lundi 28 mars 2011

Géopolitique du monde chiite

Au VIème siècle la communauté musulmane se divise sur le choix et le mode de sélection de leur guide, le Calife, doit-il être issu de la lignée du prophète Mahomet et de son cousin Ali ou doit-il être élu par l’assemblée. En 680, Hussein le fils d’Ali est assassiné par son rival élu par le clan des Omeyades. Ce meurtre va être l’acte fondateur du chiisme qui se sépare alors du courant principal qui sera dit sunnite.
Les chiites représentent environ 15% des musulmans soit environ 150 millions de personnes dans le monde. Ils sont majoritaires dans seulement quatre pays musulmans, en Iran, en Azerbaïdjan, à Bahreïn  et en Irak.
Présenté comme politiquement instrumentalisé par l’Iran, ce courant de l’Islam est perçu comme une menace par les sunnites majoritaires mais également par les États occidentaux.

Une géographie centrée sur l’Iran
C’est en Iran que vit la majorité des chiites. 90% de la population du pays suit ce mouvement qui est la religion d’État depuis 1501. Bien qu’historiquement arabe, les chiites se retrouvent aujourd’hui principalement dans les États du Moyen-Orient et d’Asie centrale. Ainsi ils représentent 85% de la population en Azerbaïdjan , 75% à Bahreïn et 64% en Irak . De plus, il y a environ 40% de chiites au Yémen et au Liban et entre 10 et 25% en Syrie, en Afghanistan, au Pakistan, en Turquie, au Qatar, en Arabie Saoudite, aux Émirats arabes unis et au Koweït.

En dehors de l’Iran, les chiites sont minoritaires et très souvent soumis à des régimes sunnites. La religion est souvent perçue comme celle des exclus et par voie de conséquence est ressentie comme une menace par les États musulmans à majorité sunnite.


Le chiisme politique
Premier fait politique, la révolution iranienne de 1979 porte au pouvoir un gouvernement islamique dont l’un des objectifs est d’exporter la révolution hors de ses frontières.
Deuxièmement, lors de la guerre du Liban (1975-1990) la milice chiite libanaise du Hezbollah (le Parti de Dieu, financé et armé par l’Iran) s’affirme comme un acteur majeur. Lors de la guerre de 2006 contre Israël, le Hezbollah s’affirme comme un force politique de premier plan dans le monde arabo-musulman après avoir tenu en échec, du moins partiellement, l’armée israélienne. Hassan Nasrallah, leadeur du mouvement, est admiré dans tout le monde musulman, pourtant majoritairement sunnite, pour sa “victoire” contre Tsahal.
Enfin le renversement de Saddam Hussein, sunnite, et l’accession au pouvoir, pour la première dans le pays, des chiites contribue à la modification de l’équilibre géostratégique.

Géopolitique du monde chiite
Cette avancé dans la politique régionale fait peur aux grands États sunnites et notamment au régime saoudien. La continuité géographique des chiites (de la Méditerranée au monde indien) forme un “arc chiite” qui est perçu comme une menace. En effet, un nombre important de chiites vit dans les zones d’extractions, de production ou de circulation des hydrocarbures de la région. La région du Hasa en Arabie saoudite, celle de Bassora en Irak et il ne faut pas oublier que l’Iran détient les deuxièmes réserves de gaz naturel du monde. Toute revendication identitaire dans une de ces régions, pilotée depuis l’étranger, perturberaient potentiellement la production de pétrole et donc affaibliraient économiquement les pays qui en sont tributaires.
Or cette crainte est renforcée par la politique de puissance de Téhéran. Le programme nucléaire iranien fait peur et notamment à son grand voisin saoudien. Si jamais la puissance chiite devait avoir l’arme atomique alors la répartition des forces au niveau régional serait chamboulée et ça les pays sunnites ne sont pas prêts à le laisser faire.

L’influence de Téhéran par le biais du Hezbollah est très forte. En effet, le Parti de Dieu, profite de la convergence d’intérêt entre le Liban et l’Iran pour s’imposer dans un pays multiethnique. Lors de la guerre de 2006, le Hezbollah a réussi à s’imposer comme le seul défenseur du pays face à l’ennemi israélien. Ce savoir faire face à l’ennemi commun est l’une des cartes de visite des chiites.

Mais ce que revendiquent les chiites, c’est une meilleure représentativité dans les États où ils sont majoritaires. Ce sont des enjeux locaux et non régionaux. C’est ce que l’on voit aujourd’hui dans l’élan de ce que les journalistes appellent le printemps arabe, les chiites se soulever à Bahreïn et en Syrie contre un pouvoir sunnite qui les marginalisent.

Sources :
Wikipédia, l’encyclopédie libre
Frank Tétart – « Géopolitique du chiisme » - 50 fiches pour comprendre la géopolitique – Éditions Bréal – août 2010
« Le Moyen-Orient à l'heure nucléaire » Rapport d'information n° 630 (2008-2009) du 25 septembre 2009 - par M. Jean FRANÇOIS-PONCET et Mme Monique CERISIER-ben GUIGA, fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat http://www.senat.fr/rap/r08-630/r08-630.html
Alain Gresh et Dominique Vidal – Les 100 clés du Proche-Orient – Hachette Pluriel –  2003
Par AD

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