jeudi 22 décembre 2011

Succession communiste en Corée du Nord

Blason de la Corée du Nord
La succession
Le 19 décembre 2011, la télévision d'Etat de la République populaire et démocratique de Corée (RPDC) annonce la mort du "cher leader" Kim Jong-il le 16 décembre et la prise de pouvoir de son fils cadet Kim Jong-un. Troisième membre de la dynastie Kim à prendre la tête du régime hybride inventé par son grand-père Kim Il-sung en 1948, le nouveau dirigeant du pays le plus fermé de la planète aurait seulement 27 ans. La Corée du Nord a, en effet, la particularité d'être un régime communiste héréditaire avec un culte de la personnalité proche du modèle stalinien.
La succession de Kim Jong-il, au pouvoir depuis la mort de son père en 1994, a commencé en 2009 lorsque Kim Jong-un a été élu à Assemblée populaire suprême (le parlement de la Corée du Nord). Il aurait ensuite été nommé au Comité de la défense nationale le 27 septembre 2010 puis général quatre étoiles puis vice-président de la Commission centrale militaire le 28 septembre. Sa première apparition officielle a eu lieu lors d'un défilé militaire organisé en l'honneur du 65ème anniversaire de la fondation du parti des Travailleurs, à Pyongyang le 10 octobre 2010.

Une économie exsangue
L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), fait état d'une pénurie alimentaire qui toucherait environ un quart de la population du pays. L'agriculture qui représente un peu moins d'un quart du PIB nord-coréen. Collectivisé après la guerre de Corée, l'agriculture est constitué de 3800 grandes coopératives de 500 hectares où vivraient environ 300 foyers. En plus des coopératives, les fermes d'Etat cultivent 12% des terres arables et assurent 20% de la production.
A partir des années 2000, le gouvernement a commencé à libéraliser l'économie et notamment encourager la création de marchés ce qui permet aux fermiers privés de vendre à des prix approchant le seuil de rentabilité. Mais ce système a créer une économie parallèle. Le marché noir s'est développé accentuant encore les disparités.
Comme dans tous les pays communistes l'industrie lourde tient une grande place dans l'économie. En 2008, plus de 43% du PIB était générer par le secteur secondaire. Cela comprend les minerais dont le sous-sol nord-coréen est riche (charbon, l'anthracite, fer), l'industrie lourde (acier, automobiles) et le textile.
Le commerce extérieure de la RDPC se fait principalement avec la Chine (environ 40%), la Corée du Sud (presque 30%) puis viennent le Japon et la Russie.

Perspective géopolitique
Kim Jong-un hérite donc d'un pays dont le programme nucléaire militaire est au point mort, dont 25% de la population est en situation de famine et dont la dépendance économique au voisin chinois croit d'années en années. Le jeune Kim Jong-un va gouverner avec l'aide de son oncle Jang Song-thaek,mari de la sœur de feu Kim Jong-il et l'Etat-major de son père. Il s'agit donc d'un changement dans la continuité qui ne remet pour l'instant pas en cause la politique du régime. La flambée de violence (coup d'état militaire, démonstration de force du nouveau chef), un moment crainte par la Corée du Sud et les Etats-Unis n'aura donc pas lieu.
Les démonstrations de forces de l'armée nord-coréenne (bombardement de l’île de Yeonpeyong ou le torpillage de la corvette sud-coréenne Cheonan) et le programme nucléaire ne semblent qu'un baroud d'honneur permettant de gagner des points avant l'inévitable réunification. Le nouveau dirigeant formé en Suisse dans un environnement cosmopolite sera probablement sensible à cette main tendue par la Corée du Sud mais également le Japon et les USA. Mais pour imposer sa marque Kim Jong-un devra faire ses preuves et se débarrasser de sa tutelle.
Hors la Chine craint pour des raisons géopolitiques cette réunification. Fort de l'exemple allemand, Pékin craint en effet, les migrations intra-coréennes (qui la priverait d'une partie de sa main d'œuvre bon marché), l'immigration vers les provinces chinoises des nord-coréens en quête d'un paradis socialiste perdu mais surtout cela rapproche les troupes américaines de ses frontières.

Glossaire :
Comité de la défense nationale : Après la mort de Kim Il-sung en 1994, le poste de président de la République fut supprimé de facto. Une nouvelle révision constitutionnelle définit en 1998 Kim Il-sung comme "président éternel" et le Comité de la défense nationale comme l'organe central de décision des affaires militaires. La Constitution de la Corée du Nord précise que le président du Comité est le "Dirigeant suprême de la République populaire démocratique de Corée". La place prépondérante de l'armée en Corée du nord fait du président du Comité de la Défense nationale l'un des hommes les plus puissants du pays. La personne occupant ce poste est considérée comme l'équivalent de fait du chef de l'État en Corée du Nord, bien que le poste de président de la République n'existe plus officiellement et que, juridiquement, le chef de l'État soit le président du Présidium de l'Assemblée populaire suprême.

Sources :
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- The World Factbook, CIA
- Audrey Garric (avec Reuters) – « La mort de Kim Jong-il révèle les failles du renseignement» –  LeMonde.fr – 20 décembre 2011 http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2011/12/20/la-mort-de-kim-jong-il-revele-les-failles-du-renseignement_1620684_3216.html
- Pierre Haski – « Après la mort de Kim Jong-il, la Chine "parraine" la Corée du Nord » – Rue89 – 20 décembre 2011 http://www.rue89.com/2011/12/20/apres-la-mort-de-kim-jong-il-la-chine-se-pose-en-parrain-du-regime-nord-coreen-227684
- Felix de Montety – « L'héritage atomique de Kim Jong-il » – Slate – 19 décembre 2011 http://www.slate.fr/story/47669/kim-jong-un-bombe-atomique
- Mathilde Golla et Hayat Gazzane – « L'économie nord-coréenne à bout de souffle » – Le Figaro – 19 décembre 2011 http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/12/19/04016-20111219ARTFIG00324-l-economie-nord-coreenne-a-bout-de-souffle.php
- Sébastien Falletti – « Le "petit prince" rouge Kim Jong-un prend les commandes » – Le Figaro – 19 décembre 2011 http://www.lefigaro.fr/international/2011/12/19/01003-20111219ARTFIG00221-kim-jong-un-le-petit-prince-rouge-prend-les-commandes.php
- Philippe Pons – « De quelle Corée du Nord hérite Kim Jong-un ?» – Le Monde – 19 décembre 2011 http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2011/12/19/de-quelle-coree-herite-kim-jong-un_1620441_3216.html
- Zone Militaire – « Craintes de provocations nord-coréennes après la mort de Kim Jong-il » – OPEX360 – 19 décembre 2011 http://www.opex360.com/2011/12/19/craintes-de-provocations-nord-coreennes-apres-la-mort-de-kim-jong-il/
- AD – « Nouvelles stratégies du nucléaire » – GlobalAnalysis France – 2 décembre 2009 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2009/12/nouvelles-strategies-du-nucleaire.html

Par AD

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