Histoire
La partie septentrionale du Yémen fut soumise nominalement à l'Empire ottoman jusqu'en 1918. La monarchie (imamat) y fut abolie le 27 septembre 1962, date à laquelle le pays prit le nom de République arabe du Yémen (communément nommée "Yémen du Nord") où une guerre civile perdurera jusqu'en 1970 soutenue côté républicain par les Forces armées égyptiennes qui emploieront le gaz moutarde et côté royaliste par l'Arabie Saoudite.
La partie méridionale correspond à l'ancien hinterland britannique, formé progressivement à partir de 1839 autour du port d'Aden. Après le départ des troupes britanniques, la Fédération d'Arabie du Sud et le Protectorat d'Arabie du Sud se regroupèrent le 30 novembre 1967 pour former un nouvel État indépendant, la République populaire du Yémen du Sud (communément nommée "Yémen du Sud") qui choisit le marxisme. Trois ans plus tard, celle-ci adopta le nom de République démocratique populaire du Yémen.
Pendant presque deux décennies, les rapports entre les deux pays seront conflictuels. L’exode d’un grand nombre de yéménites, du sud vers le nord, on contribué à cette hostilité latente.
Le 22 mai 1990, la République arabe du Yémen (Yémen du Nord) et la République démocratique populaire du Yémen (Yémen du Sud) ont fusionné pour former un seul État, la République du Yémen. La même année, le Yémen soutient l'Irak durant la première Guerre du Golfe (1990-1991), sans pour autant valider son annexion du Koweït, ce qui lui vaut des représailles de la part des États-Unis : la monnaie est attaquée et fortement dévaluée, l'Arabie Saoudite suit l'allié américain et expulse du royaume le million de travailleurs yéménites privant des millions de familles de ressources.
Du 21 mai au 7 juillet 1994, le Yémen du Sud a vainement tenté de faire sécession sous le nom de "République démocratique du Yémen", avant de retomber sous le contrôle du gouvernement de Sanaa.
Au début du XXIe siècle, le gouvernement doit faire face à des mouvements rebelles islamistes, en particulier des Jeunes Croyants. En 2004, les affrontements près de la frontière avec l'Arabie Saoudite ont fait environ 400 morts.
Depuis 2004, le Yémen est aussi confronté à une rébellion armée de la minorité chiite zaïdite dans la province de Sa'dah (nord-ouest), qui ne reconnait pas le régime du président Ali Abdullah Saleh, au pouvoir depuis 1990. Au début du mois d'avril 2005, les forces du gouvernement ont attaqué la position des rebelles islamistes dans les montagnes du nord-ouest du pays ; trois semaines de combats dans la province de Sa'dah ont provoqué la mort d'environ 200 personnes. En 2009, la guerre civile continue toujours et l'ONU compte 150.000 déplacés. Depuis le 4 novembre 2009, l'Arabie Saoudite intervient militairement contre la rébellion.
Malgré un ancrage officiel dans le camp occidental et une coopération pour le contrôle de ses côtes, le pays reste un foyer d'instabilité.
Événements récents
Le 12 octobre 2000, alors qu'il était amarré à Aden, l'USS Cole fut frappé par une embarcation piégée, tua 17 marins et en blessa 50 autres. L’attentat a été revendiqué par l'Armée islamique d’Aden et par Al Qaida.
En 2006, 23 de prisonniers dont Jamal Al-Badaoui, considéré comme le cerveau de l’attentat contre l’USS Cole, et un Nasser Al-Wahayshi, l’ancien secrétaire d’Oussama Ben Laden s’évadent, par des tunnels qu’ils ont creusé, d’une prison considérée comme très sûre ce qui laisserait supposer qu’il y a eu complicité à l’intérieur même du gouvernement. 91 des 198 prisonniers toujours retenus dans la prison américaine de Guantanamo dans le cadre de la lutte contre le terrorisme sont de nationalité yéménite.
Le 3 janvier 2010, les Etats-Unis, le Royaume Uni et d’autres pays ont fermés leurs ambassades à Sanaa, après qu’Omar Farouk Abdulmutallab ait été arrêté le 25 décembre 2010 dans un avion reliant Amsterdam à Detroit où il avait tenté de faire détoner une poudre explosive contenue dans ses sous-vêtements. Cet attentat manqué a été revendiqué par Al-Qaïda pour la Péninsule Arabique et il a été prouvé qu’Abdulmutallab était encore au Yémen fin décembre.
Barack Obama s’est prononcé contre une solution militaire au Yémen mais s’est dit concerné par la situation dans le pays. Le gouvernement américain compte augmenter son aide financière à la lutte contre le terrorisme à 140 millions de dollars en 2010. D’autre part, le New York Times à révélé que depuis 2008 des agents de la CIA spécialisé dans la lutte contre le terrorisme mais également des unités commandos américaines sont au Yémen pour entrainer les forces de sécurité.
Enjeux géopolitique
Géographique
Le Yémen se situe face à la Somalie, Djibouti et l’Erythrée. L’extrême pointe sud ouest fait partie du détroit de Bab-el-Mandeb qui relie le golf d’Aden à la mer Rouge. Il s’agit d’un détroit de seulement 30km de large qui est l’un des plus fréquenté du monde notamment par les navires reliant l’Europe et l’Asie.
En plus des migrations internes, le Yémen fait face à la Somalie et d’après le World Factbook de la CIA, il y avait en 2007 91.587 refugiés somalien.
Depuis 2000, le pays à stabilisé ses frontières avec l’Arabie Saoudite mais le Royaume à renforcer la barrière de sécurité le long de la frontière en ajoutant des murs de béton pour éviter les infiltrations yéménites illégales sur son territoire.
Le Yémen est le pays le plus pauvre du monde Arabe, il a un taux de chômage de 40% et très peu de ressources en pétrole. Néanmoins le pays à de grandes réserves prouvées de gaz naturel et il compte sur le gaz liquéfié comme source de revenu.
Politique
Le Yémen est un pays avec une très forte diaspora, la guerre du sud contre le nord à poussé une grande partie de la population à partir en exil à l’étranger. De nombreuses communautés résident encore dans la péninsule arabique mais également en Indonésie, au Pakistan, dans la corne de l’Afrique et en particulier en Somalie, au Royaume Uni, en Israël et également aux USA.
Depuis l’unification, une partie de la diaspora revient au Yémen ce qui n’est pas sans poser des problèmes d’intégration puisqu’on estime que dans les années 1990 850.000 yéménites sont revenus au pays. La fin de la Guerre Froide et l’effondrement du bloc Soviétique a privé le Yémen d’une grande partie de son aide internationale et de ces IDE. La Chine est néanmoins l’un des plus grands investisseurs du pays. L’unification de deux systèmes politiques très différents, les migrations internes et les disparités économiques régionales ont mené à la guerre civile de 1994 et à l’heure actuelle, cela pose encore de nombreuses difficultés. En effet, le Yémen est le pays le plus peuplé et le plus pauvre de la péninsule arabique. Le pouvoir central est faible et la corruption omniprésente à tous les niveaux de l’administration. Ali Abdullah Saleh, est le président du Yémen depuis 1990. Il a été auparavant président de la République arabe du Yémen (Yémen du Nord) de 1978 à 1990, puis est devenu président du Yémen unifié en 1990. Aujourd’hui et depuis 1999, il est le premier, et le seul, président démocratiquement élu du pays. Tout comme Pervez Musharraf en son temps, le Président Saleh se présente comme l’unique moyen de contenir l’islamisme dans son pays.
Analyse et perspective
Un pouvoir central faible, une population nombreuse et pauvre, un islamisme ancien et radical, des régions contrôlées par des tribus, une guerre civile quasi-permanente depuis des décennies, le Yémen est un terrain propice à l’implantation de groupes terroristes islamistes comme ceux apparentés à Al-Qaïda.
A l’heure actuelle, il semble que tout comme le Pakistan et l’Afghanistan avant lui, le pays abriterait des camps d’entrainement et de perfectionnement des groupes terroristes.
Barack Obama a confirmé qu’il n’ouvrirait pas un nouveau front ‘chaud’ au Yémen. Pour l’instant la stratégie américaine est celle de l’assistance. Aide financière, formation des services de sécurité et intervention ponctuelle de la CIA ainsi que des drones armés.
L’un des enjeux oubliés et celui des rapports avec la Somalie. Le voisin de la corne de l’Afrique est également un Etat-failli en proie aux groupuscules islamistes. Les rapports en ces deux pays sont très profonds et très anciens mais dans ce nouveau contexte de terrorisme islamiste et de piraterie organisée, ce lien est perçu comme un danger.
Sources
- Wikipédia, l’encyclopédie libre
- The World Factbook, CIA
- France Diplomatie, site internet du ministère des affaires étrangères et européennes
- Gilles Paris – « Le Yémen, nouvelle base stratégique pour Al-Qaida » – Le Monde (en ligne) - 29 décembre 2009 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2009/12/29/le-yemen-nouvelle-base-strategique-pour-al-qaida_1285657_3218.html
- Yémen : le front secret de Washington contre Al-Qaïda - NOUVELOBS.COM | 30.12.2009 http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/international/proche_moyenorient/20091228.OBS1886/yemen__le_front_secret_de_washington_contre_alqaida.html
- Anne Giudicelli – « Al Qaïda renaît de ses cendres au Yémen » - Bakchich Info - 2 mai 2008.
- AD – « Géopolitique de la Piraterie moderne » - GlobalAnalysis France – 28 avril 2008 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2008/04/gopolitique-de-la-piraterie-moderne.html
3 commentaires:
Bonne synthèse historique. Cependant, quelle place accordez-vous à al-Qaida au Yémen ? L'importance des traditions claniques au Yémen permet certes d'abriter un certain nombre de terroristes venus des fronts "sous pression"; mais, ne pensez-vous pas qu'il y a une récupération identitaire de la "nébuleuse al-Qaida" par les indépendantismes locaux ? Je me permets de vous renvoyer sur mon papier : http://vincentfromentin.fr/archives/12
Bien à vous,
Effectivement, comme vous je pense qu'Al Qaida à l'heure actuelle n'est qu'un nom qui permet aux groupuscules ce réclamant de cette nébuleuse de recevoir (ou du moins de tenter de recevoir) le soutient de la partie radicale de l'Oumma. Les indépendantismes locaux se liant à Al Qaida cherchent probablement à gagner en visibilité (et donc en financement) auprès du monde musulman dans son ensemble.
Vous faites très justement, la comparaison entre le Yémen et l'Afghanistan, j'ajouterai que l'Afghanistan des Taliban s'appuyait sur le Pakistan voisin. Je pense que l'Arabie Saoudite cherche à ne pas jouer le même rôle de base à arrière.
Au plaisir de vous relire.
Je viens de vous lire et plusieurs choses m'ont bloqué.
Tout d'abord quelques fautes de grammaires qui ont un peu gâché mon plaisir, car l'analyse est très intéressante.
Ensuite, l'évocation en chute du nom d'Al Qaida m'a semblé une excessive simplification d'une complexité que vous veniez juste d'établir avec une grande clarté.
Votre réponse au premier commentaire va dans le sens d'une simple récupération de la marque de fabrique si vendeuse, aujourd'hui remplacée par AQMI.
Dommage de ne pas l'avoir suggéré directement dans l'analyse.
Je serais curieux d'en savoir plus sur les camps dont vous parlez, les liens avec la somalie (tout aussi nébuleux certainement que les restes d'Al Qaida), et les intérêt régionaux en terme d'énergie.
Merci pour votre article.
Cordialement,
BK
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