mardi 17 juin 2008

Briefing sur le bioterrorisme




Nous débutons avec cette article une série sur les menaces technologiques du terrorisme moderne. Nous passerons ainsi en revue les menaces biologiques, chimiques, nucléaires et informatiques.
Le bioterrorisme est le terrorisme par dissémination ou libération volontaire d’agents biologiques (bactéries, virus ou toxines). Ceux-ci étant naturels ou modifiés par l’homme.

I) Définition
Le centre Américain de prévention et de contrôle des maladies (Center for Diseases Control, CDC) définit le bioterrorisme comme la libération délibérée de virus, bactéries ou autres germes dans le but de causer des maladies ou la mort de personnes, animaux ou plantes. Ces agents peuvent être d’origine naturelle ou modifiés pour augmenter leur virulence, leur résistance aux médicaments ou pour améliorer leur pouvoir de dispersion dans la nature.
Les agents biologiques peuvent être dispersés via l’air, l’eau, la nourriture ou le contact humain. Les terroristes pourraient utiliser des agents biologiques parce qu’ils sont extrêmement difficiles à détecter avant que la maladie ne soit déclarée ce qui peut pendre plusieurs heures ou plusieurs jours.
Le CDC a défini et catégorisé les agents biologiques :
-Agents de catégorie A :
Ce sont des agents biologiques qui ont un fort impact sur la santé publique et qui peuvent être facilement disséminés. Les agents de catégories A sont l’anthrax, la variole, la peste, la toxine botulique et les fièvres hémorragiques.
-Agents de catégorie B :
Les agents de catégories B sont faciles à disséminer et ont des faibles taux de mortalité. Par exemple la toxine Epsilon, le ricin, le typhus, les encéphalites virales, les menaces sur la nourriture et les réserves d’eau.
-Agents de catégorie C :
Les agents de catégories C sont des pathogènes qui peuvent être modifiés pour une dissémination de masse. Ils sont faciles à produire et ont un fort potentiel de dangerosité. Ce sont les hantavirus, les tuberculoses résistantes aux médicaments.

II) Usages récents
Le bioterrorisme n’a pas été beaucoup utilisé que ce soit au XXème ou XXIème siècle. Nous allons détailler les principaux actes dans ce qui suit.
-1971, Cuba :
Une épidémie de peste porcine africaine fut importée à Cuba par des organisations anti-castristes soutenues par la CIA, ce qui fut révélé par la presse américaine en 1977. Les Cubains durent euthanasier la moitié de leurs porcs pour enrayer la maladie.
-1984, Dalles, Oregon, USA :
Bhagwan Shree Rajneesh et ses disciples ont essayé de peser sur les élections locales en incapacitant la population locale. Des salmonelles ont été disséminées dans les salades dans des restaurants, épiceries, etc. 751 personnes ont été atteintes mais personne n’est mort.
-2001, Washington DC, USA :
Des enveloppes contaminées au bacille du charbon ont été distribuées entre septembre et octobre. Ces actes ont été suivis par une prise de conscience des autorités américaines sur le sujet des menaces biologiques.
-2003 : Londres, Grande Bretagne ; Greenville, Caroline du Sud, Washington DC, USA :
Le 5 janvier 2003, la police de Londres a arrêté six algériens qui disaient avoir fabriqué de la ricine pour la répandre dans le métro de Londres. Aucune trace du poison ne fut découverte dans leur appartement.
En 2003, un colis et une lettre imprégnés de ricine ont été interceptés à Greenville en Caroline du Sud.
De la ricine a également été découverte dans le courrier de la Maison Blanche
Plusieurs pays possèdent aujourd'hui un programme de guerre biologique. Le Département de la Défense américain soupçonne une dizaine de pays de poursuivre des programmes de guerre biologique : Russie, Israël, Chine, Iran, Libye, Syrie et <.
Les armes biologiques offensives sont interdites par le traité multilatéral de 1972, dont le but était l'élimination des systèmes d'armes biologiques. En 1996, ce traité avait été signé par 137 pays.

III) Usages envisageables, menaces
Le bioterrorisme est très limité par la complexité même et la nature même des agents biologiques. Une arme biologique peut être très utile à un groupe qui chercherait à créer un mouvement de panique.
Quoi qu’il en soit l’avenir est certainement les agents modifiés par l’homme. Des virus ou des bactéries ciblant une population génétique ou une région particulière. Mais le développement de telles armes nécessite des ressources phénoménales qui ne sont pas à la portée de beaucoup de groupe. Seul un terrorisme d’Etat pourrait rassembler les équipements, les chercheurs et la matière première nécessaire. Mais si cela arrivait, les maladies pourraient être incurables ou indétectables.
La secte Aum, au Japon, avait tenté par deux fois d’utiliser une arme biologique. Tout d’abord en 1992, ils tentèrent en vain de se procurer le virus Ebola au Zaïre. Puis en 1993, ils échouèrent dans leur tentative de disséminer de l’anthrax du haut d’un immeuble. En 1995, la secte se tourne alors vers une arme chimique beaucoup plus sûre et plus facile d’utilisation : le gaz sarin, qu’elle utilise lors de l’attentat du métro de Tokyo. Ceci illustre parfaitement la difficulté de manipulation et d’utilisation des armes biologiques.
Mais ce risque ne doit pas être négligé pour autant. Même si le risque est peu probable les gouvernements doivent se tenir prêts et prévenir, voire éduquer les populations.

IV) Moyens de protection
En 1999, le centre d’informatique biomédicale de l’Université de Pittsburgh a déployé le premier réseau de surveillance du bioterrorisme automatisé. Il centralise et analyse les données de plusieurs sources pour détecter précocement l’apparition d’un acte de bioterrorisme.
Les données viennent des ordinateurs des hôpitaux, des laboratoires d’analyses, des instituts médico-légaux, des centres d’appels d’urgences et des vétérinaires. Les chercheurs cherchent à intégrer les donnés venant des élevages, des magasins de distribution, des analyses de la qualité de l’eau, des déclarations d’absences dans les écoles, etc.
En Europe, la surveillance épidémiologique commence à s'organiser à l'échelle continentale, en vue de constituer la structure nécessaire à la détection précoce des urgences biologiques. Outre la surveillance des sujets atteints, l'approche européenne prévoit l'analyse du caractère naturel ou délictueux des infections.
De plus de nombreux États ont mis au point des stocks de vaccins et antidotes qui pourront être distribués à toute ou une partie de la population.

Sources :
-Bioterrorism briefing Q&A with Arthur Reingold, Université de Berkeley, Californie, 31 octobre 2002.
-Terrorist Threats to Food Guidance for Establishing and Strengthening Prevention and Response Systems, Département de la sécurité des aliments, Organisation Mondiale de la Santé, 2002.
-Food and Drug Administration.
-Ontario Genomics Institute.

Par AD pour GlobalAnalysis France

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