La chute du régime arabe le plus favorable à Israël remet en question la nécessité d’un État palestinien fort, interlocuteur de l’État hébreu et surtout tampon entre lui et les autres régimes arabes limitrophes.
Hosni Moubarak, Benyamin Nétanyahou avec Barack Obama, de dos Mahmoud Abbas |
Israël et Égypte : la paix froide
En 1973, après la défaite face à Israël dans la guerre de Kippour, Anouar El Sadate rompt définitivement avec la politique étrangère de Gamal Abdel Nasser. Il quitte le giron soviétique et s'aligne sur le bloc occidental. A ce moment, le président Sadate se rend compte que la prospérité de l’Égypte passe par une stabilité régionale et s'efforce donc de faire la paix avec l’État hébreu.
En 1978, il signe les accords de Camp David puis l'accord de paix en 1979 à Washington. Il est alors vivement critiqué par les autres pays arabes et est assassiné par des militaires de son pays appartenant également à un groupe affilié aux Frères Musulmans.
Son successeur, Hosni Moubarak, choisit de continuer dans la même direction et se rapproche encore d'Israël et des USA. Lorsqu'en 1980, les États-Unis arment les Afghans contre les Soviétiques, l’Égypte fait l'intermédiaire entre les fournisseurs israéliens et le Pakistan qui redistribuait aux groupes afghans.
Après la prise de la bande de Gaza par le Hamas en 2007, l’Égypte participe au bouclage des frontières. Ce qui mène à la construction, à partir de janvier 2010, d'une barrière métallique souterraine afin de réduire le flot des produits de contrebande acheminés par tunnels.
La chute rapide de Moubarak prive Israël d'un allié précieux dans le monde arabe. Il faut dire que les relations avec les autres voisins n’ont jamais été cordiales.
Les autres États arabes
En 1994, le roi Hussein de Jordanie, sous les conseils notamment de Moubarak, signe la paix avec l’État hébreu. Mais suite à la révolution de Jasmin et à ses conséquences dans le monde arabe le roi Abdullah II se trouve dans une position inconfortable et doit manœuvrer avec l'opposition qui réclame une place plus grande dans les institutions.
Au nord, le Liban est toujours instable. Les accusations, du tribunal spécial pour le Liban, à l'encontre du Hezbollah divisent une nouvelle fois le pays.
La Syrie soutient toujours le Parti de Dieu et n'a jamais été un interlocuteur fiable pour Israël.
De plus l’État hébreu, s’est brouillé avec son allié turc après l’attaque des navires de la flottille de la paix en mai 2010 et se trouve donc isolé dans sa politique de voisinage.
Israël et Palestine
En attendant l’émergence d’un nouveau régime en Égypte, l’Autorité palestinienne gagne des points sur la scène diplomatique. Elle a été reconnu comme État par la quasi-totalité des pays d’Amérique Latine, possède depuis peu un orchestre national, vient de jouer à domicile son premier match de football international et surtout voit ses envoyés acquérir petit à petit un statut similaire à celui d’ambassadeur.
Mais plus important encore, on observe à la suite des révolutions arabes des mouvements populaires en Cisjordanie et à Gaza pour l’unité palestinienne.
Quelque soit la tendance politique du nouveau gouvernement égyptien, il sera moins conciliant que le régime de Moubarak notamment sur la question du contrôle de la bande de Gaza.
Israël a donc tout intérêt à continuer le rapprochement avec le Fatah de Mahmoud Abbas qui est l’alternative la plus crédible pour l'unification de la Palestine en un État.
Ce réchauffement est d’ailleurs en cours depuis la prise de fonction du président américain Barack Obama. Mais la décision du gouvernement israélien de ne pas prolonger le moratoire sur la colonisation, la proposition temporaire de reconnaissance mutuelle rejetée par les Palestiniens et surtout le drame de la colonie d’Itamar mettent un frein temporaire à ce rapprochement.
Israël, nous l’avons vu, a tout à gagner d’un État palestinien fort qui servirait d’interlocuteur entre lui et le monde arabe. Ceci ne sera possible que si le gouvernement israélien, isolé sur la scène internationale, fait des concessions à son voisin qui semble se renforcer diplomatiquement. Néanmoins, la marge de manœuvre de Benyamin Nétanyahou, déjà faible de part la composition de sa coalition gouvernementale, se trouve encore réduite par l’attentat d’Itamar et les troubles dans les pays arabes.
Néanmoins les révoltes ont du bon pour Israël. Il sera, en effet, plus facile de négocier avec des États plus ouverts et plus démocratiques sur le long terme. Si la crainte de l'instauration de gouvernements islamistes ou modérés en Tunisie et en Égypte est justifiée, sur le moyen terme la démocratie est bénéfique pour la région.
Le gouvernement israélien devrait promouvoir la démocratie chez ses voisins arabes en commençant par envoyer un signal fort de soutien à l'Autorité palestinienne.
Signal déjà émis par une soixantaine d'ONG israéliennes qui ont reconnu l'État palestinien et son président Mahmoud Abbas le 26 janvier 2011.
Sources :
Wikipédia, l’encyclopédie libre
Gilles Paris – « Révoltes arabes: Israël cherche à sortir de l’isolement » – Guerre ou Paix – 25 février 2011 http://israelpalestine.blog.lemonde.fr/2011/02/25/revoltes-arabes-israel-cherche-a-sortir-de-lisolement/
Gilles Paris – « De la place Tahrir à Jérusalem » – Guerre ou Paix – 8 février 2011 http://israelpalestine.blog.lemonde.fr/2011/02/08/de-la-place-tahrir-a-jerusalem/
Jacques Benillouche – « Israël: le syndrome de l'encerclement » – Slate.fr – 1 février 2011 http://www.slate.fr/story/33499/israel-egypte-encerclement-guerre-six-jours
LEMONDE.FR avec AFP – « Des ONG israéliennes reconnaissent symboliquement l'Etat palestinien » – LeMonde.fr – 26 janvier 2011 http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/01/26/des-ong-israeliennes-reconnaissent-symboliquement-l-etat-palestinien_1470687_3218.html
AD – « Gaza : un territoire sous perfusion » – GlobalAnalysis France – 31 mai 2010 http://globalanalysisfrance.blogspot.com/2010/05/gaza-un-territoire-sous-perfusion.html
Par AD
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