mercredi 29 juin 2011

Soldats ou espions : les américains brouillent les pistes


Le 28 avril 2011, Obama a annoncé que Leon Panetta, l'actuel directeur de la CIA, succéderait le 30 juin 2011 à Robert Gates au poste de secrétaire à la Défense, et qu'il serait lui-même remplacé à la tête de l'agence de renseignements par le général David Petraeus, actuel commandant de la coalition en Afghanistan.

Ce jeu des chaises musicales est l’occasion de mesurer l’ampleur du rapprochement au cours des dix dernières années de la CIA, agence de renseignement civile et de l’armée américaine.
Nous avons vu dans ses colonnes que la CIA s’était, depuis le 11 septembre 2001, lentement transformé en un groupe paramilitaire aux ordres directs de l’administration Obama (voir notre article « Les opérations paramilitaires de la CIA aujourd'hui »). L’intensification du programme de bombardement par drone est l’œuvre du directeur actuel de la CIA, Leon Panetta.
De leur autre coté, les forces armées américaines et particulièrement les soldats des opérations spéciales procède aux collectes de renseignements en Afghanistan, au Pakistan, en Irak mais également dans d'autres pays situés hors des zones de guerres officielles comme l’Arabie saoudite, la Jordanie ou encore l’Iran. L’homme derrière ces opérations est bien entendu le général David Petraeus.

Ce mélange des genres permet une plus grande réactivité. Le temps de décision entre l’acquisition du renseignement et l’action issue de celui-ci est raccourci. Mais dans le même temps, la CIA perd le recul nécessaire à l’analyse en profondeur qui est son rôle original.
Ainsi les soldats américains des forces spéciales ne sont plus tout à fait des soldats et s’ils sont capturés l’ennemi ne voudra pas forcement appliqué les conventions de Genève sur les prisonniers de guerre puisque ceux-ci étaient en mission d’espionnage.
Parallèlement, le programme de drone est dirigé par la CIA mais mis en œuvre par un mélange de personnels militaires, d’agents de renseignement et de mécaniciens privés.
Les membres du Congrès se plaignent de la difficulté de supervisé les engagements militaires du pays puisqu’une grande partie des activités des soldats est couverte par le secret du monde des renseignements. Alors que les USA multiplient les fronts, Afghanistan, Pakistan, Yémen, Libye, les citoyens sont de plus en plus mal informés.

Les lignes s’effacent entre le renseignement, les forces armées et les compagnies privées qui fournissent main d’œuvre à l’armée ou renseignement aux services d’espionnages. Alors qu’al-Qaida est mourant, la lutte contre le terrorisme reste d’actualité et la démocratie est toujours en danger.

Sources :
- Kori Schake, Tim Weiner, Bruce Riedel, John Nagl, Celeste Ward Gventer, Richard K. Betts – “Blurring the Lines Between Soldiers and Spies?” – The New York Times – 28.04.2011 http://www.nytimes.com/roomfordebate/2011/04/28/are-the-pentagon-and-the-cia-becoming-too-close
- Mark Mazzetti, Eric Schmitt – “Obama’s Pentagon and C.I.A. Picks Show Shift in How U.S. Fights” – The New York Times – 29.04.2011 http://www.nytimes.com/2011/04/28/us/28military.html
- AD – « Les opérations paramilitaires de la CIA aujourd'hui » – GlobalAnalysis France – 17 novembre 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/11/les-operations-paramilitaires-de-la-cia.html
- AD – « La stratégie des drones : quand les avions tuent sans pilote » – GlobalAnalysis France – 16 mars 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/03/la-strategie-des-drones-quand-les.html

Par AD

jeudi 23 juin 2011

Le Bourget : nid d’espions


Tous les deux ans, la France accueille l’un des plus grand salons aéronautique du monde. Lors de cette semaine, les constructeurs et sous-traitants rivalisent d’imagination et de technicité pour exposer leur nouvelles technologies, conclure et annoncer des contrats. Mais ces délégations sont la cible d’une autre catégorie de visiteurs.

Les salons internationaux sont, en effet, une véritable aubaine pour qui veut recueillir de l’information. Que ce soit de manière légale (on parlera alors d’intelligence économique, pour une définition, voir notre article Introduction à l’intelligence économique) ou illégale (espionnage économique).
Ces deux types d’activités peuvent être le fait d’un État ou d’une entreprise et viser une société, une technologie particulière. Nous allons donner quelques exemples d’actions légales et illégales auxquelles peut être confronté un exposant. Bien entendu, des informations qui ne sont pas publiques peuvent être obtenues par des moyens qui ne sont pas illégaux (écouter les réponses d’un vendeur à un client sur des détails techniques pointus par exemple). Cette information est dite grise et c’est là que l’intelligence économique prend tout son sens.

Intelligence économique
L’intelligence économique est la collecte et l’analyse de l’information ouverte ou semi-ouverte. Les moyens employés sont strictement légaux peuvent être le fait d’un concurrent aussi bien que d’un État partenaire ou ennemi.
A noter qu’une entreprise peut employer une équipe d’intelligence économique contre son propre stand dans le but d’un audit de sécurité.
Pour « faire » un salon, une cellule d’intelligence économique va dépêcher plusieurs type de personnes :
  • Des « touristes » qui vont se contenter de ramasser toutes les brochures disponibles sur les stands.
  • Des photographes qui vont prendre en photo les maquettes ou les appareils présentés
  • Des spécialistes (ingénieurs R&D par exemple) qui vont converser avec les commerciaux et experts des sociétés cibles.
  • Des analystes qui vont dépouiller l’information collectée dans la journée et qui vont définir les orientations pour la collecte du lendemain avec les spécialistes.
  • Un chef de cellule qui valide les décisions et en réfère au commanditaire (Entreprise, État, service de renseignement).

Ce recueil d’informations est purement légal, il s’agit des informations que les entreprises ciblent ont données volontairement. Aucune loi n’ayant été transgressée, aucun recours n’est possible, à l’opposé de l’espionnage qui est illégale et donc puni par la loi.

Espionnage économique
L’espionnage est la collecte illégale de l’information. Pour cela les moyens sont très nombreux et limités seulement par l’imagination des agents.
On peut néanmoins donner quelques exemples issus des derniers salons aéronautiques et de défense.
Il suffit par exemple de gratter le joint d'un moteur exposé sur un stand pour faire analyser plus tard les résidus sous l'ongle ou bien d'un petit tuyau pour faire une carotte dans un pneu de train d’atterrissage.
Dans le cadre de l'espionnage par voie électronique, on peut imaginer qu'en installant sur son stand des micros paraboliques, on peut écouter les conversations des exposants voisins. Si le stand est plus loin, il suffit de poser des mouchards lors d'une visite rapide sur le stand de la cible.
Il est également possible d'intercepter les communications par téléphones mobiles ou de ce connecter à ceux qui ont le Bluetooth pour extraire à distance le répertoire de ceux-ci.
Les ordinateurs sont des cibles encore plus courantes. Il est possible de pirater le réseau Wifi du stand voisin, connecter sous un prétexte fallacieux une clé USB qui va copier les données de l'ordinateur ou tout simplement de s'emparer de portables laissés sans surveillance.

Protection
Lors des salons internationaux de l'importance de celui du Bourget, la priorité des autorités est d'assurer la sécurité du salon et de ses exposants. Le risque terroriste est réel mais il y a également des menaces de bas niveau comme la délinquance, l'accident aérien, les incendies ou bombes et à titre d'exemple sur le salon 2011 2000 personnes sont détachés principalement par les ministères de l'intérieur et de la défense. Les armées exposantes assurent la sécurité de leurs appareils et le reste est confié à des sociétés privées de sécurité.
Les industriels font appels à elles pour sécuriser leurs stands. Contrôle des entrées, fouilles surveillance, etc.
Mais contre l'espionnage rien ne vaut la prévention. Les antennes locales de la Direction Centrale du Renseignement Intérieur (DCRI, ex-DST) sensibilisent les industriels avant leur participation aux salons.
Pour les équipements stratégiques français, la Direction de la Protection et de la Sécurité de la Défense (DPSD) s'assure que les modèles présentés sont sans risque. Dimensions modifiées, matériaux factices, formes imparfaites et bien d'autres astuces assurent que les secrets sont bien gardés.
Les sociétés privées aident les industriels à sécuriser leurs communications, leurs ordinateurs. Elles peuvent également vérifier la présence de mouchards ou décourager les visiteurs trop curieux.


Les salons internationaux sont pour les industriels une opportunité de faire des affaires, de dévoiler des nouveautés et de faire parler de soi. Mais ils sont aussi le confluent du business, de la diplomatie et de la géostratégie et l'espionnage n'est jamais loin derrière. Les moyens pour se protéger existent mais, comme à chaque fois, l'humain est le maillon faible et l'attention de tous les instants est nécessaire pour la réussite de cette aventure technologique et commerciale.

Sources :
- Cours du mastère spécialisé en intelligence économique de l’EISTI
- La rédaction avec Mathieu Jolivet – « Le Bourget traque les espions » - radiobfm.com – 26 mai 2009 http://www.radiobfm.com/edito/home/32571/le-bourget-traque-les-espions-/
- Fabien Chadeau et Jean-François Monier - « Espionnage industriel au salon du Bourget » - 20 heures de France 2 – 19 juin 2009 http://www.ina.fr/video/3936888001015/espionnage-industiel-au-salon-du-bourget.fr.html
- AD – « Introduction à l’intelligence économique » - GlobalAnalysis France – 2 janvier 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/01/introduction-lintelligence-economique.html
- AFP – « Avant le Bourget, les exposants se préparent aux risques d'espionnage » – 20 Minutes – 18 juin 2011 http://www.20minutes.fr/economie/743421-avant-bourget-exposants-preparent-risques-espionnage
- Véronique Guillermard – « Le Bourget : un salon placé sous surveillance renforcée » – Le Figaro - 19 juin 2011 http://www.lefigaro.fr/societes/2011/06/16/04015-20110616ARTFIG00740-le-bourget-un-salon-place-sous-surveillance-renforcee.php
- Alain Ruello – « Les espions ont rendez-vous à Paris cette semaine » – Les Échos – 20 juin 2011 http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/air-defense/dossier/0201438595036/0201452661178-les-espions-ont-rendez-vous-a-paris-cette-semaine-183273.php

Par AD

vendredi 17 juin 2011

Les enjeux du Qatar



Le Qatar est un émirat du Moyen-Orient d'une superficie de 11 427 km². Il est situé sur une petite péninsule entourée par l'Arabie saoudite au sud et le golfe Persique au nord.
Sa capitale est Doha. Le Qatar est un producteur de pétrole de taille moyenne et membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Mais il est aussi le troisième producteur de gaz naturel du monde après l'Iran et la Russie et le premier exportateur de gaz naturel liquéfié.

XXème et XXIème siècle
Le Qatar prend son indépendance du Royaume Uni le 3 septembre 1971. Le Qatar, Bahreïn et sept autres États forment une fédération. Néanmoins, des conflits régionaux amènent le Qatar à déclarer son indépendance vis-à-vis de la coalition qui devient les Émirats arabes unis.
Le Qatar est dirigé par l’émir Hamad bin Khalifa Al Thani, qui a pris les commandes du pays en renversant son père Khalifa bin Hamad Al Thani en 1995, alors que celui-ci était en vacances en Suisse.
Sous cette nouvelle gouvernance, le Qatar enregistre de nombreuses réformes sociales et politiques. L’émir dote aussi le pays d'une nouvelle constitution et il crée Al-Jazira, la CNN arabe en 1994.
Le 11 décembre 2002 le pays signe avec les États-Unis un accord de coopération militaire relatif à l’utilisation de la base aérienne d’Al-Eideïd par les forces américaines. Cette base servira de quartier général aux forces anglo-américaines pour l’invasion de l’Irak.
En 2005, un attentat-suicide visant un petit théâtre à Doha tue un ressortissant britannique, professeur d'anglais et de théâtre. Cet évènement choque le pays, qui n'avait jamais auparavant connu d’acte terroriste.
Le 2 décembre 2010, le Qatar est désigné pour organiser la Coupe du monde de football 2022, et le 27 janvier 2011, il est désigné pour organiser le Championnat du monde de handball masculin 2015.

Économie
L’économie traditionnelle était essentiellement basée sur la pêche et de perles de culture. Après l’arrivée de la perle japonaise sur le marché mondial dans les années 1920 et 1930, l’industrie de la perle au Qatar stagne du fait de cette nouvelle concurrence.
C'est la découverte du pétrole dans les années 1940, qui va complètement transformer l'économie du pays. Les ressources principales du Qatar proviennent maintenant des exportations de pétrole et de gaz naturel. Le pétrole apporte au Qatar 80% de ses revenus à l'exportation et constitue les 2⁄3 des recettes. On estime les réserves de pétrole du pays à 26,8 milliards de barils (4,26 km3, fin 2009). Le Qatar détient actuellement les troisièmes réserves de gaz (25,37 milliards de mètres cubes en 2009) après la Russie et l’Iran et espère devenir le premier exportateur mondial de gaz naturel. Les hydrocarbures emploient 38 % de la population et génèrent 60% du PIB, le secteur des services (tourisme, construction) emploie quant à lui 59% de la population. La dépendance à l’égard du gaz et, dans une moindre mesure, du pétrole, a incité les autorités qataries à s’orienter vers une diversification de l’économie. Elles entendent ainsi développer le tourisme et se confronter à la concurrence de Dubaï En ce qui concerne la population active, 69 % travaille dans le secteur des services, 28 % dans l’industrie et 3 % dans l’agriculture. Le premier client du Qatar est de loin le Japon. Les fournisseurs sont plus diversifiés : Japon, Royaume-Uni, France, États-Unis et Allemagne. A noté qu’en 2007, le taux de chômage du Qatar est presque nul. Sur le terrain de l’écologie le Qatar est le premier émetteur mondial de CO2 par habitant avec une émission par habitant trois fois supérieure à celle des États-Unis.

Événements récents
Le 19 mars 2011 le Conseil de sécurité des Nations unies vote la résolution 1973 instaurant une zone d'exclusion aérienne au-dessus du territoire libyen. Le Qatar annonce aussitôt sa participation et envoie le 28 mars six Mirage 2000-5 dans une base aérienne en Crête où ils effectuent des sorties en tandem avec les Mirage français.
Sur le front médiatique, la chaîne de télévision Al Jazeera relaie depuis le début du Printemps arabe les différentes manifestations d’abord en Tunisie puis en Égypte et en Libye. La chaîne de télévision est première chaîne d’informations en continu du monde arabe. Elle est basée à Doha et est entièrement financée par l’État du Qatar. Elle est diffusée via satellite et regardée par près de quarante-cinq millions d’Arabes dans le monde. Le président du Conseil d’administration d’Al Jazeera est un membre de la famille royale. Il s’agit pour l’émirat d’un instrument extrêmement fort de softpower.

Analyses et perspectives
Pays relativement stable du fait de la richesse de ses habitants, le Qatar est jusqu’à présent épargné par les révoltes du monde arabe.
Il faut dire qu’avec un PIB par habitant de 145.300$, il est le plus élevé du monde et son taux de croissance pour 2010 était de 19,4%, le plaçant la encore en première position.
Le pays est assis sur 14% des réserves mondiales totales de gaz naturel et détient 15 milliards de barils de réserves prouvées de pétrole.
Le Qatar devrait pouvoir maintenir son niveau actuel d’exportation de pétrole pendant 37 ans. Le Qatar pays majoritairement sunnite dirigé par des musulmans sunnites, ne connait pas de violences inter-ethniques contrairement au Bahreïn voisin.
Il faut dire que les travaux les plus durs et notamment ceux qui font tourner les industries pétrolières et gazières sont effectués par des étrangers venant principalement d’Asie du Sud-Est. Comme dans de nombreux pays voisins, ces migrants sont exploités et n’ont que très peu de droits sociaux.
Par ailleurs, Reporter sans frontières classe le Qatar en 121ème position sur 178 et l’indice de démocratie du classement de The Economist en 2010 le positionne en 137ème place sur 167 ce qui en fait un régime autoritaire au même titre que l'Égypte ou la Tunisie d’avant les révolutions.

Le Qatar reste un pays stable où l’industrie des hydrocarbures bat son plein. La population locale, la plus riche du monde, semble peu concerné par le sort des petites mains de cette industrie qui fait pourtant tourner l’économie nationale. Le pays est sur tous les fronts diplomatiques et militaires pour renforcer la crédibilité internationale du pays et préparer l’après pétrole. Il semble que la stratégie soit payante puisque le secteur du tourisme est en pleine progression et que le Qatar organisera la Coupe du monde de football 2022. Une première pour un pays arabe.

Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- The World Factbook, CIA
- France Diplomatie, site internet du ministère des affaires étrangères et européennes
- Nabil Ennasri – « Pourquoi le Qatar s'est invité dans la coalition en Libye » – Rue89 – 21/03/2011 | 11H29 http://www.rue89.com/explicateur/2011/03/21/pourquoi-le-qatar-sest-invite-dans-la-coalition-en-libye-196171
- Elizabeth Weingarten – « Le Qatar dans sa bulle » – Slate – 2 avril 2011 http://www.slate.fr/story/36345/qatar-revolution

Par AD

jeudi 9 juin 2011

L’alliance Chine Pakistan : le grand jeu asiatique après Ben Laden

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En 1950, le Pakistan fut le troisième État non communiste et le premier État musulman à reconnaitre la République Populaire de Chine. En 1951, les deux pays établissaient officiellement leurs relations diplomatiques. 60 ans plus tard, la coopération entre les deux pays est très forte. Les deux pays sont liés militairement et stratégiquement.
En effet, le Pakistan est un lien entre la Chine et les pays musulmans mais également avec les pays occidentaux et notamment les États-Unis. Le Pakistan voit la Chine comme un allié face à l’ennemi indien mais également comme un moteur du monde asiatique grâce à son dynamisme économique.

Coopération sino-pakistanaise
Lors de l’invasion de l'Afghanistan par l’URSS dans les années 1980, la Chine, comme les USA, a aidé le Pakistan à armer la résistance musulmane.
A partir de 2001, les deux pays construisent des équipements militaires en commun. On peut citer le char MBT-2000 (Al-Khalid), l’avion de combat JF-17 Thunder / FC-1 Fierce Dragon en 2007 puis la frégate F-22P Zulfiquar en 2008.
En 2009, les services secrets pakistanais ont aidés les services chinois à capturer des Ouighours suspectés de préparer des attaques terroristes.
Pour la stratégie dite du “collier de perles” (voir notre article sur la puissance chinoise) qui permet aux chinois de sécuriser leurs approvisionnements en pétrole, le Pakistan joue un rôle important. En effet, le port en eaux profondes de Gawdar dans le sud du Pakistan a été construit avec l’aide des Chinois ce qui leur permet un droit de passage privilégié et peut être même l’installation de leurs navires de guerres dans ce port.

La guerre en Afghanistan
La Chine ne participe pas aux opérations militaires en Afghanistan au nom du principe de non-ingérence et de développement pacifique. Néanmoins, le pays est très présent au côté de son allié pakistanais, n’hésitant pas à le défendre face aux États-Unis ainsi qu’en détachant des conseillers militaires à Islamabad.
En Afghanistan, la Chine investit lourdement dans la reconstruction et notamment la reconstruction industrielle. Pékin critique l’approche néo-coloniale de l’ISAF mais ne souhaite pour autant pas son départ immédiat. En effet, c’est l’OTAN qui sécurise le pays et sans cela la Chine ne pourrait pas investir aussi tranquillement.
Le Pakistan, qui depuis le renouveau de sa relation avec les États-Unis avec la guerre contre le terrorisme, joue de sa relation avec Pékin pour, semble-t-il avoir une grande écoute de la part de Washington.
Les commandos de marine qui ont tué Oussama Ben Laden ont agit selon toute vraisemblance sans l’accord des pakistanais. Cette opération trouble le jeu.

Les relations de l’après Ben Laden
L’opération Geronimo, qui a été exécuté sans l’autorisation de l’armée pakistanaise à cause des soutiens présumés d’al Qaida au sein de celle-ci, a mis à mal la relation entre Washington et Islamabad. Relation qui n’était déjà pas au beau fixe puisque l’opinion pakistanaise est contre les frappes de drones américains. Les parlementaires américains sont lassés du manque de coopération des pakistanais. La méfiance des occidentaux envers la Chine les poussent à jouer la carte indienne comme contrepoids à l’empire du Milieu. Ce retour en grâce de New Delhi déplait à Islamabad qui se voit de plus en plus de points communs avec Pékin.
La mort de Ben Laden devrait accélérer le retrait des forces américaines et celles de l’OTAN. Le Pakistan se voit bien combler ce vide et aurait besoin pour cela de la puissance économique chinoise.
Néanmoins, le travail de l’ISAF n’est pas terminé et le jeu entre Pékin, New Delhi et Islamabad pour l’influence sur Kaboul ne fait que commencer.

Glossaire :
Collier de perles : La tactique du collier de perles consiste à placer le long de la route du pétrole une base militaire (ou perle).
ISAFInternational Security Assistance Force ou force internationale d'assistance et de sécurité est la force militaire de l’OTAN depuis la guerre d'Afghanistan de 2001. Elle est mandatée par les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, depuis le 20 décembre 2001 (résolution 1386)


Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Brice Pedroletti -  « Dans l'Asie de l'après Ben Laden, l'amitié sino-pakistanaise est au beau fixe » – LeMonde.fr | 22.05.11 | 20h42  •  Mis à jour le 22.05.11 | 20h51 http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2011/05/22/dans-l-asie-de-l-apres-ben-laden-l-amitie-sino-pakistanaise-est-au-beau-fixe_1525796_3216.html
- Jean-François Huchet, propos recueilli par Brice Pedroletti - "Si la Chine a un allié stratégique, c'est bien le Pakistan" – LeMonde.fr | 22.05.11 | 20h42  •  Mis à jour le 22.05.11 | 20h42 http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2011/05/22/si-la-chine-a-un-allie-strategique-c-est-bien-le-pakistan_1525799_3216.html
- Jamal Afridi, Jayshree Bajoria – “China-Pakistan Relations” – Council on Foreign Relations – 6 juillet 2010 http://www.cfr.org/china/china-pakistan-relations/p10070
Jean-Paul Yacine - « La mort de Ben Laden et les complexités du « Grand Jeu » chinois » – Questionchine.net – 11 mai 2011 http://www.questionchine.net/article.php3?id_article=2685

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