEA) à Vienne.

Glossaire :

Ayatollah : Il s’agit d'un des titres les plus élevés décernés à un membre du clergé chiite. Les ayatollahs en sont les chefs et les docteurs et ils sont considérés comme des experts de l'Islam dans les domaines de la jurisprudence, de l'éthique, de la philosophie ou du mysticisme.

Fatwa : (au pluriel : fatāwa) c’est, dans l'Islam, un avis juridique donné par un spécialiste de loi religieuse sur une question particulière. En règle générale, une fatwa est émise à la demande d'un individu ou d'un juge pour régler un problème où la jurisprudence islamique n'est pas claire. Un spécialiste pouvant donner des fatāwa est appelé un mufti.

MI5 : (Military Intelligence section 5, cinquième section du renseignement militaire). Le MI5 est le nom usuel du service de renseignement britannique en charge de la sécurité intérieure. Il a été créé en 1916 mais son nom officiel est le Security Service (service de sécurité) depuis 1931.

Sources :

- Use of nuclear and radiological weapons by terrorists?, Christoph Wirz and Emmanuel Egger, revue international de la Croix Rouge, Volume 87 Numéro 859, Septembre 2005.

- Preventing catastrophic nuclear terrorism, Charles D. Ferguson, COUNCIL ON FOREIGN RELATIONS, CSR numéro 11, Mars 2006.

- Can Terrorists Build Nuclear Weapons?, Carson Mark, Theodore Taylor, Eugene Eyster, William Maraman, Jacob Wechsler, Nuclear Control Institute.


Par AD pour GlobalAnalysis France

lundi 30 juin 2008

Briefing sur le terrorisme chimique




Avec les menaces biologique et nucléaire ou radiologique, la menace chimique est une des trois formes d’armes de destructions massive susceptibles d’être utilisée par des groupes terroristes.


I) Définition :

Le terrorisme chimique est l’utilisation d’arme chimique par des groupes terroristes dans le but de tuer, blesser, perturber la population d’un pays à dessein de revendication politique.

Une arme chimique est une arme utilisant un (ou plusieurs) produit(s) chimique(s), toxiques pour l'humain (et souvent pour tout ou partie des animaux, voire pour les plantes). La recherche et l'emploi d'armes chimiques s'inspirent de ceux d'armes biologiques, dont l'usage est très ancien.

Une arme chimique peut être bon marché, facile à produire et à transporter. Il suffit d’avoir un chimiste et de se fournir en matières premières qui sont parfois disponibles dans le commerce.


II) Usages récents :

Le premier usage d’agents chimiques par des terroristes qui ait réussi est celui de la secte Aum. Le 20 mars 1995, la secte apocalyptique Aum Shinrikyo, basée au Japon, qui pensait qu’il était nécessaire de détruire la planète libère, du gaz sarin dans le système de ventilation du métro de Tokyo. Cet attentat tua douze personnes et blessa plus de 5.000 autres.

Le groupe avait tenté une dizaine de fois auparavant et n’avait réussi qu’une fois en relâchant du gaz à l’extérieure d’un immeuble en juin 1994 sans faire de victime autres que les membres de la secte.

En 2001, après les attentats du 11 septembre à New York, Al Qaïda a annoncé chercher à se fournir des armes chimiques, biologiques ou radiologiques.

La menace était rendue crédible par le nombre important de vidéos obtenues par CNN en août 2002 montrant la mort de trois chiens tués, semble-t-il par un agent neurologique.

Lors de la prise d’otage entre, le 25 et le 26 octobre 2002, par des terroristes tchétchènes du théâtre de Moscou, au cours de laquelle près de 700 personnes ont été retenues par 50 terroristes, les forces spéciales russes ont utilisé un agent chimique (probablement le KOLOKOL-1) en prévision de l’assaut qu’elles allaient donner le 26. Le bilan de la prise d’otage et de l’assaut de libération est de 123 otages morts des suites de l'inhalation du gaz ainsi que la mort de tous les terroristes. Près d'un mois plus tard, 27 ex-otages étaient toujours hospitalisés dont 4 dans « un état grave ».

Depuis le début de l’année 2007, de nombreuses attaques à la bombe ayant eu lieu en Irak l’ont été avec la présence suspectée de chlore. Ces attaques ont tué ou rendu malades plus de 350 personnes. Les attaques ont été réalisées par des membres supposés liés à Al Qaïda en Irak et on prises diverse forme, la plus impressionnante ayant été réalisée avec un camion remplie de chlore à l’état gazeux.


III) Usages envisageables, menaces :

Les armes chimiques comme les biologiques sont plus efficaces en milieux clos et fortement peuplés. On peut donc imaginer, l’utilisation de produit sous la forme d’aérosol dans le métro, dans les aéroports, les gares, les centres commerciaux. On peut également envisager la contamination d’aliments, de réserves d’eau, etc.

On peut envisager également des menaces environnementales. Un groupe terroriste répand un produit chimique dans des champs, ou à proximité de sources d’eau pour priver un pays de ses récoltes, de son bétail ou de son eau potable.

On peut également mentionner des projets d’armes chimiques altérants le comportement humain. Le plus étrange étant le projet présumé, de l’armée Américaine, de bombe chimique qui pousserait les gens à avoir des comportements homosexuels.

De nombreux agents chimiques existent avec des effets secondaires différents selon les dosages et qui plus est les possibilités qu’offre la chimie moderne étant presque infinie, on ne peut pas lister toutes les menaces possibles.

Mais on peut ajouter, qu’il s’agit de la menace la plus sérieuse en terme de terrorisme par rapport aux autres types d’armes de destruction massives.


IV) Moyen de protection :

Pour se protéger des agents chimiques, il n'existe que trois types de parades :

· La combinaison étanche de protection comprenant un masque à gaz adapté aux risques NBC (Nucléaire, Biologique, Chimique), c’est-à-dire conçue pour empêcher l'inhalation ou le contact avec les agents de l'un ou de l'autre type (hormis le rayonnement radioactif). Il faut porter l'équipement de protection préventivement. Or plusieurs types de gaz de combats n'ont ni goût ni odeur, ou n'induisent des symptômes évidents qu'après un certain temps.

· Ingérer ou injecter un antidote (s'il en existe un) dans les minutes qui suivent l'exposition.

· Décontaminer le corps, les objets et lieux avec des produits adaptés (ce qui demande de connaitre l'agent en question).

Dans le cadre du plan piratox, le gouvernement français s’informe sur les agents susceptibles d’être utilisés, stocke les antidotes, surveille les apparitions de symptômes et coordonne la gestion de la crise avec les hôpitaux.

Dans le cadre de la prévention de l’utilisation des armes par les terroristes, il faut bloquer leur accès aux savoir-faire, aux précurseurs et aux installations dont ils auraient besoin. Ceci, n’est pas possible puisque les connaissances nécessaires sont enseignées dans les Universités, que les produits sont souvent accessibles et qu’il suffit de peu de matériel pour construire à laboratoire rudimentaire.

Au point de vu de la législation internationales ce type d'armes fait l'objet d'une Convention sur l'interdiction des armes chimiques entré en vigueur en 1997, par laquelle les pays signataires s'interdisent leur utilisation et promeuvent leur destruction.

En 2006, seuls les pays suivants n'ont pas adhéré à cette convention : l’Angola, la Barbade, l’Égypte, l’Irak, le Liban, le Monténégro, la Syrie, la Corée du Nord et la Somalie.

Glossaire :

Agent neurologique : C’est un produit chimique qui s’attaque au système nerveux central, il provoque des convulsions des paralysies puis l’arrêt du système cardio-vasculaire.

Armes de destruction massive : Ce sont des armes conçues pour tuer une grande quantité de personnes, en visant aussi bien les civils que les militaires.

Chlore : le chlore est un élément chimique que l’on trouve en grande quantité dans la nature. Son dérivé le plus connu est le sel de table (ou chlorure de sodium).Dans son état gazeux, sous forme de dichlore, il irrite les membranes des muqueuses et dans son état liquide, il brûle la peau

Plan piratox : C’est un volet spécialisé du plan gouvernemental Vigipirate comprenant une partie prévention et vigilance face à une menace terroriste de nature chimique

Sources :

-Plan piratox, AFSSAPS.

-Wikipédia, l’encyclopédie libre.


Par AD pour GlobalAnalysis France