mardi 22 novembre 2011

L'Union Eurasiatique : une nouvelle URSS ou nouvelle CEE ?

Eurasec_Map
En beige les États membres de la communauté économique eurasiatique, en jaune les États observateurs et en rouge États membres auto-suspendus

Candidat à la présidentielle russe de 2012, l'actuel Premier Ministre Vladimir Poutine a annoncé dans une tribune du quotidien Izvestia, l'idée d'une Union Eurasiatique.
Pensée sur le modèle de la Communauté Économique Européenne (CEE), l'Union Eurasiatique servirait "de lien efficace entre l'Europe et la dynamique région Asie-Pacifique". Elle se baserait sur l'union douanière Russie-Kazakhstan-Biélorussie effective depuis le 1er juillet 2011. Le Kirghizistan, le Tadjikistan, l'Arménie mais également la Syrie se montrent intéressés pour rejoindre « l’Espace économique unique » (EEU). Cette intégration économique s'inscrit dans un long processus commencé dès la fin de l'URSS.

De la CEI à la CEEA
En décembre 1991, 11 des 15 anciennes républiques soviétiques forment une union : la Communauté des États Indépendants (CEI). Une zone de libre-échange est créée en 1992, puis une union douanière fut mise en place entre la Biélorussie et la Russie en janvier 1995. Le Kazakhstan et le Kirghizistan adhèreront à l’union douanière par la suite respectivement en 1995 et 1996.
En 1996, la CEI devient la Communauté des États Intégrés. Regroupant la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kirghizistan, elle consiste en une union douanière destinée à renforcer les échanges entre les 6 pays membres. En 1999, les quatre pays et le Tadjikistan signèrent le « Traité sur l'union douanière et l'espace commun » et intègrent ainsi la CEI.
Le 10 octobre 2000, à l’occasion des réformes en profondeur de la CEI, sur base de la Communauté des États intégrés, est créée la Communauté économique eurasiatique. La CEEA avait pour objectif de former un véritable marché commun, de contre-carrer les défis de la mondialisation et de reprendre le processus d'intégration au sein de la CEI. Très rapidement, la CEEA est apparue comme le complément économique de l’OTSC. En 2008, le président de l'Ouzbékistan, Islom Karimov a préconisé la fusion de l'OTSC et de la CEEA. De son côté, le président russe Dmitri Medvedev a reconnu que la question d'une éventuelle fusion de l'OTSC et de la CEEA mériterait d'être examinée. C'est sur cette intégration des deux entités politiques que Vladimir Poutine pose le principe de l'Union Eurasiatique (tout comme la CEE a donné l'Union européenne en 1993).

Objectifs géopolitiques
Russie Unie, le parti (au pouvoir) de Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev propose d'aller encore plus loin. Une intégration économique dans la CEEA des pays "loyaux aux intérêts économiques russes", ce qui pourrait inclure la Finlande, la Hongrie, la République tchèque, la Bulgarie, la Mongolie, le Vietnam, le Venezuela et Cuba. Hors quatre États membres de l’Union européenne sont proposés dans cette liste (Finlande, Hongrie, République tchèque et Bulgarie). En se positionnant en concurrence de l'UE, Vladimir Poutine et son parti jouent sur la méfiance envers l'Europe qui croient considérablement en ces temps de crise de la dette de la zone euro.
Hors la croissance vers l'Est de l'UE s'est fait principalement sous l'impulsion de l'Allemagne ennemie héréditaire de la Russie. Poutine reste ici dans la continuité de sa politique nationaliste en s'attaquant à l'Est de l'Union européenne la chasse gardée de l'Allemagne.
Mais cette union cible également le grand voisin oriental de la Russie. En effet, en vingt ans le rapport de force entre l'URSS (maintenant la Russie) et la Chine s'est inversé. Alors que la Russie n'est que le 10ème partenaire commercial de la Chine, la Chine est devenue, en 2010, le premier partenaire de la Russie. La concurrence entre les deux pays se cristallise surtout autour de l'Asie centrale pour des raisons de géopolitique énergétique. Hors certains de ces pays pourraient faire parti de l'Union eurasiatique ce qui redonnerait à la Russie la main haute sur la région.
Toujours dans le cadre de la compétition avec la Chine, une alliance avec l'Union européenne pourrait être envisagée. Mais l'atlantisme de l'Union ainsi que son intégration grandissante avec l'OTAN rendent cette hypothèse peu vraisemblable.
Mais le candidat Poutine s'adresse avant tout à l'électorat russe et rien n'est trop beau pour la Russie en quête d'identité et du renouveau de la splendeur passée.
 
Glossaire :
Communauté des Etats Indépendants (CEI) :  C'est une entité intergouvernementale créée en 1991 et regroupant l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Moldavie, l’Ouzbékistan, la Russie,  le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ukraine.
Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC) : C'est une organisation à vocation politico-militaire créée en 1992  regroupant la Russie, la Biélorussie, l'Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan et le Tadjikistan.
Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- Alexandre Levy – « L’URSS est morte. Vive l’Eurasie ?» – Western Balkan – 19 novembre 2011 http://balkans.blog.lemonde.fr/2011/11/19/l%E2%80%99urss-est-morte-vive-l%E2%80%99eurasie/
- « Poutine veut-il recréer l'Union soviétique? » – Slate – 5 octobre 2011 http://www.slate.fr/lien/44639/poutine-union-sovietique
- Mail Foreign Service – « Back to the USSR? Putin raises fears of return to Cold War days with plans for 'Eurasian Union' of former Soviet states » – The Daily Mail – 5 octobre 2011 http://www.dailymail.co.uk/news/article-2045186/Vladimir-Putin-Eurasian-Union-plans-raise-fears-return-Cold-War-days.html
- BBC News – « Putin calls for 'Eurasian Union' of ex-Soviet republics » – 4 octobre 2011 http://www.bbc.co.uk/news/world-europe-15172519
- Pierre Rousselin – « L'"Union eurasienne" de Poutine et la menace chinoise » – Blog géopolitique du Figaro – 4 octobre 2011 http://blog.lefigaro.fr/geopolitique/2011/10/lunion-eurasienne-de-poutine-e.html
- AD – « La Russie, puissance (re-)émergente ? » – GlobalAnalysis France – 28 fevrier 2011 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2011/02/la-russie-puissance-re-emergente.html

Par AD

jeudi 17 novembre 2011

Bruxelles : une ville enjeu géopolitique

Carte des Communautés de Belgique
Communauté flamande (en jaune)
Communauté française (en rouge)
Communauté germanophone (en bleu)
Noter que dans la Région de Bruxelles-Capitale, les communautés française et flamande ont des compétences)(striée jaune et rouge)
En rouge, la Région de Bruxelles-Capitale.
En bleu et marron, l’arrondissement de Hal-Vilvorde.
Particulièrement, en marron, les communes à facilités linguistiques pour les habitants francophones.



Bruxelles est cinq fois capitale, capitale de la région Bruxelles-Capitale, capitale de la communauté francophone nommée Fédération Wallonie-Bruxelles, capitale de la communauté flamande, capitale de la Belgique et enfin capitale de facto de l’Union Européenne.
Ce statut particulier et unique en fait une ville à la croisée de multiples enjeux tous liés à des constructions politiques multiculturelles.

Hors depuis avril 2010, Bruxelles et d’une manière générale la Belgique sont plongés dans la plus longue crise politique de leur histoire. En effet, suite aux élections législatives du 13 juin 2010 l’écart politique s’est creusé entre les différents partis, le PS ayant remporté la majorité en Wallonie s’opposant au niveau idéologique à la N-VA, parti nationaliste de droite vainqueur en Flandre. L’échec des négociations relatives au statut de conflit sur l’arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde (dit BHV, voir ci-après). Les libéraux flamands décident de quitter le gouvernement et Yves Leterme présente la démission de son gouvernement le 22 avril 2010. Après un week-end de tentatives de rétablissement de la confiance entre les communautés, le roi accepte la démission le 26 avril.
Depuis, de nombreux négociateurs ont été nommés par le Roi dans le but de constituer un gouvernement mais c’est toujours Yves Leterme qui règle les affaires courantes.

L’arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde (dit BHV) s’étend sur deux régions, celle de Bruxelles-Capitale (bilingue mais à majorité francophone) et celle de la Région flamande (où le flamand est la langue officielle mais qui accueille sept communes à facilité linguistiques). BHV est la seule circonscription électorale bilingue du pays. La conséquence directe est qu'une partie de l'électorat située sur le territoire flamand peut élire des représentants francophones qui siègeront à Bruxelles ou dans l'une des communes de l'arrondissement électoral.
Le parti nationaliste flamand N-VA, entre autres, propose de scinder l’arrondissement en deux. D’un coté Bruxelles-Capitale et de l’autre Brabant flamand. L’homogénéité linguistique serait ainsi rétablie. Mais cette scission d’une région électorale existante provoque un malaise au sein de la classe politique belge. Renoncé à BHV serait remettre en question le fonctionnement de la Belgique dans son ensemble et l’unité du pays.
Elio Di Rupo, actuel formateur nommé par le Roi le 16 mai 2011, a présenté un accord le 14 septembre 2011, accord accepté par les partis wallons et flamands prévoyant la scission de BHV en une partie flamande l’arrondissement de Hal-Vilvorde et la région autonome de Bruxelles-Capitale


Mais Bruxelles est également la capitale de l’Union européenne. Le regroupement de 27 Etats disposant de vingt-trois langues officielles, trois alphabets et une multitude de cultures régionales. La sauvegarde l’unité du pays est donc nécessaire pour envoyer le signal d’une Europe forte et comme le déclare sa devise : In varietate concordia (Unie dans la diversité).
De ce fait, Bruxelles a vocation à devenir une ville internationale. Certain envisage même de faire bénéficier à la ville d’un statut de ville européenne hors Etat, un statut similaire à celui du District of Columbia aux Etats-Unis. Cela ferait de Bruxelles une ville hors de la Belgique qui ne pourrait donc plus être la capitale.
En attendant, le quartier européen est déjà une ville dans la ville avec 40 000 fonctionnaires européens dont 25 000 personnes à la Commission et 6 000 au Parlement. 10 000 lobbyistes sont inscrits. 1 200 journalistes accrédités à Bruxelles dont 1 000 qui viennent d'hors de Belgique.

Bruxelles est donc comme l’Europe un rassemblement de peuples dont l'envie de vivre ensemble dépasse la difficulté de sa construction politique. Concilier les cultures et les langues différentes est toujours un défi mais c'est pour relever ce défi qu'existe l'Union européenne.


Glossaire :
Commune à facilité linguistique : Il s’agit de commune dont la majorité des administrés est d’une autre langue que celle de la région dans laquelle elle est située. Les communes « à facilités » sont caractérisées par l'unilinguisme des services internes (l'administration travaille dans une seule langue) et un bilinguisme externe (l'administration utilise deux langues dans ses relations avec le public). Les communes à facilité linguistiques sont : les 6 communes de la périphérie bruxelloise, les 24 communes (devenues 8 après la fusion des communes en 1976) de la frontière linguistique française-néerlandaise, les 6 communes (devenues 2) de langue française avec facilités pour les germanophones dites « communes malmédiennes » et les 25 communes (devenues 9) de langue allemande avec facilités pour les francophones.

Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- TF1 News – « Accord en Belgique en vue d'une sortie de crise » – 8 octobre 2011 http://lci.tf1.fr/monde/europe/accord-en-belgique-en-vue-d-une-sortie-de-crise-6755726.html
- Jean-Pierre Stroobants – « Crise politique belge : les huit partis en négociation annoncent un accord » – Le Monde – 15 septembre 2011 http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/09/15/crise-politique-belge-les-huit-partis-en-negociation-annoncent-un-accord_1572495_3214.html
- Véronique Lamquin – « BHV scindé : les détails de l'accord historique » – Le Soir – 15 septembre 2011 http://www.lesoir.be/actualite/belgique/elections_2010/2011-09-14/bhv-scinde-les-details-de-l-accord-historique-863165.php
- Béatrice Giblin – « Bruxelles : le nœud gordien de la Belgique » – 50 fiches pour comprendre la géopolitique – Editions Bréal – août 2010
- Bérénice Dubuc – « Les dates-clés de la crise politique en Belgique » – 20 Minutes – 23 avril 2010 http://www.20minutes.fr/monde/399925-Monde-Les-dates-cles-de-la-crise-politique-en-Belgique.php


Par AD

jeudi 10 novembre 2011

Iran et Israël : vers une nouvelle guerre froide

L'Iran en vert, Israël en orange
 
Le 8 novembre 2011, l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) exprimait ses inquiétudes quand à la nature militaire du programme nucléaire iranien.
Dans les semaines précédents cette annonce, les tensions se sont accentuées  entre l’État hébreu et l’État perse. Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, aurait cherché à convaincre les ministres de son gouvernement et son allié américain de lancer une attaque préventive sur les installations nucléaires iraniennes.
L e contenu du rapport a, semble-t-il, calmé le jeu. Israël annonce vouloir étudier les actions de la communauté internationale, notamment en termes de sanctions, avant de remettre la solution militaire sur la table.

Hors le programme nucléaire iranien ne cesse de s’accélérer. La centrale nucléaire de Bouchehr a été inauguré le 12 septembre 2011 et elle va monter en puissance progressivement jusqu’à atteindre son niveau nominal vraisemblablement au début de l’année 2012.
De plus, l’usine d’enrichissement de Natanz devrait bientôt être déménagée vers une usine souterraine à proximité de la ville sainte de Qom. Les installations seraient ainsi à l’abri des attaques et des visites de l’AIEA.
D’autre part, l’Iran renforce son arsenal militaire. La Russie devrait vendre à l’Iran des dispositifs radar Avtobaza. Ces radars hautement sophistiqués permettraient de détecter les avions au-dessus de Golfe Persique mais également de brouiller les instruments électroniques de guidage des missiles.
De plus, le 22 septembre 2011, lors d’une parade militaire commémorant le début de la guerre déclenchée par l'Irak, les forces armées de l’Iran ont présentés leur dernier missile sol-sol le Sajjil 2. Avec une portée de 2500 kilomètres, il peut atteindre Israël (la distance entre Téhéran et Jérusalem n’étant que de 1569 km).

De son coté, le quotidien Haaretz a confirmé le 2 novembre 2011 que l’armée israélienne avait testé un nouveau système de propulsion pour le futur missile sol-sol Jericho III. Ce missile dont la portée serait comprise entre 4500 et 7000 kilomètres pourrait frapper l’Iran. Mais au contraire des Sajjil 2 ce missile plus lourd est destiné à être enterré dans des silos et servir donc d'arme de riposte.
D’autre part, Tel-Aviv a mis en place depuis avril 2011, le système Dôme d’acier (Iron Dome) qui à l’aide de missiles anti-missiles intercepte les roquettes et missiles de courte portée lancés depuis la Bande de Gaza. Tsahal a également commandé le système Sharvit Kessamim (« Le sceptre magique ») destiné à détruire en vol des missiles de moyenne portée.
Ce système qui n’est pas sans rappeler le projet d’Initiative de défense stratégique (surnommé Stars Wars) de Richard Nixon en pleine Guerre Froide.

Car il semble que ce soit une guerre froide à laquelle se livre l’Iran et Israël. Ces deux pays s’affrontent à travers des opérations indirectes comme le firent les USA et l’URSS.
L’Iran soutient la milice chiite du Hezbollah très présente au Liban mais également dans la bande de Gaza et contre laquelle Israël est parti en guerre en 2006.
Des opérations secrètes, attribuées au Mossad, ont considérablement ralenti le programme nucléaire iranien. Au moins trois savants liés au nucléaire iranien ont été assassinés mystérieusement au cours des deux dernières années. Le virus informatique, Stuxnet, a rendu inopérantes les centrifugeuses produisant de l'uranium enrichi à Natanz. De toutes aussi mystérieuses explosions ont saboté des installations souterraines iraniennes en octobre 2010.

Les USA et la Russie s’affrontent de nouveau au travers de leur soutient respectivement pour Israël et pour l’Iran. Mais le danger rode surtout au Moyen-Orient. La nucléarisation de l’Iran pourrait pousser l’Arabie Saoudite à commencer un programme nucléaire pour contrebalancer la domination technologique du seul État chiite.
Le risque de prolifération dans une région aussi stratégique pour les États-Unis et l’Europe ne sera pas ignoré de l’Occident. Selon le quotidien britannique The Guardian, l’armée britannique prépare actuellement des plans pour une éventuelle opération contre le programme nucléaire iranien en appui d’une intervention américaine. Celle-ci ne se ferait qu’en concertation avec Israël qui n’est pas prêt à mettre le feu à la poudrière moyen-orientale.


Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- LEMONDE.FR avec AFP et Reuters – « La France souhaite "des sanctions" pour faire plier l'Iran sur le nucléaire » – lemonde.fr – 8 novembre 2011 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/11/08/le-rapport-de-l-aiea-eloigne-le-scenario-d-une-attaque-contre-l-iran_1600828_3218.html
- LEMONDE.FR avec AFP et Reuters – « Téhéran maintient son programme nucléaire, l'AIEA exprime ses "inquiétudes" » – lemonde.fr – 8 novembre 2011 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/11/08/tension-accrue-sur-le-nucleaire-iranien-en-attendant-le-rapport-de-l-aiea_1600346_3218.html
- Alain Rodier – « Iran – Israël : vers l'équilibre de la terreur ? » – Centre Français de Recherche sur le Renseignement – 05/11/2011 http://www.cf2r.org/fr/notes-actualite/iran-israel-vers-equilibre-de-la-terreur.php
- Jacques Benillouche – « L'hypothèse d'une attaque de l'Iran par Israël resurgit » – Slate – 3 novembre 2011 http://www.slate.fr/story/45845/israel-attaque-iran-nucleaire-resurgit
- Zone Militaire – « L’armée britannique prépare des plans pour une opération militaire contre l’Iran » – OPEX360 – 2 novembre 2011 http://www.opex360.com/2011/11/02/larmee-britannique-prepare-des-plans-pour-une-operation-militaire-contre-liran/
- Zone Militaire – « Israël a testé un missile balistique » – OPEX360 – 2 novembre 2011 http://www.opex360.com/2011/11/02/israel-a-teste-un-missile-balistique/
Adrien Jaulmes – « Israël étudie l'option d'un raid contre l'Iran » – Le Figaro – 2 novembre 2011 http://www.lefigaro.fr/international/2011/11/02/01003-20111102ARTFIG00647-israel-etudie-l-option-d-un-raid-contre-l-iran.php
- Jean-Sylvestre Mongrenier – « L'Iran plaque sensible des relations internationales » – 50 fiches pour comprendre la géopolitique – Editions Bréal – août 2010
- AD – «Nouvelles stratégies du nucléaire  » – GlobalAnalysis France – 2 décembre 2009 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2009/12/nouvelles-strategies-du-nucleaire.html


Par AD

vendredi 4 novembre 2011

Le patrimoine culturel est-il un enjeu géopolitique ?



La Palestine à l’UNESCO
Le 31 octobre 2011, la Palestine est devenue membre à part entière de l'Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture. Cette organisation a pour but de promouvoir la paix entre les peuples au travers de l’éducation, la culture et le partage des connaissances scientifiques.
En réaction à cette adhésion, les États-Unis et Israël ont suspendu leur participation au budget de l’agence de l’ONU. La seule contribution des USA représente 60 millions de dollars, soit 22 % du budget de l'institution, là où l’État hébreu contribue pour 2 millions de dollars. Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a ordonné que ce budget soit réaffecté à des initiatives de coopération ayant les mêmes objectifs [culturels et scientifiques] dans la région.
La force de cette réaction prouve que lorsque l’on est dans un conflit géographique, géopolitique comme c’est le cas du conflit israélo-palestinien, la culture et le patrimoine culturel en particulier sont des enjeux prépondérants.

Patrimoine culturel
Le patrimoine culturel se défini comme l'ensemble des biens, matériels ou immatériels, ayant une importance artistique et/ou historique certaine et qui est généralement préservé, restauré, sauvegardé et généralement montré au public. D’un point de vue géopolitique, le patrimoine culturel matériel prouve la présence d’une culture sur un lieu donné, le patrimoine immatériel participe à la construction de l’identité politique.
La destruction de ce patrimoine est au contraire le moyen de nier ou de faire oublier la présence d’une population sur un territoire. C'est ce qu’on fait les Taliban en mars 2011 lorsqu’ils ont détruit à l’explosif les trois statues monumentales de Bouddha dans la vallée de Bâmiyân du centre de l'Afghanistan.

Le conflit israélo-palestinien
Dans le conflit israélo-palestinien, la question de la présence historique des peuples musulmans et juifs est un point d’échauffement récurrent. Dans ce cadre, l’État hébreu, l’Autorité palestinienne et leurs supporteurs s’affrontent à coup d’études archéologiques.
C’est le cas en particulier à Jérusalem-Est. Cette partie de la ville est revendiqué par l’Autorité palestinienne comme capitale du futur État de Palestine alors qu’Israël proclame que Jérusalem est une et indivisible. Jérusalem-Est correspond au centre de la vieille ville et comprend des quartiers chrétien, juif, musulman et arménien. C’est le cas en particulier du Mont du Temple où se trouvait le Temple de Salomon (dont il ne reste plus que le mur occidental appelé mur des lamentations, ce qui en fait le premier lieu saint du judaïsme) et où se trouve aujourd’hui le dôme du Rocher (ce qui en fait le troisième lieu saint de l’islam sunnite après La Mecque et Médine) et la mosquée d’Al-Aqsa.
Israéliens et Palestiniens s'accusent réciproquement de pratiquer des excavations dans le but d'endommager les monuments de l'autre camp. Les Israéliens s’opposent aux Palestiniens, qui voudraient construire une mosquée plus grande pour accueillir plus de fidèles, en argumentant que cela risquerait de faire effondrer l’esplanade du Temple. Quant aux Palestiniens, ils dénoncent la volonté des Israéliens de faire des fouilles archéologiques pour trouver des traces du temple de Salomon, ce qui rendrait ainsi instables les structures des mosquées.

Dans l’affrontement culturel auquel se livrent les deux parties, l’UNESCO pourrait rapidement jouer un rôle de premier plan. Les représentants de l’Autorité palestinienne au sein de l’institution de l’ONU, ont annoncé que le nouvel adhérant de plein droit allait rapidement signer la Convention sur le patrimoine mondial. Cela permettra alors à la Palestine de faire reconnaitre par l’UNESCO des sites religieux en son propre nom.
En février 2011, l’Autorité palestinienne avait présenté la candidature de Bethléem en Cisjordanie, lieu de naissance du Christ selon la tradition, mais cette candidature avait été rejetée au motif qu'elle ne pouvait être présentée que par un État.
Maintenant membre de plein droit, la Palestine veut faire reconnaitre, dès 2012, l'église de la Nativité à Bethléem. Ensuite, une vingtaine d’autres sites seront proposés dont Hébron, où se trouve le tombeau des Patriarches et Jéricho, une des plus anciennes villes de l'humanité. Ces demandes feront l’objet d’affrontements entre les Palestiniens d’un coté et Israël de l’autre. Certains sites, comme le tombeau des Patriarches, sont, en effet, des lieux sacrés pour le judaïsme, le christianisme et l’islam.


Le patrimoine culturel est donc un enjeu géopolitique fort. En plus des revenus générés par le tourisme, le patrimoine culturel touche à l’identité même des peuples. Or c’est cette identité qui permet d’unifié un pays, un peuple en préparation d’un affrontement avec un autre pays, un autre peuple. Quand ces peuples partagent une histoire et une géographie, ils partagent souvent un patrimoine commun. Il devient alors un terrain d’affrontement alors qu’il pourrait être un lien fort entre les peuples qui œuvrerait pour sa préservation.

Sources :
- Wikipédia, l'encyclopédie libre
- Alain Barluet – « La bataille culturelle des Palestiniens face à Israël » – Le Figaro – 31 octobre 2011 http://www.lefigaro.fr/international/2011/10/31/01003-20111031ARTFIG00585-la-bataille-culturelle-des-palestiniens-face-a-israel.php
- LeMonde.fr avec Reuters et AFP – « La Palestine devient membre à part entière de l'Unesco » – lemonde.fr – 31 octobre 2011 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/10/31/l-unesco-se-prononce-sur-la-demande-d-adhesion-de-l-autorite-palestinienne_1596258_3218.html
- LeMonde.fr avec Reuters et AFP – « L'adhésion palestinienne redonne à l'Unesco une place dans la diplomatie internationale » – lemonde.fr – 1 novembre 2011 http://www.lemonde.fr/international/article/2011/11/01/l-adhesion-palestinienne-redonne-a-l-unesco-une-place-dans-la-diplomatie-internationale_1597014_3210.html
- LeMonde.fr avec Reuters et AFP – « Israël sanctionne la Palestine au lendemain de son adhésion à l'Unesco » – lemonde.fr – 1 novembre 2011 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/11/01/israel-sanctionne-la-palestine-au-lendemain-de-son-adhesion-a-l-unesco_1597104_3218.html
- LeMonde.fr avec Reuters et AFP – « Israël gèle sa contribution à l'Unesco » – lemonde.fr – 3 novembre 2011 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/11/03/israel-gele-sa-contribution-a-l-unesco_1598512_3218.html


Par AD