mardi 1 juillet 2008

Briefing sur le terrorisme nucléaire





Le fait que des armes nucléaires tombent entre les mains de terroristes représenterait une menace très importante. Tous les pays qui ont été la cible d’actes de terrorismes essaient par tous les moyens d’empêcher cela de se produire.


I) Définition :

Le Terrorisme Nucléaire peut désigner l'une des attaques terroristes suivantes :

- Utilisation d'une arme nucléaire contre une cible civile.

- Utilisation d'une bombe radiologique ou bombe sale contre une cible civile.

- Attaque d'une centrale nucléaire ou d'un site de stockage de déchets nucléaires.


II) Usages récents :

En juin 2002, le citoyen Américain José Padilla a été arrêté car il était accusé de planifier une attaque radiologique sur la ville de Los Angeles, Californie. Padilla est actuellement (2008) sous arrêt militaire américain (statut de combattant illégal comme les détenus de Guantanamo Bay).

Le docteur Abdul Qadeer Khan (le père du programme nucléaire pakistanais) a dirigé un groupe qui a répandu la technologie du nucléaire en Europe, en Afrique et en Asie. Il a fourni les programmes nucléaires de l’Iran, de la Libye et de la Corée du Nord et, selon certaines rumeurs liées à des fuites au sein d’agences de renseignement américaines, à l’Arabie Saoudite. Quoiqu’il en soit, il n’y a pas de preuves qu’il est vendu des informations à des groupes terroristes. Mais il est possible que des terroristes aient pu avoir accès à ses informations par des moyens plus détournés.

Le réseau de Khan montre aussi que le programme nucléaire pakistanais est vulnérable de l’intérieur et que les groupes islamistes liés aux services de renseignements pakistanais y pourraient avoir accès.

Il est possible également qu’une partie de la technologie qu’il a vendue, comme des centrifugeuses, soit encore dans la nature.


III) Usages envisageables, menaces :

En 2006, le MI5 (le nom officiel étant le Security Service) a prévenu les autorités que des terroristes islamiques liés à Al Qaïda projetaient de faire détonner des bombes atomiques en Angleterre, ces dernières auraient été acquises par des moyens clandestins.

Il y a trois moyens imaginables pour des terroristes d’obtenir des armes nucléaires.

Ils pourraient essayer de construire un engin nucléaire improvisé (IND pour Improvised Nuclear Device) ou ils pourraient chercher à voler ou acheter une arme nucléaire.

- Premièrement, fabrication d’un engin nucléaire :

La fabrication d’une bombe demande un schéma. Bien qu'il y ait des informations intéressantes et correctes disponibles sur la physique des armes nucléaires et leur technologie, en particulier sur l'Internet, ceci ne signifie pas pour autant que les informations soient suffisantes pour faire un dispositif explosif nucléaire.

Cela montre au contraire quelles difficultés extrêmes en termes de qualifications et de connaissances techniques et technologiques devraient être surmontées. Un groupe terroriste pourrait sans aucun doute payer des physiciens pour faire un tel travail. Mais certaines informations ne pouvant pas être trouvées dans la littérature, des expériences cruciales devraient être faites. Celles-ci exige l'accès aux matériaux qu’il est difficile obtenir et qui enlève toute discrétion à l’opération.

En outre, les experts semblent convenir que le défi le plus difficile pour une organisation terroriste voulant construire un IND serait d'obtenir la matière fissile nécessaire.

Même si la matière fissile et les schémas existent, la fabrication d'un IND était toujours un projet technique exigeant. Surtout en raison des grandes quantités de matière fissile nécessaires, c'est une entreprise représentant un danger mortel pour les fabricants potentiels.

Pour résumer, cela nécessite plus que des connaissances sur le fonctionnement des armes nucléaires et l'accès à la matière fissile pour fabriquer avec succès une arme utilisable. C'est pourquoi il est très peu probable que les terroristes puissent essayer d'établir un dispositif nucléaire qu'ils préféreraient l'acheter ou le voler.

- En second lieu, le vol :

Dans ce domaine, la sécurité internationale dépend du sérieux avec lequel les états possédant les armes nucléaires prennent leurs responsabilités. Les armes nucléaires sont situées dans des locaux protégées et gardées. Un vol impliquerait beaucoup de risques et de grands efforts en termes de personnel, finance et organisation. Sans appui de l’intérieur un tel vol est inconcevable. Jusqu'ici il n'y a pas eu aucun vol confirmé ou même probable. Différents types de systèmes de sécurité existent, assurant que dans aucunes circonstances une explosion nucléaire non désirée ait lieu.

- Troisièmement, l’achat :

Peu de pays ont les dispositifs nucléaires et il est très peu probable que l'un d'entre eux le vendrait aux groupes de terroriste. Il y a environ 27 mille armes nucléaires dans les arsenaux de huit nations (Grande-Bretagne, Chine, France, Inde, Israël, Pakistan, Russie et Etats-Unis). Toutes sauf environ un millier de ces armes se trouvent dans deux pays : la Russie et les Etats-Unis. Les pays qui prétendent avoir les armes nucléaires tels que l'Iran et la Corée du Nord n'auraient aucun intérêt à vendre l'une d'entre elles aux terroristes parce que s'ils le font la communauté internationale connaîtrait très rapidement le pays vendeur et il serait une cible prioritaire.

· Ce qui est le plus susceptible de se produire est l'utilisation des armes radiologiques.

Une arme radiologique (ou dispositif radiologique de dispersion) est n'importe quel dispositif qui est conçu pour répandre un matériel radioactif dans l'environnement, pour tuer ou pour empêcher l'utilisation d'un secteur. Parfois, quand de forts explosifs sont employés pour disperser le matériel radioactif, ces armes radiologiques s'appellent des « bombes sales ». Pour construire une arme radiologique, les terroristes devraient avoir accès à une quantité suffisante de matériel radioactif.

Des sources radioactives sont employées dans des applications médicales, industrielles, agricoles et de recherches. Elles peuvent être trouvées dans les hôpitaux, les équipements médicaux et les sources industriels d'irradiation, les universités et même les maisons. Mais manipuler sans risque une source radioactive forte exige la connaissance des matériaux et de la radioprotection. Pour des terroristes ou des kamikazes, nous pouvons supposer que les considérations de sécurité et les risques de cancer à long terme ne sont pas leur souci principal. Les utilisations d'une arme radiologique peuvent être : la contamination par des aérosols, par dispositif explosif, la contamination de l'eau potable, contamination de nourriture ou une source de rayonnement positionnées à des endroits de fort passage.

Contrairement à un engin nucléaire, il n'y a en principe aucun obstacle insurmontable à l'acquisition et à l'utilisation des armes radiologiques par un groupe de terroristes bien organisés, quoiqu'une telle action demeure complexe et ainsi très difficile. Les experts estiment la probabilité qu'une telle attaque se produisant dans les dix années à venir à 40%.

La plupart des pays n'ont pas des programmes complets pour la gestion d'une attaque avec des engins radiologiques. Ceux-ci incluraient l'éducation publique, la préparation des équipes de secours et les normes définissant les niveaux de contamination. Si l’évaluation des experts est correcte, l'action éventuelle serait d’empêcher la panique et d’atténuer les conséquences possibles d'un tel événement.


IV) Moyen de protection :

En août 2002, les États-Unis ont lancé un programme pour suivre et sécuriser l'uranium enrichi de 24 réacteurs de conception soviétique dans seize pays, dans le but de réduire les risques que des matières nucléaires ne tombent entre les mains de terroristes ou d'états voyous. La première opération du programme fut le Project Vinca, une opération en Serbie pour retirer une quantité d'uranium hautement enrichi, suffisante pour produire deux armes nucléaires et demi, provenant d'un réacteur de recherche proche de Belgrade.

Dans le but de réduire le danger d'une attaque utilisant des déchets nucléaires, la commissaire européenne Loyola de Palacio a proposé, en novembre 2002, la création de normes communes dans l'Union Européenne, en particulier dans les nouveaux pays membres qui exploitent des réacteurs de conception soviétique ainsi que pour l'organisation du stockage sous la surface.

Le 9 août 2005, l'ayatollah Ali Khamenei lança une fatwa interdisant la production, le stockage et l'utilisation d'armes nucléaires. Le texte complet de la fatwa a été reproduit dans un rapport officiel lors d'une rencontre de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (IAEA) à Vienne.

Glossaire :

Ayatollah : Il s’agit d'un des titres les plus élevés décernés à un membre du clergé chiite. Les ayatollahs en sont les chefs et les docteurs et ils sont considérés comme des experts de l'Islam dans les domaines de la jurisprudence, de l'éthique, de la philosophie ou du mysticisme.

Fatwa : (au pluriel : fatāwa) c’est, dans l'Islam, un avis juridique donné par un spécialiste de loi religieuse sur une question particulière. En règle générale, une fatwa est émise à la demande d'un individu ou d'un juge pour régler un problème où la jurisprudence islamique n'est pas claire. Un spécialiste pouvant donner des fatāwa est appelé un mufti.

MI5 : (Military Intelligence section 5, cinquième section du renseignement militaire). Le MI5 est le nom usuel du service de renseignement britannique en charge de la sécurité intérieure. Il a été créé en 1916 mais son nom officiel est le Security Service (service de sécurité) depuis 1931.

Sources :

- Use of nuclear and radiological weapons by terrorists?, Christoph Wirz and Emmanuel Egger, revue international de la Croix Rouge, Volume 87 Numéro 859, Septembre 2005.

- Preventing catastrophic nuclear terrorism, Charles D. Ferguson, COUNCIL ON FOREIGN RELATIONS, CSR numéro 11, Mars 2006.

- Can Terrorists Build Nuclear Weapons?, Carson Mark, Theodore Taylor, Eugene Eyster, William Maraman, Jacob Wechsler, Nuclear Control Institute.


Par AD pour GlobalAnalysis France

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