jeudi 17 novembre 2011

Bruxelles : une ville enjeu géopolitique

Carte des Communautés de Belgique
Communauté flamande (en jaune)
Communauté française (en rouge)
Communauté germanophone (en bleu)
Noter que dans la Région de Bruxelles-Capitale, les communautés française et flamande ont des compétences)(striée jaune et rouge)
En rouge, la Région de Bruxelles-Capitale.
En bleu et marron, l’arrondissement de Hal-Vilvorde.
Particulièrement, en marron, les communes à facilités linguistiques pour les habitants francophones.



Bruxelles est cinq fois capitale, capitale de la région Bruxelles-Capitale, capitale de la communauté francophone nommée Fédération Wallonie-Bruxelles, capitale de la communauté flamande, capitale de la Belgique et enfin capitale de facto de l’Union Européenne.
Ce statut particulier et unique en fait une ville à la croisée de multiples enjeux tous liés à des constructions politiques multiculturelles.

Hors depuis avril 2010, Bruxelles et d’une manière générale la Belgique sont plongés dans la plus longue crise politique de leur histoire. En effet, suite aux élections législatives du 13 juin 2010 l’écart politique s’est creusé entre les différents partis, le PS ayant remporté la majorité en Wallonie s’opposant au niveau idéologique à la N-VA, parti nationaliste de droite vainqueur en Flandre. L’échec des négociations relatives au statut de conflit sur l’arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde (dit BHV, voir ci-après). Les libéraux flamands décident de quitter le gouvernement et Yves Leterme présente la démission de son gouvernement le 22 avril 2010. Après un week-end de tentatives de rétablissement de la confiance entre les communautés, le roi accepte la démission le 26 avril.
Depuis, de nombreux négociateurs ont été nommés par le Roi dans le but de constituer un gouvernement mais c’est toujours Yves Leterme qui règle les affaires courantes.

L’arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde (dit BHV) s’étend sur deux régions, celle de Bruxelles-Capitale (bilingue mais à majorité francophone) et celle de la Région flamande (où le flamand est la langue officielle mais qui accueille sept communes à facilité linguistiques). BHV est la seule circonscription électorale bilingue du pays. La conséquence directe est qu'une partie de l'électorat située sur le territoire flamand peut élire des représentants francophones qui siègeront à Bruxelles ou dans l'une des communes de l'arrondissement électoral.
Le parti nationaliste flamand N-VA, entre autres, propose de scinder l’arrondissement en deux. D’un coté Bruxelles-Capitale et de l’autre Brabant flamand. L’homogénéité linguistique serait ainsi rétablie. Mais cette scission d’une région électorale existante provoque un malaise au sein de la classe politique belge. Renoncé à BHV serait remettre en question le fonctionnement de la Belgique dans son ensemble et l’unité du pays.
Elio Di Rupo, actuel formateur nommé par le Roi le 16 mai 2011, a présenté un accord le 14 septembre 2011, accord accepté par les partis wallons et flamands prévoyant la scission de BHV en une partie flamande l’arrondissement de Hal-Vilvorde et la région autonome de Bruxelles-Capitale


Mais Bruxelles est également la capitale de l’Union européenne. Le regroupement de 27 Etats disposant de vingt-trois langues officielles, trois alphabets et une multitude de cultures régionales. La sauvegarde l’unité du pays est donc nécessaire pour envoyer le signal d’une Europe forte et comme le déclare sa devise : In varietate concordia (Unie dans la diversité).
De ce fait, Bruxelles a vocation à devenir une ville internationale. Certain envisage même de faire bénéficier à la ville d’un statut de ville européenne hors Etat, un statut similaire à celui du District of Columbia aux Etats-Unis. Cela ferait de Bruxelles une ville hors de la Belgique qui ne pourrait donc plus être la capitale.
En attendant, le quartier européen est déjà une ville dans la ville avec 40 000 fonctionnaires européens dont 25 000 personnes à la Commission et 6 000 au Parlement. 10 000 lobbyistes sont inscrits. 1 200 journalistes accrédités à Bruxelles dont 1 000 qui viennent d'hors de Belgique.

Bruxelles est donc comme l’Europe un rassemblement de peuples dont l'envie de vivre ensemble dépasse la difficulté de sa construction politique. Concilier les cultures et les langues différentes est toujours un défi mais c'est pour relever ce défi qu'existe l'Union européenne.


Glossaire :
Commune à facilité linguistique : Il s’agit de commune dont la majorité des administrés est d’une autre langue que celle de la région dans laquelle elle est située. Les communes « à facilités » sont caractérisées par l'unilinguisme des services internes (l'administration travaille dans une seule langue) et un bilinguisme externe (l'administration utilise deux langues dans ses relations avec le public). Les communes à facilité linguistiques sont : les 6 communes de la périphérie bruxelloise, les 24 communes (devenues 8 après la fusion des communes en 1976) de la frontière linguistique française-néerlandaise, les 6 communes (devenues 2) de langue française avec facilités pour les germanophones dites « communes malmédiennes » et les 25 communes (devenues 9) de langue allemande avec facilités pour les francophones.

Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- TF1 News – « Accord en Belgique en vue d'une sortie de crise » – 8 octobre 2011 http://lci.tf1.fr/monde/europe/accord-en-belgique-en-vue-d-une-sortie-de-crise-6755726.html
- Jean-Pierre Stroobants – « Crise politique belge : les huit partis en négociation annoncent un accord » – Le Monde – 15 septembre 2011 http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/09/15/crise-politique-belge-les-huit-partis-en-negociation-annoncent-un-accord_1572495_3214.html
- Véronique Lamquin – « BHV scindé : les détails de l'accord historique » – Le Soir – 15 septembre 2011 http://www.lesoir.be/actualite/belgique/elections_2010/2011-09-14/bhv-scinde-les-details-de-l-accord-historique-863165.php
- Béatrice Giblin – « Bruxelles : le nœud gordien de la Belgique » – 50 fiches pour comprendre la géopolitique – Editions Bréal – août 2010
- Bérénice Dubuc – « Les dates-clés de la crise politique en Belgique » – 20 Minutes – 23 avril 2010 http://www.20minutes.fr/monde/399925-Monde-Les-dates-cles-de-la-crise-politique-en-Belgique.php


Par AD

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