Dans la réalité administrative, le Tibet est aujourd’hui la région dite autonome du Tibet (appelé « Xizang » en Chine). Elle est l’une des cinq régions autonomes de la République populaire de Chine, située au Sud Ouest, dont la capitale est Lhassa. On peut noter que les frontières de cette région correspondent à peu près au Tibet qui était indépendant entre les deux guerres mondiales et qui fut administré par le gouvernement tibétain de 1918 à 1959.
Cependant lorsque la République populaire de Chine emploie le terme Tibet, elle fait non seulement référence à la région autonome du Tibet, mais y inclut aussi la plus grande partie de l’Etat indien de l’Arunachal Pradesh dont elle revendique la possession.
Enfin, pour le gouvernement tibétain en exil, le Tibet couvrirait bien plus que la région autonome actuelle. Il serait pour eux la réunion des trois provinces traditionnelles du Tibet que sont l’Amdo, le Kham et l’Ü-Tsang. Le Tibet traditionnel ainsi reconstitué couvrirait donc aussi une partie des régions chinoises que sont la région du Qinghai, du Gansu, du Sichuan et du Yunnan.
L’origine même du peuple tibétain est révélée dans plusieurs mythes. L’un d’eux voudrait que les Tibétains descendent d’un singe et d’une démone des roches qui serait l’émanation respectivement du protecteur et de la libératrice du Tibet.
L’histoire des hommes commence vraiment avec la naissance de l’écriture tibétaine au VIIème siècle. Les premiers écrits montrent que l’empire du Tibet est alors puissant, et le souverain de cette époque, Songtsen Gampo, n’hésite pas à envoyer deux ambassades en Chine en 608 et 609, marquant ainsi les premières relations internationales du Tibet, et surtout le premier contact entre le royaume tibétain et l’empire chinois. Mieux en 641, l’empereur Taizong se voit contraint de donner en mariage une princesse chinoise au souverain tibétain, dont les troupes assiègent sa capitale. C’est aussi à cette époque que le bouddhisme s’implante au Tibet.
Entre le VIIème et le IXème siècle, la puissance du royaume tibétain ne se dément pas et il est de loin le plus redouté sur le continent. L’apogée de l’empire tibétain se situe au IXème siècle avec le souverain Ralpachen.
Au jeu de la vérité historique, les chinois perdraient donc beaucoup puisqu’au VIIème siècle, c’est la Chine qui pliait sous la puissance tibétaine.
Au XIIIème siècle, les guerres internes qui rongent le royaume facilitent l’invasion des Mongols entamée par Gengis Kahn d’abord, puis par son petit-fils Godan en 1240. Mais les tibétains font bien plus que résister à l’invasion, puisqu’ils vont influencer l’envahisseur de par leur identité déjà très forte et l’enracinement du bouddhisme au Tibet. En effet, c’est à cette époque et par l’intermédiaire d’un conseiller spirituel tibétain de l’empereur Godan, que les Mongols renoncent aux méthodes expéditives qu’ils avaient pour coutume d’employer à l’égard des prisonniers.
L’emprise des Mongols sur le Tibet se desserre dès le XIVème siècle. Le Tibet se constitue alors en une théocratie féodale dans laquelle les lignées religieuses sont contrôlées, soutenues ou bien s’allient à des clans et seigneuries plus ou moins puissants. Ce sont parfois des soutiens étrangers qui viennent de Mongolie, d’Inde ou même de Chine. C’est l’école Guélougpa qui prédomine alors et avec elle s’impose deux de ses lignés religieuses les plus connues : le panchen-lama et le dalaï-lama. Ces deux lignées de réincarnations vont réunir jusqu’à aujourd’hui les pouvoirs temporels et religieux au Tibet. Et ce sont les dalaï-lamas successifs qui seront en charge du gouvernement du Tibet jusqu’en 1959.
Le panchen-lama est une lignée de réincarnation importante dans l’histoire du Tibet. C’est le deuxième plus haut chef spirituel du bouddhisme tibétain Guélougpa. Il se situe juste après le dalaï-lama dans ce système hiérarchique. « Panchen » se traduit par « grand érudit » et « Lama » signifie « maître spirituel ». Le panchen-lama est considéré comme une émanation du Bouddha Amitabha, « de lumière infinie ».
Les dalaï-lamas sont considérés comme des émanations du bodhisattva de la compassion. Les bodhisattva sont des êtres éclairés qui ont choisi de renaître pour le bien être de tous les êtres. « Dalaï » signifie « océan » en mongol. On peut noter que la lignée des dalaï-lamas doit sa puissance au soutient des mongols. En 1578, suite à l’invitation du dalaï-lama en Mongolie, un édit promulgue le bouddhisme comme religion officielle de la Mongolie. Mieux la 4ème réincarnation du dalaï-lama est reconnue en Mongolie et est amenée au Tibet qu’à l’âge de douze ans.
Le 6ème dalaï-lama menant une vie dépravée, il s’en suit une suite de changements politiques au Tibet qui aboutit à une première intervention militaire chinoise en 1720 pour rétablir l’ordre. Ce sont les troupes chinoises qui mettent en place le 7ème dalaï-lama.
La Chine exerce dès lors sur le Tibet un pouvoir proche du protectorat sans toutefois l’incorporer à son empire.
Le XIXème siècle marque l’invasion des puissances occidentales et l’affaiblissement de la Chine. Le protectorat est alors totalement virtuel et les Tibétains ne respectent jamais les injonctions des ambassadeurs chinois. C’est la Grande-Bretagne qui va marquer son intérêt pour le Tibet qui voit dans ce territoire un moyen de barrer les prétentions coloniales des russes. Les britanniques vont d’abord signer des traités avec les chinois qui ne seront jamais respectés par les tibétains.
Comprenant que la souveraineté chinoise sur le Tibet n’est que nominale, les britanniques vont alors traiter directement avec Lhassa, reconnaissant implicitement l’indépendance du Tibet.
Les traités signés par les britanniques visent avant tout à s’assurer l’exclusivité des routes commerciales. En 1911, après la chute de l’empire mandchou en Chine et la proclamation de la république, le XIIIème dalaï-lama demande l’indépendance de son pays. En 1913, la convention qui se tient à Simla en Inde et qui réunit les représentants de la Grande-Bretagne, de la Chine et du Tibet, définit les limites géographiques du Tibet et reconnaît la région comme autonome et sous administration du gouvernement du dalaï-lama, bien que restant sous suzeraineté chinoise.
La situation du Tibet se dégrade définitivement au lendemain de la seconde guerre mondiale. Le dernier dalaï-lama a suivi une enfance studieuse qui ne le prépare guère aux ambitions expansionnistes des puissances du XXème siècle, et en particulier celles de la Chine.
Mao Zedong, soutenu par Moscou, envahit le Tibet en 1950. Après des mouvements sporadiques à l’occupation chinoise, le soulèvement de Lhassa, en 1959, est réprimé dans le sang. Le dalaï-lama et les membres de son gouvernement partent alors en exil en Inde, exil qui dure encore. La création de la région dite « autonome » au Tibet consacre en réalité le démembrement territorial du Tibet. La révolution culturelle de 1966-1967 vise à effacer toute trace du passé au Tibet. L’héritage culturel du Tibet est saccagé. De plus, le transfert des populations chinoises au Tibet concoure à mettre en minorité les tibétains et leur culture (on peut noter malgré tout que 1986 marque le retour officiel de la pratique religieuse au Tibet). L’obtention du prix Nobel de la paix en 1989 par le dalaï-lama ne change guère les choses.
Pourtant le dalaï-lama ne demande pas l’indépendance mais la fin du « génocide culturel » au Tibet et la possibilité pour les Tibétains de mener, à l’échelle locale, leurs propres affaires.
II) La répression chinoise
On peut rappeler que le gouvernement tibétain en exil estime à 1,2 million de morts tibétains le bilan de la répression maoïste entre 1949 et 1979, répression marquée par le massacre de la révolte tibétaine de 1959 et la révolution culturelle de 1966-1967.
Aujourd’hui, le dalaï-lama est encore présenté dans les médias officiels comme un dangereux « sécessionniste » qui mettrait en péril l’ «unité de la patrie » chinoise. Le représentant du Parti Communiste au Tibet ose même le décrire comme « un esprit cruel avec un visage d’homme et le cœur d’une bête ».
Dans les écoles et les universités, la langue d’enseignement est le mandarin, ce qui participe à l’effacement de la culture tibétaine. Quant aux temples, ils sont conservés surtout pour faire office d’attractions touristiques.
La Chine impose de plus au Tibet la loi du marché. Les centres urbains sont transformés en chantiers géants pour faire place aux tours. La construction de la ligne de chemin de fer la plus élevée du monde a de plus facilité des vagues d’immigrations chinoises au Tibet. Les tibétains seraient désormais minoritaires à Lhassa et la plupart des affaires seraient dirigées par des chinois.
Enfin, toute manifestation pour l’indépendance du Tibet est condamnable à plusieurs années de prison en Chine, et plusieurs témoignages rappellent qu’on use encore aujourd’hui de la torture dans les geôles chinoises.
III) La force de l’identité tibétaine
On l’a vu, l’histoire du Tibet est marquée par les influences successives de plusieurs grandes puissances et surtout la répression chinoise depuis cinquante ans. Malgré tout cela, le Tibet reste aux yeux du monde un pays dont l’identité culturelle est très forte. Qu’est ce qui a fait la force de l’identité tibétaine ?
La situation géographique du Tibet a participé à créer une identité spécifique à cette région et surtout à la préserver longtemps de réelles invasions militaires. En effet le Tibet, ce sont d’abord les montagnes les plus hautes de la planète et des conditions climatographiques très rudes. Ces défenses naturelles ont donc permis longtemps à la région de conserver une relative indépendance en jouant sur les appétits voisins des uns et des autres. Ce relatif isolement a permis aussi le développement du bouddhisme, qui a fait par la suite du Tibet une théocratie féodale. L’identité tibétaine réside donc aussi dans ce système politique : le Tibet étant dirigé par un « maître spirituel », politique et culture sont intimement liés, et le leader détient à la fois les clés politiques, religieuses et philosophiques.
Cet éloignement et cette spécificité ont aussi participé à rendre la région mythique aux yeux du monde, et de fait à donner aux tibétains une très grande fierté. Les occidentaux y voient la part du rêve. Le bouddhisme participe à ce rêve car les occidentaux y voient plus qu’une religion : ils y voient une philosophie de vie qui prône la quiétude et le bonheur, loin des soucis de la vie effrénée des sociétés modernes. C’est cette admiration des peuples du monde pour le Tibet qui quelque part, renforce la solidarité de la diaspora tibétaine en exil et donc son identité, malgré la répression chinoise.
IV) Le mythe occidental
On l’a dit, le Tibet relève pour beaucoup d’occidentaux du mythe. Beaucoup y voient là un combat pour les droits de l’homme, la liberté, des valeurs qui en quelque sorte rejoignent la vision qu’ils en ont du bouddhisme. Aussi la mobilisation est très forte pour les tibétains et pour l’indépendance. Pourtant si la répression chinoise est réelle, il ne faut pas sanctifier le Tibet.
On rappellera qu’avant l’invasion chinoise, le Tibet n’était pas une démocratie mais une théocratie féodale. Religion et pouvoir politique ne faisait qu’un. L’accès à l’enseignement se faisait la plupart du temps via les monastères. Enfin on pratiquait le servage. Les serfs représentait 90% de la population et était dominés par la classe religieuse et aristocratique.
Le vrai combat ce n’est pas donc celui de l’indépendance du Tibet, que ne prône même pas le dalaï-lama, mais c’est la préservation d’une culture inestimable, patrimoine de l’humanité, et aussi plus généralement un combat pour les libertés en Chine.
Sources :
- Marc Epstein, « Le combat du Tibet », L’Express, numéro 2964, 23/04/2008.
- Wikipédia, l’encyclopédie libre.
- Le Tibet en exil : à l'école de la démocratie, Groupe d'information sur le Tibet du Sénat, consultable à l’url http://www.senat.fr/ga/ga67/ga671.html
Par JS pour GlobalAnalysis France
I) Histoire : une interpénétration des peuples
L’origine même du peuple tibétain est révélée dans plusieurs mythes. L’un d’eux voudrait que les Tibétains descendent d’un singe et d’une démone des roches qui serait l’émanation respectivement du protecteur et de la libératrice du Tibet.
L’histoire des hommes commence vraiment avec la naissance de l’écriture tibétaine au VIIème siècle. Les premiers écrits montrent que l’empire du Tibet est alors puissant, et le souverain de cette époque, Songtsen Gampo, n’hésite pas à envoyer deux ambassades en Chine en 608 et 609, marquant ainsi les premières relations internationales du Tibet, et surtout le premier contact entre le royaume tibétain et l’empire chinois. Mieux en 641, l’empereur Taizong se voit contraint de donner en mariage une princesse chinoise au souverain tibétain, dont les troupes assiègent sa capitale. C’est aussi à cette époque que le bouddhisme s’implante au Tibet.
Entre le VIIème et le IXème siècle, la puissance du royaume tibétain ne se dément pas et il est de loin le plus redouté sur le continent. L’apogée de l’empire tibétain se situe au IXème siècle avec le souverain Ralpachen.
Au jeu de la vérité historique, les chinois perdraient donc beaucoup puisqu’au VIIème siècle, c’est la Chine qui pliait sous la puissance tibétaine.
Au XIIIème siècle, les guerres internes qui rongent le royaume facilitent l’invasion des Mongols entamée par Gengis Kahn d’abord, puis par son petit-fils Godan en 1240. Mais les tibétains font bien plus que résister à l’invasion, puisqu’ils vont influencer l’envahisseur de par leur identité déjà très forte et l’enracinement du bouddhisme au Tibet. En effet, c’est à cette époque et par l’intermédiaire d’un conseiller spirituel tibétain de l’empereur Godan, que les Mongols renoncent aux méthodes expéditives qu’ils avaient pour coutume d’employer à l’égard des prisonniers.
L’emprise des Mongols sur le Tibet se desserre dès le XIVème siècle. Le Tibet se constitue alors en une théocratie féodale dans laquelle les lignées religieuses sont contrôlées, soutenues ou bien s’allient à des clans et seigneuries plus ou moins puissants. Ce sont parfois des soutiens étrangers qui viennent de Mongolie, d’Inde ou même de Chine. C’est l’école Guélougpa qui prédomine alors et avec elle s’impose deux de ses lignés religieuses les plus connues : le panchen-lama et le dalaï-lama. Ces deux lignées de réincarnations vont réunir jusqu’à aujourd’hui les pouvoirs temporels et religieux au Tibet. Et ce sont les dalaï-lamas successifs qui seront en charge du gouvernement du Tibet jusqu’en 1959.
Le panchen-lama est une lignée de réincarnation importante dans l’histoire du Tibet. C’est le deuxième plus haut chef spirituel du bouddhisme tibétain Guélougpa. Il se situe juste après le dalaï-lama dans ce système hiérarchique. « Panchen » se traduit par « grand érudit » et « Lama » signifie « maître spirituel ». Le panchen-lama est considéré comme une émanation du Bouddha Amitabha, « de lumière infinie ».
Les dalaï-lamas sont considérés comme des émanations du bodhisattva de la compassion. Les bodhisattva sont des êtres éclairés qui ont choisi de renaître pour le bien être de tous les êtres. « Dalaï » signifie « océan » en mongol. On peut noter que la lignée des dalaï-lamas doit sa puissance au soutient des mongols. En 1578, suite à l’invitation du dalaï-lama en Mongolie, un édit promulgue le bouddhisme comme religion officielle de la Mongolie. Mieux la 4ème réincarnation du dalaï-lama est reconnue en Mongolie et est amenée au Tibet qu’à l’âge de douze ans.
Le 6ème dalaï-lama menant une vie dépravée, il s’en suit une suite de changements politiques au Tibet qui aboutit à une première intervention militaire chinoise en 1720 pour rétablir l’ordre. Ce sont les troupes chinoises qui mettent en place le 7ème dalaï-lama.
La Chine exerce dès lors sur le Tibet un pouvoir proche du protectorat sans toutefois l’incorporer à son empire.
Le XIXème siècle marque l’invasion des puissances occidentales et l’affaiblissement de la Chine. Le protectorat est alors totalement virtuel et les Tibétains ne respectent jamais les injonctions des ambassadeurs chinois. C’est la Grande-Bretagne qui va marquer son intérêt pour le Tibet qui voit dans ce territoire un moyen de barrer les prétentions coloniales des russes. Les britanniques vont d’abord signer des traités avec les chinois qui ne seront jamais respectés par les tibétains.
Comprenant que la souveraineté chinoise sur le Tibet n’est que nominale, les britanniques vont alors traiter directement avec Lhassa, reconnaissant implicitement l’indépendance du Tibet.
Les traités signés par les britanniques visent avant tout à s’assurer l’exclusivité des routes commerciales. En 1911, après la chute de l’empire mandchou en Chine et la proclamation de la république, le XIIIème dalaï-lama demande l’indépendance de son pays. En 1913, la convention qui se tient à Simla en Inde et qui réunit les représentants de la Grande-Bretagne, de la Chine et du Tibet, définit les limites géographiques du Tibet et reconnaît la région comme autonome et sous administration du gouvernement du dalaï-lama, bien que restant sous suzeraineté chinoise.
La situation du Tibet se dégrade définitivement au lendemain de la seconde guerre mondiale. Le dernier dalaï-lama a suivi une enfance studieuse qui ne le prépare guère aux ambitions expansionnistes des puissances du XXème siècle, et en particulier celles de la Chine.
Mao Zedong, soutenu par Moscou, envahit le Tibet en 1950. Après des mouvements sporadiques à l’occupation chinoise, le soulèvement de Lhassa, en 1959, est réprimé dans le sang. Le dalaï-lama et les membres de son gouvernement partent alors en exil en Inde, exil qui dure encore. La création de la région dite « autonome » au Tibet consacre en réalité le démembrement territorial du Tibet. La révolution culturelle de 1966-1967 vise à effacer toute trace du passé au Tibet. L’héritage culturel du Tibet est saccagé. De plus, le transfert des populations chinoises au Tibet concoure à mettre en minorité les tibétains et leur culture (on peut noter malgré tout que 1986 marque le retour officiel de la pratique religieuse au Tibet). L’obtention du prix Nobel de la paix en 1989 par le dalaï-lama ne change guère les choses.
Pourtant le dalaï-lama ne demande pas l’indépendance mais la fin du « génocide culturel » au Tibet et la possibilité pour les Tibétains de mener, à l’échelle locale, leurs propres affaires.
II) La répression chinoise
On peut rappeler que le gouvernement tibétain en exil estime à 1,2 million de morts tibétains le bilan de la répression maoïste entre 1949 et 1979, répression marquée par le massacre de la révolte tibétaine de 1959 et la révolution culturelle de 1966-1967.
Aujourd’hui, le dalaï-lama est encore présenté dans les médias officiels comme un dangereux « sécessionniste » qui mettrait en péril l’ «unité de la patrie » chinoise. Le représentant du Parti Communiste au Tibet ose même le décrire comme « un esprit cruel avec un visage d’homme et le cœur d’une bête ».
Dans les écoles et les universités, la langue d’enseignement est le mandarin, ce qui participe à l’effacement de la culture tibétaine. Quant aux temples, ils sont conservés surtout pour faire office d’attractions touristiques.
La Chine impose de plus au Tibet la loi du marché. Les centres urbains sont transformés en chantiers géants pour faire place aux tours. La construction de la ligne de chemin de fer la plus élevée du monde a de plus facilité des vagues d’immigrations chinoises au Tibet. Les tibétains seraient désormais minoritaires à Lhassa et la plupart des affaires seraient dirigées par des chinois.
Enfin, toute manifestation pour l’indépendance du Tibet est condamnable à plusieurs années de prison en Chine, et plusieurs témoignages rappellent qu’on use encore aujourd’hui de la torture dans les geôles chinoises.
III) La force de l’identité tibétaine
On l’a vu, l’histoire du Tibet est marquée par les influences successives de plusieurs grandes puissances et surtout la répression chinoise depuis cinquante ans. Malgré tout cela, le Tibet reste aux yeux du monde un pays dont l’identité culturelle est très forte. Qu’est ce qui a fait la force de l’identité tibétaine ?
La situation géographique du Tibet a participé à créer une identité spécifique à cette région et surtout à la préserver longtemps de réelles invasions militaires. En effet le Tibet, ce sont d’abord les montagnes les plus hautes de la planète et des conditions climatographiques très rudes. Ces défenses naturelles ont donc permis longtemps à la région de conserver une relative indépendance en jouant sur les appétits voisins des uns et des autres. Ce relatif isolement a permis aussi le développement du bouddhisme, qui a fait par la suite du Tibet une théocratie féodale. L’identité tibétaine réside donc aussi dans ce système politique : le Tibet étant dirigé par un « maître spirituel », politique et culture sont intimement liés, et le leader détient à la fois les clés politiques, religieuses et philosophiques.
Cet éloignement et cette spécificité ont aussi participé à rendre la région mythique aux yeux du monde, et de fait à donner aux tibétains une très grande fierté. Les occidentaux y voient la part du rêve. Le bouddhisme participe à ce rêve car les occidentaux y voient plus qu’une religion : ils y voient une philosophie de vie qui prône la quiétude et le bonheur, loin des soucis de la vie effrénée des sociétés modernes. C’est cette admiration des peuples du monde pour le Tibet qui quelque part, renforce la solidarité de la diaspora tibétaine en exil et donc son identité, malgré la répression chinoise.
IV) Le mythe occidental
On l’a dit, le Tibet relève pour beaucoup d’occidentaux du mythe. Beaucoup y voient là un combat pour les droits de l’homme, la liberté, des valeurs qui en quelque sorte rejoignent la vision qu’ils en ont du bouddhisme. Aussi la mobilisation est très forte pour les tibétains et pour l’indépendance. Pourtant si la répression chinoise est réelle, il ne faut pas sanctifier le Tibet.
On rappellera qu’avant l’invasion chinoise, le Tibet n’était pas une démocratie mais une théocratie féodale. Religion et pouvoir politique ne faisait qu’un. L’accès à l’enseignement se faisait la plupart du temps via les monastères. Enfin on pratiquait le servage. Les serfs représentait 90% de la population et était dominés par la classe religieuse et aristocratique.
Le vrai combat ce n’est pas donc celui de l’indépendance du Tibet, que ne prône même pas le dalaï-lama, mais c’est la préservation d’une culture inestimable, patrimoine de l’humanité, et aussi plus généralement un combat pour les libertés en Chine.
Sources :
- Marc Epstein, « Le combat du Tibet », L’Express, numéro 2964, 23/04/2008.
- Wikipédia, l’encyclopédie libre.
- Le Tibet en exil : à l'école de la démocratie, Groupe d'information sur le Tibet du Sénat, consultable à l’url http://www.senat.fr/ga/ga67/ga671.html
Par JS pour GlobalAnalysis France
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